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Full text of "La communauté des maitres chirurgiens de Poitiers (1410-1792)"

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Pierre    RAMBAUD 


LA  COMMUNAUTÉ 


DES 


MAITRES  CHIRURGIENS 

DE     POITIERS 


(1410-1792) 


PARIS 

LIBRAIRIE  ANCIENNE  HONORÉ    CHAMPION 
EDOUARD    CHAMPION 

5,     QUAI     MALAQUAIS 

1919 

Tous  droits  réservés. 


LA  COMMUNAUTÉ 


DES 


MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS 


Pierre    RAMBAUD 


LA  COMMUNAUTÉ 


DES 


MAITRES  CHIRURGIENS 


DE     POITIERS 


(1410-1792) 


PARIS 

LIBRAIRIE  ANCIENNE   HONORÉ    CHAMPION 
EDOUARD    CHAMPION 

5,     QUAI     MALAQUAIS 

1919 

Tous  droits  réservés. 


LA  COMMUNAUTE 

DES 

MAITRES    CHIRURGIENS 

DE  POITIERS 
Par  P.   RAMBAUD 


INTRODUCTION 

L'histoire  de  la  chirurgie  à  Paris,  la  première  qui 
ait  paru  en  France,  date  du  xvme  siècle.  Depuis,  nous 
avons  eu  celle  des  chirurgiens  de  Lille,  publiée  en  1911 
par  le  Dr  Leclerc.  Actuellement,  le  Dl  P.  Dorveaux  est 
sur  le  point  d'en  faire  paraître  une  troisième  sur  l'exer- 
cice de  la  chirurgie  à  Metz.  En  dehors  de  ces  travaux,  il 
existe  encore  un  certain  nombre  de  publications  con- 
cernant cet  art.  Aucune  d'elles  ne  peut  en  donner  un 
complet  aperçu. 

Jusqu'au  xvuie  siècle,  les  statuts  donnés  aux  chirur- 
giens par  les  rois  de  France  n'ont  qu'une  très  minime 
influence  sur  la  vie  courante  des  communautés.  Ce  n'est 
qu'au  début  de  ce  dernier  qu'ils  vont  s'imposer  d'une 
façon  définitive,  supprimant  ou  modifiant  les  usages  du 
passé.  Le  premier  chirurgien  du   roi  ou    son    lieutenant 

1 


2  LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

prennent  seuls  alors  la  direction  effective  des  maîtri- 
ses. Il  est  vrai  que  les  maîtres,  soucieux  de  conserver 
leurs  anciennes  habitudes,  ne  se  soumettent  point  sans 
protester  et  sans  provoquer  de  nombreux  conflits.  Tou- 
tefois, ils  finissent  à  la  longue  par  obéir.  Nous  ne 
possédons  de  l'ancienne  communauté  des  chirurgiens 
de  Poitiers  que  quelques  feuillets  détachés  du  dernier 
registre  de  ses  délibérations.  Les  archives  municipales, 
celles  de  la  Faculté  de  médecine,  des  hôpitaux  et  des 
anciens  notaires,  nous  ont  surtout  servi  de  bases  pour 
notre  travail. 

En  1866,  Pilotelle  a  consacré  quelques  lignes  aux  chi- 
rurgiens dans  son  étude  concernant  Y  Ancienne  Université 
de  Poitiers.  De  son  côté,  le  professeur  Boissonnade, 
au  cours  d'un  savant  ouvrage  sur  X Organisation  du 
travail  en  Poitou,  a  donné  sur  eux  des  renseignements 
un  peu  plus  étendus,  tant  au  point  de  vue  de  l'exercice 
de  leur  profession  que  de  leurs  rapports  avec  la  Faculté 
de  médecine. 

Après  nos  études  sur  la  Pharmacie  en  Poitou  et  sur 
Y  Ancienne  Faculté  de  médecine  de  Poitiers,  notre  but  est 
de  compléter,  par  cette  publication,  l'histoire  de  l'art  de 
guérir  tel  qu'on  le  pratiqua  dans  notre  ville  jusqu'à  la 
Révolution.  Ce  modeste  travail  sera  peut-être  de  quel- 
que utilité  pour  ceux  qui  voudront  plus  tard  se  livrer  à 
de  semblables  recherches.  S'il  en  est  ainsi,  nous  consi- 
dérerons notre  but  comme  complètement  atteint. 


• 


CHAPITRE  PREMIER 

FONDATION    ET   ORGANISATION  DE    LA    COMMUNAUTÉ  DES 
MAITRES  CHIRURGIENS. 


Les  barbiers  et  chirurgiens  du  xme  au  xve  siècle.  —  Les  statuts  des  com- 
munautés de  1410,  1427  et  1571.  —  Ordonnance  de  1692.  —  Règlement 
des  chirurgiens  de  Poitiers  de  1711.  —  Statuts  de  Versailles  de  1723. 
—  Statuts  de  1731.  —  Le  lieutenant  du  premier  chirurgien  du  roi,  sa 
nomination,  ses  attributions  et  sa  juridiction.  —  Les  jurés  royaux.  — 
Les  jurés  ordinaires.  —  Le  grenier.  —  Le  doyen.  —  La  jurande  des 
chirurgiens  est  organisée  autrement  que  celles  des  autres  métiers  de 
Poitiers. 


Au  cours  du  xme  siècle,  des  noms  de  barbiers  se  ren- 
contrent de  temps  en  temps  dans  nosarchives  poitevines. 
En  1242,  PaiiUnus  barbitonssor  (sic)  civis  Pictavensis  et 
son  frère  Willemus  vendent  une  maison  sise  au  carre- 
four de  Saint-Didier  (1).  En  1261,  Girardas  barbitonsor 
et  sa  femme  Marie  habitent  place  de  Notre-Dame-la- 
Grande  (2).  Viennent  ensuite  Pierre  Pasquier  (1262), 
Michaëlis,  décédé  avant  1271,  et  enfin  Pierre,  rue  de 
l'Aiguillère  (1276-1277).  Tous  sont  qualifiés  du  titre  de 
barbier  (3).  C'est  le  seul  qui  semble  alors  exister. 

Quelques  années  plus  tard,  nous  trouvons,  pour  la  pre- 

(1)  Arch.  Vienne,  G.  1109. 

(2)  Arch.  Vienne,  G.  1104. 

(3)  Arch.  Vienne,  G.  1104  4109. 


4  LA  COMMUNAUTE 

mière  fois,  celui  de  chirurgien.  Il  est  porté  par  un  certain 
Johcuuies  de  Vienna  cirurgeus,  qui  habite  paroisse  Saint- 
Savin,  près  de  Petrus  de  Alverna,  clericus  phgsicus  (1). 
Ces  deux  personnages  ne  sont  point  d'origine  poitevine. 

Au  xive  siècle,  Jehan  le  barbier  habite  rue  de  l'Aguyl- 
lerie,  en  1367,  et  Savin,  celle  qui  va  de  Notre-Dame-la- 
Grande  à  Saint-Etienne  (2).  Au  début  du  siècle  suivant, 
apparaissent,  en  1407,  les  noms  de  Jehan  Villarceau,  de 
Simon  et  de  Jamet  Métayer,  qui  payent  des  cens  et  rentes 
au  chapitre  de  Notre-Dame-la-Grande  (3).  Ils  sont  grou- 
pés en  assez  grand  nombre  autour  de  cette  église. 

Pendant  toute  celte  partie  du  moyen  âge,  on  ne  trouve 
donc  à  Poitiers  qu'un  seul  individu,  étranger  au  pays, 
portant  le  titre  de  chirurgien.  Ceux  de  cette  profession 
seront  encore  appelés  pendant  un  siècle  tout  simplement 
barbiers  (4).  Ce  n'est  qu'à  partir  du  7janvier  1500  qu'ils 
y  ajoutent,  d'une  façon  du  reste  très  irrégulière,  celui  de 
chirurgien.  Aussi,  croyons-nous  qu'il  n'y  eut  point,  com- 
me à  Paris,  deux  catégoriesde  praticiens, l'une  n'exerçant 
que  la  chirurgie  et  l'autre  se  livrant  surtout  au  métier 
de  barbier. 

Au  mois  d'août  1410,  Jean,  duc  de  Berry,  qui  habitait 
alors  le  château  de  Lusignan,  cédant  à  la  demande  de 
Gervaisot  Merlin,  son  premier  barbier  et  valet  de  cham- 
bre, ainsi  qu'aux  supplications  de  tous  les  barbiers  du 
Poitou,  Angoumois,  Guyenne,  Limousin  et  Auvergne, 
consent  à  leur  accorder  des    statuts.  Ils  sont  confirmés 


(1)  Arch.  Vienne,  G.  1360-1369. 

(2)  Arch.  Vienne,  G.  Il  10. 

(3)  Arch.    Vienne,  G    1337. 

(4)  Arch.  hist.  du  Poitou,  t.  XXV,  p.  355. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  5 

quelques  années  plus  lard,  en  janvier  1419,  par  le  dau- 
phin Charles,  lors  de  son  passage  à  Poitiers. 

Ces  staluls  renferment  plusieurs  articles  copiés  sur 
ceux  qu'obtinrent,  en  1371,  les  barbiers  de  Paris  (1). 
Pour  être  admis  à  la  maîtrise,  il  faut  subir  un  examen, 
tout  en  étant  de  bonne  vie  et  mœurs,  et  surtout  point 
«  mezel  »,  c'est  à-dire  affligé  de  la  lèpre.  Défense  est 
faite  de  travailler  pendant  certaines  fêtes  de  l'année, 
d'enlever  l'apprenti  ou  le  serviteur  d'un  confrère.  Enfin, 
obligation  d'obéir  au  premier  chirurgien  du  roi  ou  au 
lieutenant  qui  le  représente.  Les  procureurs  du  roi  près 
des  cours  et  tribunaux  sont  chargés  de  défendre  les 
intérêts  de  la  corporation. 

Ce  n'est  qu'en  juin  1427  qu'apparaît  le  règlement  donné 
aux  chirurgiens  de  toute  la  France  par  Charles  VII, 
lors  de  son  passage  à  Poitiers.  On  le  doit  à  la  demande 
que  lui  fit  son  premier  barbier,  Colmet  Candillon.  II  est 
contresigné  par  les  conseillers  du  roi,  au  nombre  desquels 
nous  trouvons  Jean  Rabateau,  avocat  Poitevin,  l'évêque 
de  Maillezais,  probablement  Guillaume  de  Lucé,  et  le 
seigneur  de  Pressignj^.  Louis  XI  le  confirme,  en  1444  et 
1462,  puis  ses  successeurs,  en  1484,  1497  et  1514. 

Charles  VII  déclare  qu'en  le  donnant,  il  veut  surtout 
le  bien  du  royaume.  Pour  cela,  il  trouve  nécessaire  de 
mettre  ordre  à  l'ignorance  de  plusieurs  barbiers  qui 
exerçanl,  sans  avoir  passé  d'examens,  se  montrent  inca- 
pables de  fabriquer  des  lancettes,  des  fers  ou  pointes  de 
bonne  qualité  et  d'une  sécurité  parfaite  dans  leur  emploi 
pour  les  saignées  (2).   Ce  règlement,    plus  complet  que 

(1)  A  Franklin,  les  Chirurgiens,  p.  263. 

(2)  Ord.  royales,  t.  IX. 


6  LA  COMMUNAUTÉ 

le  précédent,  comporte  vingt-deux  articles.  Les  princi- 
paux concernent,  en  particulier,  les  prérogatives  du 
premier  chirurgien  du  roi  et  celles  de  ses  lieutenants. 
On  y  trouve  aussi,  avec  l'institution  du  droit  de  visite 
chez  les  maîtres  qu'il  leur  confère»  les  quelques  conditions» 
purement  fiscales,  imposées  aux  candidats  à  la  maîtrise. 

Les  statuts  donnés  par  Charles  IX,  en  1571,  ne  com- 
prennent plus  que  dix-neuf  articles  (1),  c'est-à-dire 
trois  de  moins  que  ceux  de  1427,  dont  ils  ne  diffèrent 
point  d'une  façon  sensible. 

D'autres,  parus  en  mai  1572,  sont  confirmés  en  août 
1578.  Nous  en  trouvons  encore  donnés  à  Mantes  par 
Henri  IV,  en  1593,  enregistrés  le  12  février  1594.  Vient 
ensuite  la  déclaration  royale  de  1597.  Leurs  prescrip- 
tions, qui  s'adressaient  surtout  aux  chirurgiens  de  Paris» 
n'eurent  guère  d'influence  sur  ceux  de  province.  Il  en  fut 
de  même,  sans  aucun  doute,  pour  les  règlements  du 
28  mars  1611,  confirmés  en  1618,  1643  et  1653,  puis 
pour  les  derniers  de  1671. 

L'ordonnance  de  février  1692,  qui  comporte  seule- 
ment dix  articles,  modifie  profondément  les  usages  du 
passé.  Elle  supprime  tout  d'abord  les  lieutenants  du  pre- 
mier chirurgien  du  roi  et  les  remplace  par  des  jurés 
royaux  pris  au  sein  de  chaque  communauté.  Elle  sup- 
prime également  les  lieutenants  du  premier  médecin 
du  roi,  et  charge  des  conseillers  royaux  médecins  de  pro- 
céder avec  les  jurés  à  toutes  les  expertises  médico-léga- 
les. Il  est  enfin  prescrit  à  chaque  maîtrise  d'avoir  à  se 
munir  d'un  règlement    particulier.   Toutes  ces   mesures 

(t)  Arch.  Vienne,  D.  11. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  7 

sont  d'un  libéralisme  parfait,  mais  nullement  gratuit, 
car  le  titre  de  juré  royal  doit  être  acquis  moyennant 
argent  comptant. 

Cette  ordonnance  ayant  été  enregistrée,  le  15  avril 
1692,  par  l'intendant  du  Poitou  et  signifiée  le  même  jour 
aux  chirurgiens,  ces  derniers  ne  mettent  aucun  empres- 
sement à  lui  obéir  (1).  Ils  attendent  pour  le  faire 
jusqu'au  17  novembre  1711.  Le  25  du  même  mois,  leurs 
statuts  sont  homologués  par  le  lieutenant  de  police 
après  avoir  obtenu,  le  31  octobre  précédent,  lapproba 
tion  de  la  Faculté  de  médecine. 

Ils  comportent  vingt-quatre  articles  ayant  trait  à  la 
confrérie,  à  la  nomination  des  jurés,  ainsi  qu'aux  visites 
qui  doivent  avoir  lieu  dans  les  boutiques,  soit  à  Poitiers, 
soit  dans  le  ressort  de  la  sénéchaussée.  Ils  s'occupent 
aussi  de  la  situation  des  veuves,  des  apprentis  et  des 
compagnons  au  point  de  vue  de  l'exercice  légal  et  illégal 
de  la  profession.  Enfin,  ils  se  terminent  en  indiquant 
assez  longuement  la  façon  dont  auront  lieu  les  examens 
de  maîtrise  pour  la  ville  et  la  campagne. 

Les  statuts  de  Versailles,  de  septembre  1723,  enregis- 
trés au  présidial  de  Poitiers  le  3  janvier  1724,  règlent 
d'une  façon  presque  définitive  la  situation  de  la  chirurgie 
jusqu'à  la  Révolution  (2).  Ils  commencent  par  la  libérer 
du  joug  de  la  Faculté  de  médecine  qui,  le  16  décem- 
bre 1728,  se  plaindra  fort  amèrement  des  prérogatives 
accordées  aux  lieutenants  nouvellement  rétablis.  Les 
soixante-dix-neuf  articles  que  ces  statuts  comportent, 
presque  tous  applicables  à  Poitiers,  réglementent   dans 

(1)  Arch.  Vienne,  D.  15. 

(2)  Arch.  Vienne,  D.  16. —  Reg.  supp.  n°  8.  —  Greffe  civil  du  présidial. 


8  LA  COMMUNAUTE 

tous    ses    détails   la  vie    corporative   de   la    profession. 

Enfin,  paraissent  les  derniers  statuts  et  règlements 
pour  les  chirurgiens  desprovinces,  établis  ou  non  en  com- 
munauté (1).  Enregistrés  au  Parlement  de  Paris,  le  13 
août  1731,  leurs  quatre-vingt-dix-huit  articles  sont  appli- 
qués d'une  façon  régulière  jusqu'à  l'abolition  des  com- 
munautés. 

En  dehors  des  ordonnances  royales  ayant  trait  aux 
cours  de  chirurgie,  nous  trouvons  les  lettres  patentes  du 
10  août  1756,  enregistrées  à  Poitiers  le  2  novembre  sui- 
vant. En  vertu  de  ces  lettres,  les  maîtres  sont  réputés 
exercer  un  art  libéral  et  ne  plus  faire  partie  des  maîtrises 
et  jurandes. 

Tous  les  statuts  dont  nous  venons  de  parler,  à  l'excep- 
tion de  l'ordonnance  de  1692,  mettent  les  communautés 
de  province  sous  l'autorité  du  premier  barbier  et  chirur- 
gien du  roi.  C'est  lui  qui,  dans  chacune  d'elles,  désigne 
le  lieutenant  qui  doit  le  représenter.  Enfin,  d'après  ledit 
de  juin  1427,  il  perçoit  5  sous  chaque  fois  qu'un  maître 
veut  ouvrir  boutique.  Déplus,  «  pour  le  bien  du  public  et 
la  santé  du  corps  humain,  il  baillera  à  tous  les  maîtres 
Y  armagnac  (almanach)  fait  de  l'année  »  (2).  Il  en  coû- 
tait à  chacun  la  somme  de  2  sols  6  deniers. 

Le  lieutenant  désigne  les  deux  ou  trois  jurés  char- 
gés de  gouverner  la  communauté  et  accorde  aux  maî- 
tres le  droit  d'exercer  à  la  ville  comme  à  la  campagne, 
de  raser  et  de  peigner  les  jours  non  défendus.  Tous  lui 
doivent  obéissance  et  sont  tenus,  à  sa  demande,  de  com- 
paraître devant  lui,  sous  peine  de  6  livres  d'amende,  en 

(1)  Arch.  Vienne,  D.  15 

i'2)  Cet  almanach  servait  à  indiquer  les  jours  propices  pour  les  saignées. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  9 

1410,  et  de3  sols  à  partir  de  1427.  En  cas  de  désobéissance, 
il  peut  l'aire  appeler  un  sergent  royal  et,  même,  se  plain- 
dre directement  au  procureur  du  roi. 

Le  règlement  de  1571  réduit  cette  amende  à  2  s.  6  d. 
Au  xvne  siècle,  les  lieutenants  obtiennent  certaines  fa- 
veurs. Les  lettres  patentes  de  février  et  août  1656,  de 
septembre  1679,  et  les  arrêts  du  Conseil  d'Etat  des  18 
mars  1611, 18  juillet  1671,  les  exemptent  de  la  collecte, 
des  tutelles,  des  logements  des  gens  de  guerre  et  de 
toutes  les  autres  charges  publiques  du  même  genre. 

L'ordonnance  de  février  1692  les  supprime,  ainsi  que 
nous  avons  vu,  et  les  remplace  par  deux  chirurgiensjurés 
dans  les  villes,  comme  Poitiers,  possédant  un  présidial 
ouunévêché.  C'est  devant  le  présidial  qu'ils  doivent 
prêter  serment  et  payer  les  taxes  ordinairement  imposées, 
avec  2  sols  en  plus  par  livre.  Ils  acquièrent  ainsi  le  droit 
de  placer  les  armes  du  roi  sur  l'enseigne  de  leur  bou- 
tique avec  tous  les  titres  qu'ils  possèdent.  Ils  ont  seuls  le 
pouvoir  de  faire  des  rapports  pour  la  justice  et  jouissent 
des  mêmes  prérogatives  que  les  anciens  lieutenants,  à 
l'exception,  toutefois,  de  leurs  privilèges  particuliers.  Ils 
doivent  visiter  les  maîtres,  examiner  les  candidats  à  la 
maîtrise,  recevoir  le  serment  de  ceux  qui  s'y  trouvent 
admis  et  les  autoriser  à  ouvrir  boutique. 

Les  jurés  réunissent  la  communauté  dont  ils  prési- 
dent les  assemblées,  et  se  font  rendre  compte  des  recettes 
et  des  dépenses.  Ceux  des  chirurgiens  qui  ne  répondent 
point  à  leurs  convocations,  sont  passibles  de  50  livres 
d'amende.  Le  plus  ancien  des  deux  jurés  gouverne  à  peu 
près  seul  la  maîtrise  pendant  une  année. 

Le  24  avril  1692,  le  doyen  Devois  dépose  sur  la  table 


10  LA  COMMUNAUTÉ 

autour  de  laquelle  sont  réunis  ses  confrères,  l'ordonnance 
royale  qui  lui  a  été  signifiée  le  17  du  même  mois.  Après 
délibération,  l'assemblée  se  décide  à  faire  l'achat  des  deux 
charges  de  juré  pour  lesquelles  il  est  offert  1.500  livres 
plus  2  sols  par  livre,  le  tout  payable  dans  un  délai  conve- 
nable (l).  Cette  somme  ayant  été  versée,  les  maîtres  en 
reçoivent  la  quittance  le  22  octobre  1693.  Une  telle  me- 
sure ne  semble  avoir  éié  qu'une  simple  opération  fiscale 
de  la  part  de  la  royauté. 

Chaque  année,  les  chirurgiens,  réunis  dans  leur  salle 
Saint-Côme,  désignent  un  nouveau  juré  royal  à  la  place 
du  plus  ancien  dont  les  deux  années  d'exercice  sont  ter- 
minées. Aussitôt  nommé,  le  lieutenant  général  criminel, 
"d'abord,  puis,  à  partir  de  1712,  le  lieutenant  de  police, 
procède  à  son  installation. 

L'article  1er  de  l'édit  de  septembre  1723  rétablit  le 
premier  chirurgien  du  roi  dans  ses  anciens  droits  et  ses 
anciennes  prérogatives.  Il  a,  comme  jadis,  la  haute  main 
sur  tous  ses  confrères,  de  même  que  sur  les  barbiers, 
perruquiers,  baigneurs,  étuvisles  et  sages-femmes.  Il 
peut  nommer  des  lieutenants  dans  toutes  les  commu 
nautés  de  province.  Toutefois,  son  choix  doit  se  porter 
sur  une  liste  de  trois  noms  présentée  par  les  maires  et 
échevins  de  chaque  ville. 

Le  procureur  du  roi  à  la  mairie  de  Poitiers  vient,  le 
24  juin  1724,  donner  lecture  de  cet  éditau  Conseil  muni- 
cipal qui  réclame  la  liste  des  chirurgiens,  dans  le  but  de 
se  conformer,  en  connaissance  de  cause,  aux  prescrip- 
tions qu'il  comporte  (2).    C'est  ainsi  que  sont  envoyés 

(1)  Min.  Marrot,   notaire. 

(2)  Reg.  dël.  raun.,  n«  142 'et  143. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  11 

à  Paris  les  noms  de  Joseph  Maurat,  Jérémie  Poitevin 
et  de  Louis  Regnauh. 

Le  résultat  de  ces  propositions  ne  fut  point  celui  qu'on 
eût  été  en  droit  d'attendre.  Le  22  janvier  1725,  est  enre- 
gistrée la  nomination  à  la  lieutenance  de  Jacques  Char- 
rier, chirurgien  à  Poitiers  du  prince  de  Conti.  Cette  no- 
mination, faite  contrairement  aux  statuts  de  Versailles, 
ne  semble  point  avoir  été  accueillie  avec  empressement 
par  les  maîtres.  Le  18  novembre  1726,  le  nouveau  lieu- 
tenant réclame  une  des  clefs  du  coffre  de  la  commu- 
nauté (1).  Ses  confrères  refusent  de  la  lui  donner  sous 
divers  prétextes,  dans  le  but  d'attendre  le  résultat  du 
procès  qu'il  leur  a  intenté  au  Parlement. 

Le  23  mai  de  l'année  suivante,  ils  veulent  bien  céder 
à  sa  demande,  mais  à  son  tour  il  refuse  cette  clef,  tant 
qu'on  n'aura  pas  fait  un  inventaire  des  titres  de  la  com- 
munauté (2).  Par  la  suite,  on  ne  trouve  plus  aucune 
discussion  entre  les  lieutenants  et  les  autres  maîtres. 

Le  successeur  de  Charrier  est  nommé  d'une  façon 
régulière.  Le  21  mars  1755,  à  la  demande  du  premier 
chirurgien  du  roi,  le  Conseil  municipal  donne  les  noms 
de  Dumont,  Martin  de  la  Baudôuinière  et  de  Piorry  (3).. 
Le  25  avril  suivant,  il  enregistre  les  lettres  patentes  du 
second  d'entre  eux. 

Quoique  fort  normale,  cette  nomination  n'est  point 
sans  provoquer  la  colère  de  l'un  des  candidats  évincés, 
Guillaume  Piorry.  Insulté  et  menacé  par  lui,  le  nouveau 
lieutenant  le  poursuit  devant  le  présidial  (4).   Il  déclare 

(1)  Min.  L.  Darbez,  notaire. 

(2)  Id. 

(3)  Reg.  dél.  mun.,  n°  60. 

(4)  Arch.  Vienne,  Gref.  crim.  présid. 


12  LA  COMMUNAUTE 

à  l'audience  qu'il  a  eu  l'audace  de  le  traiter,  sur  la  place 
Royale,  de  b...,  de  J...  f...  et  de  f ...  gueux,  et  cela  à 
maintes  reprises. 

La  charge  de  lieutenant  semble  avoir  été  longtemps 
vénale.  Le  12  novembre  1652,  Brice  Gay  résigne  la 
sienne  en  faveur  de  JeanBellon,  auquel  il  en  fournira  les 
titres  à  Noël  de  la  même  année,  moyennant  une  somme 
de  300  livres  (1). 

Le  16  mai  1673,  Nicolas  Dardin  donne  la  survivance 
de  la  sienne  à  Jean  Faulcon  (2).  En  attendant,  il  lui 
accorde  le  droit  de  le  remplacer  en  cas  d'absence  ou 
de  maladie,  d'en  partager  les  profits  'par  moitié.  Quel- 
ques jours  plus  tard,  le  25  mai,  il  démissionne  et  le  fait 
nommer  à  sa  place  (3).  Seulement,  le  nouveau  lieute- 
nant néglige,  par  la  suite,  de  remettre  à  son  prédéces- 
seur sa  part  dans  les  recettes  qu'il  encaisse.  De  là,  des 
contestations,  puis  des  procès  que  Dardin  perd  d'une 
façon  ininterrompue. 

Enfin,  le  25  avril  1757,  le  premier  chirurgien  du  roi 
déclare  ouvertement  qu'il  a  nommé  Martin  de  la  Bau- 
douinière  pour  son  lieutenant,  car  ce  dernier  lui  avait 
été  désigné  par  son  prédécesseur,  lors  de  sa  démission.  Il 
est  vraisemblable  que  cette  démission  n'était  nullement 
gratuite  (4).  Au  surplus,  à  cette  époque,  la  vénalité  de 
cette  charge  constituait  une  règle  générale  (5).   Toute- 


(1)  Min.  Pommeraj7,  notaire. 

(2)  Min.  Gaultier,  notaire. 

(3)  Min.  Marrot,  notaire  (16' 3).  —  Min.  Bouibeau,  notaire  (1674). 

(4)  Reg.  del.  mon.,  n°  172. 

(5)  Arch.  Vienne,  D.  11.  —  Ainsi,  vendent  leur  charge  :  Antoine 
Arnaudet  (1588),  Etienne  Thévet  (1617),  Brice  Gay  (1637).  Nicolas 
Dardin  (1673). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  13 

fois  la  location  en  était  interdite,  sous  peine  de  40  livres 
d'amende,  suivant  un  arrêt  du  Parlement  du  3  septembre 
1740. 

Le  règlement  de  Jean  de  Berry  accorde  aux  lieute- 
nants de  son  premier  chirurgien  le  droit  d'étendre  leur 
autorité  sur  «  les  banlieues,  villages,  appartenances  et 
dépendances  »  de  la  ville  qu'ils  habitent.  Celui  de  Poi- 
tiers prend  le  titre  de  «  lieutenant  général  du  premier 
chirurgien,  barbier  du  roy  notre  sire,  en  pays  et  compté 
de  Poictou  »  (1).  Tous  le  conservent  aux  xvie  et 
xvne  siècles.  Ils  mettent  seulement  province  du  Poitou 
au  lieu  de  comté. 

Jean  de  Berry  ne  semble  pas  plus  que  Charles  VII 
leur  avoir  octroyé  un  pouvoir  aussi  étendu.  Il  est  vrai- 
semblable qu'ils  se  l'attribuèrent  à  partir  de  1552,  date  de 
la  création  du  présidial  de  Poitiers  dont  le  ressort  com- 
prenait presque  toute  la  province.  Après  la  disparition 
des  jurés  royaux,  le  lieutenant  obtient,  le  3  août  1723,  un 
arrêt  de  cette  cour  l'autorisant  à  visiter  les  chirurgiens 
de  Parthenay  et  à  leur  faire  passer  des  examens.  Le 
26  novembre  1778,  ces  mêmes  chirurgiens  sont  tenus,  en 
vertu  des  éditsde  1723  et  de  1731,  de  reconnaître  Martin 
de  la  Baudouinière  comme  leur  lieutenant  (2).  C'est 
devant  lui  et  ses  confrères  que  devront  se  présenter  les 
aspirants  à  la  maîtrise.  Plus  tard,  des  arrangements  inter- 
vinrent entre  eux  à  cet  égard. 


(1)  Verdiiîk,  la  Jurisprudence  particulière  de  la  chirurgie  en  France 
(Paris,  1774).  —  Une  déclaration  royale,  du  29  mars  1760,  ne  permet  au 
premier  chirurgien  du  roi  de  désigner  ses  lieutenants  que  dans  les  villes 
possédant  :  parlement,  présidial,  évêclié,  bailliage  ou  sénéchaussée.  Ils 
ne  peuvent  exercer  leurs  droits  que  dans  l'étendue  de  la  justice  du  lieu. 

(2)  Arch.  Vienne    —  Gref.  civil,  présidial. 


14  LA  COMMUNAUTÉ 

Les  statuts  de  Jean  de  Berry  comportent,  en  vertu  de 
l'article  2,1a  création  de  deux  ou  trois  maîtres  jurés  dans 
chaque  communauté.  Ils  doivent  être  élus,  en  présence 
du  juge  du  lieu,  parle  lieutenant  et  par  tous  les  maîtres. 
Ils  sont  choisis  «  parmi  les  plus  experts  et  les  plus  suf- 
fisans  du  mestier  ». 

Le  règlement  de  1427  les  fait  nommer  par  le  lieute- 
nant entre  les  mains  duquel  ils  prêtent  le  serment  «  de 
bien  et  loyaument  gouverner  le  mestier  et  observer  les 
statuts  et  ordonnances;,  faire  bons  et  loyaux  rapports 
sans  faveur  ou  exeplion  de  personnes  ».  L'article  13 
leur  accorde  le  droit  de  visiter  <(  les  ouvroirs  »  du  mé- 
tier «  pour  sçavoir  de  la  suffisance  des  barbiers,  afin  que 
le  peuple  puisse  estre  mieux  et  plus  sûrement  servi  ». 

L'article  2  des  statuts  de  1571  réédite  les  prescriptions 
précédentes.  Les  maîtres  les  désignent  tous  les  trois  ans 
et  les  chargent  ainsi  de  faire  bien  et  loyalement  observer 
«  les  ordonnances  et  privilèges  du  métier  ».  Lors  de  leur 
entrée  en  fonction,  ils  prêtent  serment  entre  les  mains 
du  lieutenant  (1).  Le  7  novembre  1668,  les  trois  jurés 
nouvellement  élus  le  jour  de  la  fête  de  Saint-Côme 
veulent,  à  la  fin  du  service  pour  les  trépassés,  prêter 
serment  entre  celles  de  Malhurin  Dardin.  Ils  le  prient  en 
même  temps  de  leur  donner  la  clef  du  coffre  de  la  com- 
munauté afin  d'en  retirer  le  registre  sur  lequel  doit  être 
inscrit  le  procès-verbal  de  cette  prestation  (2).  Pour 
une  cause  que  nous  ignorons,  ils  n'obtiennent  qu'un 
refus. 

Après  la  disparition  des  jurés  royaux,  l'édit   de  1723 

(1)  Arch.  Vienne,  D.  11. 

(2)  Min.  Gaultier,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  15 

les  rétablit,  comme  par  le  passé,  sous  le  nom  de  prévôts, 
mais  au  nombre  de  deux  seulement.  Ils  sont  élus  pour 
quatre  ans  et  doivent  appartenir  à  la  religion  catholique, 
apostolique  et  romaine.  Ils  dressent  une  liste  de  tous  les 
membres  de  la  communauté.  Le  second  d'entre  eux  fait 
spécialement  office  de  receveur.  Us  entrent  en  charge  le 
1er  octobre,  après  avoir  prêté  serment  entre  les  mains 
du  lieutenant  et  lui  avoir  versé  6  livres.  Le  greffier  qui 
donne  acte  de  leur  nomination  reçoit  3  livres  seule- 
ment. 

Avant  l'entrée  en  charge,  ils  se  présentent,  accompa- 
gnés du  doyen,  devant  le  lieutenant  du  roi  au  présidial. 
Il  les  confirme  dans  le  pouvoir  qu'ils  possèdent  d'exercer 
leurs  droits  dans  toute  l'étendue  de  la  cour,  tout  en  les 
invitant  à  lui  signaler  les  contraventions  aux  règlements 
afin  d'en  poursuivre  les  auteurs. 

L'élection  des  jurés  se  fait  dans  la  salle  ordinaire  des 
réunions  de  la  communauté.  Le  28  septembre  1613, 
ceux  qui  sont  en  charge  refusent  d'y  procéder  dans  la 
maison  du  lieutenant  Etienne  Thevet  au  lieu  du  couvent 
des  Carmes  choisi  comme  lieu  de  leurs  assemblées  (1). 
Le  14  avril  1614,  ils  déclarent  que  ceux  qui  ont  été  nom- 
més de  la  sorte,  le  lendemain  de  la  Saint-Côme,  sont  les 
seuls  qui  aient  le  droit  d'entrer  en  fonction  (2).  Pour- 
tant, leurs  adversaires  avaient  été  désignés  par  le  lieute- 
nant du  roi  au  présidial, 

Les  discussions  surgissent  fort  nombreuses  dans  les 
maîtrises,  lors  de  l'élection  des  jurés.  Le  12  octobre  1670, 
les  chirurgiens  sont  divisés  entre  eux,   les   anciens  d'un 

(1)  Min.  Royer,  notaire. 

(2)  H. 


16  LA  COMMUNAUTE 

côté  et  les  jeunes  de  l'autre.  Ces  derniers  refusent  de 
reconnaître  la  nomination  de  l'un  de  leurs  adversaires. 
Ils  n'acceptent,  comme  tel,  que  celui  qui  s'intitule  le  chef 
des  jeunes  (1).  Un  fait  du  même  genre  se  reproduit 
l'année  suivante  (2).  Tout  d'abord,  l'élection  a  lieu  aus- 
sitôt la  messe,  malgré  les  protestations  du  lieutenant 
Faulcon  qui  veut  la  remettre  à  une  date  ultérieure  (3). 
Enfin,  le  17  février  1677,  le  premier  juré  élu  s'intitule 
lieutenant  des  chirurgiens  (4).  Une  pareille  prétention, 
restée  du  reste  sans  résultat,  est  l'unique  tentative  de  ce 
genre  qu'il  nous  ait  été  donné  de  constater. 

L'élection  d'un  second  prévôt,  celui  qui  porte  en  plus 
le  titre  de  receveur,  est  ainsi  libellée  dans  un  procès- 
verbal  du  8  mars  1750  :  «  A  la  pluralité  des  voix,  con- 
formément à  l'article  26  des  statuts,  est  nommé  Pierre 
Maurat  jeune  prévôt  et  receveur  (5).  Lui  donnons  pou- 
voir, conjointement  avec  le  lieutenant  et  le  prévôt  Claude 
Delaveau,  de  gérer  les  affaires  de  la  communauté,  de 
recevoir  les  deniers  communs,  de  payer  les  dépenses, 
frais  extraordinaires,  de  veiller  avec  le  lieutenant  et 
Delaveau  prévôt  à  l'observation  des  statuts  et  à  la  disci- 
pline de  la  chirurgie,  d'empêcher  les  abus  et  les  malver- 
sations, de  poursuivre  les  réfractai res,  conformément  à 
l'article  28  des  statuts  ». 

L'ancien  et  le  nouveau  prévôt  prêtent  ensuite  serment, 
entre  les  mains  du  lieutenant,  de  bien  et  très  fidèlement 


(1)  Min.  Perronnet,  notaire.  Le  soir  de   l'élection  des  jurés,   a  lieu  un 
banquet  auquel  assistent  tous  les  maîtres. 

(2)  Min.  Béguier,  notaire. 

(3)  Min.  Bourbeau,   notaire. 

(4)  M. 

(5)  Arch.  Vienne,  Soc.  Anl    Ouest.  Bonsergent. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  17 

remplir  leur  emploi  conformément  aux  statuts  et  règle- 
ments. 

Dans  les  jurandes,  l'usage  veut  que  le  dernier  reçu  à 
la  maîtrise  remplisse  les  fonctions  de  greffier  (1).  Il  en 
est  ainsi  à  Poitiers,  tout  au  moins  jusqu'au  17  février 
1677.  Un  acte,  passé  à  cette  date,  dit  expressément  que 
le  dernier  reçu  prend  ce  titre,  et  qu'en  cette  qualité  il  doit 
posséder  une  des  trois  clefs  du  coffre  de  la  commu- 
nauté. 

Quelques  années  plus  tard,  il  ne  semble  plus  en  être 
ainsi.  Le  18  février  1688,  un  acte  notarié  nous  fait  savoir 
qu'il  est  élu  à  la  pluralité  des  voix  (2).  On  le  charge  de 
rédiger  les  demandes  et  les  réponses  des  aspirants  à  la 
maîtrise,  et  de  leur  faire  payer  les  droits  auxquels  ils  sont 
astreints.  L'année  suivante,  un  nommé  Philippe,  recom- 
mandé par  le  lieutenant,  obtient  11  voix  et  son  concur- 
rent 5  seulement  (3).  Malgré  cette  majorité,  plusieurs 
maîtres  refusent  de  le  reconnaître  comme  greffier,  sous 
prétexte  qu'il  ne  saurait  être  indépendant. 

L'ordonnance  de  1692  confie  cet  emploi  au  second 
juré  royal.  Il  le  remplit  selon  l'usage  et  convoque  ses 
confrères  aux  assemblées.  Le  16  juillet  1711,  Chambel- 
lan est  nommé  premier  juré,  tandis  queToyon  en  qualité 
de  second  est  chargé  du  greffe. 

L'édit  de  Versailles  de  1723  déclare  que  le  greffier,  de 
même  que  le  lieutenant,  seront  choisis  parmi  les  trois 
chirurgiens  désignés  par  les  maires  et  conseillers  munici- 
paux de  chaque  ville.  Celui  de  1731  confirme  ces  dispo» 


(1)  Min.  Vézien,  notaire. 

(2)  Min.  Dubois,  notaire. 

(3)  Id. 


18  LA  COMMUNAUTE 

sitions.  Cette  fonction  entraîne  certaines  prérogatives. 
Elle  exempte  du  logement  des  gens  de  guerre  (1).  Le 
greffier  perçoit  la  somme  de  3  livres,  lors  de  la  nomina- 
tion des  prévôts.  Enfin,  il  peut  être  pris  en  dehors  de  la 
communauté  des  maîtres  chirurgiens. 

Il  doit  chaque  année,  au  mois  de  janvier,  adresser  au 
premier  chirurgien  un  état,  signé  du  lieutenant,  des  noms 
de  tous  les  aspirants  reçus  à  la  maîtrise  et  la  liste  des 
actes  qu'il  a  rédigés,  sous  peine  de  50  livres  d'amende 
et  de  déchéance  de  ses  privilèges  pendant  deux  ans.  Il 
doit  encore,  sous  les  mêmes  peines,  tenir  en  règle  les 
registres  qui  lui  sont  confiés. 

Le  premier  nommé,  en  vertu  de  ces  prescriptions,  est 
Bonavenlure  Chambellan.  Le  4  février  1726,  il  réclame 
le  droit  de  ne  plus  loger  de  soldats.  La  mairie  lui  répond 
par  un  refus  (2).  Plus  heureux  que  lui,  son  successeur 
se  voit  octroyer  cette  faveur  lors  de  l'enregistrement  de 
ses  lettres,  le  11  mai  1733  (3).  Il  en  est  de  même  pour 
Pierre  Maurat  que  l'on  trouve  entre  1750  et  1763. 

Ce  dernier  cède  sa  place  à  Martin  de  la  Baudouinière 
qui  la  transmet  à  Pierre  Maurat  le  jeune.  Vient  ensuite 
Pierre  Rivault,  nommé  le  16  août  1777.  Le  premier  chi- 
rurgien du  roi  déclare  «  que  sur  les  bons  témoignages 
qui  lui  ont  été  rendus  de  la  probité,  capacité  et  expé- 
rience de  ce  dernier,  il  l'a  nommé  et  institué  pour  son 
greffier  ».  Mais  il  devra,  au  préalable,  prêter  serment 
entre  les  mains  du  lieutenant  ou  du  doyen  de  la  commu- 
nauté (4).   Nous  le  trouvons,  le  11  février  1787,  signant 

(1)  Le  lieutenant  a  droit,  de  son  côté,  à  8  livres. 

(2)  Reg.  dél.  municip.,  n°  144. 

(3)  ici,  n°s  151  et  179. 

(4)  Reg.  dél.  mun.,  n°  146. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  19 

l'acte  de  réception  du  chirurgien  Champion  qui  va  s'éta- 
blir à  Dissais.  Il  se  qualifie  de  prévôt  et  de  greffier,  deux 
titres  qui  n'étaient  point  alors  incompatibles. 

Le  plus  ancien  maître  est  appelé  doyen.  Il  a  droit  de 
préséance  aux  réunions.  Dans  certains  cas,  surtout  pour 
cause  d'absence,  il  peut  remplacer  les  jurés  ou  les  pré- 
vôts. 

Tels  sont  ceux  qui  ont  la  charge  de  diriger  la  commu- 
nauté des  maîtres  chirurgiens.  Les  lieutenants  sont  seuls 
désignés,  tout  d'abord,  par  les  premiers  chirurgiens  du 
roi,  puis  ensuite  les  greffiers  à  partir  de  1723.  A  part  ces 
exceptions,  les  jurés  nommés  à  l'élection,  comme  il  est 
d'usage  dans  toutes  les  maîtrises,  conservent  seuls  la 
direction  de  leur  jurande. 

Ce  genre  d'administration,  dans  laquelle  on  trouve  le 
représentant  d'une  autorité  nullement  locale  à  côté  de 
jurés  choisis  parleurs  confrères,  met  cette  communauté 
à  part  parmi  celles  qui  existent  à  Poitiers.  Le  double 
pouvoir  qui  la  gouverne  occasionne  souvent  de  longues 
contestations  et  de  nombreux  procès.  Si,  tout  d'abord, 
les  maîtres  restèrent  pendant  plusieurs  siècles  en  posses- 
sion de  règlements  intérieurs  dressés  par  eux,  il  n'en  fut 
plus  de  même  après  l'apparition  de  celui  de  Versailles 
qui  enleva  d'une  façon  définitive  aux  communautés  de 
province  les  caractères  particuliers  qu'elles  avaient  pu 
jusque-là  conserver. 


CHAPITRE   II 


L  ADMINISTRATION  DE    LA     COMMUNAUTE  DES    MAITRES 
CHIRURGIENS. 


Confrérie  de  Saint-Côme  et  de  Saint-Damien.  —  Fête  annuelle  de  la 
maîtrise.  —  Service  pour  les  morts.  —  Obligation  d'assister  aux  enter- 
rements des  confrères  défunts.  —  Locaux  des  assemblées.  —  Convo- 
cations pour  y  assister.  — Présidence. —  Rang  de  préséance.  —  Discus- 
sions. —  Procès-verbaux.  —  Coffre  de  la  communauté.  —  Questions 
financières.  —  Emprunts.  —  Cotisations  annuelles.  —   Budget. 


Les  maîtres  ont  l'habitude  de  faire  une  assemblée,  qui 
est  générale  et  obligatoire,  tous  les  ans.  Les  autres 
n'ont  lieu  qu'en  cas  de  besoin.  Généralement, 
ils  se  réunissent  dans  les  couvents  de  Poitiers  qui 
appartiennent  aux  ordres  mineurs.  On  les  trouve  ainsi 
chez  les  Augustins,  les  Carmes,  les  Cordeliers  et  les  Jaco- 
bins. Ces  deux  derniers  ordres  jouissent  surtout  de  la 
préférence  des  gens  des  métiers. 

Les  chirurgiens  ne  cessent,  à  partir  du  moyen  âge, 
d'avoir  comme  patrons  saint  Côme  et  saint  Damien.  Les 
règlements  de  1410  défendent  de  saigner  ou  de  raser 
lejour  deleurfête,  sous  peinede  51ivres  d'amende.  Ceux 
de  1427  ordonnent  au  lieutenant  et  aux  maîtres  de  se 
réunir  et  d'inviter  les  officiers  du  roi  à  vouloir  bien  se 
joindre  à  eux  pour  la  célébrer.  Enfin,  chaque  aspirant 


LA  COMMUNAUTÉ  DES  MAITRES  CHIRURGIENS  21 

à  la  maîtrise  est  tenu,  avant  de  passer  ses  examens,  de 
verser  la  somme  de  100  sols,  destinée  au  paiement  du 
service  divin. 

Les  statuts  de  1571  sont  encore  plus  précis.  L'arti- 
cle 9  prescrit  dans  chaque  jurande  la  création  d'une 
confrérie  en  l'honneur  de  Dieu  et  «  des  benoîts  saint 
Côme  et  saint  Damien  ».  Les  confrères  pourront  se 
réunir,  quand  besoin  sera,  pour  assister  aux  offices,  en 
invitant,  comme  par  le  passé,  les  principaux  officiers  du 
roi  avec  le  lieutenant,  ainsi  que  les  deux  jurés  du  métier. 
La  même  somme  de  100  sols  sera  versée  par  les  maîtres 
après  leur  réception,  afin  de  subvenir  aux  frais  «  de  lad. 
confrairie  ad  ce  que,  avecl'ayde  de  Dieu  et  d'iceulx  glo- 
rieux saint  Côme  et  saint  Damien,  ils  puissent  plus  sûre- 
ment ouvrer  le  corps  humain  ». 

Le  règlement  de  1711  décrit  la  façon  dont  la  fête  doit 
se  passer.  Tout  d'abord,  les  chirurgiens  sont  tenus,  sans 
qu'il  soit  besoin  de  les  convoquer,  de  se  rendre  à  10  heu- 
res du  matin  dans  l'église  des  Jacobins,  pour  assister 
«  au  service  et  grand'messe  ».  L'après-midi,  à  3  heures, 
ont  lieu  les  vêpres,  et  le  lendemain,  à  10  heures,  le  ser- 
vice pour  le  repos  de  l'âme  des  maîtres  défunts. 

Chaque  membre  de  la  communauté  est  tenu,  tous  les 
ans,  quand  vient  son  tour,  de  présenter  un  pain  béni, 
auquel  s'ajoute  un  gâteau,  comme  c'est  l'usage.  Il  est 
aussi  tenu  d'en  faire  la  distribution,  assisté  des  deux  plus 
jeunes  maîtres  présents  à  l'office.  Le  soir,  a  lieu  un  dîner 
«  pour  entretenir  l'union  entre  tous  ».  Les  frais  de  la  fête 
sont  à  la  charge  de  la  communauté  ;  un  second  repas  a 
lieu  également,  mais  plus  tard,  la  veille  de  la  fête. 

Les  statuts  de  1723  prescrivent  aux  prévôts  de  s'occu- 


22  LA  COMMUNAUTE 

per  des  cérémonies.  Elles  commencent  par  la  célébra- 
tion des  vêpres,  le  jour  qui  précède  la  Saint-Gôme.  Le 
lendemain,  rien  n'est  modifié,  sinon  qu'un  Salut  doit  être 
chanté  après  les  vêpres.  Le  troisième  jour,  on  célèbre  le 
service  des  défunts.  Les  membres  de  la  communauté  sont 
obligés  d'assister  à  tous  les  offices.  Quant  aux  frais,  on 
les  paye  au  moyen  des  2  livres  en  argent  que  les  maîtres 
ou  leurs  veuves  doivent  verser  comme  droit  de  visite. 
Ces  sortes  de  cérémonies  ne  se  passent  point  toujours 
sans  donner  lieu  à  quelques  incidents.  Lors  de  celle  du 
9  septembre  1667,  deux  des  plus  jeunes  maîtres,  Jolly  et 
Boury,  présentent  l'un  les  gâtelets  et  l'autre  le  pain  bénit. 
Leur  confrère  Jean  Faulcon  ayant  été  reçu  après  eux 
ne  manque  point  de  protester  (1).  On  lui  répond  que  le 
prêtre  est  libre  de  choisir  pour  cette  fonction  qui  bon 
lui  semble.  Comme  il  se  plaint  encore  de  n'avoir  reçu 
ni  gâteau  ni  pain  béni,  il  lui  est  objecté  que  n'ayant  pas 
versé  les  100  sols  destinés  à  la  célébration  de  la  fête,  il  ne 
peut  de  ce  chef  rien  réclamer. 

'  Tous  les  chirurgiens  sont  tenus  d'assister  aux  enterre- 
ments de  leurs  confrères.  Il  en  est  de  même  des  aspirants 
à  la  maîtrise  qui,  à  partir  de  1723,  doivent  y  aller  en 
habits  décents.  Ils  sont  spécialement  convoqués  pour  la 
cérémonie.  Les  quatre  plus  jeunes  maîtres  se  placent 
autour  du  cercueil.  Les  deux  plus  anciens  d'entre  eux 
tiennent  les  coins  ou  cornières  du  drap  mortuaire  du 
côté  de  la  tête,  et  les  deux  autres,  ceux  de  derrière.  Les 
absents  sont  frappés  d'une  amende  de  5  sols,  d'après  les 
statuts  de  1427. 

(1)  Min.  Marrot  jeune,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  23 

Cet  usage  commun  à  toutes  les  maîtrises  est  fort  ancien. 
Le  9  août  1580,  Jehan  Colas,  maître  chirurgien,  est  en- 
terré dans  l'église  Sainte-Opportune,  sous  les  bancs  qui 
joignent  à  la  chapelle  des  Blanchaux  (1).  A  ses  obsèques, 
assistent  tous  les  maîtres  «  avec  d'honnestes  personnes 
de  qualité  et  d'honneur  >%  A  la  fin  de  l'acte  mortuaire, 
le  prêtre  a  soin  d'ajouter,  ce  qui  est  exceptionnel,  re- 
quiescat  in  pace.  Dans  la  même  église,  ont  lieu  les  funé- 
railles de  Jarry,  que  l'on  met  dans  la  tombe  de  Colas. 
Comme  il  a  été  pendant  sa  vie  chirurgien  des  Cordeliers, 
le  P.  Prieur  prononce  son  oraison  funèbre  en  présence 
«  de  toute  la  société  des  maîtres  en  chirurgie  et  d'autres 
personnes  d'honneur  ». 

La  communauté  se  réunit  généralement  dans  une  des 
salles  du  couvent  choisi  pour  y  célébrer  sa  fête.  Le 
15  mai  1585,  Abraham Pellejay  déclare  qu'il  s'estprésenté 
chez  les  Augustins  «  en  une  chambre  basse  où  les  mais- 
tres  ont  accoustumé  s'assembler  pour  le  négoce  de  leur 
état  »  (2).  On  les  trouve,  le  14  avril  1614,  aux  Carmes, 
occupés  à  élire  les  jurés,  après  avoir  assisté  au  service 
des  défunts  (3).  Le  7  mai  1627,  ils  déclarent  y  avoir 
célébré  leur  confrérie,  mais  que  depuis  plusieurs  années 
les  moines  leur  ont  refusé  «  tables,  sièges  et  tappis,  pour 
faire  distinguer  les  maîtres  d'avec  les  autres»  (4).  De 
plus,  ils  n'ont  pu  obtenir  un  local  pour  y  tenir  des  assem- 
blées, ce  qui  les  a  obligés,  à  plusieurs  reprises,  en  1613  et 
1619,  à  les  faire  aux  Jacobins.  Un  arrêt  les  ayant  astreint 
à  s'assembler  chez  ces  derniers,  ainsi  qu'à  leur  fournir 

(1)  Reg.  par  Sainte-Opportune. 

(2)  Min.  Guyonneau,  notaire. 

(3)  Min.  Royer,  notaire. 

(4)  Arch.  Vienne,  H.  78. 


24  LA  COMMUNAUTE 

les  chapes  et  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  célé- 
bration du  service  divin,  ils  se  décident  alors  à  changer 
de  couvent. 

Les  conditions,  en  vertu  desquelles  les  Pères  consen- 
tent à  recevoir  les  chirurgiens  chez  eux,  sont  inscrites  sur 
leur  registre  de  comptes,  de  1676  (1).  Il  est  dit  que  pour 
la  fête  de  saint  Gôme,la  messe  leur  sera  comptée  7  1.  Les 
candidats  à  la  maîtrise  verseront  12  livres,  soit  3  livresaprès 
chaque  examen,  sauf  au  second,  troisième  et  quatrième 
dont  les  frais  ne  se  monteront  qu'à  30  sols.  Le  bon  moine, 
qui  croit  que  son  monastère  est  peut-être  frustré  par  les 
aspirants,  ajoute  qu'un  autre  acte  se  passe  dans  «  quel- 
que jardin  »,  ce  qui  est  illégal,  car  toutes  les  assemblées 
doivent  régulièrement  se  tenir  au  couvent.  Quant  aux 
maîtres  reçus  pour  la  campagne,  ils  ne  donnent  en  tout 
que  30  sols. 

Au  xvme  siècle,  les  chirurgiens  ne  payent  le  loyer  de 
leur  salle  que  d'une  façon  fort  intermittente.  En  1743  et 
1748,  ils  sont  en  retard  de  cinq  ans,  en  1757,  de  quatre 
et  enfin  de  trois,  en  1763.  Les  services  des  défunts, 
célébrés  moyennant  3  livres,  subissent  souvent  un 
pareil  retard  (2).  Chaque  feu  allumé  dans  la  salle  est 
tarifé  10  sols  au  xvne  siècle,  puis  1  livre  à  partir  de 
1730. 

Le  règlement  de  1711  prescrit  de  placer  dans  la 
chambre  de  saint  Côme  un  tableau  contenant  les  noms 
de  tous  les  maîtres,  par  ordre  de  réception,  afin  que  cha- 
cun d'eux  puisse  se  placer  selon  son  rang  quand  se  tien- 
dront les  assemblées.  Pendant  toute  leur  durée,  le  silence 

ll)   Arch.  Vienne,  reg.  262. 
(2)  Arch.  Vienne,  reg.  264. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  25 

est  de  règle  quand  le  lieutenant  ou  l'un  des  maîtres  a  la 
parole. 

C'est  dans  ce  local  et  non  ailleurs  que,  d'après  les  sta- 
tuts de  1730,  la  communauté  se  réunit,  et  cela,  à  peine  de 
nullité.  On  y  prend  toutes  les  délibérations  ayant  un 
caractère  général.  Là  se  font  aussi  les  élections  des  pré- 
vôts, la  reddition  des  comptes  annuels,  les  examens  et 
les  installations  des  lieutenants  ou  des  greffiers. 

Seul,  le  lieutenant  possède,  en  principe,  le  droit  de 
convoquer  les  chirurgiens.  En  son  absence,  ce  droit 
revient  au  premier  juré  ou  au  premier  prévôt.  Le  règle- 
ment de  1723  déclare  qu'en  cas  de  refus  de  sa  part,  les 
maîtres  peuvent,  trois  jours  après,  lui  envoyer  une  som- 
mation d'avoir  à  se  présenter  avec  eux  devant  le  juge  de 
police. 

Pour  réunir  ses  confrères,  le  lieutenant  adresse  une 
note  au  dernier  d'entre  eux  reçu  à  la  maîtrise.  Il  le  prie 
«  de  vouloir  bien  se  donner  la  peine  de  convoquer  tous 
les  maîtres  chirurgiens,  afin  de  se  trouver  le  lendemain,  à 
2  heures  après  midi,  dans  la  chambre  commune  au 
couvent  des  RR.  PP.  Jacobins,  pour  affaires  pressantes 
concernant  la  communauté  »  (1).  Le  billet  n'indique 
point,  en  général,  l'ordre  du  jour  de  la  réunion. 

Les  convocations  sont  parfois  l'objet  de  violentes  dis- 
cussions et  même  de  procès.  Un  arrêt  du  Grand  Conseil, 
du  15  juin  1613,  ordonne  que  «  Thevet  aura  l'obligation, 
chaque  fois  qu'il  sera  nécessaire  ou  qu'il  en  sera  requis, 
de  réunir  les  chirurgiens  au  couvent  des  Jacobins,  lieu 
ordinaire  et  accoutumé  de  leurs  assemblées.  A  cette  fin, 

(1)  Min.  Bourbeau,  notaire  (2  avril  1696). 


26  LA  COMMUNAUTE 

il  délivrera  les  bulletins  et  billets  vingt-quatre  heures 
après,  en  indiquant  d'une  façon  expresse  le  sujet  de  lad. 
assemblée  »  (1).  Les  délibérations  devront  être,  en  der- 
nier lieu,  transcrites  sur  un  registre  spécial. 

Ce  même  Thevet  ayant  été,  le  12  janvier  1619,  sommé 
de  réunir  ses  confrères,  déclare  «  que  bien  que  ce  soit 
une  forme  subreclive  et  indécente,  eu  égard  à  sa  charge 
et  sans  qu'il  eut  refusé  de  le  faire  »,  donne  l'ordre  au 
«  dernier  maître  ayant  lettre  et  non  à  d'autres  »  de 
les    convoquer   le    lendemain    aux    Jacobins   (2),     Le 

27  octobre  1668,  le  lieutenant  Dardin  est  également 
sommé  d'avoir  à  faire  une  réunion  pour  nommer  des 
jurés.  Sur  son  refus,  il  est  poursuivi. 

Enfin,  le  4  août  1755,  dans  une  assemblée  qui  se  tient 
au  sujet  d'une  affaire  concernant  Jacques  Cirotteau,  can- 
didat à  la  maîtrise,  les  chirurgiens  présents  font  observer 
que  chaque  fois  que  cette  candidature  a  été  discutée, 
le  lieutenant  s'est  absenté  sans  aucun  motif  (3).  Aussi, 
lui  envoie-t-on  une  sommation  d'avoir  à  remettre  le 
dossier  qui  la  concerne. 

Des  convocations  peuvent  être  adressées,  en  vertu  des 
statuts  de  1723,  aux  veuves  de  maîtres,  aux  apprentis, 
aux  compagnons  et  aux  autres  personnes  soumises  à  la 
juridiction  du  lieutenant.  Tous  sont  tenus  d'assister  à 
l'assemblée,  sous  peine  d'une  amende  à  établir  par  le 
lieutenant  de  police. 

Le  dernier  chirurgien  reçu  porte  au  domicile  de  ses 
confrères   les  bulletins  qui  les    convoquent.  Parfois,  il 


(1)  Arch.  Vienne,  D.  11. 

(2)  Min.  Chesneau  (Daniel),  notaire. 
(3;  Arch.  Vienne,  f.  Soc.  Ant.  Ouest. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  27 

est  tenu  de  certifier  qu'ils  ont  été  remis  à  chacun  d'entre 
d'eux  ainsi  qu'au  greffier.  Le  15  mars  1585,  Abraham 
Pellejay  l'ayant  reçu  d'un  autre,  réclame  l'annulation 
de  l'assemblée,  un  tel  acte  étant  contraire  aux  usages  (lj. 
De  même,  le  15  septembre  1640,  Jean  Poitevin,  second 
juré,  accuse  Guillaume  Cochet  de  lui  avoir  fait  remettre 
un  bulletin  par  son  frère  qui  n'est  pas  le  dernier  maître 
reçu  (2).  En  conséquence,  il  considère  la  convocation 
comme  illégale. 

Le  lieutenant  préside  de  droit  les  réunions,  et,  à  son 
défaut,  chacun  des  maîtres  présents,  selon  son  rang  de 
réception.  Cependant,  si  l'un  d'eux  veut  faire  une  propo 
sition  qui  vise  le  président,  celui-ci  est  tenu  de  se  retirer. 
Un  fait  semblable  s'étant  passé,  le  26  août  1696,  le  pro- 
cureur du  roi  vint  lui-même  assurer  la  police  de  l'as- 
semblée. 

Quand  celui  qui  doit  présider  appartient  à  la  religion 
réformée,  il  n'est  point  toujours  reçu  avec  aménité  par 
les  Jacobins  (3).  Le  21  novembre  1642,  Josué  Trotin  se 
voit  d'abord  refuser  l'entrée  du  couvent.  Après  s'y  être 
introduit  par  force,  en  protestant  avec  violence  et  en 
insultantles  moines,  ceux-ci  le  renferment  sous  clef  dans 
la  salle  Saint-Côme.  Quand  il  en  est  sorti,  il  va  se 
plaindre  au  procureur  du  roi. 

L'assemblée  une  fois  constituée,  le  lieutenant  doit 
prendre  la  première  place.  Après  lui,  viennent  les  jurés 
ou  les  prévôts,  le  doyen,  puis  les  maîtres  par  rang  d'an- 
cienneté. Ces  derniers   sont  tenus  de  porter  honneur  et 


(1)  Min.  Guyonneau,  notaire. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Min.  Dubois,  notaire. 


28  LA  COMMUNAUTE 

respect  aux  membres  du  bureau  ainsi  qu'à  tous  leurs  con- 
frères. Ceux  d'entre  eux  qui  se  rendront  coupables  «  de 
paroles  injurieuses  seront  exclus  de  la  chambre  pendant 
trois  mois  et  ne  pourront  y  revenir  pour  quelque  cause 
que  ce  soit  ».  De  plus,  le  délinquant  ne  devra  lever 
aucun  appareil  posé  par  lui,  sans  y  appeler  un  autre  chi- 
rurgien. 

Le  président  expose  d'abord  l'affaire  à  traiter  au  cours 
de  la  réunion.  Ensuite,  chaque  membre,  à  l'appel  du 
greffier,  prend  la  parole  quand  son  tour  est  venu.  C'est 
le  dernier  reçu  qui  commence.  Les  statuts  de  1730  les 
mettent  tous  dans  l'obligation  de  répondre  aux  questions 
posées,  sous  peine  d'une  amende  de  5  livres  la  première 
fois,  de  20  livres  la  seconde  et,  en  cas  de  récidive,  d'être 
privés  des  émoluments  ordinaires  que  leur  versent  les 
candidats  à  la  maîtrise.  Les  avis  sont  ensuite  recueillis,  à 
commencer  par  les  jurés  ou  prévôts,  le  doyen  et  les  plus 
anciens  maîtres.  Le  lieutenant  donne  le  sien  en 
dernier  lieu; puis,  après  avoir  compté  les  voix,  proclame 
le  résultat   de  la  délibération. 

Les  décisions,  prises  à  la  majorité  des  voix,  sont  ins- 
crites sur  un  registre  spécial  que  tous  doivent  signer, 
sous  peine  de  trois  mois  d'exclusion.  Cependant,  il  est 
loisible  à  ceux  dont  elles  ne  représentent  point  les  opi- 
nions de  formuler  une  opposition  par  écrit  dans  les 
vingt-quatre  heures  qui  suivent. 

Parfois,  les  membres  de  l'assemblée  se  divisent  en 
fractions  opposées  les  uns  aux  autres,  formant  ce  que  l'on 
appelait  «  des  brigues  ».  En  général,  les  anciens  sont 
d'un  côté,  tandis  que  les  jeunesse  groupent  autour  d'un 
autre  jeune  qu'ils  désignent  pour  leur  lieutenant.  Après 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  29 

avoir  échangé  des  insultes  et  même  des  coups,  les  partis 
s'intentent  des  procès  qui  vont  se  terminer  devant  le 
Conseil  du  roi.  Le  19  septembre  1619,  l'assemblée  est 
ainsi  divisée  :  d'un  côté,  le  lieutenant  avec  quatre  mem- 
bres, tandis  que  huit  autres  leur  sont  opposés.  Ces  der- 
niers, qui  forment  ainsi  une  «  brigue  »,  se  mettent  à 
délibérer  sous  la  présidence  du  premier  juré,  ne  voulant 
même  pas  admettre  le  greffier  parmi  eux. 

En  dehors  des  assemblées  générales,  les  statuts  de  1723 
et  de  1730  en  créent  d'autres  plus  restreintes.  Elles  com- 
prennent le  lieutenant,  les  prévôts,  le  doyen  et  le  gref- 
fier. Ils  doivent  les  tenir  chaque  lundi  pour  s'occuper 
de  tout  ce  qui  comprend  -(  la  police  et  la  discipline  des 
maîtres,  des  veuves,  des  apprentis,  des  garçons  et  de 
toutes  les  personnes  qui  lui  soni  soumises  ».  Si  parmi  les 
affaires  en  discussion,  il  s'en  trouve  une  importante,  les 
chirurgiens  sont  tenus  de  se  réunir  sous  peine  de  3  livres 
d'amende  pour  les  absents  qui  n'ont  pas  d'excuses. 

La  communauté  possède  deux  registres,  l'un  qui  sert  à 
l'inscription  des  actes  d'apprentissage  et  de  réception  à  la 
maîtrise,  et  l'autre  à  l'enregistrement  des  délibérations 
ainsi  qu'à  la  copie  de  différents  actes.  Ce  dernier  ne  doit 
avoir  aucun  blanc.  Chaque  page  est  parafée  par  le  lieu- 
tenant, sous  peine  de  50  livres  d'amende  au  greffier. 

Tous  les  papiers  et  titres,  à  l'exception  du  registre  du 
greffier  qui  le  garde  trois  ans  chez  lui,  sont  placés  dans 
un  coffre  muni  de  trois  serrures. 

La  clef  de  la  première  est  remise  au  lieutenant,  celle 
de  la  seconde  au  plus  ancien  juré  ou  prévôt,  et  celle  de  la 
troisième  au  greffier. 

Ce  règlement  n'est   point  toujours    suivi  d'une  façon 


30  LA  COMMUNAUTE 

bien  correcte.  Le  21  janvier  1632,  Jehan  Chicard,  «juré 
et  garde  du  corps  des  maistres  »,  en  réclame  une  au 
lieutenant  pour  la  remettre  au  greffier  (1).  Le  16  juillet 
1640,  c'est  le  lieutenant  qui,  à  son  tour,  en  est  dépossédé 
par  les  jurés,  sous  prétexte  qu'ils  sont  dans  l'obligation  de 
faire  réparer  les  serrures  du  coffre  (2).  On  les  accuse 
alors  d'agir  de  la  sorte,  dans  le  but  de  disposer  plus 
facilement  et  à  leur  gré,  des  archives  qu'on  y  renferme. 

Au  xviie  siècle,  toute  la  communauté  doit  donner 
«  son  avis  et  consentement  »  chaque  fois  que  l'ouver- 
ture du  coffre  est  reconnue  indispensable.  En  1658,  le 
troisième  juré  ayant  conservé  une  des  clefs  au  lieu  de  la 
remettre  au  greffier,  douze  des  maîtres  protestent  contre 
cet  abus  (3).  Ils  obtiennent,  le  27  novembre  de  cette 
même  année,  un  arrêt  du  Grand  Conseil  qui  maintient 
leur  droit. 

Les  questions  financières  préoccupent  toujours  d'une 
façon  toute  spéciale  les  maîtrises  et  jurandes.  Jusqu'au 
xvme  siècle,  les  premiers  jurés  s'occupent  des  recettes  et 
des  dépenses  qu'ils  soumettent  au  contrôle  de  toute  la 
communauté.  L'édit  de  1723  réserve  les  fonctions  de  re- 
ceveur au  second  prévôt.  S'il  reste  créancier  après  la  red- 
dition de  ses  comptes,  la  dette  est  répartie  par  portions 
égales  entre  tous  les  maîtres  un  mois  après,  et  les 
sommes  sont  recouvrées  au  bout  de  trois  autres  mois. 
Les  statuts  de  1730  ne  modifient  en  rien  cette  façon 
d'agir. 

Les  deniers  de   la  bourse    commune   servent    à  l'ac- 


(1)  Min.  Royer,  notaire. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire  (16  juillet  164T 

(3)  Min.  Perronneau,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  31 

quiltement  des  charges  ordinaires  et  annuelles  de  la 
communauté.  Il  en  est  fait  un  état,  arrêté  d'abord  par 
tous  les  maîtres,  puis  ensuite  homologué  par  le  juge  de 
police,  sur  les  conclusions  du  procureur  du  roi.  En  cas 
d'excédent,  il  n'est  permis  de  le  dépenser  qu'après  une 
délibération  homologuée  comme  précédemment.  Le 
premier  de  ces  magistrats  reçoit  alors  6  livres  et  le 
second  4  livres. 

Les  emprunts,  comme  les  remboursements,  se  décident 
en  assemblée  générale  et  sont  eux  aussi  homologués,  à 
partir  de  1723,  par  le  lieutenant  de  police.  En  général, 
les  premiers  se  font  pour  acquitter  les  emprunts  néces- 
sités par  des  procès,  par  l'achat  de  différentes  charges,  ou 
enfin,  parles  taxes  qu'imposent  la  municipalité  ou  le  roi. 

Le  22  janvier  1631,  les  chirurgiens  empruntent  300 
livres,  afin  de  soutenir  un  procès  contre  le  maire.  Le 
8  août  1674,  Bironnet,  en  qualité  de  lieutenant,  prête 
520  livres  à  sa  communauté  (1).  Une  autre  somme  de 
525  livres  est  empruntée  le  4  juillet  1688  (2).  Elle  est 
restituée  le  27  août  1696  (3). 

Une  somme  de  950  livres,  destinée  à  couvrir  certains 
frais  de  poursuites,  est  remboursée  le  7  octobre  1698  (4). 
Parfois,  les  emprunts  sont  fortement  discutés  (5).  Le  20 
octobre  1689,  six  des  maîtres  sur  dix  s'opposent  à  un 
emprunt  de  160  livres.  Ils  veulent  en  connaître  l'emploi, 

(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Id. 

(3)  Min.  Dubois,  notaire.  —  Min.  Rullier,  notaire.  Le  16  octobre 
1689,  on  rembourse  509  livres  à  Jean  Faulcon. 

(4)  Min.  Rullier,  notaire. 

(5)  En  1692,  le  ler  octobre,  il  est  fait  un  emprunt  de  1.000  livres. 
(Min.  Decressac,  notaire.)  Le  4  juin  1692,  deux  autres  de  261  livres  et  de 
350  livres  au  chirurgien  Bironnet. 


32  LA  COMMUNAUTE 

tout  en  se  réservant  d'accepter  ou  de  refuser  les  comptes 
de  fin  d'année. 

Après  l'emprunt  de  1.900  livres,  fait  en  1692,  pour 
l'achat  de  deux  charges  de  jurés  royaux,  il  leur  faut 
encore  se  procurer  une  somme  de  900  livres,  le  6  mai 
1695,  afin  de  payer  des  taxes  imposées  par  le  roi.  Vient 
ensuite  un  second  emprunt  de  2.000  livres,  le  16  octobre 
1698.  et  un  troisième  de  200  livres  (1).  Ce  dernier  est 
consenti  par  les  religieuses  de  Sainte-Catherine. 

Une  délibération  des  chirurgiens,  du  29  février  1761, 
nous  fait  connaître  une  partie  des  emprunts  émis  au 
\vme  siècle  parleur  communauté.  On  y  trouve  : 

1°  Le  20  juin  1720  :  une  rente  de  320  livres  au  princi- 
pal de  16.000  livres  (2).  Elle  est  faite  à  raison  du  denier 
cinquante,  c'est-à-dire  à  2  °/0.  Le  prêteur  est  René  Ber- 
land,  chancelier  de  l'Ordre  de  Malte.  Il  s'agit  d'un  em- 
prunt de  liquidation  ; 

2°  Le  28  juin  1737,  une  rente  de  62  livres  au  principal 
de  1.250  livres,  due  à  Maurat,  chirurgien  (3). 

3°  Le  29  janvier  1748,  une  rente  de  57  1. 10  s.  au  prin- 
cipal de  1.150  livres,  due  au  même  (4)  ; 

4°  Le  25  novembre  1758,  une  dernière  de  200  livres 
à  cause  d'un  emprunt  de  4.000  livres  consenti  par  le 
nommé  Bernier(5). 


(1)  Min.  Guill.,   Decressac,  notaire.  —  Min.Rullier  et  Marrot,  notaires. 

(2)  Le  20  mars  1720,  ils  empruntent  à  Marguerite  Cholois.  Yve  de 
.1.  Vaudrin,  la  somme  de  14.600  livres,  avec  intérêt  de  486  livres  18  sols, 
pour  rembourser  diverses  dettes.  Ainsi  que  les  chirurgiens,  nombre  de 
corporations,  comme  le  présidial  et  le  tribunal  de  commerce,  réduisent  à 
2  '/o  les  arrérage  de  leurs  emprunts. 

(3)  Min.  Baudoin,  notaire. 

(4)  Min.  Brunet,   notaire. 

(5)  Min.  Darbez,    notaire.    En  plus  des  dettes  de   1761,  nous    en  trou- 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  33 

En  résumé,  les  dettes  des  maîtres  chirurgiens  attei- 
gnent, à  cette  date,  22.400  livres.  Les  recettes  qu'ils 
peuvent  encaisser  sont  insuffisantes  pour  arriver  à  les 
éteindre.  Le 28  juin  1750,1e  doyen  propose  d'y  employer 
les  sommes  versées  par  les  candidats  à  la  maîtrise  (1). 
Seuls,  le  lieutenant,  les  prévôts  et  le  doyen,  conserveront 
les  40  sols  qu'ils  reçoivent  comme  droits  particuliers. 
Cette  proposition  est  acceptée,  mais  seulement  quand 
il  s'agira  de  ceux  qui  voudront  s'établir  à  Poitiers 
et  non  pour  les  autres  (2).  Par  malheur,  deux  maîtres 
ayant  refusé  de  faire  abandon  de  ce  qui  leur  revenait 
pour  les  examens,  la  proposition  dut  être  abandonnée. 
Chacun  se  trouva  ainsi  obligé  de  participer  par  portions 
égales  au  paiement  d'une  rente  de  320  livres. 

Des  refus  de  cotisation  se  rencontrent  parfois  au  xvme 
siècle,  époque  à  laquelle  les  dettes  sont  assez  impor- 
tantes. Le  15  avril  1710,  la  communauté  obtient  un  ar- 
rêt du  présidial  contre  Faulcon  et  Boucault.  Elle  les 
oblige  à  verser  chacun  28  1.  5  s.  pour  l'amortissement 
d'un  emprunt.  Le  17  mars  1729,  les  prévôts  demandent 
au  lieutenant  de  bien  vouloir  réunir  les  maîtres  afin  d'ob- 
tenir d'eux  la  permission  de  poursuivre  quatre  de  leurs 
confrères  qui  ne  veulent  verser  aucune  cotisation  (3). 
En  cas  de  refus  de  sa  part,  la  réunion  se  fera  quand 
même  dans  les  trois  jours,  conformément  aux  statuts 
Il  répond  qu'elle   aura  lieu  le  mardi  suivant  et   ajoute 


vous    plus  de   700  livres    à  l'église  de    Saint-Cybard,    en    1740.  (Arch. 
Vienne,  G.  86.) 

(1)  Arch.  Vienne,  f.,  Soc  Ant.  Ouest.- 

(2)  Arch.  Vienne,   Greffe  civil  du  présidial. 

(3)  Arch.  Vienne,  E.,  no  226. 


34  LÀ  COMMUNAUTE 

qu'il  ne  veut  à  aucun  prix  prendre  part  aux  procès  et  aux 
cabales  qui  existent  entre  ses  confrères. 

Certains  maîtres,  aussitôt  reçus,  refusent  d'accepter  la 
part  qui  leur  incombe  dans  les  dettes  de  la  communauté. 
Pour  éviter  cet  ennui,  on  les  oblige,  par  écrit,  à  s'en  rendre 
solidaires,  avant  de  les  admettre  à  prêter  serment.  Le  23 
août  1733,  quatre  d'entre  eux  s'engagent  ainsi  à  parti- 
ciper au  paiement  d'une  rente  de  35  livres  (1).  Le  21 
janvier  1761,  Hyacinthe  Grivet  approuve  et  ratifie,  aus- 
sitôt sa  réception,  tous  les  contrats  passés  jusqu'à  ce  jour, 
après  en  avoir  écouté  la  lecture.  Il  consent  à  les  exécuter 
a  comme  sy  lors  et  au  temps  de  leur  apparition  il  eut 
été  maître  »  (2).  Il  ne  s'engage  au  paiement  du  capital  et 
des  arrérages,  «  qu'autant  qu'il  sera  dans  le  corps  et  com- 
munauté des  maîtres  chirurgiens  ».  De  toute  façon,  sa 
femme  et  ses  enfants  en  demeureront  déchargés. 

Quelques  années  plus  tard,  on  n'attend  plus  la  fin  des 
examens  pour  prendre  cette  sage  mesure.  C'est  avant  de 
les  passer  que  le  candidat  doit  s'engager  à  payer  sa  part 
des  dettes.  Le  7  janvier  1764,  Pierre  Chein,  après  lecture 
des  contrats  indiquant  les  rentes  dues,  «  déclare  les  ap- 
prouver et  ratifier  (3),  consent  à  ce  qu'ils  soient  exé- 
cutés par  lui  et  la  communauté,  s'engage  à  en  payer  les 
arrérage  échus  et  à  échoir  ». 

Les  chirurgiens  n'ont  à  leur  actif  que  deux  rentes  dues 
par  le  roi.  L'une  de  15  livres  et  l'autre  de  20  livres  pro- 
venant, la  première,  de  l'achat  des  offices  d'inspecteurs- 
contrôleurs  de   la  communauté,    et  la   seconde,  d'audi- 


(1)  Min.  Bourdon,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  f.,  Soc.  Ant.  Ouest. 

(3)  Min.»  Jacques    Darbez,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  35 

teurs-examinateurs  des  comptes  créés  par    les    édits  de 
1691,  1710,  1734  et  16  février  1742. 

Le  budget  des  chirurgiens  établi,  le  3  mars  1750,  pour 
l'année  qui  vient  de  s'écouler,  nous  donne  les  chiffres 
suivants  : 

Recettes 130  1.  en  huit  articles. 

Mises 701.    8s.  6d. 

Reste.  .....         591.  11  s.  6  d. 

Cette  somme  est  remise  par  le  receveur  Maurat  entre 
les  mains  de  Delavault  qui,  en  qualité  de  successeur,  lui 
en  donne  décharge. 

Ce  dernier  reçoit  en  outre,  avec  les  clefs  du  coffre, 
un  billet  dû  par  Cotherau,  chirurgien  à  Jaulnay  (1). 
En  plus,  quatorze  quittances,  parmi  lesquelles  une  de 
120  livres,  du  13  mars  1740,  signée  Marrot  ;  une  seconde, 
de  296  livres  16  sols,  du  4  septembre  1750,  signée 
Chaillou  ;  une  troisième  de  39  livres  13  sols,  du  16  no- 
vembre 1750,  signée  Rollon  ;  une  quatrième  de  21  livres 
6  sols,  du  24  décembre  de  la  même  année  (2).  Toutes 
sont  mises  aux  archives.  La  reddition  des  comptes  ter- 
minée, les  maîtres  s'en  vont  dîner  ensemble,  selon  l'usage, 
aux  frais  de  la  communauté. 

En  résumé,  l'administration  intérieure  de  la  commu- 
nauté des  maîtres  chirurgiens  de  Poitiers  connut  nombre 
de  périodes  difficiles.  Des  discussions,  des  disputes 
plus  ou  moins  violentes,  et  enfin  des  procès  vinrent  à 
maintes     reprises     la     troubler.    Les  lieutenants,   dans 

(1)  Min.  Jacques  Darbez,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  f.,  Soc.  Â.nt.  Ouest. 


36  LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

plusieurs  occasions,  manquèrent  d'autorité  et  se  virent 
obligés  de  comparaître  avec  leurs  subordonnés  devant 
les  tribunaux. 

D'un  autre  côté,  les  dettes  occasionnées,  surtout  par 
de  nombreux  procès,  rendirent  parfois  la  situation 
financière  fort  dilïicile.  De  là,  de  continuels  tiraillements 
et  un  manque  d'entente  presque  constant  entre  les 
chirurgiens  dans    l'administration  de  leur  communauté. 


CHAPITRE  III 

l'apprentissage  en  chirurgie. 


Obligation  de  l'apprentissage.  —  Les  maîtres  seuls  peuvent  avoir  des 
apprentis.  —  Leur  état  social.  —  Leur  âge.  —  Durée  de  l'apprentissage. 
—  Ses  prix  très  variables.  —  Les  locatifs,  compagnons,  ou  garçons.  — 
Les  devoirs  qu'ils  ont  à  remplir  à  l'égard  des  maîtres.  —  Apprentissage 
dans  les  hôpitaux.  —  Immatriculation  des  apprentis.  —  Les  certificats 
de  sortie. 

Les  statuts  de  Jean  de  Berry  parlent  à  peine  de  l'ap- 
prentissage. Ils  se  contentent  de  dire  «  qu'aucun  barbier 
ne  doibt  oster  ou  soubstraire  à  ung  autre  barbier  son 
apprentiz  ou  varlet,  sous  peine  d'un  marc  d'argent  ». 
Ceux  de  1427  le  rendent  obligatoire,  ainsi  que  le  règle- 
ment de  1571,  qui  exige  qu'on  le  termine  avant  d'être 
admis  aux  examens. 

L'ordonnance  de   janvier  1692  spécifie,  pour  la  pre- 
mière fois,  qu'il  doit  durerai!  moins  deux    ans  cbez  les. 
maîtres  ou  dans  les  hôpitaux. 

Le  règlement  des  chirurgiens  de  Poitiers,  du  16  no- 
vembre 1711,  oblige  les  maîtres  à  n'avoir  qu'un  seul  ap- 
prenti à  la  fois.  Toutefois,  quand  ce  dernier  aura  passé 
un  an  et  demi  dans  la  pratique  de  son  art,  ils  pourront 
lui  en  adjoindre  un  second  (1).  Nous  verrons  que  cet 
usage  était  pratiqué  depuis  fort  longtemps. 

L'édit  de  Versailles,  de  1723,  répète  ces  précédentes 

(1)  Min.  Bourbeau,  notaire.  —  Le  11  avril  1671,  les  maîtres  protestent 
contre  leurs  confrères  qui  ont  deux  ou  trois  apprentis.  (Min.  Régnier, 
notaire.) 


38  LA  COMMUNAUTE 

prescriptions.  Les  chirurgiens  qui  en  auront  deux,  seront 
passibles  d'une  amende  de  50  livres.  De  plus,  les  brevets 
d'apprentissage  devront  être  enregistrés  au  greffe  de  la 
communauté,  moyennant  un  versement  de  10  livres  à 
son  profit  et  de  3  livres  au  profit  du  greffier.  Le  règle- 
ment de  1771  maintient  ces  dispositions. 

La  mort  du  chirurgien  oblige  l'apprenti  à  se  retirer, 
car  si  la  veuve  du  maître  a  le  droit  de  continuer  l'ex- 
ercice de  sa  profession,  elle  ne  peut  en  garder  un  avec 
elle.  Le  4  avril  166(5,  Gilles  Mathé,  après  être  resté  qua- 
torze mois  chez  Pierre  Thévenet,  se  voit  obligé  de  conti- 
nuer chez  Jean  Boucault  pendant  dix-huit  mois,  et  de 
lui  verser  100  livres,  plus  1  livre  pour  «  la  matricule  » 
sur  le  registre  de  la  communauté  (1).  Il  est  vrai  que  plu- 
sieurs années  après,  le  24  février  1674,  Catherine  Cothe- 
reau,  veuve  de  Jean  Monnet,  donne  à  ferme  pour  cinq 
ans  à  Pierre  Guignard  «  le  droit  et  privilège  qu'elle  a 
d'exercer  ou  faire  exercer  la  chirurgie,  et  même  d'avoir 
apprentifs  et  locatifs  »  (2).  Nous  avons  tout  lieu  de 
croire  que  de  telles  prétentions  étaient  exagérées,  si  nous 
nous  en  rapportons  aux  statuts. 

Au  commencement  du  xvme  siècle,  les  apprentis  chi- 
rurgiens sont  peu  instruits,  si  nous  en  croyons  les  méde- 
cins de  Poitiers  (3).  Le  16  février  1729,  ils  écrivent  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris  :  «  Les  apprentis  chirur- 
giens dans  les  provinces  n'apprennent  pendant  leur  ap- 
prentissage qu'à  faire  des  barbes,  car  ce  sont  les  maîtres 
qui  vont  dans  les  maisons  pour  saigner  et  faire  les  panse- 


(1)  Min.  Marrot,  notaire. 

(2)  Min    Duchasteigner,  notaire. 

(3)  Arch'  Vienne,  Reg.  8.  I. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  39 

ments.  Les  apprentis  n'y  vont  jamais.  Ils  peuvent  faire 
par  hasard  quelques  saignées  à  la  boutique,  et  enfin, 
après  trois  ou  quatre  années  d'absence,  s'établir  dans  les 
campagnes  pour  en  augmenter,  par  leur  ignorance,  la 
misère  publique.  » 

Quand,  le  23  avril  1743,  une  déclaration  royale  vient 
obliger  «  les  aspirants  en  chirurgie  »  à  se  munir  delà, 
maîtrise  es  arts,  nous  voj'ons  ces  mêmes  médecins  se 
joindre  à  ceux  de  la  Faculté  de  Paris  pour  protester,  du 
reste  sans  succès,  contre  une  pareille  atteinte  à  leur  pro- 
fession (1).  Au  surplus,  la  déclaration  de  Versailles  du 
8  mai  1772,  enregistrée  au  Conseil  supérieur  de  Paris, 
le  23  juillet  suivant,  après  avoir  exigé  les  deux  ans  de  pré- 
sence chez  un  même  maître,  rend  applicable  à  toute  la 
France  l'édit  de  mai  1768,  qui  institue  des  cours  profes- 
sionnels dans  les  villes  de  province  (2).  Elle  défend,  en 
outre,  aux  chirurgiens  de  prendre  des  apprentis,  s'ils  ne 
font  pas  partie  d'une  communauté. 

Les  contrats  d'apprentissage  se  passent  généralement 
chez  les  notaires.  Il  nous  a  été  donné,  en  parcourant  les 
anciennes  minutes  de  ceux  de  Poitiers,  d'en  rencontrer 
plusieurs  centaines.  On  y  trouve  à  peu  près  toujours  les 
mêmes  formules  avec  de  très  rares  variantes.  Si,  généra- 
lement, ces  contrats  sont  passés  dès  le  début  de  l'appren- 
tissage, il  arrive,  quoique  rarement,  que  les  parties 
contractantes  veulent  attendre  quelques  mois.  Elles 
désirent,  sans  aucun  doute,  avoir  l'assurance  que  le 
débutant  se  complaît  dans  l'exercice  de  la  profession  qu'il 
désire  apprendre.  Dans  d'autres  cas,  c'est  le  maître  qui, 

(1)  Arch.  Vienne,  D  14. 

(2)  Arch.  Vienne,  gref,  civil  de  Châtellerault,  1.  420. 


40  LA  COMMUNAUTE 

de  son  côté,  désire  se  rendre  compte  de  la  bonne  volonté 
et  de  la  bonne  tenue  du  jeune  homme  qu'il  introduit 
chez  lui.  Ainsi,  Mathieu  Chevalier,  né  à  Civray,  entre 
chez  Jean  Poitevin,  maître  chirurgien  à  Poitiers,  le 
10  décembre  1640  (1).  Cependant,  son  acte  d'apprentis- 
sage n'est  daté  que  du  5  mai  de  l'année  suivante. 

Les  familles  des  apprentis  appartiennentà  des  milieux 
sociaux  fort  différents.  Tout  d'abord,  on  les  rencontre,  ce 
qui  est  assez  naturel,  dans  les  professions  touchant  à  l'art 
de  guérir  (2).  Parmi  les  fils  de  médecins,  nous  trouvons 
Mathurin  Berger,  demeurant  à  Bellac,  en  1634  ;  David 
Lussault  à  Niort,  en  1670  ;  François  Tardieu,  à  Saint- 
Junien,  en  1675  (3).  Le  premier  ne  vient  à  Poitiers  que 
pour  un  an  afin  d'y  terminer  son  apprentissage  (4). 

Les  enfants  de  l'apothicaire  Mathurin  Demairé  et  de 
son  confrère  Pioger  se  livrent  également  à  l'étude  de  la 
chirurgie  (5).  Nombre  d'autres,  surtout  parmi  ceux  de 
la  campagne,  suivent  leur  exemple. 

Les  chirurgiens  de  Poitiers,  de  même  que  des  envi- 
rons, placent  leurs  fils  chez  les  confrères  voisins  (6).  Ceux 
delà  campagne  travaillent  souvent  dans  leur  pays.  Ils  ne 
restent  guère  dans  les  villes,  que  le  temps  nécessaire 
pour  finir  leur  instruction. 

Parmi    les  fils  de   bourgeois,    nous   rencontrons  des 

(1)  Min.  Chollet,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  DU. 

(3)  Min.  Pommeray,  notaire  (1er  avril  1634).  —  Min.  Cailler,  notaire 
(8  juillet  1670).  —  Min.  Duchasteigner,  notaire  (29  juin  1675). 

(4)  Min.  Herbaubeau,  notaire. 

(5)  P.  Rambaud,  «  la  Pharmacie  en  Poitou  »  [Mém.  Soc.  Ant.  Ouest, 
t.  XXX,  2e  série.) 

(6i  On  trouve  ainsi  des  fils  de  pâtissiers,  hôteliers,  bouquetiers,  ma- 
çons, tailleurs  de  pierres,  gantiers,  libraires,  bonnetiers,  selliers,  orfèvres, 
cuisiniers,  maréchaux,  vétérinaires,  etc. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  41 

jeunes  gens  dont  les  pères  sont  des  notaires  de  campagne, 
ou  dé  modestes  fonctionnaires,  comme  sergents  royaux 
ou  huissiers,  commis  aux  aides,  receveurs  des  décimes, 
procureurs,  appréciateurs  ou  commissaires  priseurs, 
etc.  La  plupart  d'entre  eux  n'habitent  point  Poitiers. 

On  trouve  des  apprentis  placés  chez  les  maîtres  par 
des  gens  avec  lesquels  ils  sont  plus  ou  moins  apparentés. 
Ainsi,  le  24  mai  1655,  Nicolas  Marrot  prieur  de  Marnay, 
fait  apprendre  ta  chirurgie  à  son  frère  Louis.  De  même, 
René  Cotelle,  curé  de  Saint-Saturnin-lès-Poitiers,  le 
11  janvier  1673(1).  Le  27  janvier  1674,  une  modeste 
servante,  Marie  Patrault,  met  le  sien  en  apprentis- 
sage (2).  Ces  exemples  de  bonne  fraternité  n'étaient 
point  autrefois  très  rares. 

Quelques  personnes  riches  considéraient  comme  une 
charité  de  permettre  à  des  jeunes  gens  d'apprendre  la 
chirurgie.  Le  20  décembre  1652,  Anne  du  Plessis, 
veuve  de  Louis  de  Goret,  agit  de  la  sorte  à  l'égard  de 
son  serviteur  Léonard  Brunet  (3).  Le  5  janvier  1685, 
Louis  Mayaud,  éc,  sr  de  Lugny,  paye  l'apprentissage 
de  Jacques  Darcourt  (4).  Jacques  Garnier,  trésorier  de 
Saint-Hilaire,  de  même  que  les  moines  de  l'abbaye 
de  Colombier,  pratiquant  ce  genre  de  charité  (5). 
Il  serait  facile,  au  reste,  d'en  citer  de  nombreux 
exemples. 

Certains  maîtres  désireux  de  récompenser  des  per- 
sonnes qui  leur   ont    été   longtemps   attachées,   pa}rent, 

(1)  Min.  Depardieu,  notaire.  —  Min.  Gaultier,  notaire. 

(2)  Min.  Gaultier,  notaire. 

(3)  ld. 

(4)  Min.  Aubineau,  notaire. 

(5)  Min.  Maxias  et  min.  Chollet,  notaires. 


42  LA  COMMUNAUTE 

pour  les  en  récompenser,  l'apprentissage  de  chirurgien 
à  l'un  de  leurs  parents. 

En  1586,  René  Boynet  écuyer,  sr  de  la  Boule,  déclare 
qu'il  met  Pierre  Delaplanche  chez  Porcher  et  qu'en  lui 
versant  une  pension,  «  il  agit  par  libéralité,  en  souvenir 
qu'il  a  de  la  défunte  mère  dud.  Delaplanche  et  pour 
luy  bailler  de  pouvoir  honnestement  gagner  sa  vie 
entre  les  gens  de  bien  et  d'honneur  »  (1).  Le  8  juillet 
1676,  la  sœur  de  Jean  Malleray  agit  ainsi  envers  René 
Guillot  qui  est  resté  en  qualité  de  serviteur  chez  son 
frère  Josué,  jusqu'au  décès  de  ce  dernier  (2).  De  même 
en  1696, Charles  Paillaud,  prieur  de  Vendceuvre,  en- 
tend récompenser  de  la  sorte  les  services  que  lui  a  rendus 
Marc  Clerté  (3).  Enfin,  François  de  Branville,  écuyer, 
sr  de  la  Boninière,  désireux  de  bien  placer  son  fils  naturel 
François  de  Branville,  le  met  chez  Isaac  Jolly  (4).  Il 
en  est  ainsi  pour  d'autres  enfants  naturels. 

Les  apprentis  originaires  de  la  ville  de  Poitiers  ne 
sont  pas  très  nombreux,  en  dehors  des  fils  de  maîtres.  Il 
en  vient  surtout  du  Haut  ou  du  Bas  Poitou  (5)  ;  quel- 
ques-uns sont  originaires  delà  basse  Marche  (6).  Ces  der- 
niers ne  se  placent  souvent  que  dans  le  but  de  terminer 
un   apprentissage  commencé  chez  eux. 

L'âge  des  débutants  est  fort  variable  :  il  oscille  entre 

(1)  Min.  Herbaudeau,  notaire. 

[2j  Min.  Cailler,  notaire. 

(3j  Min.  Royer  jeune,  notaire. 

(4)  Min.  Maxias,  notaire. 

(5)  On  en  trouve  de  Nouaillé,  Montreuil-Bonnin,  Chauvigny,  Mortbe- 
mer,  Charroux,  Vouneuil-sur-Vienne,  la  Ferrière,  Usson,  Couhé-Yérac, 
La  Trimouille,  Latillé,  Saint-Savin,  Mire-beau,  Saint-Maixent,  Bressuire, 
Loudun,  Pouzauges,  Maillezais,  etc. 

(6)  Nous  citerons  Le  Dorât,  Magnac-Laval,  Villefagnan,  Bellac,  Le 
Blanc,  Saint-Gaultier,  Rochecbouart,  etc. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  43 

15  et  20  ans.  En  général,  on   le  rencontre  surtout  entre 

16  et  18. 

Les  contrats  d'apprentissage  se .  passent,  comme 
nous  l'avons  dit,  par-devant  les  notaires.  Cependant,  au 
xvine  siècle,  on  en  rencontre  un  peu  moins.  L'apprenti 
est  tenu  d'apprendre  le  mieux  qu'il  pourrai 'art,  le  métier, 
la  profession  ou  le  service  de  chirurgien  barbier  pendant 
un  certain  temps  qui,  généralement,  est  fixé  à  deux 
années.  On  le  trouve,  quoique  rarement,  porté  à  trois. 
Quand  il  s'agit  simplement  de  le  compléter,  sa  durée 
varie  depuis  six  mois  jusqu'à  dix-huit.  La  moyenne 
de   douze  est  celle  qui  se  rencontre  le  plus  souvent. 

Le  maître  est  tenu  de  montrer  à  l'apprenti  son  art  de 
chirurgie  le  mieux  qu'il  lui  sera  possible,  le  loger,  nourrir, 
héberger  et  traiter  humainement.  Parfois,  il  est  spécifié 
qu'il  mangera  à  sa  table  les  fêtes  et  dimanches  comme 
les  jours  ouvrés  (1).  Certains  marchés  portent  que  le  dé- 
butant aura  droit  au  blanchissage  d'une  façon  régulière. 
D'autres,  au  contraire  l'autorisent  mais  seulement,  quand 
la  maîtresse  de  la  maison  fera  «  la  buhée  »,  ou  lessive, 
ce  qui  parfois   n'arrivait  qu'une  fois   l'année. 

Les  chirurgiens  ne  doivent  point  vêtir  leurs  apprentis. 
Le  8  octobre  1636,  Armel  Porcher  spécifie  que  le  père  de 
Philippe  Demorthemer  «  sera  tenu  de  le  vestir,  habiller 
et  entretenir  d'habits  et  de  choses  nécessaires»  (2). 
Dans  nombre  de  métiers,  il  en   est  autrement. 

Comme  nous  avons  vu,  l'apprenti  malade  va  chez  lui 
se  faire  soigner  ;  mais  à  son  retour,  il  doit  remplacer  le 


(1)  Des  maîtres  refusent,   en  cas  de  maladie,  de  nourrir  et   d'héberger 
leur  apprenti  tant  qu'il  ne  sera  pas  guéri. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire, 


44  LA  COMMUNAUTE 

temps  perdu.  Le  23  décembre  1631,  année  pendant 
laquelle  la  peste  dévaste  Poitiers,  le  chirurgien  Etienne 
Bonnay,  en  prenant  Michel  Dumas,  fait  insérer  dans 
son  contrat  une  clause  en  vertu  de  laquelle  ce  dernier 
s'en  ira  s'il  tombe  malade  (1)  ;  une  fois  guéri,  il  termi- 
nera son  apprentissage  en  tenant  compte  du  temps  de 
son  absence. 

Certains  parents,  pour  éviter  des  procès  ou  dans  la 
crainte  de  perdre  l'argent  versé  à  l'avance  au  maître,  ont 
soin  de  spécifier  que  s  il  se  présente  des  cas  particuliers 
rendant  impossible  la  continuation  de  l'apprentissage,  il 
cessera  de  plein  droit.  Ainsi,  l'avocat  Jehan  Thorin  dé- 
clare, le  29  novembre  1692,  que  si  son  fils  Pierre  qui  entre 
chez  Boislève,  «  ne  se  trouvoit  propre  à  aprendreled.  art 
de  chirurgie  et  qu'il  voulut  sortir  hors  la  maison  dud. 
Boislève,  faire  le  pourra  dans  troys  moys  et  ne  seroit 
tenu  de  payer  qu'au  prorata  du  temps.  Mais,  les  troys 
moys  passés  sera  tenu  rester  et  parachever  son  appren- 
tissage, sous  peine  de  dommages  et  intérêts  »  (2).  A 
vrai  dire,  les  clauses  de  ce  genre  sont  plutôt  rares. 

Le  prix  de  l'apprentissage  est  variable  suivant  les 
époques.  En  général,  sa  durée  n'a  aucune  influence  à  cet 
égard,  sauf  quand  il  s'agit  de  le  compléter  Pour  deux 
années,  les  contrats  portent  depuis  100  ou  120  livres 
jusqu'à  240  livres.  La  somme  de  200  livres  semble  être 
la  plus  commune  avec  celle  de  150  livres.  En  1595,  la 
gratuité  est  accordée  pour  un  engagement  de  Irois  ans 
avec  un  dédit  de  60  livres  en  cas  de  départ  anticipé  (3.) 

(1)  Min.  Chasteiguer.  notaire. 

(2)  Min.  Daniel  Chesneau,  notaire. 

(3)  Min.  André  Chaigneau,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  45 

Enfin,  une  clause  qui,  cependant,  nous  semble  assez  na- 
turelle, est  insérée  dans  l'acte  passé  par  Nicolas  Parent 
de  Latillé,  pour  son  fils  (1).  Si  ce  dernier  vient  à  mou- 
rir avant  dix-huit  mois,  la  somme  versée  à  son  maître  lui 
sera  acquise,  mais  il  ne  pourra  rien  réclamer  en  plus. 

Les  paiements  s'effectuent  généralement  en  deux  fois, 
la  moitié  ou  environ  en  entrant,  et  le  resle  un  an  plus 
tard.  Le  second  versement  n'a  lieu  que  bien  rarement 
à  la  fin  de  l'apprentissage.  Tous  les  deux  se  font  en 
argent  ou  très  exceptionnellement  en  marchandises. 
En  1657,  le  chirurgien  Audard,  de  Jaulnay,  en  plaçant 
son  fils  chez  Torade,  ne  lui  verse  que  100  livres,  mais  lui 
promet  une  pipe  de  vin  et  sept  septiers  de  froment  (2). 
Les  marchés  de  ce  genre  sont  exceptionnels,  de 
même  que  le  pot-de-vin  versé  à  la  femme  du  maître  (3). 
Le  30  août  1699,  Jean  Lestoré  fait  cadeau  d'une  pistole 
valant  10  livres  à  la  femme  de  Degenne. 

Dans  nombre  de  métiers,  les  apprentis  sont  tenus  de 
se  procurer  les  outils  nécessaires  à  leur  profession.  Il 
en  est  rarement  ainsi  chez  les  chirurgiens.  Pourtant, 
le  29  avril  1678,  Joseph  Rabilhac,  fils  d'un  apothicaire 
de  Magnac,  entre  pour  une  année  chez  Paulcon  (4). 
Ne  devant  qu'y  terminer  son  apprentissage,  il  est  obligé 
de  fournir  les  instruments  de  son  art. 

Tout  chirurgien  a  le  droit  de  prendre,  en  plus  de  son 
apprenti,  un  second  employé  ayant  au  moins  un  an  et 
demi  d'exercice.  On  lui  donne  les  noms  de  locatif,  com- 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Royer,  notaire. 

(3)  M. 

(4)  Min.  Gaultier,  notaire. 


tô  LA  COMMUNAUTE 

pagnon,  ou  garçon.  A  vrai  dire,  on  ne  tient  guère  compte 
dans  la  pratique  des  prescriptions  imposées  par  les  rè- 
glements. Certains  de  ces  individus  n'ont  que  six  ou 
huit  mois  de  stage,  tandis  que  d'autres  en  comptent 
trois  années. 

Le  4  septembre  1629,  Jacques  Morizet,  natif  d'Or- 
léans, ayant  habité  trois  ans  chez  un  maître,  s'en- 
gage cependant  à  rester  dix-huit  mois  dans  la  boutique 
de  Pierre  Demayré  (1).  Il  lui  versera  une  somme 
de  80  livres,  son  désir  étant  de  se  rendre  encore  plus 
capable  dans  son  art. 

Les  conditions  générales  de  ce  genre  tout  spécial 
d'apprentissage  sont  les  mêmes  que  celles  exigées  des 
débutants.  Seuls,  les  prix  diffèrent  sensiblement.  Ainsi, 
Junien  Poulliod,  fils  d'un  chirurgien  de  Saint-Junien, 
entre  chez  Plassais  qui  sera  tenu  «  de  lui  enseigner,  du 
mieux  qu'il  lui  sera  possible,  son  art  de  chirurgie  pen- 
dant un  an  »  (2).  De  son  côté,  Laury  Poulliod  père 
devra,  le  13  avril  1673,  verser  à  son  confrère  une  somme 
de  60  livres . 

Les  prix  demandés  pour  une  fin  d'apprentissage  sont 
plus  ou  moins  en  rapport  avec  sa  durée.  Ainsi,  pour 
une  période  de  douze  mois,  ce  qui  est  assez  habituel,  les 
versements  vont  depuis  30  livres  jusqu'à  124  livres.  Les 
prix  réclamés  varient  surtout  entre  50  et  80  livres.  Les 
paiements  ont  lieu,  comme  à  l'habitude,  moitié  en 
entrant  et  le  reste  à  la  fin  de  la  première  moitié  du 
temps  convenu,  en  vertu  d'un  engagement  pris  devant 
notaire. 

il)  Min.  Johanne,  notaire. 
(2)  Min.  Perroniiet,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  47 

Nous  n'avons  rencontré  qu'un  seul  apprentissage 
accordé  à  titre  gratuit.  C'est  celui  de  Bonneau  qui  a  lieu 
chez  Jean  Fourré,  à  partir  du  20  mars  1595  (1).  Il 
est  vrai  qu'il  s'engage  à  rester  5  ans  chez  son  patron  et 
à  lui  verser  80  livres,  en  cas  de  sortie,  avant  ce  temps 
écoulé. 

L'apprenti  doit  servir  fidèlement  son  maître  et  «  au 
mieux  qu'il  lui  sera  possible  ))  (2).  Il  est  tenu  de 
l'écouter,  de  croire  ce  qu'il  lui  dira,  tout  en  le  respec- 
tant ainsi  que  sa  femme  et  ses  enfants.  Il  ne  pourra 
s'absenter  sans  sa  permission  expresse  et  l'abandonner 
sans  encourir  les  risques  d'être  arrêté.  On  peut  toute- 
fois le  renvoyer  en  cas  de  maladie. 

Le  4  mai  1767,  Etienne  Le  Chasseux  veut  que  Jean 
Salle,  qu'il  qualifie  du  titre  d'élève,  soit  docile  à  ses  re- 
remontrances, «  assidu  à  lire  et  à  écrire  les  auteurs  qui 
lui  seront  indiqués,  sans  rien  négliger  pour  se  perfec- 
tionner dans  l'art  de  chirurgie  »  (3).  Ces  conditions 
ne  se  rencontrent  que  fort  rarement. 

Des  chirurgiens  désireux  d'avoir  chez  eux  des  jeunes 
gens  instruits  leur  consentent  un  apprentissage  gratuit. 
Le  27  février  1775,  les  Affiches  du  Poitou  publient  une 
annonce  de  Texereau,  professeur  d'anatomie  à  l'Ecole 
royale  académique  de  Peinture  de  Poitiers.  Il  offre  de 
nourrir  et  de  loger  gratuitement  le  temps  ordinaire,  un 


î)  Min.  Guyonneau,  notaire. 

(2)  Contrat  Théveuet  et  Gaudin  (25  juin  1(529).  —  Min.  Chollet,  no- 
taire. —  Min.  D.  Chesneau,  notaire. 

(3)  Le  Chasseux  autorisait  son  apprenti  François  Licieux  a  suivre  les 
cours  de  philosophie  pour  la  maîtrise  es  arts.  Il  exigeait  que  son  père 
l'entretînt  de  vêtements  «  honnêtes  et  convenables  »  (Min.  Duchastegnier, 
notaire.) 


48  LA  COMMUNAUTE 

jeune  homme  de  bonnes  mœurs,  désireux  d'être  élève 
dans  sa  maison.  Il  exige  seulement,  pour  cela,  qu'il  soit 
reçu  maître  es  arls,  se  flattant  d'en  faire  un  sujet  capable 
s'il  répond   à  ses  soins. 

L'apprentissage  en  chirurgie  peut  également  avoir  lieu 
dans  les  hôpitaux  dirigés  soit  par  des  laïcs,  soit  par  des 
religieux.  Ceux  de  Poitiers  appartenant  à  la  première 
de  ces  catégories,  n'ont  point  l'habitude  d'en  avoir. 
Toutefois,  nous  voyons  admettre,  le  2  février  1793,  à 
l'Hôtel-Dieu  le  fils  de  Guignard,  tailleur  d'habits  (1). 
11  devra  coucher  et  manger  chez  son  père,  mais  sera  tenu 
de  rester  à  l'hôpital  un  temps  déterminé  afin  d'obtenir 
le  certificat  qu'il  est  d'usage  de  donner  aux  apprentis 
lois  de  leur  sortie. 

Les  Frères  de  la  Charité  prennent  aussi  parfois  des 
apprentis  dans  leur  hôpital  Saint-Louis.  En  septembre 
1682,  la  veuve  Guéneau  y  place  son  fils,  moyennant  la 
somme  de  102  livres  (2).  Jean  Lechallier  débute  de  la 
sorte,  avant  d'aller,  le  17  juillet  1691,  chez  le  chirurgien 
David  Mesnard,  pour  seulement  trois  mois,  à  raison 
de  30  livres . 

Lors  de  son  entrée  chez  un  maître,  tout  apprenti  est 
tenu  de  se  faire  immatriculer  sur  le  registre  de  la  com- 
munauté. Cette  obligation  enlraine  le  paiement  de  5  li- 
vres, comme  le  porte  le  règlement  de  1721.  Au  suplus, 

(1)  Guignard  (René),  né  à  Poitiers  le  2  avril  1779,  reçu  officier  de  santé 
le  21  vendémiaire  an  XIII,  et  docteur  en  chirurgie,  le  11  juin  1813. 
Nommé  professeur  de  clinique  externe  à  l'Ecole  préparatoire  de  médecine, 
le  11  juin  suivant,  à  la  place  de  Gaillard  ;  mort  le  13  novembre  1833. 
(P.  Rambaud,  «  l'Ecole  de  médecine  de  Poitiers  à  ses  débuts  »,  Arch. 
médico-chirurgicales  du  Poitou,  année  1907.) 

(2)  P.  Rambaud,  «  l'Assistance  publique  à  Poitiers  »  (Mém.  Soc.  Ant. 
Ouest,  t.  VII,  3e  série,  p.  312). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  49 

ce  droit  varie  selon  les  époques.  Au  xvne  siècle,  il  est 
de  6  livres.  En  1754,  on  le  porte  à  13  livres. 

L'apprentissage  terminé,  le  maître  est  tenu  de  délivrer 
au  sortant  un  certificat  constatant  le  temps  qu'il  a  passé 
chez  lui,  ainsi  que  la  bonne  exécution  des  engagements 
auxquels  il  était  astreint.  Le  10  décembre  1593,  Etienne 
Jarry,  chirurgien  et  barbier,  déclare  à  tous  qu'il  appar- 
tiendra que  Denis  Marnef,  fils  de  Pierre,  «  a  esté  et 
demeuré  en  sa  maison  en  apprentissage  on  dit  estât  de 
chirurgien  et  barbier  et  icelluy  practiqué  avec  ledit  Jarry 
le  temps  et  espace  de  troys  ans,  comme  il  estoit  tenu  par 
son  contract  (1).  S'en  contente  et  en  acquitte  led.  Mar- 
nef apprentif  susd.  et,  par  ces  présentes,  en  tesmoings 
desquelles  choses  et  pour  plus  grands  approbations  et 
vérités  d'icelles,  led.  Jarry  a  icelles  signé  de  sa  main  et 
faict  signer  à  mond.  Jarry  ». 

Parfois,  les  apprentis  oublient  de  réclamer  leur  certi- 
ficat de  sortie.  Le  29  mars  1662,  Pierre  Auger,  se  trou- 
vant à  Metz,  prie  son  ancien  maître  François  Pilorget 
(i  de  luy  bailler  la  recognoissance  du  bon  et  fidel  service 
qu'il  luy  a  rendu  en  qualité  d'apprenty  jusqu'à  ce  jour  et 
le  descharge  et  dispense  du  temps  qu'il  lui  reste  à  para- 
chever de  sond.  apprentissage  »  (2).  Ce  dernier  lui  ré- 
pond qu'il  «  l'a  bien  et  fidellement  servi  jusqu'à  ce  jour  » 
et  que,  «  pour  le  bien  de  ses  affaires  »,  il  le  décharge  du 
temps  qui  lui  reste  à  faire  pour  terminer  son  appren- 
tissage. 

Quelques  certificats  comportent  des  éloges  à  l'adresse 
des  apprentis.   Le  10  juillet  1672,  Jacques  Herpin  con- 

(1)  Min.  Pigueteau,  notaire. 

(2)  Min.Vézien,  notaire. 


50  LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

stateque  David  Lussauld,  fils  d'un  médecin  de  Niort,  lui 
a  versé  le  montant  de  ce  qu'il  lui  devait  et  «  s'était  com- 
porté sagement  et  prudemment,  en  toute  fidellité  et  qu'il 
ne  peut  lui  imputer  aulcun  blasme  »  (1).  Le  10  mars  1667, 
François  Perronneau  déclare  que  François  Limousin 
l'a  bien  fidèlement  servi  et  consent  à  ce  «  qu'il  aille  tra- 
vailler partout  où  bon  lui  semblera,  étant  pleinement  et 
parfaitement  content  dud.  Limousin  »  (2).  Ajoutons 
que  ces  certificats  sont  les  mêmes  pour  ceux  qui  ne  font 
qu'un  court  apprentissage.  On  leur  donne  seulement  les 
titres  de  serviteurs,  locatifs  ou  garçons,  à  seule  fin  de  se 
conformer  aux  règlements. 

Gomme  nous  venons  de  voir,  les  conditions  qui  régis- 
sent le  temps  et  le  prix  des  apprentissages  sont  fort 
variables.  Elles  se  basent,  comme  toujours,  sur  l'offre  et 
la  demande,  n'étant  établies  qu'après  marchandage.  Le 
seul  caractère  vraiment  particulier  que  présentent  ces 
sortes  d'apprentissages  est,  qu'avant  d'être  terminés,  les 
apprentis  se  transforment  en  locatifs,  sans  posséder  le 
titre  effectif  de  compagnon,  contrairement  aux  usages 
reçus  dans  presque  tous  les  métiers. 

(1)  Min.  Cailler,  notaire. 

(2)  Min.  Perronneau,  notaire. 


CHAPITRE  IV 


LE    STAGE    EN    CHIRURGIE. 


Durée  du  stage  et  ses  variations.  —  Certificats.  —  Défense  de  prendre  le 
garçon  d'un  confrère  voisin.  —  L'abbé  des  compagnons.  — Départ  pour 
le  tour  de  France.  —  Moyens  divers  pour  se  munir  d'argent.  —  Enga- 
gements dans  l'armée  ou  la  marine.  —  Actes  de  violences  entre  maîtres 
et  serviteurs.  —  Engagements  à  l'Hôpital  de  la  peste  et  à  l'Hôpital 
général. 

L'apprenti  ou  locatif,  après  deux  ou  trois  années  pas- 
sées chez  un  maitre  et  en  possession  de  son  certificat  de 
sortie,  prend  alors  le  titre  de  garçon,  de  compagnon  ou 
simplement  celui  de  serviteur  des  chirurgiens.  La  durée 
du  stage  qu'il  doit  effectuer  est  assez  variable.  L'Ordon- 
nance de  U;92  la  porte  à  six  années  quand  il  a  lieu  dans 
la  boutique  d'un  maître.  Autrement,  elle  est  réduite  à 
quatre,  si  le  stagiaire  prend  du  service  à  l'armée  ou  dans 
un  hôpital.  Le  règlement  de  1711  exige  également  quatre 
ans  aussi  bien  chez  les  maîtres  qu'ailleurs.  Enfin,  la 
déclaration  du  12  avril  1772  la  ramène  à  trois  dans 
le  premier  cas  et  à  deux  dans  l'autre,  avec  obligation 
de  suivre  les  cours  pendant  douze  mois.  L'ordonnance 
de  1692  impose  l'immatriculation  du  stagiaire  au  greffe 
de  police,  sous  peine  de  50  livres  d'amende. 

L'article  20  du  règlement  de  1711  déclare  expressé- 
ment «  qu'aucun  garçon  chirurgien  ne  pourra  sortir  de 
chez  son  maître  s'il  n'est  maistre  de  chef  d'œuvre,  qu'il 


52  LA  COMMUNAUTE 

n'en  aye  mis  dans  sa  place  un  capable  de  travailler  ».  En 
principe,  nul  n'a  le  droit  de  s'en  aller  avant  d'avoir  ter- 
miné son  stage.  Tous  sont  tenus  en  sortant  «  d'apporter 
à  celuy  chez  qui  ils  voudront  entrer  un  billet  signé  des 
maistres  ou  veuves,  pour  se  placer,  trois  mois  après  leur 
sortie,  s'ils  n'en  sont  tous  consentans  ».  En  résumé,  un 
patron  peut  empêcher  pendant  ce  laps  de  temps  son 
ancien  employé  d'entrer  chez  l'un  de  ses  confrères. 

Ce  même  article  20  comporte  une  addition  qui  ne 
saurait  passer  inaperçue.  Elle  déclare  très  nettement  que 
tout  garçon  qui  entrera  chez  un  perruquier  ne  pourra 
plus  travailler  en  ville  comme  chirurgien.  De  plus,  l'ar- 
ticle 22  lui  enlève  le  droit  d'exercer  cette  profession  à 
Poitiers.  Aussi,  les  maîtres  perruquiers  sont-ils  tenus  de 
déclarer  au  greffe  de  la  communauté  des  chirurgiens  les 
employés  qu'ils  ont  chez  eux,  avec  leurs  noms,  surnoms, 
pays  et  villes  de  leur  naissance,  sous  peine  de  50 
livres  d'amende. 

Les  compagnons  se  font  délivrer  des  certificats  de 
sortie  chaque  fois  qu'ils  changent  de  maîtres.  S  ils  n'en 
peuvent  obtenir,  ils  ont  recours  à  des  attestations  que 
leur  délivrent  des  personnes  du  voisinage.  Ainsi,  le 
7  janvier  1606,  Jules  Janson,  originaire  du  diocèse  du 
Mans,  fait  dresser  un  acte  notarié  dans  lequel  il  est 
constaté  par  Pierre  Robert,  tapissier,  Michel  Duboys, 
maître  apothicaire,  et  Etienne  Bazille,  maître  armurier 
demeurant  au  Château-du-Loir,  qu'il  a  exercé  la  chirurgie 
dans  cette  localité  (1).  Cette  pièce  lui  permet  de  trouver 
une  place  chez  un  autre  patron. 

(1)  Min.  Dubois,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  53 

Les  maîtres  n'ont  point  le  droit  de  prendre  les  garçons 
de  leurs  confrères  sans  en  avoir  l'autorisation.  C'est 
d'ailleurs  un  usage  fort  répandu  dans  les  corporations 
des  arts  et  métiers  et,  en  cas  d'infraction,  susceptible  d'en- 
traîner des  poursuites.  Une  infraction  de  ce  genre  occa- 
sionne même  une  discussion  au  sein  du  Conseil  munici- 
pal de  Poitiers.  Il  s'agit  de  savoir  si  un  tel  acte  ressort  du 
tribunal  des  échevins  ou  de  celui  du  lieutenant  du  pre- 
mier chirurgien  du  roi. 

Jacques  Rollandeau,  procureur  de  lHôtel  de  Ville, 
déclare,  le  8  juin  1609,  qu'un  chirurgien  avait  distrait  le 
serviteur  de  l'un  de  ses  voisins,  ce  qui  était  contraire  aux 
ordonnances  royales.  A  la  plainte  de  ce  dernier,  son 
adversaire  répondit  que  les  échevins  n'étaient  point  com- 
pétents pour  en  connaître  à  la  place  du  lieutenant  des 
barbiers  (1).  Le  Conseil  municipal  répliqua  en  disant  : 
«  Attendu  que  M.  le  maire,  suivant  les  statuts  de  la 
Maison  commune  de  céans,  donnés  par  les  roys  de 
France  et  confirmés  par  le  roy  à  présent  régnant,  tous  les 
habitans  qui  sont  iceulxd.  de  la  commune  sont  soumis  à 
sa  juridiction,  led.  Rollandeau,  procureur  à  la  police,  re- 
querera  que  les  partyes  soyent  appellées  par  M.  le  maire 
et  capitaine  de  cette  ville.  » 

Le  11  octobre  1669,  JeanFauîcon  va  trouver  son  con- 
frère Etienne  Caron,  auquel  il  fait  savoir,  en  présence 
d'un  notaire,  «  que  mal  à  propos  et  contre  la  nature  de 
leur  métier,  il  a  prins  et  retiré  en  sa  maison,  en  qualité  de 
serviteur,  le  nommé  Marsilac  qu'il  sçavoit  très  bien  avoir 
servy  chez  led.  Faulcon  en  la  mesme  qualité,  ce  qui  a 

(1)  Reg.  dél.  municip.,   n°  64,  p.  189. 


54  LA  COMMUNAUTE 

esté  faict  par  led.  Garon  par  une  pure  haine  et  pour 
s'atirer  les  pratiques  dud.  Faulcon  et,  par  ainsi,  somme 
led.  Garon,  comme  il  l'a  faict  aultrefois  verbalement, 
de  renvoyer  et  mettre  hors  de  sa  bouticque  led.  Marcilac, 
protestant,  ou  le  s1  Garon  seroit  refusant  de  ce  faire,  d'en 
porter  plainte  devant  quy  il  advisera  et  de  tous  despens, 
dommages  et  intérêts  m  (1).  Ce  dernier  étant  absent, 
il  n'obtient  aucune  réponse. 

Au  sortir  de  leur  apprentissage,  nombre  de  compa- 
gnons s'empressent,  comme  ils  le  disent,  d'aller  voir  du 
pays  et  d'entreprendre  parfois  de  longs  voyages.  Dans 
certaines  villes  universitaires,  surtout  dans  le  Midi  de  la 
France,  ils  forment  des  sociétés  avec,  à  leur  tête,  un  chef 
qu'ils  désignent  sous  le  nom  d'abbé.  Nous  trouvons  à 
Poitiers,  au  cours  du  xvne  siècle,  une  association  de  ce 
genre  (2).  Le  23  septembre  1658,  Gilles  Bodinier,  servi- 
teur de  chirurgien,  demeurant  dans  la  boutique  de  Poi- 
rier, porte  plainte  au  présidial  contre  Jean  Monnet,  abbé 
des  serviteurs  des  chirurgiens.  Il  le  fait  condamner  à  lui 
payer  15  sols  et  à  lui  restituer  sa  trousse  avec  ses 
rasoirs. 

Avant  de  partir  en  voyage,  les  compagnons  doivent  se 
munir  d'argent.  Les  uns  vendent  en  partie,  ou  môme  en 
totalité,  les  biens  qu'ils  possèdent.  Le  7  décembre  1638, 
Hugues  Bugeau  cède  complètement  les  siens  à  sa  belle- 
sœur  (3).  Le  29  novembre  1668,  Auger  Gallet  abandonne 
une  rente  de  12  livres  à  l'imprimeur  Jean  FJeuriau  (4). 


(1)  Min.  Marrot,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  gref.  civil  du  présid. 

(3)  Min.  Marrot,  notaire. 
(i)  Min.  Royer,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  55 

Le  14  mai  1695,  François  Guionnet  et  Pierre-Paul  Bersil 
vendent  une  terre  située  à  Liniers  (1).  Les  actes  de  vente 
de  ce  genre  sont  assez  communs. 

Certains  compagnons,  avant  leur  départ,  se  conten- 
tent de  mettre  en  location  leurs  propriétés.  Le  14  mai 
1657,  Jacques  Courteville  donne  à  ferme  pour  trois  ans 
ses  deux  borderies  situées  près  du  cimetière  de  Saint- 
Georges-les-Baillargeaux  (2).  Au  cours  de  l'acte,  il 
reconnaît  que  le  fermier  lui  a  avancé  30  livres,  montant 
du  prix  d'une  année,  afin  de  lui  permettre  d'acheter  un 
habit,  un  manteau  et  des  souliers  pour  aller  ensuite  «  voir 
le  pays  et  villes  de  France  et  travailler  et  s'exercer  de 
son  mestier  de  chirurgien  ». 

Il  en  est  également  qui,  en  cours  de  route,  vendent  ou 
louent  les  biens  qu'ils  possèdent.  Le  10  janvier  1660, 
Jacques  Jolly,  qui  travaille  rue  Galande,  à  Paris,  cède  le 
quart  d'une  «  treille  »  à  son  beau-frère  l'imprimeur  Louis 
Faulcon  (3).  Pierre  Nollin,  lors  de  son  séjour  à  Poitiers, 
hypothèque,  le  28  février  1682,  sa  maison  sise  à  Bour- 
nezeau  en  Bas-Poitou  (4). 

Parmi  les  précautions  que  nombre  de  voyageurs  pre- 
naient jadis  avant  leur  départ,  il  en  est  une  que  les  com- 
pagnons n'avaient  garde  d'oublier.  La  plupart  allaient 
trouver  un  notaire  pour  lui  dicter  leurs  dernières  volon- 
tés. Le  10  avril  1665,  Joseph  Hélie,  qui  s'intitule  «  étu- 


(1)  Min.  Marrot,  notaire.  Le  14  mai  1631,  Philibert  Thébault  déclare 
que  «  ne  pouvant  jouir  de  ses  biens  et  aj^ant  formé  le  dessein  de  voyager 
pour  se  perfectionner  dans  son  art  »,  les  vend  à  son  curateur.  (Min. 
Bourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Cbollet,  notaire. 
(3i  Min.  Cailler,  notaire. 
(4)  Min.  Rover,  notaire. 


56  LA  COMMUNAUTE 

diant  en  chirurgie  en  la  ville  de  Poitiers  »,  ne  veut  point 
entreprendre  un  long  voyage  pour  se  perfectionner  dans 
sa  profession,  sans  avoir  eu  soin,  au  préalable,  de 
disposer  des  quelques  biens  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  lui 
donner  (1).  Il  fait  le  partage  de  ce  qu'il  possède  entre 
tous  ses  frères. 

Les  jeunes  gens  qui  veulent  s'enrôler  dans  l'armée  ou 
la  marine,  agissent  comme  les  précédents.  Le  4  janvier 
1684,  Jacques  Andreau,  garçon  chirurgien  attaché  au 
régiment  d'Anjou,  réclame  à  son  ancien  patron,  Nicolas 
Baratte,  la  somme  de  13  livres  qui  lui  est  due,  afin  de  la 
remettre  à  son  compagnon  le  sieur  de  la  Baune,  auquel 
il  l'avait  emprunté  (2).  Le  30  août  1672,  Nicolas  Dumas, 
lors  de  son  engagement  au  régiment  de  Navarre,  charge 
sa  sœur  de  gérer  ses  biens  et  lui  en  fait  don  dans  le  cas 
où  il  viendrait  à  mourir. 

Les  départs  des  compagnons  chirurgiens  à  l'armée 
n'étaient  point  rares,  car  la  guerre  était  une  excel- 
lente école  pour  l'étude  de  leur  art.  Le  23  mai  1682, 
François  Forest,  s'  des  Guitardières,  enrôle  à  Poi- 
tiers les  compagnons  désireux  de  servir  sur  les  vaisseaux 
du  roi  dans  le  Ponant.  Il  fait  engager  Louis  Joubin,  né 
à  Hennebont  en  Bretagne,  et  Pierre  Morand,  fils  d'un 
procureur  de  Chabannais,  près  d'Angoulême  (3).  Il 
promet  à  chacun  d'eux  une  somme  de  10  livres,  plus 
8  sols  par  jour  jusqu'à  leur  départ,  qui  a  eu  lieu  le  7  juin 
suivant. 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Duchastegnier,  notaire. 

(3)  En  même  temps  s'engagent  Jean  de  Bourdeau,  né  à  Lusignan,  et 
Jean  Boncenne  de  Chauvigny.  Ils  ont  droit  à  6  livres,  dont  moitié  au 
comptant  et  le  reste  au  départ.  (Arch.  Vienne,  gref.  civil  du  présid.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  57 

Les  familles  des  compagnons  leur  fournissent  cer- 
tains objets  dont  ils  peuvent  avoir  besoin  (1).  C'est 
ainsi  que  l'apothicaire  Hilaire  Hélie  adresse  à  son  fils,  le 
7  octobre  1663  : 

1  paire  de  souliers 3  1. 

1  autre  qui  a  été  carrelée 0  1.  30  s. 

1  paire  de  canesons  de  chamois.     .  4  1.  10  s. 

Diverses  sommes  de  15  s.,  20  s.   et  0  1.  30  s. 

Pour  faire  accommoder  5  rasoirs.     .  0  1.   11  s. 

Pour  achat  de  2  fers  à  moustaches.     .  0  1.  30  s. 
9  aunes  de  serge  pour  faire  un  habit, 

l'aune .     .     .     .     .  0  1.  33  s. 

1  chapeau  noir 0  1.  33  s. 

Les  compagnons,  souvent  très  vifs  et  très  emportés,  se 
livrent  facilement  à  des  actes  de  violence.  Le  28  décem- 
bre 1659,  le  présidial  informe,  malgré  les  échevins,  con- 
tre trois  serviteurs  de  chirurgiens  qui  ont  assassiné  un 
pintier  sur  la  place  de  Notre-Dame.  Les  rapports  qu'ils 
ont  avec  les  patrons  ne  sont  point  non  plus  toujours 
emprunts  d'une  bien  grande  aménité.  Le  chirurgien 
Jean  Verdin  intente  un  procès,  le  28  février  1682,  à  René- 
Lucien  de  Lalande  qui  travaille  chez  l'un  de  ses  con- 
frères (2).  Il  l'accuse  d'excès,  de  blessures  et  de  voies 
de  fait  contre  sa  personne.  Enfin,  il  n'est  pas  jusqu'aux 
femmes  de  leurs  patrons  qu'ils  traitent  sans  respect  (3). 
Le  20  août  1784,  Pierre-Charles  Baudrv,  fils  d'un  chi- 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Gref.  civil  du  présidial. 

(3)  Gref.  criminel  du  présidial. 


58  LA  COMMUNAUTÉ 

rurgien  des  Herbiers,  est  poursuivi  pour  avoir  gravement 
insulté  Marie  Lemée,  la  femme  de  son  maître. 

Il  est  vrai,  d'un  autre  côté,  que  parfois  ils  sont 
eux-mêmes  victimes  de  violences  (1).  Le  16  juin  1711, 
Philippe  Guiet,  garçon  chez  le  chirurgien  Dumont,  est 
frappé  d'un  coup  de  poignard  par  le  fils  d'un  procureur, 
dans  la  rue  Corne-de-Bouc. 

Les  patrons  ne  se  montrent  point  toujours,  eux  aussi, 
pleins  de  douceur  à  l'égard  de  leurs  élèves.  Ils  ne  se 
contentent  pas  seulement  de  les  rudoyer  et  de  les  insul- 
ter, ils  vont  même  jusqu'à  les  battre.  Le  10  mai  1667, 
le  sieur  Bonnemaison,  lors  de  son  arrivée  à  Poitiers, 
porte  plainte  contre  son  ancien  maître,  Boy,  demeurant 
à  Châtellerault  (2).  Le  même  jour,  un  de  ses  cama- 
rades, Joseph  Bonnet,  raconte,  au  tribunal,  la  façon  dont 
il   était    traité  : 

«  Le  s1  Boy,  dit-il,  avoit  promis  à  la  dame  de  Bonne- 
maison  que  son  filsauroit  trois  ou  quatre  mois  de  liberté. 
Qu'il  ne  rendroit  aucune  déférence  à  personne  qu'au 
maître  et  à  la  maîtresse.  Gomme  led.  Bonnemaison  abu- 
soit  de  sa  liberté,  Boy  voulut  le  retenir.  De  son  côté, 
quand  l'autre  lui  demandoit  une  leçon  pour  la  saignée 
ou  autre  chose  du  mestier,  son  maître  la  lui  refusoit.  Un 
jour,  voulant  saigner  une  personne  dans  la  boutique, 
Boy  s'emporta  contre  Bonnemaison  avec  inconvenance, 
et  l'invectiva  si  fort,  à  cause  de  sa  jeunesse,  qu'il  ne  put 
faire  une  saignée.  » 

Bonnet  ajoute  avoir  vu  à  diverses  reprises  le  s1  Boy 
«  battre  Bonnemaison  à  coups  de  pieds  et   le  tirer  aux 

(1)  Gref.  criminel  du  présidial. 

(2)  Id. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  59 

cheveux,  puis  se  mettre  en  si  grande  colère,  que  si  on  ne 
l'eust  ôlé  de  ses  mains,  il  l'eût  rompu  bras  et  jambes,  ce 
qui  dura  six  à  sept  mois  ».  Après  quelque  répit,  il  recom- 
mença ses  mauvais  traitements  à  la  suite  d'une  absence 
de  l'élève.  «  Ce  dernier,  à  son  retour,  se  voyant  sans  es- 
pérance d'être  mieux  traité  par  Roy,  prit  une  ou  deux 
chemises  dans  son  coffre  et  s'en  alla  on  ne  sait  où.  )>  Il 
termine  en  disant  que  Roy  avait  frappé  Ronnemaison 
avec  son  bâton  jusque  dans  la  cour  du  château  de  Châ- 
tellerault. 

Le  3  septembre  1663,  Pierre  Royer,  serviteur  chez 
Pierre  Cothereau,  porte  plainte  contre  son  patron  qui 
lui  a  retenu,  non  seulement  une  certaine  somme  d'argent, 
mais  encore  ses  vêtements  et  ses  «  ustensiles  de  travail  » . 
Il  demande  au  tribunal  de  le  condamner  «  à  luy  bailler, 
payer,  rendre  et  restituer,  premièrement  :  la  somme 
de  16  livres  restant  à  payer  de  plus  grande  somme  qu'il 
luy  avoitcy-devant  preste,  ensemble,  de  luy  rendre  8ra- 
zoirs,  1  lancette,  1  paire  de  bas  d'estame,  21ivres.de  chi- 
rurgie, 1  coiffe  et  bonnet,  2  fers  à  relever  la  moustache 
et  une  paire  de  cizeaux  ».  (1).  Cette  affaire  fut  renvoyée 
devant  Joly,  lieutenant  du  premier  chirurgien  du  roi. 

Les  compagnons  sont  appelés,  comme  leurs  maîtres, 
à  donner  des  soins  aux  habitants  de  Poitiers  quand  sur- 
viennent des  épidémies  de  peste.  Certains,  après  avoir 
accompli  un  stage  régulier,  entrent  à  l'hôpital  des  pesti- 
férés et  se  font  ensuite  recevoir  à  la  maîtrise.  D'autres, 
au  contraire,  attendent  pour  cela  que  le  fléau  soit  passé. 
Ceux  qui   ne    remplissent  point  les  conditions  exigées, 

(1)  Min,  Martin,  notaire. 


60  LA  COMMUNAUTÉ 

ou  bien  encore  qui  sont  trouvés  incapables,  doivent  se 
mettre  de  nouveau  sous  la  direction  d'un  maître. 

Lors  de  leur  entrée  à  l'hôpital,  ils  passent  avec  la  mu- 
nicipalité un  contrat  qui  les  lie,  soit  pendant  la  durée  de 
l'épidémie,  soit  en  temps  ordinaire,  pendant  une  période 
déterminée.  Le  26  avril  1628,  Jean  Gabriau,  maire  de 
Poitiers,  agit  delà  sorte  avec  Jehan  Charrault,  garçon 
chirurgien  à  Mirebeau  (1)  Ce  dernier  s'engage  à  de- 
meurer en  compagnie  de  Parreau,  chirurgien  delà  peste, 
reçu  pour  cette  cause  à  la  maîtrise,  pendant  tout  le 
temps  qu'il  sera  occupé  à  traiter,  panser  et  médicamen- 
ter  les  contagieux  dans  la  ville,  les  faubourgs  et  l'hôpital. 
Il  le  servira  en  qualité  de  garçon,  lui  aidera  à  traiter  et 
panser  les  malades,  selon  qu'il  lui  sera  commandé.  Il  re- 
cevra, pour  ses  gages,  la  somme  de  6  livres  par  mois 
payable  à  l'avance.  Si  l'hôpital  des  pestiférés  est  ouvert, 
cette  somme  sera  augmentée,  et  de  plus  il  aura  droit  à  la 
nourriture  tant  qu'il  y  séjournera. 

Ce  n'est  guère  qu'au  milieu  du  xvie  siècle  que  l'on 
voit  des  compagnons  se  mettre  au  service  des  contagieux 
à  la  place  des  maîtres.  Ils  sont  accompagnés  de  camara- 
des plus  jeunes  qui  restent  sous  leurs  -ordres.  Ces  der- 
niers, peu  rétribués  en  temps  ordinaire,  reçoivent  alors 
de  gros  appointements  toujours  versés  à  l'avance  (2). 
En  1563,  Bonnin  et  Coulaud  sont  payés  à  raison  de  15 
livres  5  sols  par  mois,  et  Jacques  Vigouroux  15  livres  en 
1585.  Cette  somme  est  portée  à  25  livres  pour  Pierre 
Gillyot  et  à  60  livres,  de  1585  à  1587,  en  faveur  des  deux 
frères  Julien. 

(t)  P.  Rambaud,  «  l'Assistance    publique  à  Poitiers  jusqu'à    l'an  V  >. 
(Mém.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  VII,  3e  série.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  61 

En  1606,  l'état  sanitaire  de  la  ville  étant  parfait, 
Pierre  Bouchet,  compagnon  chirurgien,  au  lieu  de  60 
livres  par  mois  ne  reçoit  plus  que  30  livres.  Enfin,  De- 
nis Vincent,  le  dernier  de  tous  ceux  qui  aient  rempli 
cette  charge,  obtient  depuis  6  livres  jusqu'à  9  livres  en 
1628.  L'année  suivante,  il  lui  est  octroyé  10  livres,  «  at- 
tendu la  peine  extraordinaire  qu'il  prend  à  traiter  et 
panser  les  malades  de  l'hôpital  des  pestiférés  qui  sont  en 
grand  nombre  »  (1).  En  décembre  1631,  il  gagne  16 
livres,  et  l'un  de  ses  confrères  20  livres. 

Ces  jeunes  gens,  malgré  les  soins  qu'ils  prodiguent 
aux  contagieux  et  les  dangers  qu'ils  courent,  ne  sont 
point  régulièrement  pavés.  Le  26  décembre  1587,  l'un 
d'eux,  Bernard  Gillyot,  déclare  qu'ayant  «  hazardé  sa  vie 
pour  servir  à  l'Hôtel-Dieu  de  la  peste,  y  traiter  et  panser 
les  personnes  affligées  de  la  peste  )>,  il  aurait  droit  en 
plus  des  appointements  qu'il  réclame,  «  à  quelques  récom- 
penses pour  s'entretenir  de  vivres  (2)  ».  On  lui  accorde 
un  supplément  de  10  livres. 

Certains  compagnons  soignent  en  ville  des  personnes 
atteintes  de  la  peste  sans  y  être  spécialement  employés 
par  la  mairie.  Ainsi,  Jacques  Morizet  passe,  le  13  juillet 
1631,  un  marché  avec  Christophe  Laumonier  pour  le 
traiter  du  mal  contagieux.  <(  Dans  le  cas  où  il  pourroit 
le  retirer  de  lad.  maladie  ou  même  s'il  venoit  à  en 
décesder.  »  Ce  dernier  lui  promet  la  somme  de  60  li- 
vres (3).  Les  marchés  de  ce  genre  n'étaient  point  rares 
en  temps  de  peste,  car  les   maîtres  ne  pouvaient  visi- 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  n"  78,  p.  222. 
[2)Id.,  n°47,  p.  279. 
(3)  Min.  Marrot,  notaire- 


62  LA  COMMUNAUTE 

ter  les  malades   sans   être   astreints  à  fermer  boutique. 

L'Hôtel-Dieu  ne  confia  jamais  un  service  quelconque 
aux  compagnons  (1).  Il  en  fut  de  même  pour  l'Hospice 
général,  mais  seulement  à  ses  débuts.  Les  chirurgiens 
ayant  refusé  d'y  aller,  les  administrateurs  désignèrent, 
le  13  novembre  1670,  Benjamin  Mériaudeau  de  Grand- 
ville  pour  les  remplacer  (2).  Furieux  d'être  évincés  de 
la  sorte,  les  maîtres  insultèrent  gravement  les  membres 
de  l'administration  qui,  le  15  janvier  1671,  portèrent 
plainte  au  lieutenant  général. 

Le  1er  juillet  1677,  Mériaudeau  reçoit  un  certificat  fort 
élogieux  dans  lequel  on  déclare  «  qu'il  a  toujours  très 
bien  servy  et  sans  reproches  les  pauvres  dud.  lieu,  avec 
assiduité  pendant  six  ans  et  demy.  Cette  vérité  est  tirée 
du  papier  secrétariat  par  lequel  il  paraît  que  l'entrée 
dud.  sieur  Grandville  fut  le  13  novembre  1670.  Pen- 
dant tout  ce  temps  de  service,  l'on  ne  lui  a  jamais  donné 
aucuns  gages  ny  récompenses  et  il  a  même  fourni  plu- 
sieurs médicaments  aucl.  Hôpital,  ce  qui  fait  que  le  sieur 
Grandville  a  fait  quelques  dépenses  au  service  desd. 
pauvres  à  cause  de  l'affection  qu'il  leur  a  porté  jusqu'à  ce 
jour»  (3).  Cet  élogieux  certificat  se  termine  en  disant  que 
la  seule  récompense  de  Grandville  a  été  d'acquérir  «  une 
parfaite  expérience,  suffisance  et  capacité  en  l'art  de  chi- 


(1)  Un  garçon  se  présenta  bien  à  1  Hôtel-Dieu,  le  9  mai  1667,  pour 
servir  les  pauvres  pendant  trois  ans,  en  mettant  comme  condition  qu'il 
serait  reçu  à  la  maîtrise.  Sa  demande  fut  renvoj'ée  aux  maîtres  avec  prière 
de  dire  s'ils  voulaient  continuer  à  y  venir  chacun  pendant  la  durée  d'un 
mois .  Ils  durent  agir  comme  par  le  passé,  car  les  offres  du  compagnon 
ne  furent  point    acceptées.  (Reg.  dél.  mun.,  n°  117,    p.  149.) 

(2)  Arch.  Hop  de  Poitiers. 

(3)  ld. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  63 

rurgie,  par  les  fréquentes  opérations  qu'il  a  fait  aud.  Hô- 
pital ». 

Après  son  départ,  les  chirurgiens  de  Poitiers  s'enga- 
gent à  le  remplacer  chacun  à  tour  de  rôle.  Ce  beau  zèle 
s'étant  vite  refroidi,  l'intendant  Gilles  de  Maupeou  ne 
manque  point  de  s'en  plaindre,  le  28  octobre  1698  (1). 
Il  déclare  que  ni  eux  ni  même  les  serviteurs  qu'ils  em- 
ploient ne  fréquentent  l'infirmerie,  aimant  mieux  s'oc- 
cuper de  leurs  propres  affaires.  Cette  négligence  aurait  mê- 
me occasionné  la  mort  de  plusieurs  indigents.  Aussi,  l'ad- 
ministration se  décide-t-elle,  le  19  décembre  1698,  à 
recourir,  pendant  six  ans,  aux  services  du  compagnon  Jac- 
ques Cothet,  s1'  duTailly.  Gomme  son  prédécesseur,  il  se 
livre  en  dehors  de  l'hôpital  à  l'exercice  de  sa  profession, 
malgré  les  maîtres  qui  veulent  l'en  empêcher  et  contre 
lesquels  il  porte  plainte,  le  25  juin  1707.  Il  abandonne  sa 
place  en  1717.  A  partir  de  cette  époque,  elle  cesse  d'être 
occupée  par  des  jeunes  gens  gagnant  maîtrise  au  service 
des  pauvres. 

Nombre  de  garçons  restent  toute  leur  vie  chez  les 
maîtres  ou  chez  les  veuves  ayant  le  droit  de  tenir  bouti- 
que ouverte.  Pour  la  plupart,  ils  se  font  simplement  ap- 
peler chirurgiens,  sans  en  posséder  le  titre.  Nous  verrons 
plus  loin  dans  quelles  conditions  ils  furent  appelés 
à  exercer  leur  profession  sans  être  reçus  à  la   maîtrise. 

(1)  Arch.  Hôp.  de  Poitiers» 


CHAPITRE  V 


L  ENSEIGNEMENT   DE  LA  CHIRURGIE. 


L  édit  de  1579.  —  Les  cours  de  la  Faculté  de  médecine  au  xvne  siècle.  — 
Leur  arrêt  au  début  du  xviue  siècle.  — Tentatives  faites  pour  les  re- 
prendre. -  L'enseignement  libre.  —  Les  leçons  de  Le  Chasseux  (1781  • 
1790).  —  Les  cours  de  Piorry  et  Bertault  (1  791),  puis  de  Bertault  seul 
fan.  III.)  —  Ceux  de  Canolle  à  l'Ecole  centrale  (an.  III-V).  — 
L'Association  des  étudiants.  —  Départ  des  jeunes  chirurgiens  aux  ar- 
mées. 

Les  statuts  des  maîtres  chirurgiens  de  Poitiers,  don- 
nés en  1410,  ne  comportent,  après  l'apprentissage  et  le 
stage,  aucun  enseignement  théorique.  Cet  enseignement 
n'est  établi  que  bien  plus  tard,  en  vertu  de  l'article  87  de 
l'édit  de  Blois  du  20  juillet  1579.  Les  docteurs  régents 
de  la  Faculté  de  médecine  obtiennent  le  droit  d'assister 
aux  examens  de  maîtrise,  à  condition  de  faire  chaque 
année  une  série  de  cours  gratuits  aux  étudiants  et  de 
présider  les  dissections  anat»miques  qui  peuvent  avoir 
lieu.  Toutefois,  ces  mêmes  étudiants  ont  la  liberté  d'y 
assister  autant  qu'il  leur  plaît. 

Le  3  novembre  1582,  le  médecin  Pierre  Milon  est 
délégué  par  ses  collègues  pour  lire  aux  chirurgiens  et 
pour  présider  à  «  la  démonstration  anatomique  d'un 
corps  humain  si  l'occasion  s'en  présente  (1)  ».  Le  tout,  à 
condition  qu'il  y  ait  des  auditeurs. 

(1.1  Arch.  Vienne,  Reg.  S,  no  6.  —  Milon  (Pierre),  sr  de  la  Mornière  et, 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  IDE  POITIERS  65 

Les  cours  commencent  après  la  rentrée  annuelle  de  la 
Faculté,  c'est-à-dire  dans  les  premières  semaines  qui 
suivent  la  fête  de  saint  Luc,  ou,  au  plus  tard,  vers  le  mi- 
lieu de  novembre.  En  1594  et  1595,  les  élèves  viennent 
eux-mêmes  «  requérir  le  doyen  et  toute  la  Faculté  de 
leur  donner  un  docteur  régent  pour  faire  des  lectures  ». 

En  1588,  Pierre  Milon  commente  le  livre  de  Galien 
qui  traite  de  l'obstétrique  (1).  A  la  fin  de  son  cours,  il 
présente  au  Collège  de  médecine  un  certificat  signé  de 
tous  ses  auditeurs  constatant  qu'il  l'a  fait  d'une  façon 
régulière  en  présence,  parfois,  du  doyen  et  des  docteurs. 

Entre  1584  et  1586,  cet  enseignement  est  suspendu  à 
cause  de  la  peste  qui  sévit  durement  à  Poitiers.  Quand 
elle  a  pris  fin,  le  doyen  déclare  que  cette  suspension  a  eu 
lieu  «  pour  l'honneur  de  la  Faculté  et  le  bien  du  public  », 
et  sans  tenir  compte  des  privilèges  que  les  médecins  pour- 
raient en  retirer.  Il  ajoute  qu'il  serait  bon  désormais 
«  d'entretenir  de  quelques  lectures  les  chirurgiens  et 
tous  ceulx  qui  voudroyent  estudier  en  la  science  de  mé- 


plus  tard,  sr  deLarnay,  né  en  1553,  fils  d'Anséaulme,  sénéchal  de  la  Tré- 
mouille,  fit  ses  études  de  médecine  à  Paris  et  à  Montpellier.  Reçu  licen- 
cié à  Poitiers,  les  15  février  et  14  mars  1579,  puis  docteur, en  1582.  Nommé 
doyen  de  la  Faculté,  en  1600.  Choisi  par  Henri  IV,  en  qualité  de  premier 
médecin,  il  l'assiste  à  sa  mort,  en  1610.  Louis  XIII  lui  continue  sa  charge 
à  titre  honorifique  et  l'ennoblit.  —  Marié  en  premières  noces  à  Renée, 
fille  de  Florentin  du  Ruau.  avocat,  dont  :  1°  Florence  (1584)  ;  —2" Pierre 
(1586)  ;  —  3°  Renée  (1588)  ;  —  4°  Georges  (1590)  ;  —  5°  Gabrielle  (1591)  ; 

—  Remarié,  le  3  février  1594,  à  Jeanne  Clabat,  fille  d  Hellène,  sr  de  Lar- 
nay,  et  de  Françoise  de  Larnay,  dont  :  6°  Marguerite  (159_>)  ;  —  7°  Ni- 
colas (1596)  ;  —  8"  François  (1598)  ;  -  9°  Jeanne  (1602;  ;  —  10"  Jacques 
(1604)  ;  —  11»  Jean  I  (1607)  ;  —  12°  Catherine  (1608)  ;  —  13°  Jean  II 
(1611)  ;  —14°  Pierre  (1614).  Pierre  Milon  meurt  le  19  février  1616,  âgé 
de  62  ans,  et  sa  femme,  Jeanne  Clabat,  le  20  octobre  1646.  (Reg.  paroissiaux 
de  Saint-Didier  et  de  Saint-Porchaire.    —  D.    Fonteneau,  t.  II,  p.    139. 

—  Arch.  du  château  de  la  Rivière.) 
(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.n°6. 

5 


66  LA  COMMUNAUTE 

decine  ».  En  conséquence,  les  docteurs  régents  seront 
tenus  d'enseigner,  chacun  à  tour  de  rôle,  pendant  une 
année.  Celui  auquel  en  incombera  la  charge,  assistera 
aux  examens  de  maîtrise  des  chirurgiens,  après  qu'il  en 
aura  été  prévenu  par  le  doyen  (1).  En  cas  d'impossibilité 
absolue  de  sa  part,  un  de  ses  collègues  le  remplacera  (2). 

Les  registres  des  actes  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Poitiers  nous  montrent  que  «  pour  son  honneur  »,  les 
docteurs  acceptèrent  volontiers  l'accomplissement  de  ce 
devoir  (3).  Les  refus  restèrent  assez  rares.  Le  9  décembre 
1667,  André  Mauduyt  déclare  qu'ayant  été  condamné,  le 
3  du  même  mois,  à  occi  per  la  place  de  procureur,  il 
doit  faire  des  lectures  aux  apprentis  chirurgiens  (4).  En 
conséquence,  il  est  prêt  à  les  commencer  immédiatement, 
à  une  heure  de  relevée,  dans  la  salle  des  écoles  de  méde- 
cine. 

La  Faculté,  lors  de  la  réfection  de  ses  statuts,  en  1617, 
ne  manque  pas  d'y  introduire  un  chapitre  spécial  destiné 
à  réglementer  l'enseignement  qu'elle  doit  donner  aux 
chirurgiens  (5).  Ce  chapitre  comprend  les  articles  sui- 
vants : 

(1)  Arcli.  Vienne,  Reg.  S.  nos  6  et  7.  Le  16  novembre  1630,  Pascal  Le- 
coq  remplace  Pidoux  son  confrère. 

(2)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.  m»  7. 

(3)  Min.  Bourbeau,  notaire.  —  Mauduyt  (André),  fils  de  François,  avo- 
cat en  Parlement,  sénéchal  de  Verneuil  et  de  Marie  Tettereau.  Reçu  doc- 
teur en  médecine  à  Montpellier,  le  30  août  1652,  et  à  Poitiers,  le  8  juin 
1655.  Marié  par  contrat  du  8  février  1655  à  Hellène  Barré,  dont  :  1°  An- 
dré (1656)  ;  —  2°  Marie  (1658)  ;  —  3°  Antoine-François  (1658)  ;  — 
4"  Marie-Hellène  (1661)  ;  —  5<>  Hellène  (1662)  ;  —  6o  Renée  (1665)  ;  — 
7o  Philippe  (1665);  -  8»  Marie  1666)  ;  —  9<>  Etienne  (1667).  -  1G«  Ignace 
(1668)  ;  —  11°  Etienne  (1675).  (Reg.  par  Saint-Paul).  André  Mauduyt  perd 
sa  femme  le  30  octobre  1693,  et  meurt  doyen  de  la  Faculté,  le  10  mars 
1711. 

(4)  Arch.  Vienne,  D.  10. 

(5)  Id. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  67 

1°  La  Faculté  désignera  chaque  année  deux  docteurs 
qui  feront,  deux  fois  par  semaine,  les  leçons  habituelles 
aux  chirurgiens  et  aux  apothicaires,  en  commençant  à 
partir  de  la  Saint-Luc  ou  de  la  Toussaint.  Ils  assisteront 
également  aux  examens  de  maîtrise. 

2°  Le  plus  ancien  des  délégués  aura  le  choix  du  cours 
qu'il  devra  faire  soit  aux  chirurgiens,  soit  aux  pharma- 
ciens. Celui  qui  préférera  l'enseignement  de  la  chirurgie, 
divisera  ses  leçons  d'une  façon  précise,  afin  que  cette 
division  puisse  se  comprendre  facilement. 

3°  Celui  qui  lira  aux  compagnons  chirurgiens,  assistera 
de  préférence  aux  anatomies  publiques  qu'il  aura  le  soin 
d'expliquer,  en  temps  opportun,  pendant  l'année.  Une 
d'elles  portera  le  nom  «  d'Anatomie  du  collège  de  méde- 
cine ».  Le  docteur  chargé  de  la  faire,  en  dressera  le 
programme  qui  sera  publié  en  latin.  Il  le  fera  savoir  au 
doyen  par  un  simple  billet  que  lui  remettra  le  bedeau. 

4°  Si,  pendant  l'année  scolaire  qui  débute  à  la  Saint- 
Luc,  il  se  trouve  plusieurs  anatomies  à  interpréter,  le 
doyen  et,  après  lui,  le  plus  ancien  des  docteurs,  seront 
choisis  de  préférence,  s'ils  le  désirent,  pour  prendre  la 
parole.  Si  cette  charge  incombe  directement  à  ce  dernier, 
il  pourra  la  conserver. 

5°  Quand  les  docteurs  ou  les  licenciés  de  la  Faculté 
de  médecine  donneront  des  explications  anatomiques,  les 
chirurgiens  ou  leurs  délégués  pourront  disséquer  les 
cadavres  soit  publiquement  dans  l'amphithéâtre  habituel, 
soit  en  particulier,  après  avoir  eu  soin  de  prendre  l'avis 
du  doyen . 

6°  Aucun  docteur,  licencié  ou  chirurgien  ne  devra,  en 
vue  d'une  anatomie  publique,  demander  un  cadavre  aux 


68  LA  COMMUNAUTE 

magistrats,  sans  le  consentement  du  doyen  ou,  en  son 
absence,  du  plus  ancien  docteur  de  la  Faculté.  Ce  con- 
sentement sera  présenté  aux  magistrats,  qu'on  invitera 
préalablement  à  n'en  délivrer  que  sur  avis  favorable 
de  ce  même  doyen  et  sur  une  demande  écrite  de  sa 
main. 

7°  Le  docteur  qui  expliquera  l'anatomie  ne  permettra 
pas  que  l'on  s'écarte  de  ce  qui  fera  l'objet  de  la  dissection. 
Le  temps  sera  employé  à  disséquer  et  à  démontrer,  sans 
qu'il  soit  permis  de  répéter  des  choses  déjà  dites  et,  par 
conséquent,  inutiles.  Les  chirurgiens  fourniront  un  pro- 
secteur habile,  approuvé  par  le  doyen  et  par  le  médecin 
chargé  de  l'anatomie. 

8°  Le  prosecteur  sera  tenu,  un  peu  avant  l'heure  indi- 
quée, de  disséquer  et  de  faire  toutes  les  préparations  né - 
cessaires  pour  les  explications,  afin  qu'il  n'y  ait  aucun 
moment  de  perdu  ou  de  mal  employé. 

9°  La  démonstration  terminée,  il  sera  permis  aux 
assistants,  docteurs  ou  licenciés,  de  poser  chacun  à  leur 
tour,  brièvement  et  poliment,  des  questions  danatomie 
à  celui  qui  donnera  les  explications.  Ce  dernier  pourra, 
si  bon  lui  semble,  y  répondre  immédiatement  ou  ren- 
voyer sa  réponse  à  la  prochaine  anatomie,  afin  de  n'a- 
voir pas  à  perdre  son  temps. 

Les  registres  de  la  Faculté  de  médecine  de  Poitiers  in- 
diquent régulièrement  chaque  année  les  noms  de  ceux  de 
ses  membres  qui  sont  chargés  de  faire  des  leçons  aux 
chirurgiens.  En  ce  qui  concerne  les  dissections  anatomi- 
ques,  il  n'en  est  que  fort  rarement  question.  Le  15  janvier 
1583,  Pierre  Milon  reçoit  l'ordre  de  procéder  «  à  la  dé- 
monstration anatomique   d'ung  corps    humain  lorsqu'il 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  69 

s'en  présentera  et  ce,  aux  escollez  de  la  Faculté  »  (1). 
Cette  même  année,  son  cours  public  comprend  l'étude 
de  l'ostéologie. 

Les  dissections  n'ont  plus  lieu,  à  partir  de  1621,  daus 
un  des  locaux  de  la  Faculté  (2).  L'architecte  Androuet 
du  Cerceau  est  alors  «  chargé  de  construire,  au  jardin 
royal  de  médecine,  un  théastre  avec  salle  basse  faicte  en 
gallerye  et,  joignant  led.  théaslre  par  le  bas  une  chambre 
préparatoire  pour  le  corps  humain  ».  Cette  construction 
ne  semble  point  avoir  été  faite,  mais  les  anatomies  n'en 
eurent  pas  moins  lieu  dans  une  sorte  de  petite  maison  qui 
s'y  trouvait  et  qui  avait  appartenu  au  doyen  de  la  Faculté. 

Lors  du  transfert  du  jardin  royal,  en  1650,  dans  le  ter- 
rain du  chirurgien  Brice  Gay,  près  de  la  porte  de  Tison 
et  hors  des  remparts,  on  }^  installe  un  local  pour  les  dis- 
sections. En  1691,  Jean  Faulcon,  lieutenant  du  premier 
chirurgien  du  roi,  poursuit  les  médecins  qui  négligent 
l'entretien  de  ce  jardin  et  leur  reproche  surtout,  l'absence 
du  théâtre  anatomique  qu'ils  devaient  y  faire  édifier  (3). 
A  défaut  de  cette  construction  spéciale,  on  se  servait  d'une 
chambre  ordinaire.  Il  y  existait  cependant  un  four  à 
dessécher  les  cadavres,  comme  nous  l'indiquent  les 
Affiches  du  Poitou  du  29  mars  1787. 

Il  ne  semble  pas  qu'on  ait  procédé  à  de  nombreuses 
anatomies  au  jardin  royal  de  médecine.  Le  24  décembre 
1640,  le  bourreau  Daget  remet  à  la  Faculté  le  corps  d'un 
homme  pendu  au  Marché  vieil,  «  pour  en  faire  des  dis- 


(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.  n"  6. 

(2)  Arch.  Vienne.  D.  14. 

(3)  P.  Rambaud,  La  Pharmacie  en  Poitou  jusqu'à  Tan  XI  (Mém.  Soc, 
Ant.   Ouest,  t.  XXX,  2e  série). 


70  LA  COMMUNAUTE 

sections  et  s'instruire  en  anatomie  (1)  ».En  1680,1e  lieu- 
tenant du  premier  chirurgien  du  roi,  s'étant  procuré  le 
cadavre  d'un  supplicié,  préside  lui-même,  «  par  malice  », 
à  cette  opération,  sans  en  prévenir  le  doyen  de  la  Faculté" 
dont  il  usurpe  les  fonctions.  Les  médecins  portent  plainte 
au  présidial,  en  ajoutant  que  leur  jardin  a  éprouvé  de 
nombreux  dégâts  de  la  part  des  élèves  en  chirurgie  (2). 
Ils  obtiennent  gain  de  cause  et,  le  8  janvier  1689,  pré- 
sident une  séance  à  laquelle  assistent  les  maîtres- 
chirurgiens  et,  avec  eux,  nombre  de  personnes  notables. 

Les  frais  de  ces  séances  incombent  entièrement  à  la 
Faculté  de  médecine,  comme  l'indique  la  lettre  du  18 
avril  1708, adressée  au  chancelier  d'Aguesseau  :  «  Elle  est 
obligée  de  fournir  50 livres  pour  faire  demander  et  trans- 
porter ensuite  un  sujet  aux  écoles,  selon  la  déclaration 
du  roi  de  1692  (3).  Par  malheur,  elle  est  si  obérée  par 
les  taxes  qu'elle  paye,  que  bien  loin  d'avoir  dans  sa  bourse 
commune  des  fonds  pour  subvenir  à  ces  sortes  de  dé- 
penses, il  faut  que  chacun  de  ses  membres  contribue  au 
paiement  des  intérêts  qui  sont  à  sa  charge  ».  Ce  fut,  du 
reste,  la  cause  de  l'interruption  des  cours  de  chirurgie, 
d'abord,  entre  1699  et  1709,  puis,  d'une  façon  définitive, 
à  partir  de  1710. 

Afin  d'expliquer  cet  arrêt,  les  médecins  déclarent  au 
ministre,  le  16  février  1729,  qu'ils  n'ont  point  d'argent 
pour  payer  les  honoraires  de  ceux  d'entre  eux  qui  vou- 
draient professer.  D'un 'autre  côté,  la  création  d'uneplace 

(1)  Reg.  dél.  mun.  de  Poitiers,  n<>91,  p.  98.  — Le  bourreau  ne  reçoit  que 
les  20  livres  qu'il  est  d'usage  de  lui  accorder  pour  monter  la  potence  et 
procéder  à  l'exécution  du  condamné. 

(2)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.  n°  7. 

(3)  Arch.  Vienne,  D.  14. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  71 

de  chirurgien  démonstrateur  ne  serait  pas  sans  danger. 
«  On  aurait  affaire,  ajoutent-ils,  à  des  gens  fantasques  qui 
voudraient  à  tous  momens  faire  sentir  qu'ils  sont  in- 
dépendens  des  médecins  et  qui  ne  s'accorderaient  jamais 
avec  eux,  pour  le  temps  et  la  manière  des  démonstra- 
tion (1).  »  L'un  d'eux  pourrait  être  désigné  à  condition 
qu'il  agisse  en  toutes  choses  «  avec  la  subordination  qui 
leur  est  due  ».  Malgré  cela,  ils  ne  croient  guère  au  suc- 
cès d'un  tel  enseignement,  car  les  maîtres  ne  possédant 
qu'un  seul  garçon,  chacun  d'eux  aimerait  mieux  le  laisser 
à  la  boutique  servir  les  clients,  plutôt  que  de  lui  per- 
mettre d'allerà  leurs  leçons.  Ils  terminent  en  réclamant 
des   subsides  qu'ils  ne  peuvent,  du  reste,  obtenir. 

Dans  une  autre  lettre  adressée  à  Geoffroy,  doyen  de 
la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  ils  lui  parlent  des 
demandes  d'argent  faites  par  eux  dans  le  but  d'instituer 
un  enseignement  de  la  chirurgie .  Us  avouent  que  Poitiers 
ne  possède  aucun  théâtre  anatomique,  que  leur  jardin 
des  plantes  est  insuffisant,  et  qu'enfin,  ils  n'ont  aucunes 
ressources  pour  appointer  un  chirurgien  démonstrateur. 
A  partir  de  cette  époque,  nulle  autre  tentative  n'a  lieu  afin 
de  procéder  tous  les  ans  à  une  dissection.  De  plus,  les 
statuts  des  chirurgiens,  de  171 1,  n'en  font  aucune  mention. 

Les  règlements  généraux  de  1730  déclarent  que  les 
élèves  en  chirurgie,  dont  les  trois  ans  de  stage  seront  ter- 
minés, devront  suivre,  pendant  une  année,  des  cours  dans 
les  villes  qui  en  posséderont.  Ces  règlements  reprodui- 
sent, en  cela,  l'ordonnance  de  Marly,  de  mars  1707. 

De  son  côté,  celle    du  8  mars    1772,   enregistrée  au 

(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.  nû  7. 


72  LA  COMMUNAUTE 

Conseil  supérieur  de  Poitiers  le  23  juillet  suivant,  vien- 
nent confirmer  les  dispositions  précédentes.  Les  cours 
existant  dans  plusieurs  villes  de  France,  jouiront  désor- 
mais des  mêmes  droits  et  des  mêmes  faveurs  que  ceux 
qui  se  font  au  Collège  de  chirurgie  de  Paris.  Tout  étu- 
diant qui  les  suivra,  pourra  se  présenter  ensuite  aux  exa- 
mens de  maîtrise.  Cette  ordonnance  accorde  ainsi  la 
liberté  de  l'enseignement  professionnel  à  toutes  les  com- 
munautés des  chirurgiens  de  province. 

Celle  de  Poitiers,  faute  de  pouvoir  faire  des  cours  aux 
élèves  stagiaires,  les  voit  partir  au  moment  où  ses  mem- 
bres peuvent  en  attendre  de  précieux  services.  La  ville 
étant,  d'autre  part, un  centre  universitaire,  il  convenait  d'y 
créer  un  enseignement  professionnel  susceptible  de  rendre 
de  grands  services  aux  maîtres  comme  à  leurs  compa- 
gnons. Tel  fut,  sans  doute,  l'avis  de  Jacques  Henry  Le 
Chasseux,  maître  chirurgien,  qui,  ayant  exercé  son  art 
pendant  vingt-cinq  ans,  se  mit  en  demeure  de  créer  un 
tel  enseignement. 

Muni  de  certificats  fort  élogieux  délivrés  par  plusieurs 
notables  de  la  ville,  il  s'adresse,  le  6  avril  1781,  au  comte 
de  Blossac,  intendant  du  Poitou,  pour  lui  démontrer  la 
nécessité  d'ouvrir  un  cours  de  chirurgie.  «  L'élude  de  ses 
principes,  écrit-il,  donnant  aux  élèves  la  connaissance  du 
physique  de  l'homme  et  de  tout  ce  qui  se  passe  dans  l'é- 
conomie animale,  forme  la  base  de  l'art  de  guérir  et  les 
conduit  sûrement  dans  l'exercice  d'un  art  aussi  difficile 
qu'il  est  important  (1).  C'est  par  l'étude  que  l'on  pénètre 


(1)  Arch.  Vienne,  C  62.  —  Les  certificats  sont  délivrés  par  Gaborit  de 
la  Brosse,  Nicolas  Mâllet,  Lavergne,  curé  de  Montierneuf,  et  Vieillechèse 
de  la  Mardi  ère. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  73 

jusqu'aux  causes  des  maladies  et  que  l'on  parvient  à  dé- 
couvrir le  mécanisme  de  l'action  des  remèdes  et  que 
l'on  tire  delà  nature  même  des  malades,  les  indications 
qui  peuvent  diriger  sûrement  la  pratique.  » 

Il  continue  en  donnant  le  programme  des  leçons  qui 
devront  commencer  le  7  mai  suivant,  à  2  heures  après 
midi.  Elles  auront  lieu  deux  fois  par  semaine,  les  lundis 
et  les  jeudis.  «  Les  étudiants  seront  interrogés  tous  les 
quinze  jours  sur  la  théorie  et  la  pratique  de  ce  qui  aura 
été  exposé  dans  chaque  branche  de  l'art.  Les  termes  en 
seront  expliqués  par  paragraphes,  ce  qui  leur  donnera 
l'intelligence  des  auteurs,  les  mettra  en  état  de  les  com- 
prendre et  leur  fera  apercevoir  ce  que  la  chirurgie  ren- 
ferme de  plus  intéressant.  »  Au  mois  de  septembre  sui- 
vant, commencera  un  cours  complet  d'amputations  et  de 
manœuvres  sur  le  cadavre. 

Après  avoir  ainsi  fait  connaître  son  programme,  Le 
Chasseux  demande,  le  10  avril,  au  lieutenant  de  police, 
la  permission  d'ouvrir  chez  lui,  rue  des  Trois-Pâtureaux, 
un  cours  complet  de  chirurgie  et  d'opérations,  ce  qui  lui 
est  accordé,  le  28  du  même  mois.  Enfin,  le  7  mai,  il  prie 
le  maire  de  vouloir  bien,  une  fois  chaque  année,  mettre  à 
sa  disposition  la  salle  des  séances  du  Conseil  municipal 
pour  y  faire  examiner  ses  élèves  et  leur  distribuer  en- 
suite des  prix  (1).  Le  14  mai  suivant,  cette  permission 
lui  est  accordée,  à  condition  que  la  chambre  ne  serve  à 
aucune  opération  anatomique.  En  même  temps,  la  muni- 
cipalité lui  adresse  ses  félicitations  pour  l'heureuse  ini- 
tiative qu'il  vient  de  prendre. 

(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  S.  n°  7. 


74  LA  COMMUNAUTE 

Le  28  janvier  1732,  Le  Chasseux,  profitant  de  sa  situa- 
tion de  chirurgien  de  l'Hospice  général,  demande  aux 
administrateurs  de  lui  permettre  de  faire  emporter 
des  cadavres. (1).  Sa  demande  est,  du  reste,  conforme 
à  l'article  15  de  l'édit  de  Marly,  de  mars  1707,  qui 
enjoint  aux  magistrats  et  aux  directeurs  des  hôpitaux 
d'en  fournir  pour  les  démonstrations  d'anatomie  et  l'en- 
seignement des  opérations  de  chirurgie. 

A  cette  requête,  appuyée  par  l'intendant,  l'adminis- 
tration déclare  qu'elle  est  d'avis  d'accorder  la  permission 
((  de  prendre  et  faire  emporter  à  ses  frais,  par  chacun  an, 
le  plus  respectueusement  possible,  deux  cadavres  du 
sexe  masculin.  De  ne  pas  les  choisir,  autant  que  faire  se 
pourra,  parmi  ceux  des  pauvres  natifs  de  cette  ville  et  en- 
core moins  parmi  les  personnes  de  la  maison.  De  les 
garder  quatre  ou  cinq  jours  au  plus,  pour  faire  sur  eux 
son  cours  gratuit  d'opérations  chirurgicales  et  les  épreuves 
ordinaires,  à  condition  que  led.  Le  Chasseux  fournira  un 
cercueil  auxd.  cadavres  et  leur  fera  donner  la  sépulture 
ordinaire  aud.  hôpital  ». 

Le  27  décembre  1781,  Le  Chasseux  annonce,  dans 
les  Affiches  du  Poitou,  l'ouverture  de  son  cours  pour  le 
7  janvier  suivant  «  dans  son  amphithéâtre,  rue  des  Trois- 
Pâtureaux,  n°  282,  Section  G.  Il  traitera  des  maladies  chi- 
rurgicales et  des  opérations  qu'elles  entraînent.  Il  en 
montrera  lui-même  les  diverses  méthodes  à  ses  élèves 
en  les  faisant  manœuvrer  (2).  Son  intention  est  d'unir 


(1)  Arch.  hôpitaux  de  Poitiers.  Le  chirurgien  Fulgent  Texereau  pro- 
fessait, à  cette  époque,  l'anatomie  à  l'école  académique  des  beaux-arts  de 
Poitiers  (1776-1780). 

(2)  Arch.  Vienne,  C.  62  et  Affiches  du  Poitou. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  75 

la  théorie  à  la  pratique.  Il  ajoute  que,  par  un  examen 
particulier,  les  maîtres  en  chirurgie  seront  appelés  à  juger 
la  capacité  des  auditeurs  auxquels  seront  distribuées  des 
récompenses. 

En  terminant,  il  les  prie  de  se  comporter  avec  les 
qualités  du  vrai  chirurgien  qui  sont  :  «  la  décence,  l'hon- 
nêtelé,  la  politesse,  la  complaisance,  la  charité  et  la 
prudence».  Enfin,  tout  au  bas  de  l'affiche,  se  trouve  lavis 
suivant  :  «  Défense   d'entrer  avec  une  canne  ou  épée  ». 

Le  2  mars  1782,  Le  Chasseux,  qui  ne  semble  point  dé- 
daigner une  honnête  réclame,  annonce  tous  les  ans  l'ou- 
verture de  son  cours  de  thérapeutique  et  de  physiologie, 
sciences  indispensables  aux  chirurgiens  (1).  Il  fait  res- 
sortir aux  yeux  de  ses  futurs  élèves  «  qu'un  air  sain, 
respiré  dans  un  climat  tempéré,  comme  est  celui  de  Poi- 
tiers, partagé  entre  la  ville  et  la  campagne  ;  un  exercice 
modéré,  la  tranquillité  dans  les  passions  de  l'âme,  sont 
les  moyens  qui  concourent  à  l'entretien  de  la  santé  et  à 
son  rétablissement  » . 

Le  6  mars  1783,  il  énumère,  dans  le  même  journal, 
les  qualités  que  doit  posséder  un  nouveau  maître  en  chi- 
rurgie. Ce  sont  :  «  la  pénétration  de  la  vue,  la  dextérité, 
la  délicatesse  du  tact,  la  propreté,  l'agilité,  la  prompti- 
tude,la  décence  dans  le  maintien  et  la  politesse  ».  Il  doit, 
en  outre,  condescendre  aux  faiblesses  de  ses  malades, 
être  complaisant  sans  bassesse,  ferme  sans  rudesse,  in- 
trépide dans  les  opérations,  savoir  plaindre  ceux  qu'il 
soigne  et,  enfin,  bien  connaître  les  instruments  dont  il 
se  sert. 

(1)  Affiches  du  Poitt>u,  1782. 


76  LA  COMMUNAUTE 

L'année  suivante,  le  31  octobre  1784,  il  offre  ses  ser- 
vices aux  étudiants  en  chirurgie  disposés  à  venir  l'en- 
tendre, a  Je  les  recevrai,  dit-il,  chez  moi  avec  plaisir  et 
je  désire  avec  ardeur  tout  ce  qui  leur  sera  agréable  (1).  » 
Il  promet  de  leur  rendre  l'étude  facile  et  de  leur  mon- 
trer toutes  les  branches  de  son  art  :  «Je  tâcherai,  ajoute- 
t-il,  d'imprimer  à  ces  jeunes  plantes  qui  voudront  croître 
et  se  former  sous  mes  yeux,  la  vertu  et  le  mérite  qui 
doivent  les  rendre  précieux  à  la  société.  » 

Nous  n'insisterons  pas  sur  les  exhortations  que  chaque 
année  Le  Chasseux  prodigue  à  ses  futurs  auditeurs, 
quand  il  leur  annonce  l'ouverture  de  ses  cours  qui  se  font 
le  lundi,  le  jeudi  et  le  samedi  de  chaque  semaine.  Ils  se 
divisent  en  deux  parties.  L'une,  qui  débute  dans  les 
premiers  jours  de  novembre,  est  consacrée  à  l'étude  de 
l'anatomie.  L'autre,  quia  trait  aux  opérations  chirurgicales, 
ne  commence  qu'en  février.  Tous  les  quinze  jours  a  lieu, 
pour  les  élèves,  un  examen  particulier.  Le  dernier  se 
passe  en  présence  des  médecins,  des  chirurgiens  et  des 
nombreux  invités  que  l'on  réunit  dans  la  salle  du  Conseil 
de  l'hôtel  de  ville. 

Le  21  avril  1783,  Martin  de  la  Baudouinière,  lieute- 
nant du  premier  chirurgien  du  roi,  adresse  aux  étu- 
diants «  une  exhortation  physique  et  morale  aussi 
digne  du  père  de  la  patrie  que  du  vrai  patriote  >)  (2) . 
L'année  suivante,  il  prononce  un  discours  dans  lequel 
il  prouve  que  «  l'art  de  chirurgie  est  difficile  et  que  la 
vie  est  courte  ».  A  ces  réunions  assistent  quelques 
notables  personnages.  Les  délégués  de    la   commission 

(1)  Affiches  da  Poitou,  1782. 

(2)  Id„  1783. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  11 

intermédiaire   de    l'Assemblée   provinciale   viennent,   à 
l'occasion,  les  honorer  de  leur  présence. 

Le  concours  terminé,  les  trois  lauréats  sont  présentés 
à  l'intendant.  Le  premier  reçoit  un  «  lancettier  »  garni 
de  six  lancettes,  montées  en  argent  avec  manches  «  en 
écailles  de  perles  »,  d'une  valeur  de  30  livres.  Il  est  placé 
dans  un  étui  recouvert  de  galuchat  (1).  Les  deux  autres 
obtiennent  chacun  un  ouvrage  de  chirurgie  d'une  valeur 
de  8  à  10  livres.  Etui  et  ouvrages  sont  timbrés  aux  armes 
de  l'intendant  et  à  celles  de  la  ville. 

Après  l'examen,  Le  Chasseux  remet  aux  étudiants  un 
certificat  constatant  «  qu'ils  ont  suivi  fort  exactement  les 
cours  d'anatomie  et  d'opérations  faits  dans  son  amphi- 
théâtre, rue  des  Trois-Pàtureaux,  depuis  le  mois  de  mai 
178.,  jusqu'à  la  fin  d'avril  178.  (2).  Munis  de  ce  certi- 
ficat, ils  peuvent  se  présenter  aux  examens  de  maîtrise. 

Ceux  qui  suivent  cet  enseignement  sont,  chaque  année, 
au  nombre  de  douze  à  quatorze.  Poitiers  semble  avoir 
peu  fourni  d'étudiants.  On  y  rencontre  généralement  des 
fils  de  chirurgiens  exerçant  dans  les  campagnes  voisines. 

Le  26  août  1787,  Le  Chasseux  annonce  qu'il  va  s'ad 
joindre  son  gendre  Dupuis,  qui  a  fait  ses  études  à  Paris. 
Il  le  chargera  d'un  cours  sur  les  bandages  (3).  Ce  cours 
cessa  complètement  à  la  fin  de  l'année,  par  suite  du  dé- 
part du  professeur  qui  alla  s'établir  aux  environs  de 
Poitiers. 


(1)  Arch.  Vienne,  C    622. 

(2)  Id. 

(3)  Affiches  du  Poitou,  1787.  —  A  la  mort  de  Le  Chasseux,  sa  veuve, 
Marguerite  Marchand,  fait  annoncer,  le  26  juillet  1790,  que,  malgré  le 
décès  de  son  mari,  elle  continuera  sa  fabrication  de  bandages  pour  hommes 
et  pour  femmes. 


78  LA  COMMUNAUTE 

Jacques  Henry  Le  Chasseux,  chirurgien  et  notable, 
étant  mort,  le  3  mai  1790,  deux  de  ses  confrères,  Sébas- 
tien Bertault  et  Georges  Piorry,  obtiennent,  le  25  no- 
vembre suivant,  la  permission  de  le  remplacer  (1).  Le 
Conseil  municipal  leur  accorde  le  droit  de  s'installer 
dans  la  salle  du  Collège  où  se  tenait  la  Congrégation. 
Avant  même  d'en  avoir  pris  possession,  la  mairie  reçoit, 
le  21  janvier  1791,  deux  protestations,  l'une  des  pro- 
fesseurs et  l'autre  du  juge  de  paix  qui  tient  dans  ce  local 
son  tribunal  de  conciliation.  Les  conseillers  munici- 
paux, Demairé  et  Texerau,  chargés  de  s'occuper  de  la 
question,  désignent  alors  une  chambre  dans  l'abbaye  de 
la  Celle. 

Le  8  janvier  1791,  les  deux  chirurgiens  avaient  deman- 
dé et  obtenu  de  la  mairie  une  table  de  7  pieds  de  long 
sur  3  1/2  de  large,  avec  quelques  bancs.  Ce  mobilier  étant 
devenu  insuffisant,  ils  sollicitèrent,  le  18  février  suivant, 
douze  chaises  et  deux  fauteuils  pour  y  faire  asseoir  les 
personnes  qui  leur  feraient  l'honneur  d'assisteraux  cours. 

L'abbaye  de  la  Celle  ayant  été  vendue  comme  bien 
national,  les  deux  professeurs  réclament,  le  8  août  1791, 
un  autre  local.  La  municipalité  se  contente  de  leur 
répondre  qu'elle  y  avisera  (2).  Ils  obtiennent  alors  la 
grande  salle  du  collège  de  Puygarreau. 

En  1792,  Piorry  s'engage  pour  accompagner,  en  qua- 
lité de  chirurgien,  les  volontaires  de  la  Vienne  (3).  L'an- 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  n°27. 

(2)  Id.,  n°  198. 

(3)  Piorry  (Georges),  fils  de  Guillaume,  maître  chirurgien,  et  de  Marie 
Audinet,  né  en  1760,  fit  les  campagnes  d'Amérique,  puis  passa  les  examens 
de  chirurgie  lors  de  son  retour.  Fut  reçu  plus  tard,  le  9  pluviôse  an  XII, 
docteur  en  chirurgie  à  Paris.  (Arch.  Vienne,  M5  —  4). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  79 

née  suivante,  Bertault  rejoint  l'armée  républicaine  à 
Bressuire  (1).  Lors  de  son  retour,  il  est  attaché  à  l'hospice 
général  comme  adjoint  à  Douxami  qui  est  malade  (2). 
Il  recommence  alors  ses  cours  et,  en  l'an  V,  demande  et 
obtient  un  cadavre  de  l'Hôtel-Dieu,  pour  le  faire  disséquer 
par  ses  élèves.  Le  Journal  de  Poitiers  du  10  germinal  de 
la  même  année,  après  avoir  comblé  d'éloges  ce  profes- 
seur, ajoute  que  l'enseignement  de  la  chirurgie  se  con- 
tinuera dans  l'ancien  collège  de  Puygarreau  (3).  A  partir 
de  cette  époque,  il  n'en  est  plus  question. 

Lors  de  la  création,  en  l'an  III,  d'une  Ecole  centrale 
à  Poitiers,  le  chirurgien  Canolle  obtient  au  concours  la 
chaire  d'irygiène,  d'anatomie  et  d'obstétrique  (4).  Son 
enseignement  ne  dure  que  deux  ans.  Après  la  suppres- 
sion de  cette  chaire,  il  le  continue  encore  une  année. 
Chaque  fois  qu'il  débute,  il  a  soin  d'en  publier  la  leçon 
inaugurale.  Celle  de  l'an  III  porte  sur  ï élude  théorique  et 


(1)  Arch.  Vienne,  C.  69,  p.  147. 

(2)  Reg.  dél.  mun.,  période  int.,  n°  4,  p.  104. 

(3)  En  l  an  VII,  le  Journal  de  Poitiers  annonce  la  création  d'une  acadé- 
mie de  peinture  analogue  à  celle  qui  existait  avant  la  Révolution,  sous  la 
direction  d'Aujollest-Pagès.  Parmi  les  professeurs  figure  le  nom  de 
Sébastien  Rertault  qui  doit  y  enseigner  l'anatomie. 

(4)  Journal  de  Poitiers  (9  brumaire  an  V). 

(5)  Canolle  (Joseph-André),  né  à  Roquebrusane  (Var),  en  1768.  Après 
avoir  étudié  dans  les  hôpitaux  de  Paris  et  de  Toulon,  accompagne  les 
grenadiers  du  Var  qui  viennent,  en  1793,  combattre  les  Vendéens.  Lors 
de  l'écrasement  des  troupes  marseillaises,  il  revient  à  Poitiers  où  il 
obtient,  le  9  mai  1793,  un  nouvel  emploi  à  1  armée,  ce  qui  lui  permet  de 
réclamer,  le  24  suivant,  la  valeur  des  bagages  qu'il  a  perdus  au  combat 
de  Thouars.  (Arch.  Vienne,  C.  69.)  Nommé,  en  l'an  III,  professeur  à 
1  Ecole  centrale,  il  est  en  même  temps  attaché,  comme  aide  en  chirurgie, 
au  service  de  1  Hôtel-Dieu,  jusqu'en  fructidor  an  V.  Reçu  docteur  en  chi- 
rurgie à  Paris,  le  23  prairial  an  XI.  Nommé  professeur  à  1  Ecole  prépara- 
toire de  médecine,  en  1806.  Marié  à  Agathe  Vincent,  meurt  sans  laisser 
d'enfants,  le  21  mai  1814. 


80  LA  COMMUNAUTÉ 

pratique  des  plaies  des  armes  à  feu  (1).  En  l'an  IV  et  en 
l'an  V,  elles  n'ont  trait  qu'à  des  questions  générales 
d'anatomie. 

Ces  cours  attirent  un  certain  nombre  de  jeunes  gens 
de  Poitiers  et  du  département  de  la  Vienne.  Une  maison 
isolée  dans  les  jardins  de  l'ambulance  de  l'ancien  grand 
séminaire  leur  est  tout  spécialement  affectée  (2).  C'est 
là  qu'ils  ont  lieu  sous  la  direction  de  Canolle,  adjoint  au 
chirurgien  en  chef  Maury.  Ils  se  font  sur  l'anatomie 
jusqu'à  l'an  V,  époque  de  la  disparition  de  cette  ambu- 
lance et  du  transfert  des  blessés  à  l'Hôtel-Dieu. 

Les  étudiants  qui  les  suivent  sont  assez  nombreux  à 
Poitiers  pour  y  fonder  une  Société  médicale  cl  émula- 
tion (3).  «  Leur  intention,  déclare  le  Journal  de  Poitiers, 
est  de  se  réunir  pour  se  rendre  compte  de  leurs  progrès 
dans  l'étude  des  différentes  branches  de  la  médecine.  Ils 
désirent  s'éclairer  mutuellement  et  n'avoir  d'autre  rivalité 
que  l'ambition  de  la  science,  d'autre  but  que  d'être  un 
jour  utiles  à  leurs  concitoyens  ».  Ils  se  complaisent  sur- 
tout à  discourir  longuement  sur  les  qualités  morales 
qu'exige  une  profession  dont  la  principale,  l'humanité,  doit 
occuper  la  première  place  dans  le  cœur  de  chacun  d'eux. 

Les  préoccupations  d'ordre  scientifique  ou  moral 
n'absorbent  point  tous  les  instants  dont  les  élèves  peuvent 
disposer.  Nous  les  voyons,  à  plusieurs  reprises,  et  no- 
tamment le  8  pluviôse  an  III,  assister  aux  séances  du 
Conseil  municipal  (4) .  Comme  ils  y  font  beaucoup  trop 


(1)  De  la  Bouralière,  Mém.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  I,  3e  série,  p.  108. 

(2)  Arch.  hôpitaux  de  Poitiers. 

(3)  Journal  de  Poitiers  (le  3  messidor  an  V). 
(4;  Reg.  dél.  muu.,  période  int.,  n"  6. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  81 

de  tapage,  le  maire  leur  ordonne  de  sortir,  tout  en  invi- 
tant les  administrateurs  de  l'hôpital  à  veiller  avec  plus  de 
soin  sur  la  conduite  qu'ils  tiennent. 

Le  Conseil  de  santé  de  l'armée  adresse  périodiquement 
au  maire  de  Poitiers  un  pli  cacheté  contenant  les  ques- 
tions auxquelles  doivent  répondre,  par  écrit,  les  étudiants 
en  chirurgie  qui,  après  quelques  mois  d'étude,  désirent 
obtenir  le  grade  de  chirurgien  aide-major  de  3e  classe. 
Un  membre  du  Conseil  municipal  est  chargé  par  ses  col- 
lègues de  les  surveiller  et  d'envoyer  ensuite  leurs  copies 
au  ministère  de  la  guerre.  En  germinal  an  III,  une 
quinzaine  de  ces  jeunes  gens  vont  rejoindre  les  ar- 
mées (1).  Il  en  est  ainsi  jusqu'à  la  fin  de  l'an  V. 

En  résumé,  l'enseignement  de  la  chirurgie  est  assuré, 
d'une  façon  régulière,  par  les  docteurs  régents  de  la 
Faculté  de  médecine,  de  1582  jusqu'à  1700.  Ils  le  sup- 
priment au  début  du  xvme  siècle,  mais  s'efforcent  de 
conserver  les  avantages  qu'ils  en  retireraient  dans  le 
passé.  A  la  suite  de  vaines  tentatives  faites  auprès  de 
l'autorité  royale  pour  obtenir  les  subsides  nécessaires  au 
paiement  des  professeurs  et  de  leurs  aides,  ils  s'en  désin- 
téressent d'une  façon  presque   complète. 

A  la  veille  de  la  Révolution,  entraîné  par  le  mouvement 
scientifique  qui  dirige  ceux  de  sa  profession,  le  chirurgien 
Le  Chasseux  reprend  cet  enseignement  à  partir  de  1781, 
jusqu'à  sa  mort,  en  1790.  Bertault  et  Piorry  le  continuent 
l'année  suivante,  pour  le  délaisser  bientôt.  Le  premier 
le  reprend  en  l'an  III,  mais  le  cesse  au  bout  de  deux  ans. 


(l)Nous  citerons  parmi  eux  :  Dorvault,  Morichau  Beauchant,  Arnau> 
det,  Doré,  Douxamy,  Duraureau,  Bagot,  Augry,  Gagniard,  Amiet,  Mori- 
cheau  Beaupré,  Guignard,  etc. 

6 


82  LA  COMMUNAUTÉ  DES  MAÎTRES  CHIRURGIENS 

L'Ecole  centrale,  créée  en  l'an  III,  comporte  dans  son 
programme  un  cours  de  médecine  et  de  chirurgie  dont 
Canolle  est  chargé.  Deux  ans  plus  tard,  ce  cours  est  sup- 
primé, quand  l'insurrection  Vendéenne  prend  fin  et  que 
les  blessés  n'encombrent  plus  les  hôpitaux  de  Poitiers. 

L'enseignement  de  la  chirurgie,  quoique  fort  restreint, 
rendit  de  grands  services  à  nos  soldats,  car  il  permit 
d'envoyer  sur  les  champs  de  bataille  nombre  de  jeunes 
gens  actifs  et  courageux.  Certains  d'entre  eux  firent  toutes 
les  gnerresde  la  Révolution  et  de  l'Empire.  Ils  revinrent 
ensuite,  pour  la  plupart,  en  Poitou.  C'est  là  que  nous 
les  retrouvons,  au  début  du  xix1'  siècle,  exerçant  la  mé- 
decine et  la  chirurgie  avec  un  dévouement  inlassable. 


CHAPITRE  VI 
l'enseignement  de  l'obstétrique. 


Incapacité  des  sages-femmes.  —  Cours  de  Marguerite  Le  Bourcier  du 
Coudray.  —  J.  Maury  nommé  professeur.  —  Annonce  des  cours.  — 
Leur  durée.  —  Conditions  requises  pour  les  suivre.  —  Indemnités  do 
présence  pour  les  élèves.  —  Concours  d'accouchements.  —  Examens. — 
Cours  de  Canolle  (an  III- V).  —  Cours  de  Gagniard  (an  XI-XV).  —  Opi- 
nion d'Auchier,  chirurgien,  sur  cet  enseignement.  —  Etablissement 
d'une  maternité  (1842^. 

La  Faculté  de  médecine  obligée,  comme  nous  avons 
vu,  de  faire  des  cours  aux  compagnons  chirurgiens,  en 
vertu  de  ledit  de  1579,  dut,  sans  aucun  doute,  leur  don- 
ner quelques  notions  d'obstétrique.  Malheureusement, 
cet  ait,  pratiqué  surtout  par  les  sages-femmes,  ou,  à  leur 
défaut,  par  les  chirurgiens,  ne  semble  point,  à  cette 
époque,  avoir  attiré  tout  particulièrement  l'attention  des 
médecins.  Il  en  fut  ainsi  jusqu'à  la  fin  du  xvue  siècle. 

Quant  aux  sages-femmes,  si  ledit  de  1G92  leur  impose 
l'obligation  de  subir  un  examen  pour  avoir  le  droit 
d'exercer,  et  si  celui  de  1731  les  astreint  à  deux  années 
d'apprentissage,  il  n'est  point  encore  question  de  créer 
pour  elles,  comme  pour  les  chirurgiens,  un  enseigne- 
ment particulier. 

Un  tel  état  de  choses  ne  manque  point  de  produire  des 
résultats   déplorables.  Nombre    de   femmes  et  d'enfants 


84  LA  COMMUNAUTE 

meurent  victimes  de  1  incapacité  des  matrones  qui 
exercent  dans  les  campagnes.  La  situation  devenant  de 
plus  en  plus  grave,  finit  par  attirer  l'attention  du  comte 
de  Blossac,  intendant  du  Poitou.  Renseigné  par  son  col- 
lègue La  Michaudière  qui  gouverne  l'Auvergne,  et  son 
prédécesseur  Le  Nain  qui  dirige  1  intendance  du  Bour- 
bonnais, il  se  résout  à  créer  en  le  Poitou  un  enseignement 
semblable  à  celui  qui  existe   dans    ces   deux  provinces. 

Il  fait  appel  à  une  maîtresse  sage-femme,  Angélique- 
Marguerite  Le  Boursier  du  Coudray,  qui,  pendant  quinze 
ans,  avait  exercé  son  art  à  Paris^  Grâce  à  l'invention  d'un 
grossier  mannequin,  elle  pouvait  ajouter  à  ses  leçons 
orales  certains  exercices  pratiques  (1).  Après  avoir  été 
brevetée  par  le  roi,  en  1759,  elle  se  vit  octroyer,  en  1767, 
le  droit  d'enseigner  son  art  dans  tout  le  royaume.  11  lui 
fut  permis  d'ouvrir  des  cours  publics  et  particuliers  par- 
tout où  bon  lui  semblerait.  De  plus,  on  la  gratifia  d'une 
pension  annuelle  de  8.000  livres  et,  plus  tard,  d'une 
retraite  de  3.000  livres. 

Arrivée,  le  31  octobre  1764,  à  Poitiers,  la  dame  du 
Coudray  ouvre  ses  cours  le  15  novembre.  Elle  les  conti- 
nue jusqu'au  14  janvier  de  l'année  suivante  (2).  Avant  de 
commencer  une  nouvelle  série  de  leçons,  elle  demande 
au  maire  la  permission  de  faire  une  démonstration  pu- 
blique de  son  art  dans  la  salle  de  l'hôtel  de  ville,  le 
samedi  19  du  même  mois,  à  2  heures.  Elle  a  lieu  en  pré- 


(1)  Dr  Delaunay,  l'Obstétrique  dans  le  Maine  aux  XVIII*  et  XIX*  siè- 
cles, Le  Mans,  1911. 

(2)  Dr  Roland  et  P.  Rambaud,  «  1  Institution  d'un  cours  d'accouche- 
ments à  Poitiers  au  xvme  siècle  »  (Poitou  médical,  1er  juin  1902).  La  ville 
de  Châtellerault  y  envoya  quatre  élèves  qui  lui  coûtèrent  354  livres 
(Godard   Livre  de  raison   d'une    famille    châtelleraudaise,    t.  I,  p.  148). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  85 

sence  de  l'intendant,  des  médecins,  des  chirurgiens,  de 
plusieurs  personnes  de  distinction  et  de  tout  le  conseil 
municipal. 

A  la  suite  d'une  nouvelle  série  de  leçons  qui  durent 
deux  mois,  la  dame  du  Coudray  réunit  encore  à  la  mai- 
rie, le  22  mars  suivant,  les  mêmes  personnes,  en  compa- 
gnie du  lieutenant  de  police.  Elle  annonce  qu'elle  va  faire 
concourir  entre  eux  les  élèves  en  chirurgie  qui  ont  suivi 
son  enseignement.  Celui  qui  mettra  le  plus  d'adresse  à 
opérer,  avec  son  appareil,  un  accouchement  double,  sera 
proclamé  lauréat.  Les  concurrents  sont  au  nombre  de 
douze.  Le  nommé  Joseph  Poupet,  garçon  chez  Sartre- 
Delisle,  obtient  le  prix  pour  n'avoir  mis  qu'une  minute  à 
effectuer  l'opération.  Le  maire,  Jacques  Stinville,  lui 
remet  «  un  étui  de  chagrin,  garni  de  lancettes  et  orné 
d'argent  aux  armes  de  la  ville  et  de  M.  le  comte  de 
Blossac  qui  a  eu  l'obligeance  de  l'envoyer  de  Paris  » . 

La  réunion  se  termine  par  une  allocution  de  la  du 
Coudray  qui  remercie  l'intendant  et  le  corps  de  ville  «  des 
bons  traitemens,  égards  et  politesses  qu'elle  en  a  reçu  ». 
Elle  termine  en  faisant  cadeau  à  la  municipalité  de  sa 
machine  avec  ses  garnitures  et  d'un  livre  d'instruction,  le 
tout  renfermé  dans  une  grande  boite.  Enfin,  elle  désigne 
pour  la  remplacer,  en  qualité  de  démonstrateur,  le  chi- 
rurgien Louis-Joseph  Maury. 

Cette  nomination,  faite  de  sa  propre  autorité,  n'étant 
point  du  goût  des  maîtres,  ces  derniers  protestent  immé- 
diatement et  proposent  un  autre  de  leurs  confrères  à  sa 
place.  Pour  éviter  toute  discussion  à  cet  égard,  la  du 
Coudray  les  engage  à  s'en  rapporter  à  la  décision  que 
prendra  le  comte  de  Blossac. 


86  LA  COMMUNAUTE 

Le  3  avril  17()5,  elle  réunit  les  maîtres  chirurgiens 
et  leur  déclare  que,  parmi  les  élèves  sages-femmes,  il 
s'en  trouve  plusieurs  fort  capables  et  fort  intelligentes 
qui  voudraient  obtenir  deslettres  de  maîtrise.  L'un  d'eux, 
Guillaume  Piorrv,  proteste  en  déclarant  qu'elles  n'ont 
pour  la  plupart  que  de  deux  à  quatre  mois  d'appren- 
tissage au  lieu  des  deux  ans  exigés  par  les  statuts  de 
leur  communauté.  La  du  Coudrav,  sans  insister  davan- 
tage, se  lève  en  déclarant  qu'elle  soumettra  l'incident 
au  comte  de  Blossac.  Les  chirurgiens  lui  répondent 
qu'ils  en  feront  autant  de  leur  côté. 

Après  le  départ,  pour  Niort,  de  la  maîtresse  accou- 
cheuse, le  4  avril  1765,  le  receveur  de  la  mairie  vient 
déposer,  le  15  suivant,  sur  le  bureau  du  Conseil,  l'état 
des  dépenses  que  son  séjour  a  occasionnées  à  la  ville 
pendant  cinq  mois.  Elles  se  montentà  1.038  livres  3sols, 
somme  dont  il  réclame  le   remboursement. 

Après  une  longue  hésitation,  la  mairiese  résout,  le 
20  mai  suivant,  à  autoriser  le  versement  de  cette  somme. 
Comme  ce  n'est  point  la  municipalité  qui  a  fait  venir  la 
du  Coudrav  du  Périgord  à  Poitiers.,  il  est  fait  observer 
que  cette  dépense  devrait  être  mise  au  compte  de  l'in- 
tendance. Toutefois,  personne  n'osant  présenter  une  telle 
observation  au  comte  de  Blossac,  la  ville  se  voit  obligée  de 
payer  les  frais  de  voiture,  la  location  des  meubles  et  des 
instruments  de  ménage,  le  bois  de  chauffage  et  les  chan- 
delles qui  ont  été  employés  par  la  maîtresse  sage-femme. 

Le  comte  de  Blossac,  d'accord  avec  la  du  Coudrav 
et  sans  tenir  compte  des  protestations  des  chirurgiens, 
désigne  Maury  pour  continuer  les  cours  d'accouchements. 
Chaque    année,    une   affiche   est   remise    aux  curés   clés 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  87 

paroisses  avec  ordre  de  la  lire  le  dimanche  qui  en  suivra 
la  réception,  et  cela  à  l'issue  de  la  messe.  Elle  a  pour 
but  d'indiquer  la  daie  à  laquelle  renseignement  devra 
commencer  et,  en  même  temps,  les  conditions  exigées 
de  ceux  ou  de  celles  qui  voudront  les  suivre.  A  parlir 
de  1773,  les.  Affiches  du  Poitou  la  reproduisent  tous 
les  ans  et,  après  sa  disparition,  le  Journal  de  Poitiers 
et  du  département  de  la  Vienne  continue  les  mêmes 
annonces. 

Tout  en  les  insérant,  ces  journaux  ne  manquent  point, 
à  l'occasion,  de  les  accompagner  d'une  certaine  réclame. 
En  1773,  les  Affiches  du  Poitou  vantent  cet  enseignement. 
Elles  constatent  que  l'intelligence  des  auditeurs  a  plei- 
nement répondu,  l'année  précédente,  au  zèle  du  maître. 
Les  élèves  ont  tous  bien  compris  les  leçons  théoriques 
et  pratiques,  ce  qui  leur  a  permis  d'acquérir  le  diplôme 
d'accoucheurs   ou  de  sages-femmes. 

Cette  réclame  se  continue  en  1778  et  années  suivantes, 
pour  cesser,  en  1782  et  1783,  par  suite  d'une  omission. 
Elle  reprend  en  1784  et  se  termine  par  l'éloge  de  Maury 
qui  saura,  comme  par  le  passé,  employer  pour  l'ins- 
truction de  ceux  qui  viendront  l'écouter,  «  son  talent 
si  connu  et  son  zèle  ordinaire  qui  lui  ont  valu  la  recon- 
naissance publique  )>. 

Sous  la  Révolution,  c'est  le  directoire  du  département 
qui  en  souligne  l'utilité.  Son  arrêté  du  15  avril  1791 
déclare  que  a  1  homme  ne  naissant  aujourd'hui  que  pour 
le  service  de  l'Etat  et  de  la  société,  sans  autre  distinction 
que  celle  de  ses  vertus  et  de  ses  talents,  ces  titres  inalié- 
nables et  sacrés  doivent  intéresser  plus  quejamais  la 
sollicitude  des    corps  administratifs  sur   les  moyens  de 


88  LA  COMMUNAUTE 

veiller  à  sa  conservation  »  (1).  Il  ajoute  que  «  des  ex- 
périences funestes  n'ont  que  trop  justifié  l'insuffisance 
des  sages-femmes.  On  en  voit  une  infinité,  «  surtout  dans 
les  campagnes,  qui  travaillent  aux  accouchements  sans 
avoir  la  plus  légère  idée  des  principes  de  cet  art  ».  Il  se 
termine  en  indiquant  la  date  de  l'ouverture  des  cours. 

Le  14  messidor  an  III,  ce  même  directoire  vient  dire 
que  l'art  des  accouchements  est  celui  qui  multiplie  et 
conserve  l'espèce  humaine  (2).  Après  avoir  injus 
tement,  du  reste,  hlàmé  le  passé,  de  n'avoir  rien 
fait  pour  y  pourvoir,  il  vante  les  législateurs  qui  ont 
perfectionné  l'art  de  rendre  l'homme  heureux  par  la 
vertu  et  la  liberté.  Tout  en  flétrissant  l'ignorance,  il 
ajoute  :  «  Avec  quelle  jouissance  les  hommes  libres 
ne  verront-ils  pas  les  principes  précieux  de  l'art  des  ac- 
couchements !  Avec  quel  empressement  les  femmes  ré- 
publicaines n'honoreront-elles  pas  la  nature  et  leur  pro- 
pre sensibilité  ?  »  Il  termine  en  déclarant  que  toutes  les 
municipalités  devront  annoncer  que  l'ouverture  des 
cours  aura  lieu  le  1er  thermidor. 

Leur  date  et  leur  durée  sont  assez  variables.  Tout  d'a- 
bord, ils  commencent  vers  le  15  mai.  Ils  ont  lieu,  par 
la  suite,  vers  le  18  janvier,  puis  en  février  ou  en  avril.  Au 
début  de  la  Révolution,  c'est  encore  en  avril,  et  enfin 
en  mai.  D'une  façon  générale,  leur  date  varie  entre 
février  et  mai,  mais  ce  dernier  mois  semble  avoir  été  le 
plus  souvent  désigné. 

Pendant   le  séjour  de   la  du  Coudray  à   Poitiers,  les 

(1)  Arch.  Vienne,  L.  62.  Cette  délibération  est  reproduite  l'année  sui- 
vante au  début  des  cours. 

(2)  Arch.  Vienne,  L.  210,  p.  223. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIEHS  89 

leçons  se  continuent,  comme  nous  l'avons  vu,  pendant 
deux  mois.  Il  en  est  ainsi  jusqu'en  1778.  époque  à 
laquelle  on  les  prolonge  un  mois  déplus.  Dans  le  but  de 
faire  des  économies,  l'intendant  Boula  de  Nanteuil  les 
réduit,  en  1786,  à  un  seul,  sous  prétexte  que  les  élèves 
mariées  restent  trop  longtemps  éloignées  de  leur  ménage. 
Afin  de  compenser  cetle  réduction  de  temps,  elles 
doivent  assister  à  deux  leçons  par  jour. 

Les  femmes  désireuses  de  les  suivre  sont  tenues,  confor- 
mément à  l'article  72  des  statuts  généraux  du  23  février 
1731,  d'avoir  au  moins  20  ans,  sans  qu'il  leur  soit  indiqué 
délimite  d'âge  (1).  Le  comte  de  Blossac  exige,  dans  son 
règlement,  qu'elle  ne  dépasse  point  la  quarantaine  (2). 
Boula  de  Nanteuil  l'abaisse  à  35,  mais  la  Révolution 
la  remet  à  40  (3).  Une  règle  générale  obligeait  toutes 
les  élèves  à  se  munir  de  leur  acte  de  baptême  avant  de 
se  faire  inscrire. 

Les  aspirantes  devaient  présenter  un  certificat  du 
curé  de  la  paroisse  qu'elles  habitaient,  constatant  leur 
bonne  vie  et  mœurs.  Certaines  s'étant  parfois  montrées 
trop  peu  intelligentes  et  incapables  de  profiter  de  cet 
enseignement,  les  curés  furent  encore  priés,  en  1780,  de 
vouloir  bien  indiquer  celles  qui  poliraient  avoir  des 
dispositions  suffisantes  pour  faire  de  bonnes  sages -fem- 
mes. Nous  verrons  que  celte  indication,  insérée  parfois 
sur  les  affiches  annonçant  les  cours,  eut  à  cette  époque 
une  réelle  importance. 

(1)  En  1807,  l'âge  fut  abaissé  à  18  ans,  d'après    un    règlement  du   mi- 
nistre de  1  intérieur. 

(2)  En  1781,  elles  ont  respectivement,  les  unes  et  les  autres.    20,  23,  26 
et  38  ans  (Aff.  du  Poitou*. 

•  3)  Arch.  Vienne,  L.  210. 


90  LA  COMMUNAUTE 

Les  étudiants  en  chirurgie,  de  même  que  les  femmes 
habitant  Poitiers,  devaient  suivre  les  cours  à  leurs  frais. 
Les  autres  avaient  droit  au  voyage  payé,  soit  par  celui 
qui  les  désignait,  soit  par  le  curé  de  leur  paroisse  ou  le 
seigneur  de  leur  localité.  Pour  éviter  de  trop  lointains 
déplacements  et  des  dépenses  trop  considérables,  la 
généralité  du  Poitou  fut  divisée  en  deux  sections .  La 
première  comprenait  Poitiers,  Chàlellerault,  Thouars, 
Confolens  et  Saint-Maixent  (1)  ;  la  seconde,  Niort, 
Fontenay  et  Les  Sables-d'Olonne  (2).  Les  élèves  rece- 
vaient 20  sols  par  jour  pour  leur  nourriture  et  2  livres 
par  mois  pour  leur  logement  (3).  A  partir  de  1786,  le 
prix  de  la  nourriture  fut  réduit  à  15  livres  par  mois, 
soit  10  sols  par  jour.  Celles  qui  habitaient  Poitiers  ou  les 
paroisses  voisines  ne  touchaient  aucune   indemnité. 

Le  chirurgien  Joseph  Maury  reçoit,  en  qualité  de  dé- 
monstrateur,     une     somme    annuelle     de    200    livres. 


(1)  Arch  Vienne,  L.  G22.  Le  14  décembre  1768,  le  chirurgien  Ajmard, 
qui  enseignait  l'obstétrique  à  Niort,  demande  à  l'intendant  de  lui  per- 
mettre daller  faire  des  cours  à  Saint-Maixent.  Sa  demande  est  renvoyée 
au  duc  de  la  Vrillière,  qui  lui  en  accorde  l'autorisation,  le  6  mai  1772.  Il 
va  même  jusqu'à  défendre  aux  matrones  non  reçues  d'exercer,  sous  peine 
de  50  livres  d  amende  (Arch  Vienne,  C.  62.)  —  En  1772,  un  cours  s'éla- 
blit  à  Civray  par  orde  de  l'intendant.  Il  fonctionne  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  celui  de  Poitiers.  lAff.  du  Poitou,  111*2  )  —  A  Loudun,  Gilles 
de  laTourette  commence  le  sien  à  partir  de  1780  et  le  continue  pendant 
la  Révolution.  En  1787,  il  publie  l'Art  des  accouchements,  etc.  (Angers, 
Pavie.  —  Paris,   Leclerc,  2  vol.) 

(2)  Des  cours  furent  installés  à  Niort  tout  d'abord,  puis  cessèrent.  Le 
chirurgien  Dudon  les  reprit  en  1780  Le  chirurgien  Balard  en  créa  égale- 
ment à  Fontenay  et  les  continua  jusqu  en  1794.  Ils  avaient  lieu  deux  fois 
dans  l'année.  Chacune  des  femmes  recevait  1  livre  10  sols  par  jour  pour 
sa  nourriture  et  10  livres  par  mois  pour  son  logement.  Aucune  d  elles 
ne  devait  avoir  plus  de  35  ans  et  leur  nombre  ne  point  dépasser  30.  (So- 
ciété d  émulation  delà  Vendée,  année  1890.) 

(3)  A  Tours,  ou  leur  donnait  12  livres  par  mois.  (D1'  DelaunajT,  loc. 
cit.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  91 

C'est  dans  sa  propre  maison,  située  quartier  B,  n°  74, 
près  de  la  poste  aux  chevaux,  que  chaque  matin,  à 
8  heures,  il  donne  ses  leçons. 

Son  enseignement  est  à  la  fois  théorique  et  pratique. 
Il  se  sert,  pour  le  premier,  du  livre  publié  par  la  du  Cou- 
dray  et,  pour  le  second,  de  la  grossière  mécanique 
qu'elle  lui  a  laissée  en  partant.  Cette  machine  constitue 
pour  lui  une  invention  merveilleuse.  «  Elle  reproduit, 
dit-il,  à  l'intérieur  comme  à  l'extérieur,  toutes  les  parties 
dans  lesquelles  l'enfant  se  trouve  renfermé  dans  le  sein 
de  sa  mère.  Elle  donne  la  faculté  de  le  placer  dans 
toutes  les  positions  imaginables  et,  par  conséquent, 
d'exécuter  tous  les  accouchements  possibles.  C'est  en 
faisant  opérer  ses  élèves  que  Mme  Ducoudray  les  ins- 
truisit, et  l'on  sentit  que  cette  méthode  était  la  seule 
qui  pût  être  employée  vis-à-vis  des  femmes  de  la  cam- 
pagne» (1).  La  machine  ordinaire  se  vendait  300  livres 
et  celle  de  luxe  500  livres  (2i.  L'invention  de  cette 
matrone  fut,  en  réalité,  à  cette  époque,  fort  utile  pour 
l'enseignement  de  l'obstétrique, 

Afin  de  compléter  les  leçons,  il  était  donné  aux  élèves 
une  Instruction  pour  l'art  des  accouchements  (3).  Elle 
comportait  deux  pages  de  texte  du  format  petit  in-4°. 
C'était  un  simple  questionnaire  comprenant  dix  de- 
mandes avec  leurs  réponses.  Elles  avaient  trait  à  l'ana- 
tomie  du  bassin  de  la  femme.  Au  reste,  toutes,  très 
simples,  très  rudimentaires  et  sans  grande  précision. 


(1)  Arch  .   Vienne,  L.  210. 

(2)  Dr  Delaunay,   loc.  cil.  —  En  1839,   cette  même    machine  ne   valait 
plus  que  60  francs.  (Arch.  Vienne,  t.  I,  14.) 

(3)  Arch.  Vieune,  L.  210, 


92  LA  COMMUNAUTÉ 

Les  étudiants  en  chirurgie  qui  suivent  les  cours 
Sont  en  moyenne  au  nombre  de  dix  à  quinze  et  même 
parfois  vont  jusqu'à  vingt.  Les  élèves  sages-femmes 
varient  depuis  sept,  en  1780,  jusqu'à  quatorze  ou  quinze 
et  même  vingt-deux  en  1790  (1).  Ce  dernier  chiffre 
est  le  plus  élevé  qu'on  ait  pu  rencontrer. 

Les  concours  établis  parla  du  Coudray  à  la  fin  de  cha- 
que série  de  leçons,  se  continuent  plus  tard  à  la  mairie, 
dans  la  salle  du  Conseil.  En  1778,  quatorze  compa- 
gnons chirurgiens,  âgés  de  17  à  24  ans,  y  viennent 
concourir  en  présence  de  l'intendant  et  du  maire  (2>. 
Le  premier  prix  consiste  dans  «  un  étui  de  galucha 
garni  en  argent,  armé  de  six  lancettes  et  à  châsses  de  nacre 
de  perles  montées  d'or  »,  avec  les  armes  de  l'intendant 
à  un  bout  et  celles  du  maire  à  l'autre.  De  son  côté,  le  pro- 
fesseur reçoit  «  un  étui  portatif  de  Garangeot,  garni 
d'instruments  montés  en  argent,  orné  de  trois  médail- 
lons portant  les  armes  de  l'intendant  et  de  la  ville  avec 
celte  devise:  Ad  prœmium  ducet  labor  ». 

Le  3  septembre  1790,  les  Affiches  du  Poitou  nous  en 
décrivent  un  second  qui  a  lieu  dans  la  salle  Saint-Côme 
aux  Jacobins.  Il  est  fort  brillant,  car  parmi  les  con- 
currents, six  se  trouvent  d'égale  valeur.  Le  sort  peut 
seul  décider  quel  sera  l'heureux  vainqueur.  11  désigne 
Pierre  Augris,  né  à  Laleu  en  Poitou.  On  lui  remet  un 
lancettier  garni  de  galucha.  Tous  les  autres  reçoivent 
un  livre  intitulé  :  Y  Art  des  accouchements  démontré  par 
des  principes  de  chirurgie  et  de  mécanique,  dont  l'auteur 
est  André  Levret,  accoucheur  de  Mmela  Dauphine.  A  cet 

(1)  Affiches  du  Poitou  et  Arch.  Vienne, -C.  622. 

(2)  Affiches  du  Poitou  (1778). 


DÈS  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  93 

ouvrage,  on  ajoute  un  traité  «  clairet  succinct  »  De  V  Art 
des  accouchements,  du  docteur  Robin  (1).  Plus  tard, 
on  leur  donne  l'ouvrage  de  Baudeloque. 

Le  concours  est  suivi  d'examens  que  passent  les  étu- 
diants en  chirurgie  désireux  d'obtenir  le  titre  d'accou- 
cheur. Dans  ce  but,  il  en  est  qui  suivent  les  cours  pen- 
dant deux  ou  trois  ans.  Les  épreuves  sont  présidées  par 
le  professeur  Maury  et  non  par  le  lieutenant  du  premier 
chirurgien  du  roi.  Elles  paraissent  avoir  été  peu  difficiles. 
En  1773,  tous  les  aspirants  sont  reçus,  et  le  jury  constate 
a  qu'ils  ont  bien  entendu  les  leçons  qu'on  leur  a  donné 
tant  sur  la  théorique  que  sur  la  pratique  de  l'art  des  ac- 
couchements, relativement  à  la  machine  de  la  dame 
du  Coudray  »  (2).  Il  en  est  de  même  pour  les  quinze 
qui  se  présentent  en  1783. 

Les  élèves  sages-femmes  en  passant  cette  épreuve 
obtiennent  un  certificat  en  vertu  duquel  elles  peuvent 
se  présenter  devant  la  communauté  des  maitres  chirur- 
giens qui,  après  un  nouvel  examen,  leur  accorde  le 
titre  de  maîtresses  sages-femmes  avec  le  droit  d'exercer. 
A  partir  de  1791,  Maury  seul  remplace  ses  confrères.  11 
délivre  à  celles  qui  lui  ont  répondu  d'une  façon  conve- 
nable, un  certificat  qu'elles  doivent  remettre  au  direc- 
toire afin  de  pouvoir  pratiquer  leur  art  (3).  Avant  de 
s'en  aller  chez  elles,  toutes  reçoivent  le  livre  de  Mme  du 
Coudray.  En  1783,  on  engage  celles  qui  sont  illetrées, 
de   le  mettre  entre  les    mains  d'une  personne   capable 


(1)  Dr  Delaunay,    le  Monde  médical  parisien  au  XVIIIe  siècle,   Paris, 
1906. 

(2)  Affiches  du  Poitou.  8  juillet  1773  ;  id  ,  1783 
(3/  Arch.  Vienne,  L.  2iJ 


01  Là  COMMUNAUTE 

de  leur  en  faire  la  lecture  (1);  Comme  nous  verrons 
plus  loin,  nombre  d'entre  elles  étaient  dans  ce  cas. 

Le  cours  de  Maury,  commencé  en  17(37,  se  continue 
sans  interruption  sous  les  auspices  de  l'intendant,  puis 
de  la  commision  intermédiaire  et  enfin  du  directoire 
du  département.  Le  7  mai  1791,  il  en  offre  le  programme 
aux  membres  du  Conseil  municipal  et,  à  cette  occasion, 
prononce  un  discours  dans  lequel  il  développe  «  les 
sentiments  d  un  patriote  et  d'un  bon  citoyen  »  (2). 
L'année  suivante,  absorbé  par  ses  fonctions  de  chirurgien 
de  1  Hôtel-Dieu,  il  est  obligé  d'abandonner  ses  leçons 
pour  donner  ses  soins  «  du  malin  au  soir  »,  comme  il 
le  dit,  aux  blessés  qui  arrivent  de  l'armée  de    l'Ouest. 

Le  16  prairial  an  III,  il  demande  la  permission  de  les 
reprendre,  car  n'ayant  plus  guère  de  malades  à  soigner, 
il  jouit  de  toute  sa  liberté.  Il  propose  au  directoire  la 
réimpression  de  son  affiche  de  1792,  dans  le  but  de 
l'adresser  à  toutes  les  municipalités  du  département (3). 
A  la  fin  de  la  demande,  il  l'ait  observer  qu'autrefois 
les  femmes  de  la  campagne  «  n'avaient  qu'une  routine 
sans  principes,  occasionnant  une  foule  incalculable 
d'accidents  dont  l'humanité  gémissait  et  qui  nuisaient  à 
la  population  ».  Enfin,  il  dépose  sur  le  bureau  un  court 
mémoire  dans  lequel  il  donne  un  aperçu  de  la  façon  dont 
renseignement  avait  lieu  et  des  dépenses  qu'il  occa- 
sionnait. 

Ce  fut  la  dernière  fois  que  se  firent  les  cours  créés  par 
le  comte  de  Blossac.  Le  22  floréal  an  III,  le  citoyen  Bâ- 


ti) Affiches  du  Poitou,  1/83. 
(2)  Rég.   del.  mun.,  n"  198. 
(3j  Arch.  Vienne,  L    210. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  95 

raiilon,  représentant  du  peuple  en  mission,  prend  un 
arrêté  dans  le  but  d'installer  une  Ecole  centrale  à 
Poitiers,  conformément  à  la  loi  du  7  ventôse  précé- 
dent (1). 

L'article  1er  de  cet  arrêté  dit  que  a  le  professeur  d'hy- 
giène qui  enseignera  l'art  des  accouchements,  compren- 
dra dans  son  cours  «  le  régime  propre  aux  femmes  en- 
ceintes, les  accidents,  les  maladies  auxquelles  elles  sont 
sujettes  en  cet  état,  le  moyen  d'y  remédier,  le  manuel 
des  accouchements,  les  suittes  de  couches  et  leur  trai- 
tement, le  sevrage,  les  maladies  et  l'éducation  phy- 
sique du  nouveau-né  ».  L'article  2  invite  les  officiers 
de  santé  des  campagnes  et  les  sages-femmes  à  venir  y 
assister. 

Le  5  messidor  suivant,  Canolle,  ayant  obtenu  au  con- 
cours la  place  de  professeur,  commence  ses  leçons.  11 
débute  par  un  discours  dans  lequel  il  insiste  sur  la  né- 
cessité de  la  repopulation.  •«  Les  projets  des  potentats, 
dit-il,  Font  de  temps  en  temps  à  la  race  des  homnïes  des 
playes  terribles  qui  semblent  épuiser  la  masse  des  géné- 
rations vivantes  »  (2).  Il  continue  par  passer  en  revue 
les  différentes  causes  de  la  dépopulation  et  il  insiste 
sur  les  fautes  commises  au  cours  des  accouchements,  il 
termine  en  engageant  les  mères  adonner  elles-mêmes  le 
sein  aux  nouveau-nés  et  fait  pour  cela  appel  à  leurs 
maris.     «    L'estime     de    vos     épouses,     ajoute-t-il,    les 


(l)Arch.  Vienne,  L.  271. 

(2i  Ms.  appartenant  au  docteur  Mérine,  qui  a  eu  l'aimable  obligeance  de 
nous  le  communiquer.  Les  cours  se  divisent  en  quatre  grandes  parties 
comprenant  :  1"  l'étudî  du  bassin  ;  2°  l'accoucbement  normal;  3°  les 
accoucbemenls  anormaux  :  4°  tes  soins  à  donner  à  la  mère  et  à  l'enfant- 
Le  tout  se  subdivisait  en  vingt  neuf  chapitres. 


9(5  La  communauté 

premières  caresses  de  vos  enfants,  ne  valent-elles  point 
toutes  les  flagorneries  de  l'adulation  et  tout  le  bavar- 
dage  de  la  coquetterie.  Bientôt,  nous  serions  réduits  à 
détester  la  beauté  si  elle  tuait  la  sensibilité.  » 

L'abolition  de  ce  cours,  qui  ne  dura  que  deux  ans,  nous 
est  signalée  par  un  article  du  Journal  de  ta  Vienne  en 
date  du  10  germinal  an  V.  L'auteur  de  l'article  rappelle 
les  obligations  que  la  ville  de  Poitiers  avait  contractées 
à  l'égard  de  Maury  qui,  pendant  trente  ans,  enseigna 
l'art  des  accouchements  (1).  Dans  l'intérêt  de  l'huma- 
nité, il  serait  utile  qu'il  reprenne  ce  cours  qui,  dans 
le  passé,  avait  eu  tant  de  succès.  «  La  patrie  ré- 
clame de  ses  talents  celte  preuve  de  son  amour  pour 
l'humanité  et  pour  la  chirurgie.  » 

Le  1er  prairial  an  X,  le  Conseil  général  de  la  Vienne, 
frappé  du  grand  nombre  de  décès  occasionnés  par  les 
sages-femmes,  «  déclare  qu'il  importe  de  les  faire  cesser 
et  d'établir  un  cours  d'accouchements  à  Poitiers  où  les 
femmes  qui  se  livrent  à  cet  état,  dans  les  différens  arron- 
dissements, seront  reçues  et  instruites,  comme  elles 
l'étaient  autrefois  sous  l'ancien  intendant  »  (2).  La 
dépense  à  prévoir  est  fixée  à  la  somme  de  1.508  francs. 

Le  15  floréal  an  XI,  dans  le  but  d'obéir  à  la  loi  du 
19  ventôse  précédent,  qui  prescrit  l'établissement  dans  le 
principal  hospice  de  chaque  département  d'un  cours  an- 
nuel d'accouchements,  à  la  fois  théorique  et  pratique,  le 
Conseil  général  se  décide  à   le   mettre  à  THôtel-Dieu  de 

(1)  Le  6  ventôse  an  Vil,  Fleurant  Jarrieau,  chirurgien  à  Saint-Pierre- 
les-Eglises,  demande  au  Directoire  la  permission  d  ouvrir  un  cours  gra- 
tuit d'accouchement  à  Chauvigny,  sous  la  surveillance  delà  municipalité. 
Il  n'obtient  aucune  réponse.  (Arch    Vienne,  I-.  271.) 

(2;  Arch.  Vienne^  N.  I    1  bis. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  97 

Poitiers.  Les  sages-femmes  des  divers  arrondissements, 
de  même  que  les  officiers  de  santé  qui  voudront  se  pré- 
senter devant  le  jury  médieal,  pourront  le  suivre.  Une 
somme  de  1.500  francs  est  votée  pour  les  frais  qui 
devront  en  résulter. 

Cet  enseignement  se  continue  pendant  les  deux 
années  qui  suivent.  Le  lel  prairial  an  XIII,  le  Journal  de 
Poitiers  fait  savoir  qu'au  nombre  des  cours  gratuits  de 
médecine  «  se  trouve  celui  de  Gagniard,  docteur  en  chi- 
rurgie, oui  traitera  des  soins  à  donner  aux  femmes  en- 
ceintes.  Il  développera  les  lois  et  le  mécanisme  de  l'ac- 
couchement naturel,  les  moyens  de  la  nature  et  les  res- 
sources de  l'art  dans  de  telles  circonstances,  etc.  »  (1). 
Il  aura  lieu  dans  la  salle  de  l'ancien  département,  à  partir 
du  15  prairial.  Ce  fut  le  dernier  des  cours  libres  insti- 
tués pour  les  sages-femmes  à  Poitiers.  L'année  suivante, 
l'école  de  médecine  ayant  été  ouverte,  Canolle  eut  de 
nouveau  la  charge  d'enseigner,  avec  les  opérations  chi- 
rurgicales, l'art  des  accouchements. 

Si,  au  point  de  vue  officiel,  les  leçons  sur  l'obstétrique 
rendirent  des  services  dans  les  campagnes,  ils  n'en 
furent  pas  moins  l'objet  de  nombreuses  critiques  formu- 
lées par  des  personnes  au  courant  de  celte  question. 
En  1777,  la  dame  du  Goudray  écrit  elle-même  que  son 
enseignement  devrait  s'adresser  surtout  à  des  chirurgiens 


(1)  Gagniard  (Laurent),  né  à  Poitiers  en  1776,  nommé  chirurgien  de 
3"  classe  dans  l'armée  navale,  y  figure  de  thermidor  an  III  à  ventôse 
an  IV.  Passe,  du  23  fructidor  an  IV  au  15  nivôse  an  X,  au  6e  régiment 
d'infanterie.  Reçu  docteur  en  chirurgie  à  Paris,  le  16  vendémiaire  an  XI  ; 
adjoint  comme  chirurgien  à  Maury  à  l'Hôtel-Dieu  de  Poitiers,  en  1802  ; 
lui  succède  quelques  années  plus  tard.  Nommé  professeur  d'anatomie  et 
de  physiologie  à  l'Ecole  de  médecine  en  1806,  meurt  le  23  juillet  1821. 


98  LA  COMMUNAUTE 

chargés,  par  la  suite,  d'instruire  les  sages-femmes  (1). 
On  éviterait  ainsi  la  peine  de  déplacer  quantité  de  fem- 
mes souvent  imbéciles  et  sans  aptitudes  qui  ne  retire- 
raient aucun  fruit  de  ses  leçons  et  ne  laisseraient  que  le 
regret  «  des  dépenses  inutiles  qu'on  aurait  fait  pour  elles  » . 

Une  lettre  du  19  août  1779,  adressée  aux  Affiches  du 
Poitou,  déclare  que,  malgré  les  cours  de  Maury,  on  n'ob- 
tient qu'un  maigre  résultat  au  point  de  vue  du  niveau 
scientifique  des  matrones.  La  cause  en  esta  l'entêtement 
et  à  l'imbécillité  des  gens  de  la  campagne  qui,  par 
routine,  croient  qu'on  ne  peut  rien  apprendre  en  dehors 
de  leurs  paroisses,  et  que,  pour  faire  une  bonne  accou- 
cheuse, il  n'est  pas  nécessaire  d'aller  «  accoucher  un  fan- 
tôme ou  des  femmes  de  bois  ».  Nombre  de  celles  en- 
voyées à  Poitiers  par  les  curés,  n'ont  point  eu  de  succès 
auprès  des  paysannes  qui,  dans  la  majeure  partie  des 
paroisses,  ont  refusé  de  les  employer  (2).  Nos  bonnes 
campagnardes,  trop  souvent  victimes  des  élèves  de 
Maury,  préféraient  s'adresser  à  des  praticiennes  dont 
elles  connaissaient  l'expérience. 

Le  réquisitoire  le  plus  complet  écrit  contre  cet  ensei- 
gnement, par  trop  sommaire,  est  celui  que  fit,  en  1774, 
un  certain  Auchier,  maître  chirurgien  à  Niort  et  membre 
de  la  communauté  des  chirurgiens  de  Civray  (3).  Son 
travail  fut  présenté  à  la  Commission  intermédiaire  du 
Poitou,  en  1788. 

Il  commence  par  prouver,  à  l'aide  de  quatre  exemples, 

(1)  Dr  Delaunay,  loc.  cit. 

(2)  Le  lieutenant  de  police  de  Civray  menace  de  poursuivre  les  fem- 
mes non  diplômées  et  de  les  faire  condamner  à  20  livres  d'amende,  en 
vertu  de  l'article  77  du  règlement  des  chirurgiens  de  1731- 

(3)  Arch.  Vienne,  C  622. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  99 

que  les  matrones  ne  sont  point  instruites  et  ne  sauraient 
l'être  dans  l'état  actuel.  La  science  des  accouchements  est 
bien  trop  compliquée  pour  qu'on  l'apprenne  sans  études 
et  sans  dissections  (1).  Les  connaissances  anatomiques 
du  bassin  de  la  femme  et  les  positions  prises  par  les 
enfants  ne  sauraient  être  connues  autrement.  Les  ma- 
chines, ou  «  phantômes  )>,  ne  peuvent  servir  qu'après 
avoir  pratiqué  de  telles  recherches. 

Les  sages-femmes  sont  actuellement  privées  de  ces 
deux  moyens.  Quelques-unes  ont,  il  est  vrai,  reçu  des 
leçons  de  Mme  du  Coudray,  mais,  «.  à  peine  une  en  a  pro- 
fité, et  tout  est  oublié.  Je  ne  crains  pas  même  d'ajouter 
(sur  d'être  avoué  de  tous  les  gens  instruits)  que  le 
cours  de  cette  dame  a  été  plus  nuisible  qu'utile.  Il  s'est 
formé  des  demi-savantes  qui,  sans  rien  approfondir,  se 
sont  crues  ses  égales  ;  devenues  téméraires,  elles  ont  négli- 
gé d'appeler  des  chirurgiens  dans  les  cas  difficiles  et  il  en 
est  résulté  de  funestes  effets  ».  Aussi,  plusieurs  filles,  frap- 
pées de  ces  accidents  dont  elles  ont  été  témoins  ou  qu'el- 
les ont  entendu  raconter,  préfèrent  le  célibat  au  mariage. 

Un  seul  cours  existant  à  Poitiers,  la  province  tout 
entière  peut-elle  en  profiter  ?  Le  peu  de  temps  qu'il 
dure  et  son  caractère  purement  théorique  sont  insuffi- 
sants pour  instruire  des  femmes  sans  instruction  dans 
l'art  des  accouchements,  a  La  majeure  partie  ne  sait  pas 
lire,  et  beaucoup  ont  si  peu  de  mémoire,  qu'elles  oublient 
promptement  ce  qu'on  leur  a   dit.  » 

(1)  En  1790,  le  médecin  Gallot  écrit  que  les  maux  de  sein  sont  très 
répandus  en  Poitou  à  la  suite  de  couches  souvent  très  fâcheuses,  tant  par 
la  misère  que  par  les  mauvaises  manœuvres  des  sages-femmes  et  des 
chirurgiens  ignorants  qui  sont,  après  les  charlatans,  les  plus  destructeurs 
des  campagnes.  (Soc.  ém.  de  la  Vendée,  année  1871,  p.  129.) 


100  LA  COMMUNAUTÉ 

Il  termine  en  proposant  de  créer  des  cours  à  Niort  et 
d'envoyer  des  professeurs  dans  les  gros  bourgs  voisins. 
Ils  choisiraient  les  personnes  les  plus  intelligentes. 
L'Hôtel-Dieu  de  cette  ville  devrait  avoir  une  salle  spé- 
ciale destinée  aux  pauvres  femmes  à  la  veille  d'accou- 
cher. On  y  installerait  quelques  lits,  séparés  des  autres, 
pour  les  accouchements  clandestins  des  filles  dépourvues 
de  tout  secours.  On  pourrait  y  recevoir  celles  qui  vou- 
draient se  faire  soigner  par  les  élèves  sages-femmes.  L'en- 
seignement comprendrait  :  1°  l'emploi  du  modèle  ou 
«  phantôme  »  ;  2°  les  opérations  obstétricales  sur 
nature  ;  3°  le  traitement  à  faire  après  l'arrivée  de  l'en- 
fant ;  4°  il  serait  bon  d'y  ajouter  des  leçons  sur  les  qua- 
lités que  doivent  posséder  les  nourrices,  et  créer,  dans  la 
maison,  des  professeurs  avec  un  bureau  pour  celles  qui 
voudraient  se  louer. 

Ces  sages  observations  nous  portent  à  croire  que 
l'article  71  des  statuts  de  1731,  qui  exigeait  des  futures 
matrones  deux  années  d'apprentissage,  était  devenu  lettre 
morte.  De  là,  l'erreur  des  intendants  qui,  à  la  suite  de 
la  du  Coudray,  crurent  qu'un  enseignement  oral,  accom- 
pagné de  quelques  manipulations  à  l'aide  d'un  manne- 
quin, pouvait  suffire  à  rendre  des  femmes  peu  cultivées 
aptes  à  exercer  un  art  parfois  fort  difficile. 

Les  étudiants  de  l'école  de  médecine  de  Poitiers  de- 
mandent, en  1833,  avec  l'appui  de  leurs  professeurs,  la 
permission  de  visiter  les  détenues  sur  le  point  d'accoucher, 
qui  se  trouvaient  au  petit  hôpital  de  la  Visitation  (1).  Cette 
permission  leur  est  refusée,  sous  prétexte  que  «  la  pudeur 

(t)  P.   Rambaud,  «   l'Ecole    de  médecine    de    Poitiers  à   ses  débuts  ». 
(Arch.  médico  chirurgicales  du  Poitou,  1900.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  101 

publique  et  privée,  autant  que  la  discrétion  dues  à  des 
femmes  que  le  repentir  peut  accompagner,  s'y  opposent  ». 
Enfin,  le  ministre  de  l'intérieur,  par  sa  circulaire  du 
6  octobre  1837  et  sa  lettre  du  14  août  1838,  invite  le 
Conseil  général  de  la  Vienne  a  fonder  une  maternité. 
Il  ajoute  que  seules,  les  villes  de  Poitiers  et  d'Arras  en 
sont  encore  dépourvues  (1).  Quatre  ans  plus  tard,  le 
docteur  Claude-Charles  Barilleau,  directeur  de  l'Ecole 
de  médecine,  obtient  l'achat  dune  maison  appartenant 
à  Fourreau  de  Beauregard.  En  1742,  la  maternité  y  est 
installée  près  de  l'Hôtel-Dieu,  sous  la  direction  du  doc- 
teur Delphin  Bonnet,  secondé  par  la  dame  Piot,  maîtresse 
sage-femme.  Ainsi  fut  établi  l'enseignement  complet  de 
l'obstétrique,  dans  des  conditions  qui  n'ont  point  varié 
jusqu'à  nos  jours. 


(1)    P.  Rambaud,    «  l'Ecole  de   médecine   de  Poitiers   à   ses   débuts  ». 
(Arch.  médico-chirurgicales  du  Poitou,  année  1909.) 


CHAPITRE  VII 


LES   EXAMENS    DE    MAITRISE. 


Les  examens  sont  obligatoires  pour  la  maîtrise.  —  Conditions  imposées 
avant  de  les  subir.  —  Demande  adressée  au  lieutenant.  —  Convocation 
des  maîtres.  —  Certificats  à  leur  présenter.  —  La  tentative.  —  Compo- 
sition du  jury.  —  Les  médecins.  —  Le  lieutenant.  —  Les  prévôts  et 
doyens.  —  Les  autres  maîtres.  —  Interrogations  faites  au  xvie  siècle. 
—  Chef-d'œuvre  des  lancettes.  —  Les  examens  d'après  les  statuts  de 
1711, 1723 et  1730.  —  Epreuves  diverses  à  subir.  —  Intervention  des  ma- 
gistrats devenue  parfois  nécessaire. —  Acte  de  réception.  —  Restrictions 
du  droit  d'exercer.  —  Serment  à  prêter  et  droits  de  boîte  à  verser. 

Son  stage  terminé,  le  compagnon,  désireux  de  faire 
partie  d'une  communauté,  doit  passer  des  examens  devant 
les  maîtres  qui  la  composent.  C'est  une  règle  d'ordre 
général,  plus  ou  moins  rigoureusement  observée  dans 
toutes  les  corporations  d'arts  et  métiers.  L'article  3  des 
statuts  de  1427,  dit  expressément  que  nul  ne  pourra 
s'ingérer  d'exercer  la  chirurgie,  sans  avoir  été  au  préalable 
examiné.  Seule,  la  profession  de  barbier  reste  libre,  à 
condition  de  montrer  tout  simplement  qu'on  est  capable 
de  poser  un  premier  bandage  en  attendant  l'arrivée  du 
chirurgien.  Jusque  dans  la  seconde  moitié  du  xvne  siècle, 
ces  deux  professions  n'en  font  qu'une,  au  point  de  vue 
de  leur  exercice. 

Les  anciens  statuts  n'entrent  dans  aucun  détail  sur  la 


LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS         103 

façon  dont  les  examens  doivent  se  passer.  L'article  3  de 
ceux  de  1571,  déclare  simplement  qu'ils  auront  lieu 
en  présence  du  lieutenant  et  des  jurés,  «  à  la  manière 
accoustumée  de  tout  temps  ».  Ceux  de  1711  sont  les 
premiers  à  nous  en  donner  une  idée  précise.  Elaborés 
par  les  maîtres  en  chirurgie  de  Poitiers,  ils  paraissent 
avoir  été  une  simple  reproduction  des  usages  du  passé. 
Les  derniers,  de  1723  et  de  1730,  ne  font  qu'en  modifier 
quelques  articles  dans  le  but  de  rendre  les  épreuves 
plus  longues  et  plus  difficiles. 

Le  règlement  de  1571  déclare,  par  son  article  13,  que 
ceux  «  qui  voudront  venir  à  l'examen,  devront  prendre 
et  tenir  lettres  scellées  du  lieutenant  pour  lesquelles  ils 
payeront  1  livre  »  (1).  Le  candidat  les  demande  en  com- 
pagnie d'un  maître  qui  porte  le  titre  de  conducteur.  Le 
12  février  1618,  Jehan  Chicard  prie  Etienne  Thevet  de 
vouloir  bien  convoquer  ses  confrères  afin  de  savoir  la 
date  à  laquelle  il  pourra  passer  ses  examens  (2).  Ce  dernier 
lui  répond  qu'il  lui  faut  d'abord  choisir  un  conducteur 
avec  lequel  il  s'entendra  et  qui  le  dirigera  dans  ce  qu'il 
devra  faire. 

D'après  les  statuts  de  1721  et  de  1730,  le  conducteur 
est  tenu  d'avoir  au  moins  passé  cinq  années  dans  l'exer- 
cice de  sa  profession.  Il  a  le  droit  d'assister  à  toutes  les 
épreuves,  sans  pouvoir  interroger  le  candidat  ni  prendre 
part  aux  délibérations  du  jury,  sous  peine  de  perdre  les 
émoluments  qui  lui  reviennent.  Son  rôle  est  de  veiller  à 
ce  que  le  premier  observe  bien  toutes  les  règles,  et  si, 
malgré  cela,  il  commet  des  fautes,  de  les  lui  faire  réparer 

(1)  Arch.  Vienne,  D.  10. 

(2)  Min.  Chesneau,  notaire. 


104  LÀ  COMMUNAUTE 

sans  attendre  l'intervention  du  lieutenant.  Aucun  acte  ne 
peut  se  passer  hors  de  sa  présence,  sauf  en  cas  de  mala- 
die. Enfin,  il  est  tenu  d'accompagner  l'aspirant  qui  por- 
tera les  bulletins  de  convocation  chez  les  maîtres.  En 
cas  de  refus  de  sa  part,  le  lieutenant  ou  le  prévôt  se- 
ront chargés  d'y  pourvoir. 

Le  19  février  1656,  Pierre  Thevenet  vient,  pour  la 
seconde  fois,  déclarera  Dardin,  lieutenant  du  premier 
chirurgien,  «  qu'il  désiroit  soubz  son  bon  plaisir,  et  celui 
de  messieurs  les  maistres  de  ceste  ville,  se  présenter  pour 
aspirer  à  parvenir  à  la  maîtrise  de  chirurgie  à  Poitiers 
et,  pour  ce  faire,  supplie  et  requiert  led.  Dardin  de  luy 
donner  un  bulletin  pour  faire  la  convocation  et  assem- 
blée du  corps  et  communauté  des  maistres  pour  l'examen 
et  approbation  accoustumés  »  (1).  Ces  sortes  de  som- 
mations respectueuses  à  l'égard  du  lieutenant  se  ren- 
contrent assez  souvent. 

Quand  ce  dernier  est  absent,  le  premier  juré  le  rem- 
place. Le  2  mai  1642,  Mathurin  Dardin  prend  la  place 
de  Brice  Gay.  Ce  dernier  étant  à  la  campagne,  près  de 
Poitiers,  trouve  d'abord  indécent  que  le  candidat  ait  parlé 
à  son  serviteur  au  lieu  de  s'adresser  à  sa  femme  (2).  Il 
s'oppose  ensuite  à  l'envoi  des  bulletins,  puis  s'en  rap- 
porte à  la  décision  du  présidial 

Les  bulletins  sont  remis  au  dernier  chirurgien  reçu    à- 
la  maîtrise.  Il  doit  les  distribuer  à  tous  ses  confrères.  Le 
27  février  1641,  Brice  Gay  refuse  de  les  confier  au  can- 
didat Jacques  Gouin,  sous  prétexte  qu'il  veut  les  remettre 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Maxias,  notaire- 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  105 

à  Jean  Jacquart  dont  la  réception  n'est  point  encore  défi- 
nitivement arrêtée,  tandis  que  Belon  est  le  seul  qui  soit 
désigné  pour  les  recevoir  (1).  Au  surplus,  il  trouve  fort 
irrespectueux  de  la  part  de  Goin,  «  qui  a  mangé  sept  ans 
son  pain  en  qualité  de  serviteur  »,  de  ne  pas  vouloir 
attendre  cinq  ou  six  semaines,  la  fin  du  procès  qui  est 
engagé  sur  cette  question  des  examens. 

A  partir  de  1692,  le  candidat  est  tenu,  en  demandant 
au  premier  juré  royal  les  bulletins  de  convocation,  de 
lui  remettre  ses  contrats  et  quittances  d'apprentissage. 
L'un  d'eux  déclare,  le  28  février  1698,  que  la  commu- 
nauté ne  refuse  jamais,  dans  ce  cas,  de  se  réunir  aux 
Jacobins  afin  d'y  «  tenir  escole  »  (2).  Pour  cette  distri- 
bution de  bulletins,  il  est  perçu  4  livres. 

Les  statuts  de  1730  déclarent  que  l'aspirant  présentera 
au  lieutenant  une  requête,  signée  de  sa  main  et  de  celle 
du  conducteur.  Il  l'accompagnera  de  son  acte  de  baptême 
et  de  ses  certificats  de  bonne  vie  et  de  catholicité.  Ce 
dernier  est  exigible  dans  toutes  les  maîtrises,  à  partir  de 
l'édit  du  14  mai  1724  qui  complète  celui  de  1698,  émis 
dans  le  but  d'empêcher  les  protestants  d'exercer  la  chi- 
rurgie. 

Les  règlements  de  1714,  1723  et  1730,  divisent  les  can- 
didats en  différentes  catégories,  au  point  de  vue  de  leur 
immatriculation.  Les  fils  de  maîtres  passent  avant  les 
autres.  Parmi  les  premiers,  ceux  dont  les  pères  sont  les 
plus  anciens  dans  la  communauté,  ont  la  préférence.  Il 
en  est  de  même  pour  les  apprentis,  les  garçons  ou  servi- 
teurs qui  ont  exercé  dans  la  ville  de  Poitiers.  Enfin,  les 

(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Royer,  notaire. 


106  LA  COMMUNAUTE 

aspirants  dont  l'apprentissage  remonte  à  la  date  la  plus 
éloignée,  sont  classés  avant  leurs  camarades. 

Le  local  dans  lequel  ont  lieu  les  épreuves  orales  est 
celui  qui  sert  aux  réunions  de  la  communauté.  Elles  ont 
lieu,  comme  nous  avons  vu,  à  pa-rtir  de  1583,  et,  même 
avant  cette  date,  jusqu'en  1628,  chez  les  Auguslins,  puis, 
par  la  suite,  aux  Jacobins.  Les  épreuves  pratiques  se  font, 
d'abord,  chez  les  maîtres  jurés  ;  mais,  à  partir  de  1621, 
au  jardin  royal  de  médecine  (1).  Là,  se  trouve  le 
four  destiné  à  dessécher  les  cadavres  et  la  salle  dans 
laquelle  se  font  les  leçons  d'anatomie. 

Le  premier  examen,  appelé  de  vie  et  mœurs,  se  passe, 
d'après  une  entente  entre  médecins  et  chirurgiens,  du 
4  septembre  1624,  en  présence  du  lieutenant  et  des  trois 
jurés  assistés  de  trois  maîtres  dont  les  noms  sont  tirés  au 
sort  (2).  11  se  termine,  après  le  dépouillement  des  certi- 
ficats, par  deux  questions  que  chaque  membre  du  jury 
doit  adresser  au  candidat  sous  forme  de  tentative. 

Les  statuts  de  1711  renvoient  le  candidat  devant  un 
jury  composé  des  deux  jurés  royaux,  des  deux  plus 
anciens  maîtres  et  du  médecin  conseiller  du  roi.  Chacun 
de  ces  personnages  touche,  comme  jeton  de  présence,  la 
somme  de  2  livres.    . 

Les  règlements  de  1723  et  de  1730  simplifient  toutes 
ces  formalités.  Le  lieutenant  se  contente  d'adresser  l'aspi- 
rant au  prévôt  en  charge,  à  titre  purement  consultatif.  Si 
sa  situation  est  régulière,  il  lui  remet  les  billets  de  convo- 
cation qu'il  devra  porter  au  domicile  des  maîtres.  Ensuite, 


(1)  P.  Rambaud,  La  pharmacie  en  Poitou  jusqu'à  l'an  XI  »  (Mém>   Soc. 
Ant.  Ouest,  t.  XXX,  2*  série.) 

(2)  Min.  Johanne,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  107 

il  sera  tenu  de  lui  verser  4  livres,  et  3  livres  seulement  au 
greffier.  En  cas  de  nécessité,  il  lui  est  permis  de  ne  porter 
les  convocations  que  la  veille  de  la  séance. 

Pour  se  présenter  à  l'examen,  la  première  condition 
à  observer,  dit  le  règlement  de  1571,  est,  après  avoir  ter- 
miné son  apprentissage,  d'être  quitte  envers  le  maître 
chez  lequel  il  a  été  fait.  L'ordonnance  de  1692  exige  que 
le  candidat  soit  non  seulement  de  bonne  vie  et  mœurs, 
mais  encore  qu'il  ait  demeuré  comme  apprenti,  pendant 
deux  ans,  dans  une  ville  possédant  une  communauté  de 
chirurgiens,  puis  quatre  ans  en  qualité  de  stagiaire  chez 
les  maîtres,  ou  six  ans,  soit  dans  les  hôpitaux,  soit  à  l'ar- 
mée, avec  certificats  à  l'appui.  A  partir  de  1711,  il  faut  y 
joindre  un  acte  de  baptême  et  prouver  qu'on  n'a  point 
servi  chez  les  perruquiers  des  villes  de  province. 

Avant  l'immatriculation  définitive,  l'aspirant  est  tenu 
de  verser,  à  l'avance,  une  certaine  somme  que  l'édit  du 
16  février  1692  porte  à  150  livres  (1).  Cette  somme  glo- 
bale est  ensuite  remplacée,  en  1723  et  1730,  par  des  ver- 
sements séparés  qui  se  font  au  début  de  chaque  épreuve 
et  dont  le  montant  est  variable. 

Pendant  de  longues  années,  les  chirurgiens  restent 
seuls  à  interroger  les  candidats  sous  la  présidence  de  leur 
lieutenant.  En  juillet  1556,  ceux  de  Tours  ayant  obtenu 
du  roi  Henry  III  un  règlement  particulier,  il  leur  est 
enjoint  de  ne  plus  faire  passer  d'examens  qu'en  présence 
de  médecins  (2).  En  1571,  Charles  IX  ne  fait  que  renou- 

(1)  Le  28  février  1698,  Jonathan  Pillault-Fontaine  offre  150  livres  pour 
les  droits  d'examen  et  se  charge,  en  outre,  de  payer  le  médecin.  Enfin, 
s'il  est  nécessaire,  il  est  prêt  à  déposer  500  livres  comme  caution.  (Min. 
Johanne,  notaire.) 

(2)  Arch.  Vienne,  D.  11. 


108  LA  COMMUNAUTE 

vêler  cette  prescription  en  y  exigeant  deux  de  ces  der- 
niers. Enfin,  l'article  87  de  1  édit  de  Blois  de  1579  confir- 
me celte  décision,  à  laquelle  la  communauté  des  maîtres 
s'était  déjà  soumise  depuis  1575. 

Cette  soumission  aux  ordonnances  reçut  une  première 
atteinte,  constatée  par  une  requête  des  docteurs  régents, 
en  date  du  28  novembre  1588  (1).  Invités  à  l'examen 
d'Etienne  Thevet  pour  9  heures  du  matin,  ils  y  allèrent, 
mais  les  chirurgiens  n'y  vinrent  pas.  Furieux  de  celte 
insolence,  ils  déclarèrent  que  leur  convocation  «  était 
une  mocquerie  du  lieutenant  et  des  maistres  qui  se  jac- 
taient  recevoir  le  candidat  sans  eux  ». 

En  1595,  les  chirurgiens  obligés  de  subir  leur  présence 
affirment  qu'ils  peuvent  bien  assister  aux  examens,  mais 
qu'ils  ne  possèdent  point  le  droit  <(  d'approbation  ou 
d'improbation  »  (2).  Peu  flattés  de  remplir  un  rôle  aussi 
effacé  que  celui  «  de  sergens  et  de  recors  »,  les  docteurs 
portent  l'affaire  devant  le  présidial. 

Le  15  novembre  1596,  ce  tribunal  déclare  qu'en  vertu 
des  statuts  donnés  à  Mantes,  le  2  février  1594,  les  exa- 
mens de  Mathurin  Dardin  se  passeront  devant  deux 
médecins  et  qu'il  sera  reçu  à  la  pluralité  des  voix.  Leur 
droit  étant  reconnu  depuis  plus  de  vingt-quatre  ans,  ils 
l'exercent  dans  l'intérêt  du  public.  La  chirurgie  doit  être 
surveillée,  car  «  c'est  l'ung  des  arts  ausquels  les  faultes 
peuvent  se  commectre  avec  le  plus  grand  péril  ». 

Cet  arrêt  n'empêche  point  les  chirurgiens  de  pro- 
tester et  de  déclarer  que,  seul,  leur  lieutenant  peut  ap- 
prouver les  actes  de  réception.  Au  surplus,  les  docteurs 

(1)  Arch.  Vienne,  reg.  6  ,S. 

(2)  Arch.  Vienne,  D.  11. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  109 

n'assistent  point  aux  opérations.  Leur  présence  à  tous  les 
actes  serait  cause  que  le  résultat  des  examens  dépendrait 
d'eux  seuls. 

L'arrêt  du  Parlement,  du  18  septembre  1597,  tranche 
temporairement  la  question  (1).  Il  déclare,  conformé- 
ment à  l'édit  d'avril  de  la  même  année,  que  les  épreuves 
auront  lieu  devant  le  lieutenant  et  les  maîtres  jurés.  Quant 
aux  deux  médecins  désignés  par  la  Faculté,  ils  n'y  assiste- 
ront qu'un  seul  jour  sans  toucher  aucun  salaire  (2). 
Après  de  longues  discussions,  une  entente  intervient 
entre  les  parties,  le  4  septembre  1624.  Les  médecins 
assisteront  aux  deux  premières  épreuves  ainsi  qu'au  chef- 
d'œuvre,  avec  voix  délibérative. 

L'ordonnance  de  1692,  ayant  créé  un  médecin  juré 
royal  à  Poitiers,  c'est  à  lui  seul  que  revient  la  charge  de 
siéger  aux  examens  de  chirurgie  (3).  Cette  charge  que 
les  membres  de  la  Faculté  exerçaient  chacun  à  leur  tour 
pendant  une  année,  leur  coûta  la  modeste  somme  de 
2.000  livres. 

Les  rapports  entre  médecins  et  chirurgiens  ne  s'amé- 
liorent point  quand  bien  même  un  seul  de  ces  premiers 
reste  en  présence  des  autres.  Le  23  janvier  1693,  le  lieu- 
tenant Faulcon  se  plaint  d'avoir  été  insulté  par  le  Dr  Mau- 
duyt  lors  de  l'examen  de  Mei  vache  (4).  Ayant  été  appe- 
lé ivrogne,  il  dut  lui  répondre  que  c'était  lui-même  qui  se 
trouvait  pris  de  vin.  Du  reste,  après  avoir  proféré  quelques 
paroles  injurieuses,   il  ne  tarda  point  à  s'endormir. 

|1)  Arch.  Vienne,  D.  11. 

(2)  Arch.  Vienne,  D.  10.   Le  règlement    de  la  Faculté,  de    1617,  veut 
que  deux  docteurs  assistent  à  toutes  les  épreuves. 

(3)  Arch.  Vienne,  reg.  7,  S. 
4)  Arch.  Vienne,    D.  12. 


110  LA  COMMUNAUTE 

L'ordonnance  de  1692  finit  cependant  par  être  régu- 
lièrement observée.  Les  docteurs  assistent  à  tous  les 
examens  de  maîtrise  et  touchent  pour  chacun  d'eux  la 
somme  de  2  livres.  Les  statuts  de  Versailles  ne  main- 
tiennent leur  présence  qu'à  six  d'entre  eux.  Mais,  au  lieu 
de  2  livres,  ils  ont  droit  à  4  livres.  Ils  sont  tenus,  selon 
leur  déclaration  de  1729,  de  voir  si  l'on  observe  bien  les 
règlements,  «  si  les  interrogations  sont  convenables,  car, 
autrement,  ils  imposeraient  silence  aux  interrogations 
si  les  questions  étaient  hors  de  chirurgie,  comme  de  mé- 
decine et  de  pharmacie  »  (1).  A  la  fin  de  chaque  séance, 
ils  recueillent  les  votes  et  prononcent  le  résultat  obtenu 
à  la  majorité.  L'acte  de  réception  est  inscrit  sur  un  registre, 
en  ayant  soin  d'y  mettre  qu'il  s'est  passé  en  présence 
de  M.  X..,  conseiller  du  roi,  docteur  régent  de  la  Faculté, 
qui  a  signé  le  premier. 

Les  statuts  de  1730  permettent  aux  médecins  d'assister 
à  la  tentative,  puis,  au  premier  et  aux  deux  derniers 
examens,  avec  droit  à  une  rémunération  de  3  livres  pour 
chacun  d'eux.  Aucun  délégué  de  la  Faculté  de  médecine 
n'ayant  été  convoqué  aux  épreuves  passées  par  Dumont, 
elle  s'empresse  de  protester,  le  24  juillet  1732,  contre  un 
pareil  oubli.  Le  4  août  suivant,  ses  membres  font  som- 
mation aux  chirurgiens  d'avoir  à  les  prévenir,  comme  le 
veut  l'ordonnance  de  1692  (2).  Déplus,  ils  s'entendent 
avec  leurs  confrères  de  Paris,  qui  prennent  hautement 
partie  contre  les  chirurgiens.  Toutefois,  ces  derniers,  sou- 
tenus par  La  Peyronie  et  Pichault  de  la  Martinière,  pre- 


(l)Arch.  Vienne,  reg.  8,  S. 

(2)  Id.  Le  2  août  1732.  Ph.  Maudiryt  était  allé  chez  le  lieutenant  Jean 
Thoreau  déposer  un  acte  de  protestation.  (Min.  J.  Décressac,  notaire) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  111 

miers  chirurgiens  du  roi,  obtiennent  gain  de  cause,  obli- 
geant ainsi  les  docteurs  à  s'en  tenir  aux  statuts  de  1730 
et  à  perdre  de  la  sorte  20  livres  par  examen. 

D'après  une  entente  passée  le  4  septembre  1624,  le 
lieutenant  assiste  à  la  tentative  en  compagnie  des  trois 
jurés  et  de  trois  maîtres  dont  les  noms  sont  tirés  au  sort. 
Il  en  est  de  même  pour  les  deux  épreuves  qui  suivent. 
En  ce  qui  concerne  les  opérations  et  l'anatomie,  la  com- 
munauté entière  a  le  droit  d'y  être  présente.  Cependant, 
à  partir  de  1711,  tous  les  maîtres  peuvent  interroger  les 
candidats  à  la  seconde  épreuve  ainsi  qu'aux  suivantes. 

Les  statuts  de  1723  et  1730  exigent  que  la  tentative 
ait  lieu  devant  le  lieutenant,  le  prévôt  et  le  doyen.  La 
première  et  la  dernière  épreuve  de  l'examen  des  trois 
semaines,  se  passent  en  présence  de  tous  les  chirurgiens, 
mais  quatre  d'entre  eux  ont  seuls  le  droit  d'interroger 
avec  les  membres  du  bureau.  Pour  l'ostéologie,  le  lieu- 
tenant tire  au  sort  les  noms  des  deux  maîtres,  qui,  avec 
lui  et  le  prévôt,  font  les  interrogations.  Il  en  est  de  même 
en  ce  qui  concerne  les  fraclures,  l'anatomie,  les  saignées 
et  la  matière  médicale.  Au  dernier,  le  lieutenant  est 
assisté  du  prévôt,  et  de  six  confrères  choisis  parmi 
les  plus  anciens  qui,  après  les  épreuves  terminées, 
admettent  ou  refusent  définitivement  le  candidat. 

Les  examens  de  chirurgie  se  divisent,  comme  il  est  de 
règle  dans  les  professions  médicales,  en  deux  parties, 
l'une  purement  théorique  et  l'autre  purement  pratique. 

Etienne  Thevet  déclare,  en  1603,  qu'à  Poitiers  les 
épreuves  subies  par  les  chirurgiens  sont  fort  rigoureuses. 
Elles  comportent  la  connaissance  du  corps  humain,  «  la 
division  des  parties,  leur  situation,  connexion,  forme, 


112  LA  COMMUNAUTE 

action,  usage  et  tempéramments,  et  des  maladies,  la  na- 
ture et  essence  d'icelles,  les  signes  et  la  curation  par  les 
médicaments  et  opérations.  Sur  les  médicaments,  on 
demande  la  qualité,  la  quantité,  l'occasion  d'en  user  et 
la  manière,  et  sur  les  opérations,  quelles  elles  sont,  ce 
qu'il  faut  considérer  avant  de  procéder  à  icelles  en  l'acte 
d'opération,  et  après,  ensuite,  aux  particularités  requises, 
sans  aller  chercher  des  circonstances  par  argumens  con- 
traires, comme  on  fait  es  autres  sciences  »  (1).  Le  can- 
didat ne  doit  point  hésiter  dans  ses  réponses.  «  L'examen 
n'a  pas  lieu  par  écrit,  ajoute-t-il,  car,  autrement,  on  pour- 
rait faire  recevoir  un  cordonnier  qui  apprendroit  par 
cœur  les  règles  tirées  d'un  bon  auleùr  ». 

En  1595,  lors  de  l'examen  de  Pierre  Demayré,  on  lui 
donne,  comme  épreuve  pratique,  l'incision  d'un  chien  dans 
plusieurs  endroits  à  la  gorge,  puis  «des  saignées,  flcboto- 
mics,  ligatures  et  autres  opérations  sur  deux  hommes  ou 
subjets  amenés  dans  la  salle  »  (2).  Pour  l'oral,  on  l'in- 
terroge «  sur  les  coustures  des  plaies  et  sur  toutes  les  dif- 
férences d'icelles  ».  Aussitôt  la  réponse  faite,  il  lui  est 
prescrit  de  couper  les  nerfs  récurrents  et  d'exécuter  une 
suture  simple,  «  selon  la  forme  des  pelletiers  ». 

Le  candidat  est  ensuite  tenu  de  répondre  aux  interroga- 
tions sur  les  fractures  simples,  sur  les  moyens  de  les  re- 
mettre, puis,  sur  les  dislocations  et  fractures  compliquées 
avec  plaies.  On  lui  pose  aussi  des  questions  concernant 
les  plaies,  leur  définition,  leurs  causes,  leurs  différentes 
espèces,  «  avec  leurs  pronostics  et  leur  curation  »  ;  les 


(1)  Etienne  Thevet,   les  Erreurs  qui  se  commettent  du    faict  de  la  che- 
rurgie,  p.  110. 

(2)  Arch.  Vienne,  D.   11. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  113 

abcès  ou  aposthèmes,  leurs  causes  et  curalions  ;  les  tu- 
meurs, bosses,  tant  pestilentes  que  vénériennes,  leur  na- 
ture et  différences,  avec  leurs  remèdes  spéciaux  ;  le  prurit, 
les  pustules,  les  aspérités,  les  galles,  le  psora,  la  lèpre  des 
Grecs  et,  de  plus,  le  traitement  de  toutes  ces  affections. 
Enfin,  on  le  questionne  sur  la  sixième  partie  de  la  chi- 
rurgie du  Guidon  de  Chauliac  (1).  Pour  terminer,  il  lui 
est  demandé  les  diverses  fractures  du  crâne. 

L'examen  anatomique,  ou  chef-d'œuvre,  se  passe  d'a- 
bord chez  les  maîtres.  Ainsi,  Abraham  Pellejay  est  tenu 
d'aller,  le  1er  mars  1585,  chez  Pierre  André,  qui,  étant 
malade,  charge  son  fils  de  le  «  réputer  ou  présenter  en 
présence  des  maîtres  »  (2).  En  1692,  à  l'examen  des  ban- 
dages, au  lieu  de  payer  un  homme  pour  servir  de  man- 
nequin, le  lieutenant  invite  l'un  de  ces  derniers  à  en  faire 
fonction  à  titre  gratuit  (3).  Cela,  tout  simplement,  dans 
un  but  économique. 

Certain  chef-d'œuvre  qui  cesse  d'être  exécuté  au  cours 
du  xvne  siècle,  est  celui  des  lancettes.  Un  des  maîtres 
désigné  comme  «  garde-marques  »  doit  apposer  un  poin- 
çon sur  chacun  de  ces  instruments.  Ainsi,  le  20  janvier 
1602,  Ferrand,qui  remplit  cette  fonction,  les  orne  d'une 
fleur  de  lis  (4).  Il  les  remet  ensuite  au  candidat  Jehan 
Normandeau,  qui  est  tenu,  selon  l'usage,  de  les  fabriquer 
dans  la  boutique  du  premier  juré. 

Le  règlement  de   1711  établit,  après  la  tentative,   «  un 


(1)  Guy  de  Chauliac,  Guidon  de  la  pratique    de    la  chirurgie    /  our  les 
barbiers  et  chirurgiens,  1363- 

(2)  Arch.  Vienne,  D.  11. 

(3)  Arch.  Vienne,  D.  13. 

(4)Min.  Chauvet,  notaire.  Le  3  janvier  1583,  un  maître  est  élu  «  garde- 
marque  »,  en  présence  de  toute  la  communauté.  (Arch.  Vienne,  D.  11.) 

8 


114  LA  COMMUNAUTE 

acte  de  grand  et  premier  examen  qui  comporte  quatre 
séancestenues  pendant  deux  jours,  soir  et  matin  ».  Les 
demandes  et  réponses  sont  consignées  par  le  greffier, 
sur  un  registre  spécial.  Vient  ensuite  «  l'acte  anato- 
mique  »,  qui  dure  quatre  jours  de  suite  au  jardin  royal 
de  médecine.  Il  est  suivi  delà  grande  épreuve  que  l'on  doit 
subir  pendant  deux  jours,  soir  et  matin.  Dans  une  der- 
nière réunion»  le  lieutenant  proclame  le  résultat  des 
examens.  C'est  ainsi  qu'ils  ont  lieu  au  xvne  siècle.  Le 
règlement  suivi  à  celte  époque  ne  fait  que  maintenir  les 
anciennes  coutumes  observées  de  tout  temps. 

Les  statuts  de  1723  et  1730  déclarent  que  le  premier 
examen,  dit  des  trois  semaines,  se  passera  en  interroga- 
tions sur  les  principes  de  la  chirurgie,  «  sur  le  chapitre 
singulier  et  sur  le  général  des  tumeurs,  des  plaies  ainsi 
que  des  ulcères  ».  Chacun  des  7  examinateurs  question- 
nera pendant  une  demi-heure.  Le  second  comprendra, 
le  premier  jour,  «  le  général  de  l'ostéologie  sur  toute  la 
tête  ;  sur  la  poitrine,  l'épine  et  sur  les  extrémités  supé- 
rieures et  inférieures  ».  Le  second  jour,  «  les  fractures, 
dislocations  et  maladies  qui  en  surviennent,  sur  les  ban- 
dages et  appareils  ». 

Les  épreuves  d'anatomie  qui  suivent  ne  peuvent  avoir 
lieu  qu'entre  la  Toussaint  et  le  1er  avril.  Tout  d'abord, 
elles  concernent  «  l'anatomie  des  parties  principales,  en 
commençant  par  le  bas-ventre,  la  poitrine,  la  tête  et  en- 
suite les  extrémités  ».  Des  opérations  se  font  sur  un 
sujet  humain,  et,  à  son  défaut,  sur  «  des  parties  d'ani- 
maux convenables  ».  Le  second  jour  est  pris  par  des  opé- 
rations de  chirurgie  concernant  la  tête,  la  curation  des 
tumeurs  et  des  plaies,  l'amputation,  la  taille,  le  trépan, 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  115 

le  cancer,  l'empyème,  les  hernies,  les  ponctions,  les  fis- 
tules, les  ouvertures  des  abcès,  et,  enfin,  toutes  les  prin- 
cipales opérations. 

La  semaine  des  saignées  qui  vient  ensuite,  comporte, 
d'abord,  la  pratique  des  opérations  de  ce  genre,  la  ma- 
nière d'ouvrir  les  veines,  de  les  ligaturer  et  de  poser  des 
bandages.  Elle  comprend,  en  outre,  l'élude  des  ané- 
vrismes,  des  accidents  de  la  saignée  et  des  moyens  d'y 
remédier.  Le  second  jour,  terme  de  ce  genre  d'épreuves, 
est  consacré  aux  interrogations  sur  les  médicaments 
simples  et  composés,  les  émollients  adoucissants,  réso- 
lutifs ou  autres,  employés  dans  diverses  maladies  ;  enfin, 
sur  les  emplâtres,  cataplasmes,  fomentations  d'huiles, 
baumes  simples  ou  composés,  leurs  vertus  et  leurs  pro- 
priétés. 

Le  dernier  examen,  dit  de  rigueur,  auquel  assistent 
six  mailres  tirés  au  sort,  avec  le  lieutenant  et  les  prévôts, 
comporte  des  interrogations  générales  «  sur  les  faits  de 
la  pratique  chirurgicale  ». 

Après  la  fin  de  chaque  épreuve,  le  candidat  est  avisé 
de  la  décision  du  jury.  En  cas  de  refus,  on  le  renvoie 
à  trois  mois  pour  se  représenter. 

S'il  est  admis,  le  lieutenant  lui  fait  prêter  serment  et  le 
greffier  lui  remet  ses  lettres  de  maîtrise  qu'il  doit  signer 
avec  les  examinateurs. 

Dans  toutes  les  maîtrises  et  jurandes,  les  examens  en- 
traînent de  nombreuses  discussions  suivies  de  procès 
interminables.  Les  maîtres  cherchent,  parfois,  à  éliminer 
de  futurs  concurrents,  afin  de  conserver  pour  eux  et  pour 
les  enfants  qui  leur  succéderont,  la  plus  large  part  des 
bénéfices  qu'il  est  possible  de  retirer  de  leur  profession. 


116  LA  COMMUNAUTE 

Les  chirurgiens  ne  firent  point  exception  à  cette  règle. 
Aussi,  les  magistrats  durent-ils  intervenir  dans  maintes 
occasions  et,  parfois,  contrôler  eux-mêmes  les  examens. 

Le  19  juillet  1699,  Jehan  Belon  fait  sommation  à  The- 
vet  d'avoir  à  lui  donner  jour  pour  le  dernier  examen, 
attendu  que  son  chef-d'œuvre  est  terminé  (1).  Il  lui  ré- 
pond qu'il  ne  le  convoquera  qu'après  avis  du  procureur 
du  roi.  Le  2  août  1038,  c'est  le  procureur  qui  s'oppose  à 
la  réception  de  François  Péronneau  qui,  à  la  suite  d'une 
condamnation,  n'a  pas  fourni  «  d'une  sentence  absolu- 
tive  »  (2).  Le  22  novembre  1640,  Jehan  Constant,  avo- 
cat du  roi,  assiste  aux  examens  de  Pierre  Toyon  qui,  en 
vertu  d'un  arrêt,  doit  les  subir  avant  Jacquemart  (3). 
Le  2  juillet  1677,  ceux  de  Léonard  Lombrette  ayant  eu 
lieu  pendant  l'absence  du  procureur  du  roi,  et  cela,  mal- 
gré l'arrêt  du  6  juin  précédent,  le  lieutenant  général  y  fait 
opposition  (4) .  L'aspirant  qui  a  été  «  syllé  »  proteste 
à  son  tour,  mais  on  lui  enlève  des  mains  le  registre  de  la 
communauté  sans  qu'il  puisse  y  consigner  sa  protestation. 

Le  23  juillet  1755,  le  lieutenant  Charrier  se  dit  accusé 
par  Hilaire  Bourie  d'avoir  reçu  du  candidat  Jacques 
Cirotteau  une  somme  de  50  livres  afin  de  le  recevoir  à 
la  maîtrise.  Son  accusateur  prononce,  en  outre,  à  son 
égard,  des  paroles  tellement  injurieuses  «  que  sa  pudeur 
ne  lui  permet  pas  de  les  repéter  »  (5).  Pour  ce  motif, 
il  refuse  de  faire  partie    du  jury. 


(1)  Min.  Royer,  notaire. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Min.  Martin,  notaire.    Le  procès  se  termina  le  9  août  1641,   par  un 
arrêt  désignant  les  chirurgiens  examinateurs.  (Ici.) 

(4|  Min.  Chevalier,  notaire. 
(5)  Min.  Darbez,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  117 

Afin  d'obvier  à  des  refus,  parfois  peu  motivés,  l'article 
62  des  statuts  de  1730  autorise  le  candidat  conscient  de 
son  savoir,  à  s'en  faire  donner  acte  par  le  lieutenant.  Il 
peut  ensuite  se  pourvoir  devant  le  premier  chirurgien  du 
roi  et  obtenir  de  lui  l'autorisation  de  subir  l'examen  soit 
à  Paris  dans  la  salle  Saint-Côme,  soit  dans  une  ville  voi- 
sine, en  cas  d'éloignement.  S'il  est  jugé  capable,  les 
épreuves  subies  devant  les  maîtres  de  la  communauté  de 
Poitiers  sont  considérées  comme  nulles.  Des  faits  de  ce 
genre  se  rencontrent  dans  l'histoire  des  autres  maîtrises, 
mais  c'est  le  Parlement  qui,  toujours,  désigne  les  nou- 
veaux jurys. 

L'examen  terminé,  ceux  qui  l'ont  fait  passer,  après  avoir 
juré  de  dire  la  vérité,  déclarent  si  le  candidat  est  capable 
ou  non.  Dans  le  premier  cas,  le  procès-verbal  de  sa  ré- 
ception est  inscrit  sur  le  registre  de  la  maîtrise.  Il  est,  en 
conséquence,  autorisé  à  pratiquer  son  art  «  dans  la 
ville,  les  fauxbourgs  et  la  banlieue,  de  mettre  une 
enseigne  et  de  pandre  des  bassins.  Il  doit  pratiquer  lui- 
même  sa  profession  et  ne  point  l'abandonner  aux  soins 
de  sa  femme  ou  de  son  serviteur,  car,  seul,  il  a  le  droit 
de  percevoir  des  honoraires  »  (1).  Ni  lui  ni  sa  femme  ne 
peuvent  louer  leur  boutique.  Enfin,  il  participera  aux 
frais  qu'exigeront  les  procès  présents  et  à  venir  que  la 
communauté  soutiendra.  Etant  le  dernier  reçu,  il  devra 
convoquer  ses  confrères  aux  assemblées.  Après  avoir 
accepté  toutes  ces  conditions,  on  l'oblige  à  fournir  un 
acte  notarié  du  procès-verbal  de  sa  réception. 

Certaines  restrictions,  au  point  de  vue  de  l'exercice  de 

(1)  Arch.  Vienne,    D.  11.   Nombreuses  réceptions    entre   1575    et  1598 


118  LA  COMMUNAUTÉ 

son  art  sont,  à  l'occasion,  imposées  au  nouveau  maître. 
Elles  visent  surtout,  ceux  qui  sont  admis  par  ordre  du 
maire  et  des  échevins  pour  les  récompenser  d'avoir  servi 
à  l'hôpital  de  la  peste  ou  bien  à  l'Hôtel-Dieu.  Le  12  oc- 
tobre 1593,  l'acte  de  réception  de  Sylvain  Porcher  porte 
«  qu'il  practiquera  luy  seul,  en  aulcune  forme  et  manière 
quelconque  que  ce  soyt,  de  deux  ans  antiers  ».  Il  sera 
tenu  de  se  faire  accompagner  chez  ses  clients,  d'un  juré 
ou  du  lieutenant  (1).  Pendant  tout  ce  laps  de  temps, 
«  il  ne  pourra  pandre  ou  faire  pandre  enseignes  de  chi- 
rurgie et  enseigne  de  boistes  >j  . 

Le  17  avril  1628,  Martial  Parreau  est  admis  dans  les 
mêmes  conditions.  Il  ne  devra  placer  des  bassins  à 
sa  boutique,  qu'un  an  après  la  fin  de  la  peste  qu'il  est 
chargé  de  combattre  (2).  Ceux  qui  sont  reçus  de  la 
sorte,  jrestent  tenus  de  soigner  les  malades  de  l'Hôtel- 
Dieu  ou  de  l'hôpital  de  la  peste,  pendant  une  période  de 
temps  qui  va  depuis  deux  ans  jusqu'à  quinze. 

Nous  n'avons  pu  constater  qu'une  seule  tentative  faite, 
le  5  août  1684,  par  un  nommé  Adrien  Bion,  pour  exercer 
son  art  grâce  à  des  lettres  de  maîtrise  acquises  à  beaux 
deniers  comptants.  Cet  individules  présente  au  maire  de 
Poitiers  dans  le  but  de  les  faire  enregistrer.  Les  chirur- 
giens s'y  opposent  et  déclarent  qu'étant  valables  seule- 
ment pour  les  métiers  et  professions  mécaniques,  elles 
ne  sauraient  concerner  leur  profession,  et  cela,  en  vertu 


(1)  Min.  Martin,  notaire.  Le  3  novembre  1643,  un  individu  se  disant 
barbier  du  duc  d'Orléans,  veut  s'établir  à  Poitiers  sans  subir  d'examen. 
Après  avis  pris  des  chirurgiens,  le  maire  lui  permet  seulement  de  tenir 
des  bains  et  des  étuves  sans  exercer  la  chirurgie.  (Reg.  dél.  mun.,  n°  94, 
p.  30  et  83.) 

(2)  Johanne,  Min.  notaire. 


DETS  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  119 

des  déclarations  du  roi  et  arrêts  du  parlement  (1).  Ils 
obtiennent  facilement  gain  de  cause. 

Toute  personne  admise  à  faire  partie  d'une  commu- 
nauté doit,  en  entrant,  prêter  serment  d'en  observer 
les  statuts,  puis  verser  ensuite  une  certaine  somme 
à  la  caisse  commune.  L'article  33  des  statuts  de 
1711  maintient  l'ancien  usage  qui  était  de  donner  une 
paire  de  gants  au  médecin  et  à  chacun  des  maîtres  pré- 
sents à  l'examen  (2).  Après  cela,  de  leur  offrir  à  tous 
«  un  repas  honneste,  comme  s'est  toujours  pratiqué  après 
avoir  prêté  serment  fi.  Pour  la  dernière  fois,  les  statuts 
de  Versailles  maintiennent   le  don  des  gants  neufs. 

Jusqu'au  xvinc  siècle,  il  est  difficile  de  savoir  ce  qu'il  en 
coûtait  pour  être  reçu  à  la  maîtrise.  Le  17  janvier  1625, 
Jean  Cothereau  donne  en  mourant,  à  son  fils  François, 
la  somme  de  1  000  livres,  jugeant  qu'elle  suffira  à  payer 
sa  réception. 

Le  27  août  1638,  Jehan  Cochet  emprunte  à  son  futur 
confrère  Nicolas  Caron  celle  de  700  livres  (3).  Il  dé- 
clare vouloir  l'employer  à  se  faire  recevoir,  selon  «  qu'il 
a  estéarresté  et  accordé  par  lesmaistres  ». 

D'après  l'ordonnance  de  1692,  la  communauté  encaisse 
à  chaque  réception  la  somme  de  150  livres.  Les  statuts 
de  Versailles  la  réduisent  à  60  livres,  puis  ceux  de  1750 
la  font  remonter   à  100  livres.  Dans   ce  dernier  cas,  le 


(l)Reg.  dél.  mun.,  n°  129. 

(2)  En  1667,  Abraham  Cahays,  sieur  de  la  Vallée,  hôte  du  logis  où  pend 
pour  enseigne  V Oiseau  du  paradis,  réclame  au  chirurgien  Pilorget  une 
somme  de  12  livres  restant  à  payer  de  son  festin  de  jurande  de  réception 
en  l'art  et  maîtrise  de  chirurgie,  plus  24  sols  qu'il  devait  avant  cette 
réception.  (Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial.) 

(3)  Min.  Royer,  notaire.  Min.  Johanne,  notaire. 


120  LA  COMMUNAUTE 

nouveau  maître  ne  la  versera  que  si  ses  confrères 
ont  fait,  depuis  deux  ans,  une  anatomie  publique,  car» 
autrement,  il  ne  devra  rien. 

Les  sommes  remises  aux  examinateurs  sont  très  va- 
riables. En  1711,  chacun  d'eux  reçoit  2  livres,  tandis  que 
les  autres  maîtres  présents  n'ont  que  10  sols  par  per- 
sonne. 

Les  statuts  de  1723  accordent,  au  premier  examen, 
10  livres  au  lieutenant,  20  livres  au  second  et  6  livres 
au  dernier.  Les  prévôts  ont  chacun  4  livres  au  premier, 
(3  livres  au  second  et  4  livres  au  dernier.  Le  greffier  a 
droit  à  4  livres  au  premier,  5  livres  au  second  et  2  livres 
au  dernier.  Enfin,  les  maîtres  qui  interrogent  obtiennent 
2  livres  chacun  au  premier,  autant  au  second  et  3  livres 
au  dernier.  Quant  à  ceux  qui  n'interrogent  pas,  leur  pré- 
sence seule  vaut  1  livre  à  chacun  d'eux.  En  réalité,  le 
candidat  doit  verser,  pour  Poitiers,  une  somme  approxi- 
mative de  220  livres. 

Les  statuts  de  1730  augmentent  légèrement  les  droits 
de  présence  des  examinateurs,  ce  qui,  avec  les  100  livres 
exigées,  en  cas  d'anatomies  publiques,  peuvent  porter  les 
dépenses  du  candidat  à  300  livres  environ.  Acettesomme, 
viennent  s'ajouter  les  frais  occasionnés  par  l'achat  des 
gants  et  par  le  banquet  de  réception. 

Le  programme  des  examens  subis  par  les  candidats  à 
la  maîtrise  en  chirurgie  semble  avoir  été  assez  sérieux. 
Par  malheur,  son  application  souleva  bien  des  conflits 
et  bien  des  procès  (1).  Les  magistrats   durent  intervenir 


(1)  Le  14  janvier  1711,  les  médecins  de  Poitiers  portent  plainte  au 
présidial  contre  les  chirurgiens,  qui  reçoivent  des  maîtres  sans  appren- 
tissage ni  examen.  Il  est  ordonné  que  «  les  aspirants  à  la  maîtrise  seront 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  121 

en  maintes  occasions  afin  de  rétablir  le  bon  ordre  dans 
la  communauté.  Les  fils  ou  parents  de  chirurgiens  furent, 
selon  une  coutume  fortement  établie  dans  les  jurandes, 
particulièrement  favorisés  au  cours  de  leurs  examens. 
Aussi  les  examinateurs  ne  semblent-ils  point  avoir  tou- 
jours pratiqué  l'impartialité  indispensable  dans  de  telles 
circonstances. 


reçus  après  apprentissage,  subi  examens  et  fait  opérations  et  chef  d'œuvre 
anatomique,  à  peine  de  20  livres  d'amende  ».  (Arch.  Vienne,  Gref.  civil 
du  présidial.) 


CHAPITRE  VIII 


LES   EXAMENS  DES  AGREES  ET  DES  CHIRURGIENS  DE  CAMPAGNE. 


Création  des  agrées.  —  Leurs  examens.  —  Leur  incapacité.  —  Un  exa- 
men sommaire  pour  Poitiers.  —  Obligation  imposée,  en  1692,  aux 
chirurgiens  de  campagne  de  passer  des  examens.  —  Les  épreuves  à  subir 
et  les  droits  à  payer.  —  Ignorance  des  candidats.  —  Lettres  de  maî- 
trise. —  Chirurgiens  habitant  le  ressort  du  présidial  de  Poitiers.  — 
Procès  contre  ceux  qui  ne  sont  pas  reçus  dans  cette  ville.  — Poursuite 
intentée  en  Bas-Poitou,  à  Thouars  et  à  Parthena}'.  —  Statuts  de  1723 
abolissant  l'ordonnance  de  1692.  —  Procès  avec  les  chirurgiens  des 
environs  de  Poitiers. 


Les  statuts  de  1730  créent  une  nouvelle  catégorie  de 
chirurgiens  que  l'on  appelle  des  agréés.  Cette  création 
résulte,  en  somme,  de  l'extension  donnée  à  l'article  24 
du  règlement  de  1723.  Cet  article  autorise  les  compa- 
gnons, employés  chez  les  veuves,  à  exercer  après  avoir 
subi  «  une  légère  épreuve  »  et  payé  10  livres  au  lieute- 
nant, 3  livres  à  chaque  prévôt,  4  livres  au  greffier, 
1  livre  10  sols  à  chacun  des  maîtres  et  100  livres  à  la 
bourse  commune. 

L'article  58  des  statuts  de  1730  permet  à  tout  garçon 
qui  a  servi  six  ans  dans  les  hôpitaux  ou  chez  les  maîtres 
de  se  faire  agréger  aux  communautés.  Comme  examen, 
il  doit  seulement  répondre,  pendant  trois  heures,  à  des 
interrogations  faites  sur  toutes  les  parties  de  la  chirurgie. 


LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS         123 

Les  examinateurs  sont  le  lieutenant,  les  prévôts  et  le 
doyen.  Leurs  confrères  peuvent  assister  aux  épreuves. 
Ils  touchent  le  quart  des  droits  ordinaires  et  la  bourse 
commune,  seulement  la  moitié  si  le  candidat  appar- 
tient à  une  autre  jurande.  S'il  en  est  autrement,  il  verse 
100  livres. 

Les  agrégations  sont  passées  souvent  par  des  chirur- 
giens qui  exercent  déjà  dans  d'autres  villes  ou  à  la  cam- 
pagne. Elles  ne  semblent  point,  du  reste,  avoir  été  bien 
brillantes,  si  nous  en  croyons  les  lettres-patentes  du 
30  décembre  1750. 

Ces  lettres  déclarent  qu'il  s'est  glissé  des  abus  consi- 
dérables dans  l'exécution  des  statuts  de  1730,  et  cela,  par 
la  facilité  avec  laquelle  les  aspirants  trouvaient  à  se  faire 
recevoir  à  la  maîtrise  dans  certaines  communautés  peu 
nombreuses  de  petites  villes.  Gela,  sans  brevets  d'appren- 
tissage en  forme  régulière,  et  même  sans  examens  suffi- 
sants, sous  promesse  qu'ils  faisaient  de  ne  point  s'ins- 
taller dans  la  localité.  Munis  de  ce  diplôme,  ils  allaient 
se  faire  agréer  ailleurs.  Aussi,  leur  incapacité  et  leur 
conduite  peu  régulière  furent-elles  causes  que  le  public 
n'eut  point  confiance  en  eux.  En  résumé,  ils  débutaient 
par  une  petite  ville  pour  se  fixer,  ensuite,  dans  une  autre 
plus  importante. 

En  ce  qui  concerne  Poitiers,  les  agréés  n'y  furent  point 
nombreux.  A  partir  de  1774,  nous  n'en  trouvons  qu'un 
seul  (1).  C'est  un  nommé  Charreaudeau,  qui  habitait  la 
rue  Neuve,  en  1789. 

On  rencontre,    au  cours  du    xvne  siècle,    un  examen 

(1)  Almanach  de  Poitiers  (de  1789). 


124  LA  COMMUNAUTE 

sommaire  qui  a  lieu  clans  des  conditions  toutes  spéciales. 
Le  22  janvier  1029,  René  Dufresne  demande  au  Conseil 
municipal  l'autorisation  de  se  faire  recevoir  chirurgien 
en  passant  des  épreuves  de  ce  genre.  Il  promet,  à  cette 
condition,  de  donner  ses  soins  aux  malades  de  l'Hôtel- 
Dieu  atteints  d'hernies  ou  de  pierres.  Cette  requête  est 
accueillie  avec  bienveillance  par  les  échevins  qui  la  trou- 
vent «  fort  civile  et  se  déclarent  très  encleins  à  lui  faire 
gratification,  vu  ses  offres  charitables  et  fort  utiles  au 
public,  ce  dont  il  a  donné  des  preuves»  (1).  Les  chirur- 
giens, consultés  à  leur  tour,  se  disent  très  disposés  à  lui 
faire  passer  les  examens  dans  sa  propre  maison. 

Ceux  qui  veulent  exercer  la  chirurgie  à  la  campagne, 
sont,  en  principe,  tenus  de  subir  des  examens  devant  les 
maîtres  d'une  ville  voisine  (2).  L'article  6  des  statuts  de 
1427  dit  expressément  que  les  personnes  pratiquant 
dans  les  petites  localités,  bourgs,  châteaux  ou  villages,  se 
feront  recevoir  dans  la  ville  la  plus  proche.  Il  en  est  de 
même  du  règlement  de  1571  (3).  a  Ceux,  dit-il,  qui 
voudront  lever  leur  ouvrouer  »  iront  devant  le  lieutenant 
et  les  jurés  des  villes  les  plus  proches  se  faire  examiner, 
«  afïîn  que  les  passans  et  habitans  puissent  être  mieux 
et  plus  sûrement  servis  ». 

Au  xviie  siècle,  il  dut  y  avoir  quelques  examens  pour 
les  chirurgiens  de  campagne.  Un  acte  du  4  juillet  1671 
nous  dit  que,  pour  ces  sortes  d'examens,  le  lieutenant 
appellera   les   maîtres   jurés  et   que   les    interrogations 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  no  79,  p.  221,  230. 

(2)  Un  arrêt  du  Parlement  de  Paris,  du  18  décembre  1597,  prescrit  aux 
chirurgiens  établis  dans  la  vicomte,  de  venir  dans  cette  ville  s'y  faire 
examiner. 

(3)  Arch.  Vienne,  Reg.  8  S, 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  125 

seront  faites  par  lui  ainsi  que  par  le  plus  ancien  et  le  plus 
jeune  de  ses  confrères,  selon  l'ordre  du  tableau  (1).  Enfin 
le  5  juillet  1678,  nous  trouvons,  cité  dans  une  pièce  de 
procédure,  le  nom  d'Antoine  Rousselot,  qui  s'établit  à 
Mauléon,  après  avoir  été  reçu  à  Poitiers  (2). 

L'ordonnance  de  1692  ne  fait  que  remettre  en  vigueur 
les  prescriptions  du  passé.  C'est  ainsi  que  les  chirurgiens 
de  Poitiers  sont  amenés,  dans  leur  règlement  de  1711,  à 
indiquer  la  façon  dont  les  examens  de  ce  genre  devront 
avoir  lieu.  L'article  34  déclare  que  les  candidats  feront 
deux  actes  en. présence  du  médecin,  des  deux  jurés,  des 
deux  plus  anciens  et  des  deux  plus  jeunes  maîtres  dési- 
gnés à  tour  de  rôle.  En  cas  d'absence  de  l'un  de  ces  der- 
niers, il  perdra  son  tour  de  présence,  s'il  n'a  aucun  motif 
à  faire  valoir. 

L'aspirant  paiera  le  droit  ordinaire  de  150  livres,  plus 
2  livres  à  chacun  des  jurés  et  anciens  maîtres.  Les  plus 
jeunes,  ne  pourront  recevoir  qu'une  livre  10  sols.  Enfin, 
les  Jacobins  qui  louent  la  chambre  Saint-Gôme  percevront 
pour  cela  une  somme  de  1  livre  10  sols. 

LIne  fois  établis,  les  chirurgiens,  reçus  de  la  sorte,  souf- 
friront les  visites  des  jurés  de  Poitiers.  Elles  auront  lieu 
tous  les  ans,  et  pour  chacune  il  sera  perçu  2  livres.  Tout 
apprenti  placé  à  la  campagne  devra  être  inscrit  sur  les 
registres  de  la  communauté,  et  lui  veiser5  livres.  Enfin, 
pour  l'ouverture  d'une  boutique,  on  payera  2  livres. 

Les  statuts  de  1730  divisent  les  examens  de  ce  genre 
en  deux  catégories.  Les  uns  devront  être  passés  par  ceux 
qui  désireront  s'établir  dans  les  villes  dépendant  du  res- 

(1)  Min.  Rullier,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


126  LA  COMMUNAUTÉ 

sort  du  présidial,  et  les  autres,  par  les  candidats  qui  vou- 
dront exercer  dans  les  villages  ou  bourgs  dépendant  de 
cette  même  juridiction. 

Les  aspirants  qui  appartiennent  à  la  première  catégorie 
sont  tenus  d'avoir  deux  ans  d'apprentissage  et  trois  ans 
de  stage.  Ils  ont  à  subir  deux  épreuves  de  trois  heures 
de  durée  chacune,  devant  le  lieutenant,  les  prévôts,  le 
doyen  et  deux  maîtres  tirés  au  sort.  La  première  comporte 
l'anatomie,  l'ostéologie,  les  fractures  et  les  luxations.  La 
seconde  comprend  la  saignée,  les  apostèmes,  les  plaies, 
les  ulcères  et  les  médicaments.  Après  réception  et  serment 
prêté,  on  doit  payer,  en  fait  de  droits,  30  livres  au  lieu- 
tenant, 7  livres  10  sols  aux  prévôts,  au  doyen  et  aux 
maîtres,  20  livres  au  greffier,  6  livres  au  médecin,  ou 
20  livres  à  la  bourse  commune,  si  ce  dernier  est  absent. 

Ceux  qui  veulent  s'installer  dans  les  bourgs  et  villages 
ont  à  faire  deux  ans  d'apprentissage  et  autant  de  stage. 
Ils  ne  passent  qu'un  seul  examen  dune  durée  de  trois 
heures.  On  les  interroge  sur  les  principes  delà  chirurgie, 
les  saignées,  les  apostèmes,  les  plaies  et  sur  les  médica- 
ments. Les  examinateurs  comprennent  le  lieutenant,  les 
prévôts  et  deux  maîtres.  Le  nouveau  reçu  prête  serment, 
puis  verse  70  livres  au  lieutenant,  5  livres  à  chacun  des 
autres  membres  du  jury,  10  livres  au  greffier,  5  livres  au 
médecin  ou,    s'il  est  absent,  20  livres  à  la  communauté. 

Le  15  août  1725,  la  Faculté  de  médecine  de  Poitiers 
déclare  que  jusqu'en  1723  elle  put  déléguer  un  de  ses 
membres  pour  assister  aux  examens  des  chirurgiens  de 
campagne  comme  à  ceux  de  leurs  confrères  de  la  ville  (1). 

(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  8  S. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  127 

L'année  suivante,  elle  ajoute  qu'il  serait  urgent  de 
prendre  des  mesures  pour  obliger  les  candidats  à  donner 
la  preuve  qu'ils  ont  fait  deux  ans  d'apprentissage  et 
demeuré  autant  chez  des  maîtres  de  chef-d'œuvre  ou  dans 
les  hôpitaux.  Enfin,  les  examens  devraient  comprendre 
quatre  actes  :l'anatomie,  les  saignées,  les  opérations  et  les 
pansements  (1) .  Le  16  février  1729.,  le  doyen  Mauduyt 
écrit  au  chancelier  de  France  que  les  candidats  qui  se 
présentent  n'ont  appris  qu'à  faire  la  barbe  (2).  Le  20 
du  même  mois,  une  autre  lettre  adressée  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Paris  lui  fait  savoir  que  les  chirurgiens 
jurés  ont  délivré  frauduleusement  des  lettres  de  maîtrise 
pour  la  campagne,  sans  qu'aucun  des  médecins  n'ait  été 
appelé  aux  examens  (3).  Gomme  la  communauté  des 
chirurgiens  a  fait  disparaître  ses  registres,  ils  ne  peuvent 
apporter  la  preuve  de  ce  qu'ils  avancent. 

En  1760,  dans  un  mémoire  que  les  docteurs  régents 
adressent  au  comte  de  Saint-Florentin,  ils  conviennent 
qu'ils  sont  présents  à  l'unique  examen  des  chirurgiens 
des  petites  villes  ou  des  campagnes  du  ressort  du  lieu- 
tenant de  Poitiers  (4).  Ils  perçoivent  6  livres  pour  les 
premiers  et  5  livres  pour  les  autres. 

Les  lettres  de  maîtrise  délivrées  par  le  lieutenant  énu- 
nièrent  les  certificats  présentés  par  le  candidat  avec  les 
matières  de  l'examen  et  sa  date  Celle  qui  est  donnée  à 
Simon  Champion,  le  11  juillet  1787,  nous  fait  savoir  qu'il 
est  âgé  de  26  ans,  bon  catholique  et  que  son  apprentissage 


(l)Arch.  Vienne,  Reg.  8  S. 

(2)Id.,  Reg.  9  S. 

(3;  Id.,  Reg.  8  S. 

(4)  Arch.  Vienne,  D.  13. 


128  LA  COMMUNAUTE 

avec  son  stage  ont  duré  huit  ans.  Présenté  par  Le  Chas- 
seux  pour  s'établir  dans  «  le  districq  »  du  lieutenant  des 
chirurgiens  de  Poitiers,  il  a  été  examiné  sur  les  saignées, 
les  «  aposthèmes  »,  les  plaies  et  médicaments,  en  pré- 
sence du  médecin  Méreau.  Il  devra  exercer  dans  les 
bourgs  et  villages  dépendant  du  ressort  de  Poitiers, 
notamment  à  Dissais,  et  ne  pourra  se  déplacer  sans  la 
permission  du  lieutenant.  Dans  les  «  opérations  déci- 
sives, il  sera  tenu  d'appeller  un  maître  de  la  communauté 
qui  lui  donnera  des  conseils,  et  cela,  à  peine  de  nullité  de 
ses  lettres  de  maîtrise.  »  Le  diplôme,  signé  du  lieutenant 
et  du  greffier,  est  timbré  d'un  cachet  rouge  aux  armes  de 
la  communauté. 

Le  lieutenant  en  Poitou  du  premier  chirurgien  du  roi 
possède,  en  principe,  le  droit  de  délivrer  des  lettres  de 
maîtrise  à  tous  les  chirurgiens  qui  veulent  s'établir  dans 
les  villes  et  villages  du  ressort  de  la  sénéchaussée  et  pré- 
sidial  de  Poitiers.  En  fait,  il  n'en  est  point  question  jusque 
vers  la  fin  du  xvne  siècle.  Ceux  qui  exercent  dans  les 
faubourgs  de  la  ville  ne  subissent  aucun  examen  (1). 
Ce  n'est  seulement  qu'à  partir  de  l'arrêt  du  grand 
conseil  du  3  novembre  1682,  qu'ils  doivent  s'y  sou- 
mettre. 

Le  titre  de  chirurgien  ne  semble  pas  avoir  été  très 
recherché  dans  les  campagnes,  jusqu'au  xviiic  siècle.  On 
lui  préfère  généralement  celui  d'apothicaire,  car  ceux  qui 


(1  )  Arch.  Vienne,  D.  12.  Cet  arrêt  avait  été  donné  en  premier  lieu  en 
faveur  des  chirurgiens  de  la  ville  de  Chartres.  Le  nommé  Yerdalle,  pour- 
suivi à  la  demande  des  médecins,  ne  doit  prescrire  que  des  poudres, 
pilules,  «  bolus,  ptisanes  ».  Toutefois,  on  peut  lui  tolérer,  dans  ces 
conditions,  l'exercice  de  la  chirurgie. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  129 

le  possèdent  exercent  à  la  fois  les  deux  professions  (1). 
Toutefois,  après  l'ordonnance  de  1692,  comme  il  devient 
impossible  de  faire  de  la  chirurgie  sans  diplôme,  il  en 
résulte  que  nombre  de  ces  praticiens  prennent  le  double 
titre  de  chirurgien  et  d'apothicaire.  Ce  dernier  est  com- 
plètement abandonné  vers  la  seconde  moitié  du 
xvme  siècle,  même  par  ceux  qui  exercent  cette  double 
profession. 

Jean  Faulcon,  qui  se  qualifie  de  lieutenant  du  premier 
chirurgien  du  roi  en  Poitou,  est  le  premier  à  essayer 
d'étendre  ses  prérogatives  sur  les  chirurgiens  des  séné- 
chaussées dépendant  du  présidial.  Dans  un  acte  passé, 
le  10  avril  1684,  entre  lui  et  Jacques  Rivois,  lieutenant 
à  Civray,  il  est  convenu  qu'il  touchera  la  moitié  des 
droits  que  ce  dernier  percevra  dans  l'étendue  de  sa  juri- 
diction (2).  Cette  juridiction  comprenait  un  certain 
nombre  de  localités  voisines  de  Civray  comme  Brion, 
Usson,  Chàteau-Garnier,  Limalonges  et  autres  plus 
éloignées,  ainsi  que  Périgné,  Aulnay,  Melle,  etc. 

Il  est  certain  qu'en  1688,  des  compagnons,  désireux  de 
s'établir  aux  environs  de  Poitiers,  viennent  dans  cette 
ville  se  faire  examiner.  Le  18  juin  de  cette  même  année, 
plusieurs  chirurgiens  se  plaignent  de  ce  que  l'on  choisisse 
toujours  les  mêmes  parmi  les  membres  de  la  commu- 
nauté pour  interroger  les  candidats  (3).  Ils  veulent  aussi 
que  les  droits  perçus  soient  versés  à  la  bourse  commune 
et  appliqués  au  paiement  de  leurs  dettes. 


(1)  P.  Rambaud,  «  la  Pharmacie    en    Poitou   jusqu'à    l'an    XI»,  p.  56 
{Mém.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  XXX,  2e  série). 

(2)  Min-  Chevalier,  notaire. 

(3)  Min.  Dubois,  notaire. 

9 


130  LA  COMMUNAUTE 

Après  l'ordonnance  de  1692,  les  jurés  royaux  enten- 
dent exercer  les  droits  qu'elle  leur  confère  sur  les  chirur- 
giens de  la  campagne.  Le  8  février  1695,  François  Sa- 
moyeau,  juré  à  Thouars,  fait  condamner  par  le  présidial 
le  nommé  Barlel,  qui  exerce  à  Argenton-Chûteau  (1).  Il 
l'oblige  à  passer  ses  examens  devant  lui,  sa  communauté 
ayant  acheté  la  charge  de  juré  royal  le  8  décembre  1693, 
moyennant  la  somme  de  400  livres  à  laquelle  s'était 
ajoutée  celle  de  40  livres  pour  les  2  sols  par  livre  exigés 
en  plus. 

Les  chirurgien  s  de  Thouarsayant  reçu  François  Logeais, 
établi  à  la  Forèt-sur-Sèvre,  sont  à  leur  tour  poursuivis 
par  ceux  de  Poitiers.  Après  avoir  perdu  leur  procès  au 
présidial,  ils  en  appellent  au  Parlement  de  Paris.  Dans 
la  crainte  d'avoir  à  supporter  de  gros  frais,  ils  consentent, 
le  5  juin  1697,  à  transiger  avec  leurs  confrères  (2).  Ils 
pourront  continuera  recevoir  des  candidats  à  la  maîtrise, 
mais  ces  derniers  seront  tenus,  à  la  première  réquisition, 
daller  prêter  serment  devant  les  jurés  royaux  de  Poi- 
tiers. Le  tout,  sans  frais,  dans  le  but  seulement  d'y  prendre 
d'autres  lettres  de  maîtrise.  C'est  ainsi  que  le  chirurgien 
Cavoleau  obtint  les  siennes. 

Les  jurés  royaux  cherchent  en  même  temps  à  imposer 
leur  juridiction  dans  le  bas  Poitou.  Le  24  août  1696, 
Roman  Hulin,  établi  à  Tifïauges,  reçoit  une  assignation 


(1)  Min.  G.  Decressac,  notaire.  Les  frais  du  procès  se  montant  à  152 
livres  17  sols  restent  à  la  charge  des  chirurgiens  de  Thouars.  Le  l(l'  sep- 
tembre 1704,  ces  derniers  l'ont  condamner  devant  le  présidial  les  nommés 
Dupré,  Pierre  Bonnet,  Augustin  Chevreau,  qui  exercent  à  Bressuire,  les 
obligeant  à  passer  des  examens  devant  eux.  (Arch.  Vienne,  Gref,  civil  du 
présidial.) 

(2)  Arch.  Vienne}  Gref.  civil  du  présidial. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  131 

d'avoir,  en  vertu  de  l'ordonnance  de  1692,  à  cesser  l'exer- 
cice de  la  chirurgie  et  de  la  barberie,  avec  défense  de  tenir 
boutique  ouverte,  à  peine  de  50  livres  d'amende,  tant 
qu'il  n'aura  pas  été  reçu  à  Poitiers  (1).  Des  poursuites 
ont  lieu,  le  23  août  1698,  à  l'encontre  de  Gilles  Deniault 
de  Saint-Christophe  de  Ligneron.  îl  en  est  de  même,  le 
28  février  1698,  pour  Lambert,  de  Bois-de-Céné,  et,  le 
15  mars  suivant,  pour  Bernard  de  Brandois,  demeurant  à 
la  Garnache.  Dans  certains  cas,  les  chirurgiens  déjà  reçus 
devant  une  communauté  l'appellent  en  garantie  quand 
ils  sont  poursuivis  par  une  autre  (2).  Le  20  juillet  1702; 
Jean  Courtin,  chirurgien  à  Sigournais,  assigne  delà  sorte, 
devant  le  présidial,  le  nommé  Paul  Besly,  juré  royal  à 
Fontenay-le-Comte,  devant  lequel  il  a  passé  ses  exa- 
mens. 

Les  jurés  royaux  de  Poitiers  prétendent  avoir  droit  de 
juridiction  et  d'inspection  sur  tous  les  aspirants  et  les 
maîtres  en  chirurgie  dépendant  de  la  maréchaussée  ou 
présidial  de  cette  ville,  avec  le  droit  de  les  interroger  les 
premiers  et  de  leur  donner  des  lettres  de  maîtrise.  C'est 
pourquoi  ils  demandent  qu'il  soit  ordonné  à  Courtin  de 
se  présenter  devant  eux  afin  de  les  obtenir,  et  que,  de 
plus,  on  le  condamne  à  l'amende,  sauf  son  recours  contre 
les  chirurgiens  de  Fontenay  dont  il  prétend  les  avoir 
reçus.  Enfin,  que  ces  derniers  aient  à  verser  103  livres 
d'amende,  Sigournais  n'étant  point  du  ressort  de  leur 
sénéchaussée.  En  dernier  lieu,  qu'ils  aient  à  s'abstenir 
désormais  de  délivrer  de  semblables  lettres. 

L'arrêt  intervenu  donne  raison    aux  chirurgiens    de 

(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial, 
{2)Id.,  ib. 


132  LA  COMMUNAUTE 

Poitiers  qui  obligent  ceux  de  Fontenay  à  restituer  à 
Courtois  l'argent  qu'ils  ont  perçu  pour  sa  réception. 

Un  procès  du  même  genre  ayant  eu  lieu,  en  février 
1702,  contre  Jean  Delaveau  et  Jean  Delacroix,  chirurgiens 
à  Lusignan,  J.  Boucault,  juré  royal  en  exercice,  pensa 
qu'il  serait  préférable  d'avoir  recours  à  la  persuasion  pour 
amener  les  chirurgiens  de  la  campagne  à  subir  les  exa- 
mens devant  les  maîtres  de  la  communauté  de  Poi- 
tiers (1).  Pour  cela,  ilse  décida,  le  27  mars  1704,  à  partir 
à  cheval,  avec  plusieurs  de  ses  confrères,  dans  le  but  de 
les  faire  passer  à  tous  ceux  qui  exerçaient  la  chirurgie 
sans  être  munis  d'un  diplôme. 

Il  ne  semble  point  que,  dans  cette  tournée,  lui  et  ses 
confrères  aient  été  accueillis  avec  enthousiasme  par  les 
candidats  qu'ils  allaient  recruter  de  la  sorte.  La  première 
question  et,  croyons-nous,  la  plus  difficile  à  régler,  fut 
celle  des  frais  d'examen.  On  les  marchanda  plus  ou 
moins  longuement  avant  d'arriver  à  s'entendre  à  l'a- 
miable (2).  Une  partie  seulement  de  l'argent  promis 
devait  être  versée  au  comptant  et,  pour  le  reste,  on 
donnait  un  billet  payable  plus  tard.  En  résumé,  les 
parties  s'accordèrent  entre  30  et  40  livres.  Il  y  eut  loin 
entre  ces  sommes  et  celle  de  150  livres,  au  moins,  exigée 
par  l'ordonnance  de  1692. 

L'examen  est  singulièrement  simplifié  et  n'apparaît 
que  comme  une  simple  formalité  à  remplir.  Voici,  du 
reste,  parmi  plusieurs  certificats  du  même  genre,  celui 
que  Boucault  délivre,  le  4  juin  1704,  à  Pierre  Dubeda  : 

«  Nous,  J.  Boucault,  maître  chirurgien  royal  de  la  ville 

(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(2)  Min.  Le  Cartier,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  133 

de  Poitiers  et  ressort  d'icelle,  étant  à  faire  notre  tournée 
en  Bas-Poitou,  s'est  comparu  Pierre  Dubeda,  aspirant  à 
la  maitrisede  chirurgien  de  campagne,  lequel  nous  auroit 
présenté  sa  requeste  aux  fins  de  parvenir,  à  lad.  maî- 
trise de  chirurgien  pour  la  campagne  et  l'aurions  en  con- 
séquence interrogé  sur  différentes  maladies  du  corps 
humain  et  faict  devant  nous  par  supposition  la  trépana- 
tion et  l'ouverture  des  rainilles.  Lequel,  auroit  bien 
répondu  et  opéré,  l'ayant  trouvé  et  jugé  capable,  nous 
l'aurons  reçu  et  admis  à  lad.  maîtrise  de  chirurgien  pour 
la  campagne,  pour  exercer  led.  art  maîtrise  de  chirurgie 
dans  toute  l'estendue  de  nostre  ressort,  à  l'exeption  de 
notre  ville  et  banlieu  et  a,  led.  Dubeda  soussigné,  prêté 
le  serment  entre  nos  mains  et  évangilles,  touchées.  Faict 
au  bourg  de  Puydeserre  les  jours  et  an  susdits.  » 

Dans  cette  même  localité  et  le  même  jour,  Louis 
Vexiau,  après  avoir  été  interrogé  sur  diverses  maladies, 
«  fait  l'opération  de  la  saignée  du  pied,  par  supposition 
et  celle  du  trépan  ».  Larsonnier,  demeurant  àMouchamps, 
est  aussi  vaguement  interrogé  «  sur  les  opérations  de  chi- 
rurgie et  maladies  du  corps  humain  ».  Ainsi,  sont  reçus 
en  mai  et  juin  :  Michel  Chariot  à  Aubigny,  Louis  For- 
tuné à  la  Flocellière,  Charles  Tabarit  à  Réaumur,  Jean 
Ayrault  à  Mouilleron,  David  et  Clément  Proust  à  Sainte- 
Hermine,  Villemeau  à  Palluau,  etc.  Bref,  le  voyage  en- 
trepris par  Boucault  qui  coûta  1.865  livres,  laissa  un 
bénéfice  de  689  livres  15  sols  à  la  communauté. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1715,  la  série  des  pour- 
suites recommence.  Sont  condamnés,  en  mars  et  juin  de 
cette  même  année  :  Delaunay,  Nobiron,  Jean  Villiers  et 
Carré  demeurant  à  Palluau  ;  puis,  François  Bouquier  de 


134  LA  COMMUNAUTE 

Saint-Fulgent,  tous  du  bas  Poitou.  La  dernière  procé- 
dure à  laquelle  se  livrent  les  jurés  royaux  de  Poitiers  a 
lieu  contre  ceux  de  Parthenay.  Le  28  août  172.3,  Pierre 
Fouchier,  établi  à  Verruie,  fait  appel  d'une  sentence  du 
8  février  précédent,  qui  émane  du  bailli  de  Parthe- 
nay.  Il  avait  été  condamné,  pour  avoir  refusé  de  passer 
ses  examens  dans  cette  ville  qui,  alors,  ne  possédait 
point  de  jurés  royaux  (1).  L'arrêt  du  présidial  cassa  le 
jugement  et  déclara  que  désormais  les  candidats  de  Par- 
tbenay  devront  prendre  des  lettres  de  maîtrise  à  Poitiers 
s'ils  en  ont  été  jugés  capables.  Faute  de  ce  faire,  il  leur 
interdit  l'exercice  de  la  chirurgie,  sous  peine  de  50  livres 
d'amende. 

L'édit  de  1723,  qui  rétablit  le  lieutenant  du  premier 
chirurgien  du  roi,  supprime  complètement  les  prescrip- 
tions de  l'ordonnance  de  1692.  Il  amène  ainsi  le  réta- 
blissement de  l'ancien  régime.  De  nouvelles  maîtrises  se 
constituent  dans  le  voisinage  de  Poitiers,  dont  une  à 
Lusignan  qui  est  à  sa  porte. 

Malgré  ce  changement,  les  chirurgiens  veulent  encore 
continuer,  comme  par  le  passé,  à  recevoir  pour  le  res- 
sort d'un  autre  tribunal.  Le  14  juillet  1735,  René  Cha- 
chereau,  lieutenant  à  Thouars,  les  poursuit  à  la  suite  de 
l'examen  subi  devant  eux  par  un  candidat  qui  devait  s'éta- 
blir dans  cette  ville  (2).  L'arrêt  qu'il  obtient  leur  fait  dé- 
fense d'admettre  qui  que  ce  soit  pour  toute  l'étendue  du 
bailliage.  Afin  de  s'assurer  que  cet  arrêt  était  bien  respecté, 
le  même  Ghachereau  fait  sommation,  le  17  mai  1738,  à  ses 
confrères  de  Poitiers,  d'avoir  à  lui  montrer  le  registre  de 

(1)  Min.  Dupont,  notaire. 

(2)  Areh,  Vienne,  E.  3. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  135 

leurs  délibérations.  Après  avoir  attendu  une  réponse, 
de  (S  heures  du  matin  à  midi,  il  dut  se  retirer  sans  l'avoir 
obtenue. 

Une  communauté  voisine  de  Poitiers,  celle  de  Par- 
thenay,  étant  sur  le  point  de  disparaître,  son  lieutenant, 
Jean  Rousseau,  fait  condamner,  le  8  juin  1736,  Charles 
Bourdeau,  qui  a  subi  ses  examens  dans  la  première  de 
ces  villes  (1).  Après  sa  suppression,  les  chirurgiens  de 
Poitiers  consentent,  le  3  septembre  de  la  même  année,  à 
maintenir  à  l'ancien  lieutenant  la  jouissance  de  ses 
droits  (2).  Ils  attendront  sa  mort  pour  obliger  les  can- 
didats de  cette  ville  à  se  présenter  devant  eux. 

Quelques  procès  ont  encore  lieu  contre  les  chirurgiens 
qui  exercent  aux  environs,  sans  posséder  de  diplôme.  Le 
20  février  1746,  Allain,  établi  à  la  Villedieu,  doit  payer 
500  livres  d'amende  aux  maîtres  de  Poitiers  (3).  Le 
19  juillet  1749,  Chardon,  demeurant  à  Archigny,  et  Rideau 
à  Angles,  sont  condamnés  à  la  même  peine. 

En  1760,  la  Faculté  de  médecine  déclare  que  l'on  ne 
reçoit  guère  plus  de  deux  ou  trois  chirurgiens  par  an 
pour  la  campagne  (4).  Cette  indication  nous  parait 
exacte.  En  effet,  si  l'on  parcourt  le  registre  des  recettes 
du  couvent  des  Jacobins,  de  1728  à  1790,  on  trouve  que 
ces  moines  ne  touchaient  guère  qu'une,  deux  ou  trois 
fois,  et  rarement  quatre,  la  somme  de  1  livre  10  sols  à 
laquelle  ils  avaient  droit  pour  la  location  de  leur  salle 
Saint-Côme  qui    servait  aux  examens  (4).  En  réalité,  la 


(1;  Affiches  du  Poitou,  2G  septemlre  1778. 

(2)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  Présidial. 

(3)  Arch.  Vienne,  D.  13. 

(4)  Arch.  Vienne,  Reg.  261. 


136         LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

communauté  des  chirurgiens  de  Poitiers  dut  se  contenter, 
après  les  disparitions  des  jurés  royaux,  de  ne  recevoir 
que  les  seuls  candidats  désireux  de  s'établir  dans  son 
voisinage. 


CHAPITRE  IX 


L  EXERCICE  DE  LA  CHIRURGIE  PAR    LES   MAITRES  CHIRURGIENS. 


Choix  d'une  maison.  —  Importance  du  logement  des  maîtres.  —  Les  en- 
seignes. —  Instruments  de  barberie.  — Matériel  de  chirurgie.  —  Médi- 
caments. —  Réglementation  de  l'exercice  de  la  profession.  —  Visites 
faites  par  le  lieutenant.  —  Les  qualités  d'un  bon  praticien.  —  Malades 
soignés  au  domicile  des  maîtres.  —  Exercice  illégal  de  la  médecine.  — 
Droit  de  publicité.  —  Soins  payés  par  abonnement.  —  Art  dentaire. 
—  Opérations  chirurgicales.  —  Maladies  secrètes.  -  Exercice  illégal  de 
la  pharmacie.  —  Publicité  des  remèdes.  —  Embaumements.  —  Lutte 
contre  les  perruquiers.  —  Paiement  des  honoraires.  —  Guérisons  à  for- 
fait. —  Chirurgiens  des  monastères. 


Après  sa  réception  aux  examens,  le  chirurgien  doit 
être  de  bonne  vie  et  mœurs  pour  posséder  le  droit 
d'exercer  sa  profession.  De  plus,  jusqu'au  xvn°  siècle, 
aucun  «  mezel  ou  mezelle  »,  c'est-à-dire  lépreux  et 
lépreuse,  ne  peut  pratiquer  cet  art,  dans  la  crainte  de 
contaminer  le  public. 

Les  actes  de  réception  spécifient  que  les  nouveaux 
maîtres  ont  le  droit  d'ouvrir  boutique  et  d'y  pandre  des 
bassins  comme  enseigne.  Ces  boutiques  sont  assez  dis- 
persées à  l'intérieur  de  Poitiers.  Le  plus  grand  nombre  se 
trouve  au  centre  de  la  ville.  Certaines  se  rencontrent 
vers  Saint-Hilaire  ou  Montierneuf.  Quant  aux  deux  ou 
trois  qui  existent  dans  les  faubourgs,    elles  sont  tenues 


138  LA  COMMUNAUTE 

par  des  chirurgiens  ne  faisant  point  partie  de  la  com- 
munauté et  ne  portant  point   le  titre   de  maître. 

Les  maisons  occupées  par  les  chirurgiens  qui  ne  logent 
pas  de  pensionnaires  sont,  en  général,  peu  importantes. 
Elles  comportent,  ordinairement,  deux  chambres  aurez- 
de-chaussée  et  deux  autres  au-dessus.  Le  tout,  moyen- 
nant un  loyer  qui  varie  entre  50  livres  et  80  livres  par 
an  (1).  Quelques-uns  de  ces  logis  portent  des  enseignes 
connues  depuis  plus  ou  moins  longtemps.  En  1523,  Gilles 
Amaury  occupe  le  logis  de  Saint-François,  paroisse  Saint- 
Didier  (2).  En  1543,  Etienne  Couldret  habite  celui  de 
la  Grosse  armée,  paroisse  Saint-Michel.  Le  21  no- 
vembre 1654,  Jacques  Chabot,  sieur  de  la  Fontaine,  est 
logé  au  Phénix,  paroisse  Saint-Etienne. 

Les  véritables  enseignes  des  chirurgiens  se  composent 
surtout  de  bassins  plus  ou  moins  ornés.  La  devanture  de 
la  boutique  deMesnage  «  est  vitrée  de  bois  dorez,  et  deux 
bassins  servant  à  la  chirurgie  pandent  aux  deux  cos- 
tés  »  (3).  Le  28  juin  1659,  la  maison  de  Nicolas  Poirier, 
en  face  des  Jacobins,  porte  comme  enseigne  :  Au  bassin 
cCor  ;  ici,  on  fait  le  poil.  Pierre  Porcher  pend  seulement 
des  bassins  et  des  poelettes,  ainsi  que  Bourie,  qui  habite 


(1)  Le  11  septembre  1587,  Michel  Sauvaget  loue  la  grande  maison  des 
Santerre,  sise  grand'rue  Saint-Etienne,  moyennant  54  livres  par  année. 
—  Le  7  juin  1679,  Jean  Toj'on  se  loge  au  carrefour  Saint  Savin  pour 
50  livres  par  an.  (Min.  Gaultier,  notaire). —  Le  29  juin  1679,  Jean  Bourie, 
dont  la  maison  comporte  une  boutique  à  deux  ouvertures,  une  chambre 
au-dessus  et  un  cabinet  à  côté,  plus  quelques  petites  servitudes,  paye  un 
lover  de  45  livres  (id  )■ 

(2)  Arch.  Vienne,  G.  1.111.  —  C.  1.273.  —  Le  4  octobre  1634,  Pierre 
Thévenet  achète  une  maison  qui  porte  l'enseigne  de  Notre-Dame  (Min. 
Ro3rer).  En  1630,  Hugues  Thomas  a  pour  enseigne  saint  Louis,  rue  Regrat- 
terie  (Reg.  par  Saint-Didier). 

(3)  Min.  Maxias,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  139 

près  du  Ponl-Joubert.  Les  instruments  qu'emploie 
ce  dernier  sont  en  cuivre  jaune  (1).  En  1663,  Josué  Tro- 
tin  a  pour  enseigne  :  les  Balances  d'or,  sur  la  maison 
qu'il  occupe  près  de  la  grande  boucherie  (2). 

Le  mobilier  qui  garnit  chaque  boutique  de  chirurgien 
est,  en  général,  de  maigre  importance.  Un  seul  meuble, 
appelé  buffet  ou  fenêtre,  y  figure  habituellement  avec 
un  comptoir  ou  une  table  en  ayant  plus  ou  moins  la  forme. 
Ces  deux  sortes  de  meubles  ne  représentent  qu'une 
faible  valeur.  Le  7  mars  1585,  Michel  Sauvaget  com- 
mande au  maître  menuisier  Michel  Gaignon  un  buffet  de 
bois  de  noyer  «  avec  deux  ormoires  enrichies  de  nices 
(niches)  et,  par  le  milieu,  un  comptoir  de  deux  tirettes 
faites  carrées,  en  noyer  blanc  et  en  pièces  rapportées, 
les  pilliers  ronds  et,  par  le  dessus,  des  jaspures  de  boys 
blanc  et  noir,  etc.  »  (3).  Le  prix  de  ce  travail  est  de 
8  livres. 

En  fait  de  sièges,  indispensables  aux  clients  qui 
attendent,  les  chirurgiens  possèdent  surtout  des  bancs 
plus  ou  moins  vieux.  Cependant,  certains  ont  des 
chaises  dont  le  nombre  varie  de  deux  à  quatre,  ou  bien 
encore,  autant  de  mauvais  fauteuils.  Le  1er  juin  1(370,  le 
lieutenant  Isaac  Jolly  est  meublé  avec  trois  de  ces  der- 
niers, garnis  de  broderies  (4).  C'est  un  luxe  peu  commun 
à  cette  époque,  chez  les  maîtres. 

Les  chirurgiens-barbiers  sont  tenus  de  posséder    plus 


(1)  Min.  Cailler,  notaire.  —  Le  4  septembre  1684,  Charles  Rourcereau 
possède  aussi  trois  poelettes  de  cuivre  jaune  valant  52  sols(Arch.  Vienne, 
Gref.  du  présidial). 

(2)  Min.  Cailler,  notaire. 

(3)  Min.  Herbaudeau,  notaire. 

(4)  Min.  Perronnet,  notaire. 


140  LA  COMMUNAUTE 

ou  moins  de  linge  de  boutique,  comme  on  l'appelle.  Il 
est  partout  en  petite  quantité,  comprenant  des  serviettes 
et  des  essuie-mains  fabriqués  avec  de  la  grosse  toile.  Les 
maîtres  qui  possèdent,  ainsi  que  Joli)7,  douze  serviettes 
et  vingt-quatre  essuie-mains  sont  plutôt  rares. 

Un  meuble  indispensable,  pour  les  barbiers,  est  le 
miroir.  Le  27  février  1582,  Nicolas-Vincent  Pineau  en  a 
un  grand  de  cristal,  estimé30  sols(l).  Le  12  juillet  1091, 
celui  dlsaac  Mesnard  est  petit  et  orné  seulement  d'un 
cadre  en  bois  de  no}rer  (2).  Ces  objets  figurent  rarement 
dans  les  inventaires  faits  après  le  décès  des  maîtres, 
ce  qui   en   indique  leur  peu   de  valeur. 

En  fait  d'instruments  servant  plus  spécialement  à  faire 
la  barbe,  nous  trouvons,  en  première  ligne,  les  rasoirs, 
dont  le  nombre  va  depuis  deux  ou  trois  jusqu'à  douze.  Sou- 
vent, on  les  rencontre  placés  dans  une  trousse  spéciale  avec 
les  ciseaux.  Le  4  septembre  1606,  l'inventaire  de  Laurent 
Marneau,  demeurant  au  faubourg  de  Pont-Joubert,  nous 
montre  qu'il  possédait  trois  étuis  de  chirurgie  garnis  de 
peintures,  contenant  rasoirs  et  lancettes  (3).  Le  6  avril 
1684,  celui  de  René  Pastrault  nous  fait  connaître  la  pré- 
sence chez  lui  de  dix  rasoirs,  deux  paires  de  ciseauxetde 
deux  paires  de  fers  à  retrousser  le  poil  (4).  Ces  derniers 
instruments  deviennent,  semble-t-il,  indispensables  dans 
la  seconde  moitié  du  xvne  siècle. 

L'exercice  de  l'art  du  perruquier  comporte  encore  un 
outillage  plus  important.  Le    18    février    1618,  Martin 

(1)  Min.  Guyonneau,  notaire.  En  1724,  Etienne  Caron  en  a  deux.  L'un 
est  à  cadre  de  noyer  et  l'autre  sculpté  (Min.  Duchasteigner,  notaire.) 

(2)  Min.  Berthonneau,  notaire. 

(3)  Min.  Chesneau,  notaire. 

(4)  Min.  Marrot,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  141 

Delongueil  possède  un  étui  de  barbier  «  avec  ses  ferre- 
ments, sçavoir  :  peignes,  rasoirs,  ciseaux  et  miroir  valant 
100  sols»  (1).  Le  10  janvier  1678,  Pierre  Pineau  laisse  à 
sa  mort  :  4  peignes  de  buis  et  de  corne,  avec  un  paquet 
de  cheveux  à  faire  perruques  (2).  Enfin,  le  12  juillet 
1691,  Isaac  Mesnage  abandonne  à  son  tour  deux 
trousses,  dont  l'une  avec  des  rasoirs  et  l'autre  avec  de 
grands  ciseaux,  deux  fers  «  à  repasser  la  barbe  »,  un 
davier  pour  extraire  les  dents  et  un  fera  friser  (3). 

D'autres  objets  figurent  en  plus  dans  les  inventaires 
des  chirurgiens.  Chez  Jehan  Thevenet  on  trouve,  le 
15  novembre  1631,  une  presse  à  mettre  «  couvre- 
chefs  »  (4).  Chez  Pineau,  le  27  février  1582,  «  un  rascle 
langue  en  argent  »,  conservé  dans  un  étui.  Enfin,  le  22  mai 
1702,  David  Mesnard  se  sert  d'un  tamis  pour  passer  la 
poudre  et  d'un  autre  pour  la  farine  (5).  Ces  instruments 
sont,  la  plupart,  employés  dans  le  métier  de  perruquier. 

L'exercice  de  la  chirurgie  exige,  de  son  côté,  un  outil- 
lage spécial  que  les  maîtres  ne  possèdent  point  toujours 
d'une  façon  complète.  On  rencontre  généralement,  chez 
chacun  d'eux,  depuis  une  jusqu'à  cinq  canules  en  argent, 


(1)  Min.  Guyonneau,  notaire. 

(2)  Min.  Royer,  notaire. 

(?)  Min.  Berthonneau,  notaire.  Le  26  niai  1653,  le  peintre  Malmanche 
est  en  possession  d'un  «  estui  de  chirurgien  garny  de  deux  peignes  d'yvoir, 
d'un  razoard  et  de  deux  paires  de  cizeaux,  le  tout  valant  50  sols  ».  (Min. 
Royer,  notaire.) 

(4)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(5)  Min.  Marrot,  notaire.  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial.  Nom- 
breux sont  les  inventaires  de  chirurgiens  dans  lesquels  on  trouve  ces  ins- 
truments :  —  Delongueil  (Martin),  18  février  1618  (Min.  Guyonneau, 
notaire)  ;  —  Dardin  (Ch.),  le  6  novembre  1625  (Gref.  civil  du  présidial);  — 
Thevenet  (Jehan),  le  15  novembre  1631  (Min  Marrot,  notaire).  --  Bellon 
(Jehan),  le  16  avril  1653  (Min.  Gaultier,  notaire).  —  Toyon  (Jacques), 
le  17  janvier  1721  (Min.  Rousseau,  notaire),  etc. 


142  LA  COMMUNAUTE 

un  couteau  courbe,  un  bec  de  corbin,  et  cinq  à  dix  lan- 
cettes dans  leurs  «  lancettiers  »  (1).  Ces  trousses  sont 
parfois  fort  belles,  comme  celles  que  l'on  donnait  aux 
lauréats  de  concours  de  chirurgie  dont  nous  avons  parlé. 

On  rencontre  encore  des  étuis  renfermant  des  bislouris, 
des  sondes  au  nombre  de  trois  jusqu'à  huit,  toutes  en 
argent,  et  de  dimensions  diverses,  des  scies  et  des  trépans 
munis  de  nombreuses  pièces  de  rechange,  allant  de  huit  à 
trente-deux.  Vient  ensuite  la  seringue  d'argent  ou  de 
cuivre.  Le  tout  est  complété  par  plusieurs  bassins 
d'airain,  de  cuivre  ou  d'étain  avec  un  sac  pour  les  porter, 
de  six  à  douze  poellettesfabriquées  avec  les  mêmes  métaux 
et  de  deux  à  cinq  coqnemards.  Chaque  maître  ne  pos- 
sède que  rarement  un  outillage  aussi  complet  :  la  plupart 
d'entre  eux  n'ont  guère  que  des  lancettes  et  des  sondes. 

Le  mobilier  de  pharmacie  qui  se  trouve  chez  les  chi- 
rurgiens n'est  guère  important.  On  y  rencontre  des  petites 
balances  avec  leurs  poids,  des  mortiers  de  fer,  de  marbre, 
de  potain  ou  de  cuivre,  et  des  chapelles  ou  alambics  pour 
distiller  les  eaux.  De  plus,  un  certain  nombre  de  pots 
de  terre  ou  de  faïence  contenant  diverses  préparations 
comme  confection  d'hyacinthe  et  d'hamec,  onguent  divin 
ou  mercuriel.  Enfin,  de  la  salsepareille,  du  vitriol  de 
Chypre  et  de  la  crème  de  tartre. 

Ces  remèdes  ne  se  rencontrent  que  chez  un  petit  nom- 
bre de  maîtres,  lors  de  leur  décès.  Comme  ils  sont,  en 
général,  trop  vieux  et  en  trop  mauvais  état,  il  n'en  est 
guère  tenu  compte  dans  les  inventaires. 


(1)  Dans  l'inventaire  d'un  marchand  de  Poitiers,  fait  le  28  août  1679, 
ou  trouve  quinze  trousses  de  chirurgien  valant  chacune  6  livres.  (Min. 
Roycr,  notaire.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  113 

Les  statuts  des  communautés  ne  comportent  qu'un 
petit  nombre  de  prescriptions  pouvant  intéresser  l'exer- 
cice de  la  chirurgie.  Les  plus  anciennes  défendent  aux 
maîtres  d'aller  raser  auxétuves,  établissements  jadis  fort 
mal  famés.  Il  en  est  ainsi  pour  certaines  maisons  du 
même  genre.  On  ne  leur  permet  seulementd'exercer  que 
dans  «  des  lieux honnestes  »,  sous  peine  d'exclusion  delà 
jurande  et  de  confiscation  de  leurs  instruments. 

Défense  leur  est  faite  de  jeter  à  la  rue  avant  l'heure  de 
midi,  le  sang  qui  provient  des  saignées.  Si,  le  tantôt,  il 
est  nécessaire  de  l'envoyer  au  ruisseau,  il  ne  faut  le 
faire  que  deux  heures  après  son  émission,  sous  peine  de 
5  sols  d'amende.  Défense  de  travailler,  le  dimanche  et  les 
jours  de  grandes  fêtes,  sans  la  permission  du  lieutenant, 
sous  peine  d'encourir  la  même  amende  (1).  Toutes  les 
fêtes  qui  rendent  obligatoire  la  fermeture  des  boutiques, 
deviennent  graduellement  de  plus  en  plus  nombreuses 
au  fur  et  à  mesure  qu'apparaissent  de  nouveaux  règle- 
ments. Les  derniers  d'entre  eux  ajoutent  aux  précé- 
dentes celles  des  Apôtres  du  Saint-Sacrement  et  de 
l'Epiphanie. 

Nul  ne  peut  aller  en  consultation  avec  un  chirurgien 
ne  faisant  point  partie  de  sa  communauté,  sans  encourir 
pour  cela  non  seulement  une  amende,  mais  encore, 
suivant  les  circonstances,  l'interdiction  d'exercer  pendant 
un  certain  temps. 

D'après  les  statuts  de  1571,  les  maîtres   doivent  subir 


(1)  En  1704,  deux  chirurgiens  de  Niort  sont  condamnés,  l'un  à  5  sols 
et  l'autre  à  10  sols  d'amende,  pour  avoir  travaillé  le  dimanche  pendant  la 
messe  et  avoir  été  au  cabaret.  Leurs  boutiques  devaient  être  fermées  à 
9  heures  du  matin.  (Arch.  Deux- Sèvres,  B.  15,  18,  19.) 


144  LA  COMMUNAUTE 

les  visites  que  leur  font,  tous  les  ans,  les  jurés.  En  1711, 
les  jurés  royaux  ont  encore,  en  plus,  le  droit  d'inspecter 
les  chirurgiens  des  faubourgs  et  les  garçons  des  veuves, 
deux  fois  chaque  année,  et  une  fois  seulement  leurs  con- 
frères de  la  campagne.  Tous  sont  astreints  à  leur  verser 
2  livres,  sous  peine  de  10  livres  d'amende. 

Le  règlement  de  1730  ordonne  au  lieutenant  d'aller, 
en  compagnie  de  son  greffier,  chez  les  maîtres  privilégiés 
et  chez  les  veuves,  afin  de  s'assurer  s'il  ne  se  commet  pas 
d'abus  en  ce  qui  concerne  les  apprentis,  et  si  les  instru- 
ments de  la  profession  se  trouvent  en  bon  état.  Le 
premier  reçoit  2  livres  par  visite  et  le  second  1  livre 
seulement.  L'inspection  ne  s'arrête  pas  aux  seuls  instru- 
ments. Elle  comprend,  en  outre,  l'examen  des  médi- 
caments simples  et  composés.  Enfin,  l'inspecteur  est 
invité  à  recevoir  les  plaintes  du  public,  s'il  vient  à  s'en 
produire.  Les  droits  à  percevoir  sont  encore  de  2  livres. 

Etienne  Thevet,  maître  en  chirurgie  à  Poitiers,  énu- 
mère  en  1603  toutes  les  qualités  que  doit  posséder  celui 
qui  désire  exercer  son  art.  Il  lui  faut  a  connaître  l'ana- 
tomie,  être  ingénieux,  doux,  affable  aux  patiens,  discret, 
sobre,  pitoyable,  modeste  en  ses  gestes  et  paroles  »  (1). 
Il  ne  saurait  ressembler  aux  barbiers,  gens  ignorants, 
abjects  et  méprisables.  Il  conseille  à  ses  confrères  de 
n'être  ni  timorés  ni  hardis,  «  car,  dit-il,  la  témérité  sans 
jugement  est  encore  plus  condamnable  que  la  hardiesse 
et  que  la  témérité  ». 

La  plupart  des  maîtres,  outre  les  petites  opérations 
qu'ils  pratiquent  chez  eux,  comme  la  saignée  ou  l'extrac- 

(1)  Etienne  Thevet,  les  Erreurs  et  abus  ordinaires  commis  du  fait  de  la 
chirurgie,  Poitiers,  1623. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  145 

tion  des  dents,  prennent  encore  des  pensionnaires.  Tou- 
tefois, ils  ne  peuvent,  comme  le  défend  le  règlement 
de  1427,  héberger  des  personnes  «  mal  famées  et  de 
mauvaise  vie  ».  Ceux  qui  sont  pris  en  faute  perdent 
le  droit  d'exercer,  tandis  que  «  leurs  rasoyrs  chaires, 
bassins,  cizeaux,  couvre-chiefs  et  aultres  outilz  »  sont 
confisqués. 

Habituellement,  les  maîtres  conservent  plus  ou  moins 
longtemps  chez  eux  les  blessés  qui  se  confient  à  leurs 
soins.  Dans  le  bail  de  la  maison  que  Jacques  Chabot  doit 
occuper,  le  29  décembre  1653,  son  propriétaire  a  soin  de 
prendre  quelques  précautions  à  cet  égard  (1).  11  est 
stipulé  dans  l'acte  que  le  locataire  <(  ne  pourra  traitler 
ny  tenir  dans  icelle  aulcuns  affligés  de  variole  ». 

Pendant  le  siège  de  Poitiers  de  1569,  la  plupart  des 
gentishommes  blessés  sont  transportés  chez  les  chirurgiens. 
Le  8  août  de  cette  même  année,  Enguilherme,  noble 
Italien,  meurt  chez  Jehan  Collas (2).  Le  21  janvier  1616, 
un  autre  gentilhomme,  dont  le  nom  est  resté  inconnu, 
succombe  dans  la  maison  de  Moine  (3).  En  1621,  un 
écolier  est  pansé  et  soigné  chez  Chicard  ,4).  Ce  dernier 
cas  se  présente  dans  maintes  occasions,  tant  que  dure 
l'ancienne  université  de  Poitiers,  principalement  au 
xvie  siècle. 

En  cas  d'urgence,  la  municipalité  autorise  des    chirur- 


(1)  Min.  Royer,  notaire. 

(2)  Liberge,  le  Siège  de  Poicliers  (Julian  Thoreau,  Poitiers,  1621). 

(3)  Reg   paroisse  Saint-Paul. 

(4)  Bibl.  Poitiers,  Cart.  40-  Le  8  février  1662,  René  Pillet,  gentilhomme 
du  bas  Poitou,  meurt  chez  le  chirurgien  Péronnet.  (Reg.  Saint-Porchaire.) 
Le  4  septembre  1721,  Pierre  Herpin  réclame  500  livres  à  François 
Gervais  qu'il  a  chez  lui  comme  pensionnaire.  (Arch.  Vienne,  E.  1615  ) 

10 


146  LA  COMMUNAUTE 

giens  étrangers. à  tenir  boutique  ouverte  (1).  Le  12  dé- 
cembre 1591,  Julien  Fouré  ayant  été,  en  qualité  de  catho- 
lique, chassé  de  son  pays,  obtient  la  permission  de  rester 
à  Poitiers  avec  sa  famille,  à  condition  de  soigner  les  gen- 
tilshommes blessés. 

Les  chirurgiens  reçoivent  également  chez  eux  des 
femmes  sur  le  point  d'être  mères.  Le  18  août  1784,  Pierre 
Rolland  présente  au  baptême  une  petite  fille  née  de  la 
sorte  dans  sa  maison  (2).  Il  ajoute,  après  lui  avoir  donné 
le  nom  de  Sophie,  que  la  mère  «  est  actuellement  rési- 
dente chez  lui  et  en  ignore  le  nom  et  le  pays  ». 

Au  xviiie  siècle,  certains  maîtres,  comme  Guillaume 
Maurat,  ainsi  que  les  Maury  père  et  fils,  se  spécialisent 
dans  l'exercice  des  accouchements.  Ilssont  tenus,  comme 
les  sages-femmes,  de  se  conformer  aux  règlements  de 
l'Eglise,  quand  l'enfant  se  trouve  en  danger  de  mort.  Le 
3  avril  1619,  un  nouveau-né  est  baptisé  à  la  suite  d'une 
opération  césarienne  (3).  Un  second  l'est  par  Herpin,  le 
20  septembre  1678,  et  un  troisième,  le  4  janvier  1743, 
par  Caillé  (4).  Le  19  décembre  1751,  le  registre  baptismal 
de  Saint-Michel  mentionne  que  Louis  Fleury  a  reçu  le 
baptême  des  mains  du  chirurgien,  «  dans  le  doute  s'il 
vivoit,  n'estant  pas  parfaitement  né  ». 


(1)  Reg.  dél.  mira.,  n°  51,  p.   41.  . 

(2)  Reg.  par.  Saint-Paul.  —  Texier,  chirurgien  à  Saint-Maixent,  prend, 
en  1704,  la  somme  de  3  livres  pour  un  accouchement  laborieux.  (Mercure 
Poitevin,  août  1899  )  —  Augustin  Arnault  s'intitulait  chirurgien  accou- 
cheur à  Jazeneuil.  (Reg.  par.  Jazeneuil  )  —  Etienne  Thevet  iloc.  cil.)  parle 
d'une  opération  césarienne  faite  par  Delafosse  à  Crest,  en  Dauphiné. 

(3)  Reg.  par.  Saint-Hilaire-entre-Eglises. 

(4)  Reg.  par.  Saint-Paul.  Les  actes  baptismaux  portant  mention  que  des 
enfants  ont  été  baptisés  «  sous  la  chaise  »  ne  sont  pas  très  rares,  surtout 
dans  les  paroisses  des  faubourgs. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  147 

En  principe,  le  chirurgien  ne  doit  exercer  son  art  que 
sur  ordonnance  d'un  médecin.  Afin  d'arriver  à  com- 
prendre ces  ordonnances  écrites  en  latin,  quatre  des 
maîtres  demanden  taux  docteurs  de  bien  vouloir  y  mettre 
en  français  tout  ce  qui  concernera  les  régimes  et  la  chi- 
rurgie proprement  dite,  tout  en  conservant  l'autre  langue 
pour  les  apothicaires  (1).  Comme  un  ou  deux  chirurgiens 
accompagnent,  presque  toujours  les  médecins,  au  lit  des 
malades,  il  leur  est  facile  d'obtenir  les  explications 
qu'ils  désirent. 

Ceux  d'entre  eux  qui  suivent  de  la  sorte  les  médecins, 
s'instruisent  fatalement  peu  à  peu  dans  l'exercice  de 
leur  art  et  finissent  naturellement  par  le  pratiquer  pour 
leur  propre  compte  (2).  En  juillet  1598,  les  docteurs  ré- 
gents déclarent  avoir  obtenu,  le  12  mars  précédent,  une 
sentence  du  présidial  leur  défendant  u  d'exercer  et  d'or- 
donner médecines  laxatives,  saignées,  apozèmes,  breu- 
vages de  plusieurs  façons  et  autres  remèdes  qui  ne  peu' 
vent  être  prescrits  que  par  les  médecins  instruits  dans 
les  trois  arts,  et  cela  sous  peine  de  50  écus  d'amende, 
dont  un  tiers  au  délateur  et  les  deux  tiers  à  1  Hôtel- 
Dieu  » . 

En  août  1723,  la  Faculté  de  médecine  se  plaint  amère- 
ment des  chirurgiens  qui  éloignent  ses  membres  du  lit 
des  malades  et  ne  leur  rendent  pas  les  déférences  aux- 
quelles ils  ont  droit.  De  plus,  «  ils  font  ce  qu'ils  peuvent 
pour  que  les  malades  ne  les  appellent  pas,  remplaçant 
par  d'autres  leurs  ordonnances.  On  dit  qu'elles  n'ont 
point  été  exécutées  parce  que  le  chirurgien  ne  trouvait 

(l)Et.  Thevet,  loc.  cit.,  p.  126. 
(2)  Arch.  Vienne,  D.  3. 


148  LA  COMMUNAUTE 

pas  le  malade  en  état,  et  c'est  pour  cette  raison  qu'il  en 
était  donné  une  autre  »  (1).  Une  telle  situation  nous 
parait  avoir  existé  ailleurs  qu'à  Poitiers,  pendant  tout 
le  cours  du  xviii6  siècle. 

Les  maîtres  jouissent  du  droit  de  faire  de  la  réclame, 
ce  qui  est  interdit  aux  médecins.  Le  règlement  de 
1723  leur  permet  de  répandre  dans  le  public  des  im- 
primés, à  condition  d'en  avoir  obtenu  l'autorisation 
du  lieutenant  de  police,  du  premier  médecin  et  du  pre- 
mier chirurgien  du  roi.  Celte  autorisation  doit  être 
indiquée,  sous  peine  de  50  livres  d'amende.  C'est 
ainsi  que  les  Affiches  du  Poitou,  du  8  septembre  1774, 
nous  font  savoir  que  «  François  Rolland,  maître  en  l'art 
de  chirurgie  près  de  l'Arceau,  au-dessous  de  l'abbaye  de 
Saint-Hilaire-de-la-Celle,  offre  ses  services  aux  malades, 
surtout  à  ceux  de  la  campagne  ».  Sa  maison,  voisine  de 
la  porte  de  Saint-Cyprien,  lui  donne  l'espoir  d'attirer 
cette  clientèle. 

Les  chirurgiens  faisaient  souvent  les  barbes  par  abon- 
nement. Le  8  août  1688,  Mathieu  Hervé  réclame  14  livres 
5  sols  pour  «  façon  de  barbes  et  saignées  (2).  »  Le  5  jan- 
vier 1696,  le  chanoine  Pélisson  doit  à  Gabriel-Bonaven- 
ture  Chambellan  la  somme  de  7  livres  (3).  Cette  somme 
représente  «  une  année  de  façon  de  barbe,  marché  fait 
ensemble  pour  une  année  ». 

Les  saignées  qui  se  pratiquent  chez  les  maîtres  sont 
comptées,  en  1651,  à  la  femme  de  François  Pestre,  sieur 
de  Pouzac,  à  raison  de  16  sols  chacune,  au  bras,  et  de 

(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  8  S. 

(2)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(3)  ld.,  ib. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  149 

30  sols  au  pied  (1;.  Pour  la  nourrice  de  sa  petite-fille,  il 
est  pris  14  sols  seulement.  En  1697,  le  chanoine  Pélis- 
son  ne  les  paye  que  8  sols,  sans  doute  en  qualité  d'a- 
bonné. Au  xvme  siècle,  entre  1744  et  1746,  on  les  compte 
habituellement  à  raison  de  10  sols.  Quant  aux  visites,  les 
prix  en  sont  généralement  plus  élevés  (2).  Pierre  Car- 
taud,  maître  tapissier,  les  paye,  le  11  février  1670,  la 
somme  de  30  sols  chacune,  à  Perronneau. 

Les  chirurgiens  arrachent  ordinairement  les  dents. 
Le  3  janvier  1775,  la  femme  Barbot  donne  13  sols  à  La 
Badonnière  pour  une  qu'elle  s'est  fait  extraire  (3).  En 
1764,  l'abbé  de  Saint-Savin  doit  payer,  pour  la  même 
raison,  la  somme  de  10  sols. 

Une  note  de  Perronneau,  datée  du  14  avril  1689,  nous 
indique  les  opérations  qu'il  a  faites  chezBesideau  de  Vil- 
lefleur.  Il  a  saigné  sa  femme  et  sa  fille  au  bras,  pansé  un 
vésicatoire  pendant  quatre  jours,  après  l'avoir  levé; 
appliqué  un  séton  à  sa  fille  et  veillé  à  son  entretien  pen- 
dant un  mois,  mis  un  cautère  à  son  père,  pansé  sa 
fille  d'une  plaie  à  la  tête  et,  enfin,  fourni  les  médicaments 
jugés  nécessaires,  et  tout  cela  pour  la  somme  de  53 
livres  (4).  Nous  remarquerons  que,  sur  ce  mémoire,  les 
cautères  reviennent  très  souvent. 


(1)  Arch.  Vienne,  f.  Lusignan.  —  A  Châtellerault,  de  1782  à  1797,  la 
saignée  se  paye  une  livre  (Dr  Touchois). 

(2)  Arch.  Vienne,  G.  6b8.  —  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Arch.  Vienne,  Min.  Delabadonnière,  notaire.  —  Arch.  Vienne, 
Abbaye  de  Saint-Savin. 

(4)  Min.  Dubois,  notaire.  Le  3  novembre  1465,  Jehan  Boudaud  et 
Julien  Angeliers  prennent  chacun  20  sols  pour  le  pansement  d'un  cordon- 
nier blessé  par  des  prisonniers  gardés  dans  le  château  (Reg.  dél  mun., 
n°  4  p.  331).  Le  24  septembre  1626,  Etienne  Thevet  déclare  avoir  soigné 
l'avocat  Baulin,  lui  avoir  mis  un  cautère  et  deux  ventouses,  et,  pour  cela,  fait 
vingt  huit  voyages.  (Bibl.  Poitiers,  cart45.) 


150  LA  COMMUNAUTE 

En  principe,  les  maîtres  possèdent  le  droit  de  vendre 
les  remèdes  destinés  à  l'usage  externe  ou  employés  à  la 
guérison  des  maladies  secrètes.  C'est  ainsi  que  par 
acte  notarié  du  4  juillet  1690,  les  apothicaires  eux-mêmes 
leur  reconnaissent  ce  droit  (1).  Seulement,  lorsqu'ils  ne 
s'en  tiennent  pas  aux  ventes  qui  leur  sont  permises,  le 
présidial  les  condamne  toujours  en  vertu  d'un  arrêt  du 
Parlement,  du  19  juillet  1671. 

Le  29  février  1729,  les  médecins,  sans  tenir  compte 
des  arrêts  du  Parlement  des  20  juin  et  28  juillet  1724, 
prétendent  que  l'article  29  des  statuts  de  1730  ne  permet 
aux  chirurgiens  de  fournir  aux  malades  que  des  remèdes 
pour  usage  externe.  Ils  ajoutent  qu'ils  en  délivrent  à 
toutes  les  personnes  qui  en  veulent.  Seulement,  ils  ont 
bien  soin  de  dire,  à  chaque  plainte  des  apothicaires, 
qu'il  s'agit  de  maladies  secrètes  (2).  Cet  abus,  ajoutent- 
ils  en  terminant,  «  tourne  au  déshonneur  des  malades  et 
peut  causer  un  grand  scandale  dans  le  public  » .  C'est  ce 
qui  serait  arrivé,  du  reste,  au  cours  de  plusieurs  procès. 

En  1749,  le  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris 
observe  que,  par  suite  de  leur  incapacité,  les  drogues 
débitées  par  les  chirurgiens  sont  presque  toujours  mal 
choisies  et  mal  préparées  (3).  Dans  certaines  villes  de 
province,  ils  ont  réduit  ainsi  les  médecins  et  les  apothi- 
caires à  l'unité.  Ces  derniers,  comme  nous  avons  vu, 
avaient  à  peu  près  complètement  disparu  dans  les  cam- 
pagnes et  dans  les  petites  villes  du  Poitou. 


(1)  Min.  Rullier,  notaire. 

(2)  Arch.  Vienne,  Reg.  8  S. 

(3)  P.  Rambaud,  <i  la  Pharmacie  en  Poitou  jusqu'à  l'an  XI  ».  (Métîi.  Soc. 
kilt.  Ouest,  t.  XXX,  2c  série.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  151 

Parmi  les  nombreux  procès  qui  eurent  lieu,  au  xvine 
siècle,  au  sujet  de  l'exercice  illégal  de  la  pharmacie  par 
les  chirurgiens,  le  plus  important  est  celui  qui  se  termine 
par  l'arrêt  du  Parlement,  en  date  du  21  août  1758.  Il 
déclare  qu'en  vertu  des  lettres  patentes  du  21  avril  1728, 
les  maîtres  en  chirurgie  ne  sont  autorisés  qu'à  traiter 
«  les  tumeurs,  plaies,  fractures,  ulcères  et  luxations,  tant 
par  opérations  de  la  main  que  par  application  des  re- 
mèdes extérieurs  nécessaires  aux  opérations,  et  qu'à  cet 
effet  ils  pourront  avoir  chez  eux  cautères,  amplastres, 
onguents,  linimens  et  poudres  convenables  auxd.  opéra- 
tions, sans  toutefois  qu'ils  puissent  en  débiter  autre- 
ment »  (1).  Ce  procès  leur  coûta  environ  4.000  livres,  ce 
qui  ne  les  empêcha  point  d'en  avoir  encore  d'autres 
par  la  suite. 

Un  mémoire  fourni  en  1651,  par  Claude  Bourie  à 
l'un  de  ses  clients,  nous  indique  les  remèdes  qu'il  lui 
prescrit.  Ce  sont  des  bolus  de  catholicum,  de  la  confec- 
tion d'aneth,  du  cristal  minéral,  des  décoctions  rafraî- 
chissantes, de  l'eau  de  casse,  etc.  (2).  Parfois,  comme  en 
1762,  les  chirurgiens  se  contentent  de  mettre  sur  leurs 
notes  le  mot  remède  sans  rien  spécifier  d'une  façon  par- 
ticulière (3).  C'est  ainsi  qu'ils  cherchent  à  éviter  qu'on 
puisse  les  poursuivre  pour  vente  illégale  de  médicaments 
internes. 

Le  10  décembre  1789,  les  Affiches  du  Poitou  publient 
une  annonce  de  Le  Chasseux,  démonstrateur  d'anatomie. 


(1)  Bibl.  Poitiers,  m  s.  n°  405. 
(2l  Arcli.  Vienne,  f.  de  Lusignan 

(3)  Arch.  Vienne,  E"    1594.  —  Remèdes    fournis    à    Ouiulin,    garde    des 
eaux  et  forêts. 


152  LA  COMMUNAUTE 

Il  fait  savoir  au  public  qu'il  compose  un  spécifique 
pour  les  maladies  secrètes,  d'après  la  formule  de  l'un  de 
ses  confrères  de  Versailles.  La  vente  d'un  tel  médica- 
ment ne  pouvait  lui  êlre  interdite. 

Les  chirurgiens  pratiquent  parfois  l'art  des  embaume- 
ments. Le  16  février  1655,  Jacques  Chabot  de  la  Fon- 
taine qui  a  embaumé  René  Desauges  reçoit  10  livres,  et 
l'apothicaire  100  livres  pour  ses  drogues  (1).  Le  7  jan- 
vier 1671,  Jehan  David  réclame  le  paiement  des  voyages 
qu'il  a  faits  pour  soigner  Anne  Ferrand  et  l'avoir  em- 
baumée après  sa  mort  (2). 

Lors  de  la  création,  en  1652,  de  quatre  offices  de 
perruquiers,  barbiers  et  étuvistes,  trois  d'entre  eux  fu- 
rent acquis  d'abord  par  les  chirurgiens  Rabeau  et  Poirier, 
puis  par  Roy,  en  1656  (3).  D'autres  ayant  été  de  nou- 
veau établis  en  1664,  les  chirurgiens  s'y  opposèrent,  sans 
obtenir,  du  reste,  aucun  résultat  (4).  Leur  nombre  aug- 
menta par  la  suite  jusqu'au  chiffre  de  vingt  que  nous 
trouvons  au  milieu  du  xvme  siècle.  Les  deux  professions 
ne  furent  séparées,  du  moins  officiellement,  que  par  la 
déclaration  du  30  novembre  1717  et  par  les  statuts  de 
1723  et  1730.  Toutefois,  en  vertu  d'un  arrêt  du  Grand 
Conseil,  le  lieutenant  des  chirurgiens  conserva  le  droit 
de  recevoir  le  serment  des  perruquiers.  Malgré  les  ordon- 


(1)  Min.  Royer,  notaire. 

(2)  Arch  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial.  Le  l13''  octobre  1773,  les 
affiches  du  Poitou  annoncent  que  Dabon-Coupelle  est  dépositaire  des 
bandages  de  Balin  pour  les  hommes.  —  Mêmes  annonces,  en  1789  et  1791. 
Dupuis,  gendre  de  Lechasseux  dit  s'occuper  de  la  fabrication  et  de  la  vente 
des  bandages.  Après  le  décès  de  son  mari,  la  veuve  de  ce  dernier  continue 
son  commerce. 

(3)  Min.  Marrot,  notaire. 

(4)  Reg.  dél.  mua.,  n°  45,  p.  39. 


^^tessfS»** 


• 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  153 

nances  el  les  règlements,  les  maîtres  en  chirurgie  n'en 
continuent  pas  moins  l'exercice  de  la  barberie  jusqu'à 
la  veille  de  la  Révolution. 

Les  chirurgiens  ne  sont  point  toujours  payés  réguliè- 
rement des  soins  qu'ils  donnent  aux  malades.  Le  20  juillet 
1609,  François  Ferrand  qui,  en  1592  et  1593,  a  soigné 
le  sr  des  Fontenelles  de  deux  coups  de  pistollet  reçus  au 
combat  d'Auxance,  n'obtient  de  lui  qu'une  reconnais- 
sance de  la  somme  de  120  livres  (1).  Le  4  février  1636, 
Pierre  Arnauldet  s'entend  à  l'amiable  avec  le  chanoine 
Chislet  auquel  il  a  fourni  pour  40  livres  de  médica- 
ments (2).  Le  27  juillet  1657,  Henry-François  de  Chas- 
taigner,  ch.,  s1"  de  Couhé,  arrête  le  compte  de  ce  qu'il  doit 
à  celui  qui  l'a  soigné  d'un  coup  de  pistolet  dans  la 
main  (3).  Enfin,  le  30  octobre  1739,  l'héritier  du  pro- 
cureur Méreau  s'engage  à  verser  à  Ayrault  la  somme  de 
22  livres  5  sols  pour  frais  de  dernière  maladie  (4).  Les 
règlements  à  l'amiable  ont  lieu  assez  facilement,  mais  les 
paiements  se  font  parfois  attendre. 

Quand  il  n'intervient  pas  d'arrangement,  les  parties  en 
appellent  tant  à  la  justice  des  échevins  qu'à  celle  du 
présidial.  Les  mémoires  fournis  sont  vérifiés  par  un  ou 
deux  maîtres  qui  en  arrêtent  le  montant  (5).  Les  plai- 
deurs peuvent,  d'un  commun  accord,  choisir  ces  der- 
niers. Autrement,  c'est  le  tribunal  qui  les  désigne.  Enfin, 

(1)  Min.  Rourbeau,  notaire. 

(2)  Min.  Chollet,  notaire. 

(3)  Arch.  Vienne,  f.  Lusignan. 

(4)  Arch.  Vienne,  G.  88. 

(5)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial  (19  janvier  1658,  30  août 
1660,  27  janvier  1664,  6  février  1677)  Les  chirurgiens  de  Poitiers  sont 
chargés  par  le  présidial  de  vérifier  les  notes  de  leurs  confrères  de  la  pro- 
vince. 


154  LA  COMMUNAUTE 

quand  il  est  question  de  médicaments,  un  apothicaire  est 
appelé  à  servir  d'arbitre.  Le  2  avril  1663,  Pierre  Cous- 
seau  arrête  un  mémoire  de  François  Sorin,  et,  le  17  mars 
1669,  un  second  de  Biaise  Poullin  (1).  De  même,  Poi- 
tevin, le  23  mars  .1668,  et  David  Garnier,  le  10  janvier 
1689,  remplissent  les  mêmes  fonctions.  ïl  est  bien  rare 
que  les  médecins  interviennent  dans  de  semblables 
discussions. 

Pour  éviter  tout  ennui,  au  point  de  vue  du  paiement, 
des  chirurgiens  traitent  à  forfait  avec  leurs  malades.  Le 
3  janvier  1697,  David  Mesnard  reçoit  37  livres  10  sols 
de  Jean  Patrault  (2).  C'est  la  somme  qui  lui  a  été  promise 
quand  il  a  entrepris  de  le  guérir  ainsi  que  son  fils, 
frappé  comme  lui  d'un  coup  d'épée. 

On  rencontre  parfois,  quoique  très  rarement,  des  ma- 
lades qui,  avant  de  mourir,  pensent  au  paiement  des  chi- 
rurgiens qui  les  soignent.  Le  8  août  1601,  le  praticien 
René  Guivereau  donne  à  Chaptreau  qui  a  l'a  toujours 
pansé  et  médica  mente  et  traité  et  secouru  en  sesd.  mal- 
ladyes,  despuis  trois  ou  quatre  ans  en  ça,  sans  avoir 
reçu  aucun  salaire  ne  satisfaction,  une  somme  de 
60  livres  »  (3).  On  trouve  aussi,  par  hasard,  un  chirurgien 
ayant  quelques  remordspour  avoir  exploité  ses  clients  (4). 
Le  5  juillet  1666,  Pierre  Thevenet  déclare  dans  son  testa- 
ment que,  pour  la  libération  de  sa  conscience,  il  redoit 
au  sr  André  Robin  la  somme  de  30  livres  qu'il  lui  a  pris 
et  fait  payer  en  plus  de  ce  qu'il  lui  devait. 


(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(2)  Min.  Caillé,  notaire. 

(3)  Arch.  Vienne,  G.  105. 

(4)  Min.  Bourbcau,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  155 

En  général,  les  grands  établissements  religieux  de  Poi- 
tiers ont  toujours  un  chirurgien  spécialement  attaché  à 
leur  service.  Le  23  juillet  1539,  les  chanoines  de  Notre- 
Dame-la-Grande  versent  à  Pol  Lepaige  et  à  Jacques  des 
Loges  la  somme  d'un  teston  valant  11  sols  6  deniers  pour 
avoir  soigné  un  clergeon  atteint  .(  de  grosse  varyole 
avec  oppilation  de  (oye  et  que  ung  gros  rhume  qui  lui 
distiloit  sur  les  poulmons  »  (1).  De  1600  à  1612,  Martin 
de  Longueil,  chirurgien  du  chapitre,  est  payé  à  forfait 
chaque  fois  qu'il  donne  ses  soins  à  l'un  des  enfants  de 
chœur.  En  1785,  les  honoraires  de  l'un  de  ses  succes- 
seurs sont  de  24  livres  par  an. 

C'est  également  24  livres  que  Maury  reçoit,  le  Ie''  jan- 
vier 1781,  des  moines  de  la  Celle  pour  les  avoir  soignés 
pendant  l'année  précédente  (2).  En  novembre  1650, 
Pierre  Durcot  est  payé  à  raison  de  30  livres  tous  les  ans, 
par  ceux  de  l'abbaye  du  Pin  (3).  En  1705,  Sorin  visite 
les  enfants  de  la  psallette  de  Saint-Hilaire,  moyennant 
2  septiers  de  blé,  à  chaque  iête  de  la  Toussaint  (4\ 

En  ce  qui  concerne  l'abbaye  de  Montierneuf.  le  chi- 
rurgien désigné  par  les  moines,  à  la  majorité  des  voix, 
prend  le  titre  d'officier.  Le  29  octobre  1755,  Jacques 
Gaillard  doit  raser  lui-même  ou  faire  raser  par  son  gar- 
çon, deux  fois  par  semaine,  le  mercredi  et  le  samedi, 
l'abbé  et  ses  religieux.  Les  domestiques  n'ont  droit  qu'à 
une  seule  fois.  Il  est  en  outre  tenu  de  saigner  toutes  les 
personnes    de  la   maison   en  cas  de  besoin,  et  de  leur 


(1)  Arch.  Vienne,  G.  1286  et  12S9. 

(2)  Arch.  Vienne,  Reg.  245, 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(4)  Arch.  Vienne,  G.  555, 


156         LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

administrer  des  clystères  quand  l'apothicaire  fera  défaut. 
Il  visitera  les  malades,  pansera  les  petites  plaies  qu'ils 
auront,  et  cela  gratuitement,  à  l'exception  toutefois  du 
montant  des  drogues  et  médicaments  auquel  il  aura  droit. 
En  cas  de  plaies  graves  et  longues  à  guérir,  il  recevra  une 
gratification.  Enfin,  il  fournira  tout  ce  qui  lui  sera  néces- 
saire pour  l'exercice  de  sa  profession,  comme  bassins, 
linges,  savonnettes  et  rasoirs. 

L'abbaye  fera  servir  un  déjeuner  à  celui  qui  viendra 
raser  les  moines.  Gaillard  recevra,  en  outre,  soixante 
boisseaux  de  froment,  mesure  du  Pin,  «  comme  il  se 
pratique  de  temps  immémorial  »,  plus  une  barrique  de 
vin,  «  mesure  de  pension  monacale  »,  c'est-à-dire  vingt- 
neuf  à  trente  veltes  (1).  Si  la  récolte  vient  à  manquer,  la 
barrique  ne  sera  livrée  que  l'année  suivante,  à  la  Saint- 
Martin,  selon  l'usage.  Le  chirurgien  peut  conserver  son 
office  tant  qu'il  veut,  ou  tant  que  la  communauté  trouve 
ses  services  agréables. 

Les  chirurgiens  abandonnent  généralement  aux  soins 
de  leurs  garçons  ou  apprentis  les  gens  qui  viennent  se 
faire  raser.  Ils  se  réservent  plus  particulièrement  la  clien- 
tèle du  dehors.  D'après  la  petite  quantité  d'instruments 
que  l'on  trouve  chez  eux,  il  ne  semble  point  qu'ils  aient 
pu  faire  des  opérations  de  grande  importance.  Obligés  de 
mener  de  front  trois  professions  à  la  fois,  ils  restèrent 
vraisemblablement  assez  médiocres  dans  les  unes  comme 
dans  les  autres. 


(1)  Arch.  Vienne,  H.  102.  Le  29  août  1679,  Mathurin  Dardin  recevait 
les  mêmes  honoraires,  en  nature.  Pourtant,  à  cette  époque,  il  lui  était  dû 
une  somme  de  233  livres  depuis  le  5  janvier  1672.  Il  eut  beaucoup  de 
difficultés  à  s'en  faire  payer.  (Min.  Cailler,  notaire.) 


CHAPITRE  X 


LES    CHIRURGIENS    DES    HOPITAUX. 


L'assistance  publique  à  domicile.  —  Les  maîtres  et  les  compagnons  à 
l'Hôtel-Dieu.  —  Leur  situation  et  leurs  privilèges.  —  Les  chirurgiens 
de  1  Hospice  général  et  des  Incurables.  —  Les  chirurgiens  de  la  peste. 
—  Leur  recrutement  et  leurs  honoraires.  —  Admission  des  compagnons 
à  la  maîtrise. 


La  Dominicale,  nom  qui  sert  à  désigner  le  service  de 
l'assistance  publique  à  Poitiers,  fait  souvent  soigner  les 
malades  pauvres  à  domicile,  surtout  quand  les  aumô- 
neries,  pour  une  cause  quelconque,  ne  peuvent  les  rece- 
voir. Le  7  août  1583,  Antoine  Blanchefort  reçoit  l'ordre 
d'aller  par  les  paroisses  les  traiter  et  médicamenter, 
«  comme  les  intendans  et  fabriqueurs  y  adviseront  ».  Il 
lui  est  plus  spécialement  prescrit  de  soigner  le  nommé 
Savyn,  «  auquel  la  Dominicale  a  ordonné  estre  baillé 
ung  escu  »  (1).  Ce  malade  avait  été  blessé  grièvement 
au  service  de  la  ville.  Les  exemples  de  ce  genre  sont  fort 
communs  (2).  On  les  rencontre  surtout  jusque  dans  la 
première   partie  du  xvne  siècle.  Ils   cessent  à  peu  près 


(1)  Bibl.  Poitiers,  Gart.  53  et  54.  —  En  t570,  Mathurin  Barbotin  traite 
les  blessés  et  malades  moyennant  100  sols  par  an.  Ayant,  en  1571, 
fourni  des  remèdes,  on  lui  alloue  20  livres. 

(2i  P.  Rambaud,  «l'Assistance  publique  à  Poitiers  jusqu'à  l'an  V  ». 
{Mém.  $oc.  Ant.  Ouest,  t.  VII,  2e  série.) 


158  Là  COMMUNAUTE 

complètement,  quand  l'Aumônerie  de  Notre-Dame- 
la- Grande,  ayant  été  laïcisée,  devient  l'Hôtel  Dieu  de 
Poitiers. 

Le  service  médico-chirurgical  de  cet  établissement 
est  confié,  en  principe,  au  dernier  des  chirurgiens  reçu 
à  la  maîtrise.  On  le  met  dans  l'obligation  d'accepter  ce 
service  à  titre  gratuit  (1).  En  général,  les  choses  se  pas- 
sent tout  autrement.  Tantôt  ce  sont  des  maîtres  qui  s'en 
chargent,  moyennant  de  maigres  appointements,  tantôt 
des  compagnons  gagnant  maîtrise. 

En  1545,  Gilles  Amaury  reçoit  10  livres  par  an,  et.  en 
1555,  son  successeur,  Martin  Coulard,20solspar  mois  (2). 
A  partir  de  1581,  Antoine  Blanchefort  est  payé  80 
livres  chaque  année,  puis  100  livres  en  1584,  à  condi- 
tion de  fournir  des  onguents  aux  malades.  Son  gendre 
Etienne  Thevet  qui  lui  succède, en  1587,  n'ayant  pas  tou- 
ché ses  appointements,  démissionne  quelques  années  plus 
tard.  Le  maire,  désireux  de  le  remplacer,  fait  appel  à  ses 
confrères  qui  refusent  d'aller  visiter  les  malades.  C'est 
pourquoi  son  successeur  reçoit  100  livres,  ce  qui  ne 
l'empêche  point  d'abandonner  le  service,  le  22  décembre 
1591. 

Julien  Fourré,  compagnon  gagnant  maîtrise,  entre  alors 
en  cette  qualité  à  l'Hôtel-Dieu.  Deux  ans  plus  tard,  le 
22  juillet  1594,  il  est  reçu  maître  (3).  Le  7  mai  1595,  le 
maire  lui  remet  10  écusd'or  pour  avoirfourni  des  médi- 
caments aux  pauvres  Le  24  septembre  suivant,  François 
Ferrand  le  remplace  à  raison  de  36  livres  de  gages  cha- 


(1)  Bibl.  "Poiliers,  cart.  53,  reg  3. 
2,  hl,  ib. 
(3)  M.,  ib. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  159 

que  année.  Après  son  dépari,  en  1604,  François  Toyon, 
qui  lui  succède,  n'obtient  que  30  livres  par  an.  Par  la 
suite,  cette  somme  reste  longtemps  affectée  au  service 
chirurgical  de  la  maison. 

C'est  de  nouveau  un  compagnon,  nommé  Guillaume, 
qui  succède  à  Toyon,  le  14  octobre  1616.  Il  se  fait  rece- 
voir à  la  maîtrise,  le  14  octobre  1618,  en  vertu  de 
Lettres  royales  et  malgré  l'opposition  acharnée  des  chi- 
rurgiens (1).  Ces  derniers  veulent  bien  alors  le  rempla- 
cer en  1620,  mais,  faute  d'entente,  ils  n'y  parviennent 
pas.  Pierre  J  hévenet,  reçu  maître  pour  avoir  soigné  les 
pestiférés,  lui  succède  à  raison  de  30  livres  par  an. 

Etant  tombé  malade ,  ses  confrères  offrent  ,  le 
27  mars  1650,  aux  administrateurs  de  le  remplacer. Leurs 
propositions  sont  refusées  et  la  place  donnée  à  Etienne 
Boizard  qui,  le  10  septembre  1651,  en  est  nommé  titu- 
laire aux  appointements  de  30  livres  par  an  (2).  A  sa 
mort,  Pierre  Thévenet,  fils  de  son  prédécesseur,  lui  suc- 
cède. 

Vient  ensuite  Jacques  Denis  qui,  à  partir  de  1673, 
reçoit  40  livres  par  an  (3).  Remplacé  quelque  temps 
par  son  fils,  en  1686,  il  se  voit,  après  plusieurs  mois, dans 
l'obligation  de  reprendre  son  service.  Il  le  passe  ensuite 
à  Jérémie  Poitevin,  le  mari  de  sa  fille.  Ce  dernier  le 
garde  jusqu'en  1730. 

Jacques  Gaillard,  qui  vient  après  lui,  est  aux  appoin- 
tements de  50  livres  par  an.  Le  14  avril  1769,  il  déclare 
que  son  âge  et  ses  occupations  ne  lui  permettant  plus  de 


(1)  Reg.  dél.  mun  ,  n°  71,  p.  -17,  74,  76,  147. 

(2)  Id.,  n"  96,  p.  67,  109. 
(S>  Arch.  hôp. 


160  LÀ  COMMUNAUTE 

donner  ses  soins  aux  malades  de  l'hôpital,  son  confrère 
Dabon-Goupelle  pourrait  le  remplacer(l)  .  Ce  dernier  se 
trouvant,  en  1777,  surchargé  de  besogne,  demande  et 
obtient  100  livres  par  an. 

Le  17  mars  1785,  Rivault  lui  est  adjoint,  mais,  le 
19  mai  suivant,  c'est  son  concurrent,  Joseph  Maury,  qui 
obtient  la  place.  L'Intendant, peu  satisfait  de  voir  son  can- 
didat évincé,  adresse  quelques  observations  aux  admi- 
nistrateurs. Comme  réponse,  ils  l'engagent  à  désigner  lui- 
même  qui  bon  lui  semblera.  N'ayant  point  insisté,  le 
nouveau  chirurgien  reste  en  place  jusqu'à  la  fin  de  la 
Révolution. 

Le  service  de  l'Hôtel-Dieu  ne  fut  point  assuré,  tout 
d'abord,  d'une  façon  régulière  par  les  maîtres  nouvelle- 
ment reçus  à  la  maîtrise  II  fallut,  pendant  de  longues 
années,  le  confier  à  des  compagnons  qui  devaient  le 
continuer,  une  fois  installés  définitivement,  en  qualité 
de  maîtres.  Il  ne  fut  vraiment  recherché  qu'à  partir  de  la 
fin  du  xvne  siècle,  jusqu'à  la  Révolution. 

Le  maire  et,  avec  lui,  le  conseil  de  la  Dominicale,  sur- 
veillent de  très  près  ceux  qui  donnent  leurs  soins  aux 
malades.  Le  3  mars  1591,  Etienne  Thevet,  accusé  de 
négligence,  est  invité  à  comparaître  devant  les  adminis- 
trateurs. Il  répond  qu'il  n'a  pas  le  temps  de  se  déranger 
et  que  les  malades  qu'il  soigne  sont,  au  surplus,  bien  pan- 
sés et  bien  médicamentés.  Le  12  février  1595,  il  est 
encore  prié  de  dire  pour  quelle  cause  il  s'occupe  si  peu 
des  pauvres  de  l'aumônerie.  Cette  fois,  il  néglige  même 
de  répondre. 

(1)  Arch.  hôp. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  161 

Le  16  août  1655,  Pierre  Thévenet,  accusé  d'admettre  à 
l'hôpital  des  malades  incurables,  ce  qui  était  formellement 
interdit,  est  menacé  d'être  renvoyé  pour  cause  d'incapa- 
cité (1).  Il  répond  en  déclarant  que  n'étant  point  payé, 
il  est  prêt  à  donner  sa  démission.  Il  ajoute  que  l'accusa- 
tion est  fausse,  car  la  directrice  peut  attester  qu'il  remplit 
bien  son  devoir. 

Une  des  causes  pour  lesquelles  les  chirurgiens  mon- 
trent si  peu  de  zèle,  provient  de  la  concurrence  qu'ils 
ont  à  subir  de  la  part  de  leurs  confrères  qui,  dans  l'éta- 
blissement, soignent  les  malades  qui  sont  assez  riches  pour 
les  payer  de  leurs  visites.  En  1635,  Thévenet  s'en  plaint 
amèrement.  «  Ils  vont,  dit-il,  dans  l'aumônerie  panser 
quelques  malades  particuliers,  desquels  ils  tirent  salaires 
et  récompenses  à  son  préjudice  »,  car  ila  seul  le  droit  de 
les  voir  et  «  d'en  prendre  et  recevoir  les  émolumens,  si 
aucuns  sont  »  (2).  Il  en  résultait  qu'un  certain  nombre 
d'hospitalisés  augmentaient  ainsi  les  maigres  appoin- 
tements que  les  chirurgiens  recevaient  de  l'Administra- 
tion. 

En  1644,  les  religieuses  hospitalières  ayant  pris  la 
direction  de  lHôtel-Dieu,  se  chargent  du  service  des 
femmes.  Elles  laissent  aux  chirurgiens  les  malades 
atteints  «  aux  lieux  et  endroits  qui  sont  indécents  à  pan- 
ser aux  filles  »  (3).  Ils  sont,  en  plus,  chargés  des  ampu- 
tations des  membres  et  de  voir  les  entrants.  Après  le 
départ  de  ces  religieuses,  en  1656,  Pierre  Thévenet  con- 
tinue  ses  fonctions   comme  par  le  passé. 

(1)  Ribl.  Poitiers,  cart.  53  et  53  bis.-  Reg.  dél  mun.,  n°45,  p  253,  259. 

(2)  Reg.  dél.  municip.,  n°  86,  p.  80. 

(3)  ld\  n°  96,  p.  67,  109. 

11 


162  LA  COMMUNAUTE 

L'entrée  à  l'hôpital  de  Charles  Pallu  de  la  Barrière,  en 
qualité  de  médecin,  modifie  la  situation  du  chirurgien. 
Le  7  février  1784,  ce  dernier  reçoit  l'ordre  de  lui  com- 
muniquer toutes  les  demandes  qu'il  recevra  au  sujet  de 
ia  santé  des  malades  qui  lui  seront  confiés  (l).Ilne  peut 
délivrer  aucun  procès-verbal,  sans,  au  préalable,  lui  en 
avoir  soumis  le  texte. 

A  cette  époque,  c'est  le  chirurgien  civil  de  l'Hôtel-Dieu 
qui  soigne  les  soldats  malades  que  l'on  y  hospitalise. 
Cette  fonction  lui  vaut  quelques  privilèges,  l'exemptant 
de  la  collecte  et  du  logement  des  militaires.  En  1771,  le 
Ministre  de  la  guerre  fait  cadeau  à  l'hôpital  d'une  boîte 
de  chirurgie  contenant  :  deux  couteaux  courbes  et  un 
droit,  une  scie  avec  sa  feuille  de  rechange,  quatre  liga- 
tures, deux  garrots,  deux  plaques  de  corne,  deux  aiguil- 
les dans  un  étui,  deux  tire-balles  à  anneaux,  deux  gran- 
des sondes  à  séton,  deux  becs-de-corbin,  un  grand  et  un 
petit  trocart,  deux  grandes  et  deux  petites  seringues, 
un  trépan  avec  quinze  pièces,  une  brosse,  une  lancette 
à  abcès,  quatre  bistouris  droits  et  un  courbe,  une  sonde 
à  incision,  deux  feuilles  de  myrte  à  pincer,  deux  spatules, 
deux  paires  de  ciseaux  droits  et  une  courbe,  deux  pin- 
cettes à  anneaux,  deux  scalpels,  deux  algalis  d'argent  et 
une  sonde  de  poitrine  (2).  Tel  est  l'arsenal  dont  dispose 
un  chirurgien  militaire  à  la  veille  de  la  Révolution. 

Les  soldats  malades  ou  blessés  entrent  tous  à  l'Hôtel- 
Dieu  où  on  les  soigne  spécialement  jusqu'au  1er  no- 
vembre 1793.  A  cette  date,  on  les  envoie  principalement 
à  l'ambulance  du  Grand  Séminaire.  Dans  cette    ambu- 


fl)  Arch.  hôp. 
(2)  Id. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  163 

lance  ,  ils  sont  visités  par  le  chirurgien  Maury.  A  la  suite 
de  la  loi  du  21  fructidor  an  V,  la  situation  redevient  ce 
qu'elle  était  avant,  car  le  nouvel  Hôtel-Dieu  remplace 
cette  ambulance. 


Lors  de  la  création  de  l'Hôpital  général  de  Poiliers  en 
1657,  il  fut  décidé,  par  le  règlement,  que  les  chirurgiens 
présenteraient  un  compagnon  qui  soignerait  les  malades. 
En  cas  de  refus,  les  administrateurs  en  désigneraient  un 
à  leur  place.  Celui  auquel  serait  confié  cet  emploi  pour- 
rait, au  bout  de  six  ans,  se  faire  recevoir  sans  frais  à  la 
maîtrise. 

Les  chirurgiens,  soit  par  charité,  soit  par  crainte  d'a- 
voir de  nouveaux  concurrents,  se  chargent  eux-mêmes 
du  soin  des  malades.  Ils  y  mettent  si  peu  d'empresse- 
ment, que,  le  28  octobre  1698,  l'Administration  se  plaint 
de  ne  les  voir  y  aller,  qu'autant  qu'ils  n'ont  rien  à  faire 
ou  qu'on  n'a  pas  besoin  d'eux  (1).  Elle  était  décidée  à 
prendre  un  compagnon,  quand,  le  19  décembre  1698, 
Jacques  Cothet  du  Tailly,  maître  chirurgien,  lui  demande 
la  place,  qu'il  obtient  aussitôt,  au  grand  mécontentement 
de  ses  confrères. 

Cothet,dont  les  appointements  sont  de  20  livres  par  an, 
est  remplacé  par  Joseph  Delavault,  le  23  juillet  1717.  Ses 
honoraires,  d'abord  à  40  livres,  sont  ensuite  portés  à  80 
et  100  livres  de  1723  à  1733,  lors  de  l'installation  dans 
l'hospice  d'un  dépôt  de  mendicité.  Après  sa  disparition, 
notre  chirurgien  ne  reçoit  que  40  livres  ainsi  que  Pierre 
Hérault  qui  lui  succède,  le  18  janvier  1740. 

(1)  P.  Rambaud,  loc.  cit. 


164  LA  COMMUNAUTÉ 

Le  Cbasseux  est  nommé  à  l'Hôpital  général  vers  1776. 
Il  reste  en  fonction  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1790.  Le 
6  août  de  cette  même  année,  Douxami  le  remplace  à  con- 
dition de  s'engager  à  faire  les  barbes. 

Les  chirurgiens  de  cette  maison,  tout  en  visitant  les 
pauvres,  ont  le  droit,  comme  à  l'Hôtel-Dieu,  de  se  faire 
payer  des  pensionnaires  qui  en  ont  les  moyens.  C'est  ainsi 
que  tout  en  ne  recevant  qu'un  maigre  traitement,  ils 
peuvent,  grâce  à  quelques  privilèges,  gagner  un  peu 
d'argent  ? 


Lors  de  l'installation  définitive  de  l'Hospice  des  incura- 
bles, en  1739,  Félix  Dumont,  chirurgien,  déclare  à  l'Admi- 
nistration, le  7  décembre  de  la  même  année,  qu'ayant 
depuis  longtemps  soigné  les  pauvres  de  l'établissement, 
il  demande  à  continuer  et,  en  même  temps,  à  jouir  des 
privilèges  attachés  à  sa  charge.  L'Intendant  du  Poitou 
fit  droit  à  sa  requête  l'année  suivante. 

Deux  ans  plus  tard,  le  1er  novembre  1742,  il  cède  la 
place  à  Jean  Louvet,  qui  promet  de  servir  gratuitement 
les  pauvres  avec  zèle  et  assiduité  (1).  Après  lui,  vient 
Sartre  de  Lisle,  qui,  étant  devenu  vieux,  prie  les  adminis- 
trateurs de  bien  vouloir  lui  adjoindre  un  suppléant.  Le 
5  avril  1781,  il  propose  Pierre-Joseph  Cirotteau  comme, 
étant  capable  de  rendre  des  services  «  par  les  saignées, 
pansements  et  autres  opérations  de  l'art,  notamment  faire 
les  barbes,  et  ce,  sans  aucuns  salaires  ni  rétributions,  à 
condition  d'avoir  droit  à  la  survivance  ». 

(1)  P.  Rambaud,  loc.  cit, 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  165 

Cirotteau  obtient,  en  1787,  une  rétribution  annuelle  de 
24  livres  et  occupe  sa  place  jusqu'au  10  thermidor  an  V. 
A  cette  date,  les  fonctions  du  chirurgien,  et  même  du 
médecin,  ayant  été  jugées  inutiles,  l'Administration  les 
supprime  et  charge  la  directrice  de  faire  les  pansements. 


Jusqu'au  xvie  siècle,  les  documents  sur  la  peste  sont 
assez  rares  dans  nos  archives  poitevines.  A  partir  de 
cette  époque,  grâce  aux  registres  des  délibérations  muni- 
cipales, il  est  facile  de  l'étudier  d'une  façon  assez  nette 
et  assez  précise. 

Aussitôt  que  le  maire  entend  parler  de  quelque  épi- 
démie dans  les  localités  voisines,  son  premier  soin  est  d'y 
envoyer  un  chirurgien  avec  mission  d'étudier  la  mala- 
die, afin  de  pouvoir  se  rendre  compte  de  l'imminence  du 
péril.  Si  le  danger  d'infection  lui  parait  réel,  immédiate- 
ment la  ville  est  isolée  et  des  hommes  de  garde  sont  mis 
aux  portes  pour  empêcher  les  étrangers  d'y  entrer.  Une 
ordonnance  est  également  prise,  interdisant  l'importa- 
tion des  marchandises  venant  des   endroits  contaminés. 

Quand,  malgré  cette  précaution,  la  peste  fait  son  appa- 
rition, les  malades  sont  renfermés  chez  eux  pendant 
quarante  jours,  avec  une  personne  chargée  de  les  soi- 
gner. Les  pauvres  vont  habiter  dans  les  tours  des  rem- 
parts, ou  dans  des  huttes  mises  à  leur  disposition.  Enfin, 
lorsque  le  fléau  commence  à  battre  son  plein ,  les  personnes 
riches  sont  invitées  à  se  retirer  à  la  campagne,  tandis  que 
les  rassemblements  demeurent  interdits  à  ceux  qui 
doivent  rester. 


165  LA  COMMUNAUTE 

Les  indigents  sont,  à  partir  de  1523,  placés  au  Sanital, 
appelé  hôpital  Saint-Roch,  puis  Hôtel-Dieu  de  la  peste, 
et  enfin  Hôpital-des  Champs  (1).  C'est  alors  que  le  maire 
se  préoccupe  sérieusement  de  réunir  le  personnel  néces- 
saire pour  soigner  les  malades,  soit  à  domicile,  soit  dans 
les  locaux  qui  leur  servent  d'habitation.  Ce  personnel 
doit  comprendre  un  ou  plusieurs  chirurgiens,  suivant  le 
nombre  de  personnes  atteintes  par  le  fléau. 

Les  maîtres  chirurgiens  sont  tenus  de  confier  au  der- 
nier d'entre  eux  reçu  à  la  maîtrise,  le  soin  de  soigner 
tous  les  pauvres  de  la  ville.  Comme  en  général  ils  ne 
mettent  aucun  empressement  quand  il  s'agit  d'accomplir 
un  tel  devoir,  le  maire,  qui  les  en  tient  volontiers 
quittes,  quand  il  n'y  a  point  d'épidémie,  les  met  au  con- 
traire aussitôt  en  demeure  de  se  conformer  à  leur  règle- 
ment, à  partir  du  moment  où  elle  fait  son  apparition. 

Cette  mise  en  demeure  n'est  point  toujours  suivie 
d'effet.  Les  diverses  causes  nous  en  sont  données  par 
Etienne  Thevet,  qui  écrit,  en  1602  :  «  La  première 
pour  ce  que  tous  n'ont  pas  assez  de  courage  et  hardiesse 
et  peuvent  beaucoup  appréhender  ce  que  cognoissant  leur 
estre  préjudiciable,  ils  ne  l'osent  entreprendre  ;  secon- 
dement, qu'ils  ont  femme  et  enfants,  la  crainte  et  offence 
desquels  leur  est  une  juste  bride  en  telle  hardiesse,  et  la 
troisième  c'est  le  reject,  fuite  et  scandale  qu'ont  faict  d'eux 
avec  mauvoise  récompense  de  telle  piété  et  charité 
chrestienne.  »  En  résumé,  la  crainte  du  danger,  l'isole- 
ment de  la  famille,  la  perte  temporaire  de  la  clientèle 
et  enfin    une  rémunération    insuffisante  sont  les    causes 

(1)  P.  Rambaud,  Mém.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  VII,  3e  série,  p.  432. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  167 

principales  qui  font  que  les  chirurgiens  de  mérite  se  dis- 
pensent autant  que  possible  de  soigner  les  contagieux. 

Ainsi,  le  20  avril  1512,  le  maire,  ayant  donné  l'ordre 
de  réunir  les  barbiers,  leur  déclare  que  les  trois  d'entre 
eux  qui  auront  la  charge  de  panser  les  pestiférés  a  ne 
feront  aucunes  barbes  et  sera  inhibé  aux  autres  de  non 
les  visiter  »  (1).  Le  8  novembre  1546,  ils  se  rassemblent 
de  nouveau  à  la  mairie,  et  là  désignent  à  l'unanimité 
Jehan  Bonnin  pour  prendre  le  service  de  l'Hôpital  de  la 
peste.  Seulement,  il  se  trouve,  comme  par  hasard,  que 
leur  candidat  est  en  prison.  Ce  moyen  de  l'en  faire  sortir 
ne  réussit  point,  si  bien  qu'il  devient  nécessaire  d'en 
chercher  un  autre  en  attendant  son  élargissement. 

Mathùrin  Barbotin,  auquel  échoit  l'honneur  de  le 
remplacer,  s'y  refuse  d'une  façon  absolue.  De  là  l'o- 
bligation de  faire  venir  un  étranger  qui,  moyennant 
100  livres  par  an,  veut  bien  entrer  à  l'hôpital. 

Le  19  mai  1548,  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu 
de  la  peste  ayant  réclamé  un  chirurgien,  la  municipalité 
décide  a  qu'il  faudra  contraindre  les  barbiers  et  chirur- 
giens à  eslire  un  g  suffisant  et  ydoine  qui  recevra  o0  livres 
par  an  durant  la  peste  et  25  livres  seulement  quand  elle 
aura  cessé  ».  Cette  fois,  Bonnin,  étant  sorti  de  prison, 
accepte  cet  emploi. 

En  1555,  ce  sont  des  compagnons  que  l'on  met  à  lhô- 
pital.  A  leur  sortie,  on  les  reçoit  gratuitement  à  la  maî- 
trise. En  1585,  deux  y  étant  morts,  les  maîtres  se  réu- 
nissent, mais  aucun  d'eux  ne  veut  les  remplacer.  Le  maire 
leur  déclare  qu'on   en    fera   venir  un  de   Saint-Maixent 

(1)  P.  Rambaud,  loc.  cit. 


168  LA  COMMUNAUTE 

el  qu'ils  seront  tenus  «  de  le  gager  et  entretenir  ». 
Tous  sont  alors  frappés  d'une  taxe  mensuelle  allant 
depuis  un  jusqu'à  quatre  écus.  Ils  la  payent  deux  fois, 
puis  mettent  opposition  sur  cet  argent,  entre  les  mains 
du  sergent  royal,  auquel  ils  l'ont  versé,  en  attendant 
la  fin  du  procès  qui,  pour  cette  cause,  est  intenté  à  la 
ville. 

Pierre  Lecomte,  chirurgien  de  Saint-Maixent,  doit  tou- 
cher 90  livres  par  mois,  avec  la  promesse  d'être  reçu  à  la 
maîtrise  pour  Poitiers.  En  arrivant,  il  prête  serment  «  de 
fidellement  exercer  lad.  charge  »,  puis  prend  certaines 
précautions  dans  le  but  d'éviter  le  sort  de  son  prédéces- 
seur. Tout  d'abord,  il  se  fait  monter  un  lit  neuf  qui  coûte 
45  livres  au  Bureau  de  la  peste.  Ensuite,  il  s'installe 
sous  une  tente  afin  de  rester  le  moins  possible  au  contact 
des  malades. 

Ce  sont  encore  des  compagnons  gagnant  maîtrise  que 
l'on  retrouve  à  l'Hôtel-Dieu  de  la  peste  en  1607,  et  il  en 
est  de  même  jusqu'en  1638  (1).  La  communauté  des 
maîtres  chirurgiens  doit  se  charger  de  les  désigner,  à 
la  demande  du  maire.  Le  matin  du  10  avril  1628,  il 
ordonne  au  lieutenant  du  premier  chirurgien  du  roi 
de  réunir  ses  confrères  afin  de  lui  donner  une  réponse 
avant  midi,  sous  peine  de  300  livres  d'amende,  car  il  est 
urgent  de  remplacer  Martial  Parreau,  qui,  atteint  de  la 
peste,  est  sur  le  point  de  mourir. 

Jean  Thévenet  veut  bien  accepter  la  place;  mais  affligé 
de  coliques  bilieuses,  en  1630,  il  se  voit  obligé  de  se  reti- 
rer et.  du  même  coup,  renoncer  à  la  maîtrise  qu'on  lui 

(9)  P.  Rambaud,  Arch.  médico-chirurgicales  de  province  (1913). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  169 

avait  accordée.  Son  frère  Pierre  lui  succède,  moyennant 
une  somme  de  60  livres  par  mois,  avec  l'obligation  de 
rester  pendant  quinze  ans  attaché  à  l'hôpital.  Trouvant 
le  service  trop  pénible,  il  veut,  l'année  suivante,  se  reti- 
rer. Toutefois,  il  se  ravise  et  consent  à  rester  tout  «  en 
demandant  à  Dieu  le  conserver  et  qu'il  puisse  encore 
ceste  fois  sortir  dud.  hospital  mais  après  qu'il  n'y  aura 
plus  de  mal  et  qu'il  sera  fermé  ». 

Il  fut  l'année  suivante  sur  le  point  d'y  mourir.  Après 
avoir  eu  une  première  atteinte  de  peste,  il  réclama,  le 
2  septembre  1631,  un  peu  de  repos,  «  estant,  dit-il,  ma- 
lade par  suite  d'un  long  et  assidu  travail,  auquel  il  s'est 
nuict  et  jour  employé  à  panser  et  à  traicter  les  pestiffér- 
rez  dans  l'hospital  et  ailleurs,  à  cause  du  mal  contagieux 
dont  il  a  esté  frappé  quatre  diverses  fois  au  grand  péril 
de  sa  vie  ».  Il  termine  en  déclarant  qu'il  reprendra  son 
service,  aussitôt  que  sa  santé  sera  rétablie. 

Les  chirurgiens  de  la  peste  visitent  également  les  ma- 
lades de  la  ville  qui  se  font  soigner  chez  eux.  En  1628,  la 
municipalité  refuse  d'accorder  un  cheval  à  Martial 
Pareau,  qui  trouve  ce  service  trop  pénible.  Inutile  d'ajou- 
ter qu'ils  sont  tenus,  selon  l'usage,  de  porter  une  verge 
blanche  à  la  main  au  cours  de  leur  pérégrination  à  tra- 
vers les  rues. 

Les  appointements  des  chirurgiens  restent  fort  va- 
riables. En  dehors  des  épidémies,  ils  touchent  de  20  à 
30  livres  par  an  pour  se  tenir  à  la  disposition  de  la  mai- 
rie. Quand  débute  la  peste,  ils  se  gagent  au  mois  et  se 
font  payer  à  l'avance.  Leurs  mensualités  qui  se  montent 
d'abord  à  11  ou  12  livres,  vont  jusqu'à  25  livres.  Elles 
augmentent   par  la  suite  et  passent  à  30  livres,  puis  à 


170  LA  COMMUNAUTÉ 

60  livres  et  même  à  90  livres  en  cas  d'extrême  besoin. 
Un  simple  compagnon,  comme  Denis  Vincent,  en  1631, 
ne  gagne  que  8  à  9  livres.  Cependant,  on  le  met  à 
10  livres,  «  attendu  la  peine  extraordinaire  qu'il  prend  à 
traicter  et  panser  les  malades  de  l'hôpital  des  pestifférés 
qui  sont  en  grand  nombre  ». 

En  général,  au  dire  d'Etienne  Thevet,  on  attend  tou- 
jours trop  tard  pour  choisir  de  bons  chirurgiens  (1).  Il 
faut  alors  se  résoudre  à  prendre  au  hasard  ceux  qui  se 
présentent.  Il  s'en  trouve  parmi  eux  qui  n'ont  jamais 
vu  un  bubon,  de  sorte  que  nombre  de  personnes  restent 
renfermées  par  erreur  ou  portées  à  l'hôpital.  Aussi,  bien 
des  gens  refusent,  pour  cette  cause,  de  se  conformer  aux 
ordonnances  de  la  mairie. 

Des  plaintes  sont  portées  contre  certains  de  ces  com- 
pagnons chirurgiens.  Ils  fréquentent  le  public,  malgré 
les  ordonnances,  et  ne  font  point  suivre  aux  malades  les 
régimes  prescrits.  L'un  d'eux  est  traité  d'ignorant,  ne 
sachant  <x  pas  même  cognoistre  les  malades  »  comme  on 
en  a  eu  des  exemples.  Un  autre,  à  cause  des  «  blas- 
phèmes et  insolences  qu'il  commet  à  l'hôpital  »,  en  est 
chassé  et  déclaré  indigne  de  jouir  des  privilèges  attribués 
aux  chirurgiens  de  la  peste. 

A  côté  des  faiblesses  dont  se  rendent  coupables  les  chi- 
rurgiens, il  faut  tenir  compte  des  dangers  qu'ils  courent. 
Denis  Vincent, l'un  d'eux,  nous  raconte  que  de  mars  1631 
à  février  1632,  il  en  mourut  neuf  à  l'Hôpital  des  pesti- 
férés. C'est  ainsi  que  Martial  Pareau  «  laissa  plusieurs 
enfants  et  peu  de  bien   ».  Il  en  est  de  même  des  compa- 

(1)  Etienne  Thevet,  loc.  cit. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  171 

gnons  qui  souvent  sontfort  mal  payés.  L'un  d'eux  déclare, 
le  16  décembre  1587,  «  qu'il  a  hazardé  sa  vie  pour  ser- 
vyr  à  l'Hostel-Dieu  de  la  peste  pour  traicter  et  panser  les 
pauvres  affligez  de  contagion  ».  Il  réclame,  en  consé- 
quence, ses  gages  de  deux  mois  avec  «  quelque  récom- 
pense pour  s'entretenir  de  vivre  ». 

lin  résumé,  nombre  de  ces  chirurgiens  choisis  un  peu 
au  hasard  surent  montrer  autant  de  courage  que  de 
dévouement  à  l'égard  des  malades  atteints  par  le  fléau. 
Il  y  en  eut  qui  s'établirent  par  la  suite  à  Poitiers,  mais 
ce  ne  fut  que  le  petit  nombre. 


CHAPITRE  XI 


LES  CHIRURGIENS  ET  LA  MEDECINE  LEGALE. 


Le  droit  d'exercice  de  la  médecine  légale.  —  Le  manuel  d'Ambroise 
Paré.  —  Les  lieutenants  du  premier  médecin  du  roi.  —  Leurs  luttes 
contre  les  chirurgiens.  —  Leur  suppression.  —  Les  jurés  royaux.  — 
Statuts  de  1711.  —  Le  chirurgien  expert  de  Saint-Hilaire.  —  Expertises 
faites  avec  les  médecins.  —  Plaintes  de  ces  derniers.  —  Le  secret  pro- 
fessionnel. —  Les  autopsies.  —  Les  certificats  de  blessures. —  Défense 
aux  veuves  de  maîtres  et  aux  garçons  de  les  signer.  —  Les  coups  et 
blessures  les  plus  communs.  —  Examen  des  fous  et  des  femmes 
enceintes.  —  Tarif  des  constatations.  —  Opinion  de  Thevet  sur  l'exer- 
cice de  la  médecine  légale. 

Le  droit  d'exercer  la  médecine  légale,  de  constater 
l'état  des  blessés,  d'autopsier  les  cadavres  et  d'en  dresser 
des  rapports,  appartient,  en  principe,  à  tous  les  chirur- 
giens. En  août  1330,  une  lettre  de  rémission  nous  fait 
savoir  que  le  cadavre  d'une  personne  assassinée  à  Poi- 
tiers fut  examiné  par  Jehan  Molinea  et  Me  Guillaume 
Barbier,  «  barbiers  cognoissans  etaccoustumés  et  approu- 
vez à  cognoistre  et  regarder  les  plaies  des  blessés  et,  lesd. 
plaies  regardées,  jurèrent  lesd.  barbiers,  aus  sains  évan- 
giles, que  lezd.  parties  n'avoient  de  rien  péril  ne  doubte 
de  mort  pour  lesd.  plaies  »  (1).  Ce  n'était  alors  qu'un 
simple   rapport  verbal  après  prestation  de    serment. 

(\)Arch.  hist .  du  Poitou,  t.  II,  p.  361, 


LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS         173 

A  partir  du  xvie  siècle,  grâce  à  Ambroise  Paré,  auteur 
du  premier  traité  de  médecine  légale,  les  maîtres  possè- 
dent un  guide  assuré  pour  leurs  recherches,  et  même 
des  modèles  pour  dresser  leurs  rapports  (1).  Ceux  de 
Poitiers  utilisèrent  sans  aucun  doute  cet  ouvrage, 
comme  leurs  confrères  du  reste  de  la  France. 

Roch  Le  Baillif  de  la  Rivière,  premier  médecin  du 
roi  Henri  IV,  essaie,  en  mars  1600  et  janvier  1602,  de 
contrôler  l'exercice  de  la  médecine  légale  en  France. 
Pour  cela,  il  obtient  le  droit  de  nommer  dans  chaque 
localité  un  chirurgien,  qui,  avec  le  titre  de  lieutenant  du 
premier  médecin  du  roi,  sera  seul  chargé  de  présenter 
des  rapports  à  la  justice.  Quelques  mois  plus  tard,  les 
19  et  26  septembre,  Pierre  Demayré  est  désigné  par  lui 
pour  visiter  les  morts,  les  blessés  et  les  malades  de  Poi- 
tiers et  de  ses  faubourgs,  à  l'exception  des  autres  chirur- 
giens. 

Ses  confrères  lui  intentent  immédiatement  un  procès. 
Par  son  arrêt  du  11  mars  1607,  le  Parlement  déclare 
que  tous  les  maîtres  jurés  pourront,  comme  par  le 
passé,  exercer  la  médecine  légale  (2).  A  son  tour,  Jehan 
Hérouard,  sr  de  Vaugrineuse,  premier  médecin  de 
Louis  XIII,  obtient  le  droit  pour  ses  lieutenants  d'être 
appelés  «  aux  rapports,  visitations  des  malades,  prison- 
niers, morts  ou  blessés  qui  se  feront  sous  l'autorité  de  la 
justice,  et  cela  de  préférence  à  tous  autres  »  (3).  Il  obtient 
également  pour  eux,    celui  d'assister   aux  examens    des 


(l,i  Wickersheimer,    la   Médecine  et  les  médecins  en  France,  à  l'époque 
de  la  Renaissance.  Paris,  Maloine,  1906. 

(2)  Arch.  Vienne,  E.,  liasse  3. 

(3)  Id.,  D.  11. 


174  Là  Communauté 

chirurgiens,  de  leur  accorder  l'autorisation  d'ouvrir 
boutique  et  même  de  les  visiter.  Ces  derniers,  d'accord 
avec  les  médecins  et  les  apothicaires,  s'unissent  pour  s'op- 
poser à  de  telles  prétentions.  Le  21  juillet  1611,  un  arrêt 
du  Grand  conseil  s'oppose  à  l'enregistrement  de  l'édit 
royal.  Toutefois,  par  un  autre  arrêt  du  présidial  de 
Poitiers,  du  7  février  1612,  Demayré  est  purement  et 
simplement  confirmé  dans  la  charge  qu'il  occupe,  mais 
en  ce  qui  concerne  seulement  les  constatations  judi- 
ciaires (1).  A  partir  de  cette  époque,  il  est  appelé  à  les 
faire  tout  simplement  comme  les  autres  maîtres. 

Mathurin  Dardin,  qui  lui  succède  en  1626,  voit  Brice 
Gay,  lieutenant  du  premier  chirurgien  du  roi,  s'opposer 
à  sa  nomination.  Il  lui  propose  d'avoir  ensemble  une  dis- 
pute publique  sur  la  chirurgie,  car,  malgré  le  grand  âge 
et  la  science  de  son  adversaire,  il  ne  le  craint  nulle- 
ment (2).  L'affaire  n'a  aucune  suite.  On  les  voit  plus 
tard  appelés  tous  les  deux  indistinctement  à  prêter  ser- 
ment entre  les  mains  du  lieutenant  civil  et  criminel, 
quand  il  leur  confie  des  expertises. 

Le  31  mai  1675,  Dardin,  qui  s'intitule  «  commis  de 
Monsieur  le  premier  médecin  pour  la  ville  et  séné- 
chaussée de  Poitou  »,  se  démet  de  sa  charge  en  faveur 
de  Jacques  Herpin  (3).  Ce  dernier  la  conserve  jusqu'à 
l'ordonnance  du  22  mai  1692,  qui  abolit  les  chirurgiens 
aux  visites  et  les  remplace  par  les  jurés  royaux,  tenus, 


(li  Min.  Ducbasteigner,  notaire.  Le  23  mars  1621,  un  écolier  blessé, 
rue  des  Cordeliers,  est  pansé  par  Chicard  ;  mais,  le  29  avril  suivant,  c'est 
son  confrère  François  Toyon  qui  constate  les  excoriations  qu'il  possède  à 
la  joue  droite  et  aux  oreilles.  Bibl.  Poitiers,  Cart.  46. 

(2)  Min.  Martin,  notaire. 

(3)  Min.  Duchasteigner,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  175 

comme  les  précédents,  à  prêter  serment  entre  les  mains 
des  juges  (1).  Ils  ont  les  mêmes  droits  que  les  anciens 
lieutenants,  conformément  aux  édits  et  déclarations  de 
février  1656,  de  septembre  1679,  et  à  l'arrêt  du  Conseil 
du  6  août  1668. 

Le  règlement  des  chirurgiens  de  Poitiers  de  1711 
déclare  que  «  les  rapports  énonciatifs  seront  faits  par  le 
chirurgien  du  blessé,  dans  la  ville  et  banlieue,  s'il  est 
maître  du  chef-d'œuvre,  seulement.  De  même,  pour  ceux 
de  la  banlieue  qui  ne  pourront  être  ni  dressés  ni  signés 
par  les  garçons  des  veuves  «  à  peine  de  10  1.  d'amende  ». 
A  la  campagne,  ils  le  seront  par  le  premier  juré  royal 
seulement.  Les  statuts  de  1723  et  de  1730  accordent  à 
tous  les  maîtres  le  droit  d'exercer  la  médecine  légale. 

Le  chapitre  de  Saint-Hilaire,  qui  possède  dans  la  ville 
une  juridiction  particulière,  désigne  son  chirurgien  ordi- 
naire pour  faire  les  rapports  (2).  Le  27  novembre  1739, 
David,  demeurant  paroisse  de  la  Chandelière,  est  chargé 
de  visiter  le  cadavre  du  nommé  Meneau,  hôte  de  la  Ga- 
lère. 

Les  médecins  ont  le  droit,  avec  les  chirurgiens,  d'as- 
sister aux  constatations  médico-légales  et  d'en  dresser 
des  rapports.  L'achat  que  ces  derniers  font,  en  1692,  de 
l'office  de  juré  royal,  les  confirme  une  fois  de  plus  dans 
l'exercice  de  ce  droit.  Ils  sont  tenus,  d'après  leur  règle" 
ment  de  1711,  de  désigner  celui  d'entre  eux  qui  sera 
chargé    de    signer  les  rapports    concernant    l'ouverture 


(1)  Faulcon  continua  par  la  suite  à  s'attribuer  le  titre  de  lieutenant  du 
premier  médecin.  Il  le  prend  au  cours  d'une  discussion  avec  le  premier 
juré  royal,  le  16  juin  1696.  (Min.  Bourbeau,  notaire.) 

(2)  Arch-  Vienne,  Gref.  crim.  du  présidial. 


176  LA  COMMUNAUTÉ 

des  cadavres  atteints  de  fortes  blessures.  D'un  autre 
côté,  les  premiers  veulent  à  leur  tour  obliger  les  maîtres 
à  tenir  un  registre  sur  lequel  ils  inscriront  tous  les  pro- 
cès-verbaux qu'ils  feront  (1).  Ce  registre  aura  pour  but 
d'en  contrôler  le  nombre,  afin  de  leur  permettre  de  tou- 
cher les  émoluments  auxquels  ils  auront  droit. 

C'est  ainsi  que  le  7  août  1725,  les  médecins  viennent 
se  plaindre  des  chirurgiens  qui  rendent  seuls  presque 
tous  les  rapports.  La  justice  y  a  égard  et  accorde  aux 
blessés  des  provisions  d'aliments,  quoique  ces  rapports 
soient  faits  bien  légèrement.  Le  corps  médical  ne  fonc- 
tionne que  sur  l'appel  des  parties  en  cause  ou  bien  d'of- 
fice, par  suite  d'un  jugement  (2).  Une  plainte  semblable 
a  lieu  en  avril  1726.  Elle  est  suivie,  le  8  mai  1727,  d'une 
sommation  adressée  au  lieutenant  Charrier,  d'avoir  à  se 
conformer  aux  édits  de  février  1692  et  de  septembre  1723. 
En  conséquence,  de  ne  dresser  aucun  rapport  sur  les 
corps  morts,  les  blessés,  les  noyés  ou  les  mutilés,  qu'en 
présence  d'un  médecin. 

En  1760,  dans  un  mémoire  que  les  membres  de  la 
Faculté  adressent  au  comte  de  Saint-Florentin,  ils  décla- 
rent posséder,  conjointement  avec  le  chirurgien,  le  droit 
de  rendre  des  rapports  en  justice  pour  les  blessés,  les 
morts,  les  noyés  et  les  mutilés  (3).  Pour  cela,  ils  reçoi- 
vent 3  livres,  somme  qui  entre  dans  leur  bourse  com- 
mune. Malheureusement,    ils   en    sont   privés    ordinai- 


(1)  Arch.  Vienne,  reg.  7  S. 

(2)  Id.,  Reg.  8  S.  Les  médecins  les  accusent,  en  outre,  de  délivrer  des 
certificats  de  complaisance  aux  gens  de  guerre  qui  veulent  «  se  dispenser 
d'aller  à  leur  poste  »  et  même  à  des  particuliers  qui  plaident  en  justice. 

(3)  Arch.  Vienne,  D.  11. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  177 

rement,    n'élant  point    appelés  à    les  faire,  ce   qui   est 
contraire  à  la  loi. 

Les  médecins  ne  font  pas  non  plus  toujours  preuve 
d'une  bien  grande  aménité  à  l'égard  des  chirurgiens. 
Ainsi,  le  24  décembre  1640,  le  docteur  Fontenettes 
dénonce  Jean  Jacquart,  1  un  d'eux,  au  procmeur  du 
roi  (1).  Il  l'accuse  d'avoir  empoisonné  le  sénéchal  de 
Saint-Hilaire.  Jacquart  proteste  et  déclare  que  s'il  a  été 
mal  soigné  par  son  médecin,  il  n'en  est  pas  cause. 
Au  surplus,  il  avait  eu  sage  précaution  d'appeler  un 
autre  de  ses  confrères  en  consultation.  Le  tribunal  met 
l'affaire  en  délibéré  et  menace  le  chirurgien  de  faire 
fermer  sa  boutique  s'il  ne  comparait  pas  à  huitaine. 
Nous  ignorons  le  résultat  du  procès  qui  ne  semble  point 
avoir  été  défavorable  à  Jacquart  que  l'on  retrouve  exer- 
çant sa  profession  de  longues  années  plus  tard. 

Une  question  qui  soulève  toujours  de  nombreuses  dis- 
cussions dans  le  monde  médical,  est  celle  du  secret  pro- 
fessionnel. En  général,  ceux  qui  exercent  l'art  de  guérir 
entendent  le  garder  d'une  façon  absolue,  tandis  que  les 
magistrats  veulent  les  astreindre  à  le  dévoiler.  Le  2  avril 
1542,  le  maire  de  Poitiers  déclare  au  Conseil  qu'il  avait 
réuni  les  chirurgiens,  à  la  suite  d'une  bataille  survenue 
entre  des  étudiants  et  d'autres  personnes  de  la  ville.  Il 
désirait  savoir  quelles  étaient  les  blessures  qui  en  étaient 
résulté.  En  conséquence,  il  leur  avait  donné  l'ordre  de 
déposer  au  greffe  «  les  noms,  cognons,  des  manans  et 
habitans  de  ceste  ville,  lesquels  auroient  esté  blessés  »  (2). 
Ils  déclarèrent  «  qu'ils   n'en  feroient  rien  s'ils  n'estoient 

(?)  Reg.  dél.  mun,,  n°  101. 
(2)  Id  ,  n"  24,  p.  125,  129. 

12 


178  LA  COMMUNAUTE 

contraincls  par  sentances  et  arrelz  ».  Le  maire  ajoute 
qu'il  fera  son  possible  pour  mettre  fin  à  de  tels  abus. 

L'édit  de  1666  oblige  les  chirurgiens  de  Paris  à  décla- 
rer les  noms  des  blessés  qu'ils  ont  eu  à  panser  (1).  Enfin, 
les  règlements  de  1723  et  de  1730  déclarent  que  leurs 
confrères  de  la  province  qui  visiteront  des  blessés  ou  des 
malades,  en  donneront  avis  aux  curés  des  paroisses 
qu'ils  habitent  ou  au  prêtre  qui  les  remplacera,  mais 
seulement  en  cas  de  danger  de  mort.  Cette  mesure  offre 
un  caractère  purement  religieux.  L'ordonnance  du  4  dé- 
cembre 1788  déclare  que  les  maîtres  sont  tenus  de  faire 
connaître  les  personnes  blessées  qu'ils  ont  eu  à  soigner. 
C'est  en  quelque  sorte  l'abolition  du  secret  professionnel 
au   profit  des  gens  de  police. 

Les  chirurgiens  peuvent  être  invités  à  faire  des  autop- 
sies, soit  à  la  demande  des  particuliers,  soit  à  celle  des 
autorités  judiciaires.  Le  19  juin  1581,  l'avocat  Jehan  Mai- 
sonnier,  au  nom  de  Sylvie  Dabillon,  veuve  de  François 
Maisonnier,  adresse  une  sommation  au  lieutenant  des 
maîtres  en  chirurgie  pour  qu'il  procède  à  l'autopsie 
du  corps  de  ce  dernier.  C'est  ce  qui  a  lieu  immédiate- 
ment (2).  Il  constate  que  «  le  lobe  supérieur  du  poumon 
droit  est  leysé  avec  la  maison  du  cœur  nommée  péri- 
carde ou  carsola  corda,  toute  vuyde  et  percée,  et  les 
humiditez  qui  ont  accoutumé  d'estre  contenues  en 
ycelles,  vuydes  »  .  Les  veines  sont  également  vides,  parti- 
culièrement celle  qui  se  trouve  au  dessous  delà  clavicule. 


(1)  Verdier,  loc.  cit.  Il  en  fut  ainsi  au  xiv°  siècle,  en  conséquence  des 
règlements  de  1301  et  du  21  juillet  1373.  Plusieurs  chirurgiens  refusèrent 
de  s'y  soumettre. 

(2i  Min.  Bourbeau,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  179 

Ce  procès-verbal  est  dressé   en   présence  d'un  notaire. 

Un  homme  trouvé  mort  dans  «  un  clairon  »  ou  champ 
situé  près  de  la  Pierre-Levée,  est  autopsié  le  9  mai  1661, 
par  Dardin,  sur  l'ordre  du  maire  (1).  L'opération  termi- 
née, il  attache  le  certificat  de  décès  sur  le  cadavre. 

Le  règlement  de  1711  déclare  que  nul  garçon  de 
veuve  ne  devra  signer  les  procès-verbaux  et  ouvrir  les 
corps  qu'en  présence  des  maîtres.  De  même,  quand  il 
s'agira  de  faire  de  grandes  opérations.  Celui  de  1723 
exige  que  l'on  procède  en  toute  saison,  et  dans  les  vingt- 
quatre  heures,  à  l'autopsie  des  personnes  qui  meurent 
subitement . 

Les  constatations  légales  s'effectuent  en  présence  d'un 
ou  deux  chirurgiens  assistés,  parfois,  d'un  ou  deux  méde- 
cins. Quand  un  blessé  demande  à  faire  constater  l'état 
dans  lequel  il  se  trouve  et  que  cet  état  ne  semble  point 
grave,  un  seul  d'entre  eux  suffit.  Le  19  juillet  1602, 
Pierre  André,  certifie  qu'il  a  examiné  Hector  Bernin 
marchand  à  Saint-Maixent.  Il  lui  a  trouvé  deux  contu- 
sions à  la  face  sur  «  la  partie  senestre,  dont  l'une  est 
ronde  et  large  de  deux  travers  de  doigt  ».  Au-dessous  de 
l'œil  et  du  même  côté,  on  en  rencontre  sur  le  «  zigoma  », 
une  troisième  de  forme  longitudinale,  dont  la  largeur  est 
de  trois  travers  de  doigts  (2).  Sur  la  tempe,  on  remarque 
une  petite  écorchure  du  derme.  Toutes  ces  blessures  ne 
peuvent  provenir  que  de  coups  de  poings,  de  soufflets  ou 
d'autres  causes,  que  l'expert  ne  désigne  point. 

Les   blessures  constatées  par  les    nombreux    procès- 


(1)  Reg.  (M.  mun.,  n°  111,  p.  165  et  176. 

(2)  Ribl.  Poitiers,  cart.  45. 


180  LA  COMMUNAUTE 

verbaux  conservés  dans  les  archives  de  l'échevi- 
nage  ou  dans  celles  du  présidial  de  Poitiers,  nous 
montrent  qu'elles  furent  presque  toujours  semblables. 
En  1611,  ce  sont  des  coups  portés  sur  le  thorax  d'un 
gentilhomme  écossais,  à  quatre  travers  de  doigt  au- 
dessous  de  la  mamelle  droite  (1).  La  même  année, 
Guillaume  Cochet  trouve  que  Jehanne  Borderon  est 
atteinte  «  d'une  playe,  en  grandeur  d'ung  travers  de  doit, 
en  figure  presque  ronde  et  de  la  grosseur  dune  demye 
noys  et  ensemble,  d'une  défloration  du  derme  et  épi- 
derme  »  (2).  Il  termine  en  disant  qu'il  l'a  pansé  jusqu'au 
17  octobre,  ce  qu'il  «  certifie  tenir  vérité  ».  Ce  certificat 
lui  est  payé  la  somme  de  8  livres. 

La  plupart  des  blessures  faites  par  les  écoliers  de 
l'Université  ou  par  les  gens  du  peuple,  se  rencontrent  à  la 
partie  supérieure  du  corps.  Le  3  janvier  1612,  celles  de 
Jehan  Maron,  prévôt  des  étudiants  de  la  nation  du  Limou- 
sin, sont  placées  de  la  sorte.  Elles  comportent  des  contu- 
sions ou  «  meurtrissements  »  à  la  tête,  au  cuir  chevelu, 
aux  tempes  avec  plaies  aux  sourcils,  excoriations  aux 
ioues  et  à  la  partie  supérieure  du  nez.  Il  arrive  parfois, 
quoique  très  rarement,  que  l'on  constate  des  plaies  aux 
jambes  ou  aux  pieds. 

Les  certificats  délivrés  par  les  chirurgiens  indiquent,  à 
l'occasion,  l'origine  présumée  des  blessures.  Elles  pro- 
viennent de  coups  de  bâtons  ou  de  pierres,  de  chutes  «  ou 
d'autres  choses  semblables  »,  ajoute  l'un  deux,  dressé  le 
28  juillet  1625.  Un  second,  de  la  même  année,  indique 
comme  cause  «  des  instruments  pesants,   tranchants  ou 

(1)  Bibl.  Poitiers,  cart.  45. 

(2)  ld.,  ib. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  181 

quelque  chose  de  semblable  »  (1).  Bien  rarement,  il  est 
question  de  poignards,  d'épées   ou  d'armes  à  feu. 

Les  chirurgiens  sont  appelés,  en  compagnie  des 
médecins,  à  constater  des  cas  de  folie.  En  1744,  le 
médecin  Poitevin,  accompagné  du  chirurgien  Descou- 
teaux, établit  l'état  de  folie  d'une  jeune  fille  de  Poitiers  (2). 
Seuls,  deux  chirurgiens,  accompagnés  de  deux  sages- 
femmes,  sont  chargés  de  visiter  les  femmes  qui,  retenues 
en  prison,  déclarent  être  sur  le  point  d'avoir  un  enfant  (3). 
C'est  ainsi  que.  le  5  juillet  1632,  à  la  suite  d'une  sem- 
blable constatation,  faite  dans  les  prisons  del'Echevinage, 
les  premiers  reçoivent  un  écu  chacun  et  les  seconds, 
un  demi  seulement. 

Tout  certificat  délivré  par  le  chirurgien  lui  est  payé 
8  livres  au  xvne  siècle  (4).  Au  siècle  suivant,  sa  journée 
de  vacation  est  comptée  5  livres  et  son  rapport  3  livres. 

D'après  Etienne  Thevet,  l'exercice  de  la  médecine 
légale  est  loin  d'être  pratiqué  d'une  façon  sérieuse  au 
début  du  xvne  siècle  Si  les  maîtres  peuvent  juger  con- 
venablement les  cas  et  en  dresser  de  sérieux  procès- 
verbaux,  il  existe  d'autres  personnes  qui,  tout  en  rem- 
plissant les  mêmes  fonctions,  sont  loin  de  les  valoir. 
«  Chacun,  dit-il,  fait  des  raports  de  maladies,  les  femmes 
aussi  bien  que  les  hommes,  les  apprentifs  et  compa- 
gnons, comme  les  maîtres  et  mesmement,  ceux  qui  se 
disent  abusivement  renoueurs  des  dislocations  et  racou- 


(1)  Bibl,  Poitiers,  cart.  45.  Le  10  juillet  1679,  Pufour  fait  l'autopsie  d'un 
homme  tué  d'un  coup  d'épée  à  Gizay  (Arch.  Vienne,  Gref.  crim.  du 
présidial.) 

(2)  Arch.  Vienne.  Gref.  crim.  du  présidial. 

(3)  Reg.  dél.  mun.,  n°  82 

(4)  Bibl.  Poitiers,  cart.  45.   —  Arch.   Vienne,  Gref.  crim.  du  présidial. 


182         LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

trèurs  de  fractures  ».  On  les  appelle  comme  témoins  et 
même  comme  juges  dans  les  affaires  qu'ils  ignorent  le 
plus  (1).  Les  obstétrices  ou  sages-femmes  ne  devraient 
pas  non  plus  pratiquer  des  expertises,  car  elles  ignorent 
l'intérieur  du  corps  humain  et  ne  peuvent  pratiquer  que 
des  attouchements,  ce  qui  est  de  leur  métier.  Il  termine 
en  conseillant  à  ses  confrères  de  ne  jamais  indiquer  le 
temps  nécessaire  pour  une  guérisonet  d'agir,  à  cet  égard, 
avec  la  plus  parfaite  prudence. 

(1)  Etienne  Thevet,  loc.  cit. 


CHAPITRE  XII 


L  EXERCICE  DE  LA  CHIRURGIE  PAR  LES  GARÇONS 
ET  LES  VEUVES  DES  MAITRES. 


Compagnons  logés  en  chambre.  —  Ils  épousent  parfois  les  filles  ou  les 
veuves  des  maîtres.  —  Opposition  d'un  chirurgien  à  un  tel  mariage.  — 
Exercice  de  la  chirurgie  par  les  garçons.  —  Les  droits  restreints  d'exer- 
cer obtenus  après  examen.  —  Les  enseignes  de  leurs  boutiques.  — 
Exercice  très  réduit  de  la  médecine  légale.  —  Location  par  les  maîtres 
ou  les  veuves  de  leurs  privilèges  aux  compagnons.  —  Poursuites  qui 
restent  sans  aucune  sanction. 


Nombreux  sont  les  compagnons  qui,  prenant  le  simple 
titre  de  chirurgien,  s'établissentà  Poitiers.  Les  uns  restent 
comme  employés  chez  les  maîtres,  les  autres  louent  leurs 
boutiques  ou  celles  des  veuves.  Il  en  est  parmi  eux  qui 
finissent  par  obtenir  la  maîtrise,  soit  en  achetant  la  clien- 
tèle d'un  patron,  soit  en  épousant  sa  fille. 

Les  garçons  se  logent  souvent  là  où  ils  veulent  et  non 
chez  les  maîtres.  Le  13  septembre  1703,  Pierre  Lcfevre, 
âgé  de  25  ans,  demeure  plan  de  la  Celle,  dans  la  maison 
du  teinturier  Foureau  (1).  Le  10  mai  1(160, Robert  Avril, 
né  à  Angers,  qui  prend  sa  pension  chez  François  Perrot, 
déclare  lui  devoir  150  livres   pour  fourniture  «  de  mar- 

(I)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


181  LA  COMMUNAUTE 

chandisès  de  bouche  »  (1).  Il  n'habite  ni  ne  mange  chez 
son  patron. 

Les  compagnons  se  marient,  en  général,  avec  des  filles 
de  marchands.  Le  3  août  1603,  Jean  Chauveau,  fils  d'un 
boucher  d'Angers,  passe  contrat  pour  épouser  celle  de 
Pierre  Clément,  me  joueur  d'instruments  (2>.  Le  8  sep- 
tembre 1656,  Jean  Lejay,  s'  de  La  grange,  élève  chez 
Cothereau,  prend  en  mariage  Renée  Bussereau,  fille 
d'un  commerçant  (3).  Il  en  est  de  même  pour  Vincent 
Poisson  (4).  Le  23  novembre  1699,  il  s'unit  à  Marie 
Picquet,  fille  d'un  teinturier.  En  général,  les  enfants 
de  ces  chirurgiens  conservent  leurs  relations  de  famille 
dans  le  monde  du  petit  commerce,  comme  nous  l'indi- 
quent les  registres  paroissiaux  et  les  minutes  des  an- 
ciens notaires  de  Poitiers. 

Les  compagnons  établis  à  demeure  dans  la  ville,  possè- 
dent quelques  propriétés,  maisons  ou  jardins  de  peu  de 
valeur.  Le  28  avril  1676,  Pierre  Gresson,  demeurant 
paroisse  Sainte-Triaise,  loue  à  son  confrère  Guyon  Este- 
meau,  une  maison  moyennant  42  livres  par  an  (5).  Il  en 
est  de  même  de  Pierre  Larin  et  de  Jeanne  Marsault,  sa 
femme  (6).  Ils  donnent  à  ferme  au  marchand  Cosme 
Marsault  la  boutique  qu'ils  possèdent  dans  la  salle  du 
Palais,  moyennant  18  livres  chaque  année. 

Il  arrive  parfois  que  des  garçons  chirurgiens  épousent 
des  veuves  de  maîtres.  C'est  ainsi  que  Suzanne  Benéteau 


(1)  Min.  Touton,  notaire 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Min.   Levasseur,  notaire. 

(4)  Min.   Bourbeau,   notaire. 

(5)  Min.  Vezien,  notaire. 

(6)  Min.  Royer,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  185 

ayant  perdu  son  mari  Josné  T rotin,  maître  en  chirurgie, 
convole  en  secondes  noces  avec  René  Eguillon,  qui  ne  se 
lit  jamais  recevoir  à  la  maîtrise  (1).  Parfois  également, 
des  filles  de  maîtres  deviennent  amoureuses  des  compa- 
gnons qui  sont  chez  elles.  Ainsi,  le  21  octobre  1678, 
est  passé  le  contrat  de  mariage  deTiburce  Limousin,  fils 
d'un  notaire  de  Ton  fou,  avec  Marie- Jeanne,  fille  de  Jean 
Boucault,  maître  chirurgien,  et  de  Marie  Audinet  (2\ 
Les  faits  de  ce  genre  sont  assez  communs. 

Quelques  patrons  ne  voient  point  toujours  d'un  œil 
bienveillant  certaines  amourettes  entre  leurs  filles  et  leurs 
serviteurs.  Celle  de  Nicolas  Garon,  maître  chirurgien, 
s'élant  éprise  «  d'amitié  grande  et  passionnée  »  pour, 
Etienne  Benoyge,  dit  Dufour,.  originaire  d'Angoulême, 
ce  dernier  est  qualifié  par  les  parents  de  la  jeune  fille 
«  d'homme  de  néant  et  sans  biens  ».  Il  en  résulte  que  la 
pauvre  amoureuse  est  enfermée  deux  ans  au  couvent 
des  Filles  de  Saint-François.  Elle  en  sort,  le  29  janvier 
1659,  sans  qu'on  ait  pu  «  estouffer  en  elle  cette  imper- 
tinante  et  brutale  passion  »  (3).  Ayant  ensuite  abandonné 
sa  famille,  celle-ci  la  déshérite  sous  prétexte  que  le  fiancé 
«n'aaulcun  bien,  ains  au  contraire,  beaucoup  de  debtes, 
peu  expérimenté  en  sa  profession  et  de  mœurs  peu 
réglées,  comme  on  en  a  grande  cognoissance  ».  Ce  roman 
se  termine,  le  30  juillet  1659,  par  un  mariage,  et  le  marié 
se  fait  recevoir  plus  tard  maître  en  chirurgie. 


(1)  Min.  Marrot,   notaire. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Id.  Reg.  par  saint  Didier.  Ce  même  Nicolas  Caron  avait,  lui  aussi, 
épousé,  le  20  mai  1630,  Catherine  Cochet,  fille  de  son  patron.  (Reg.  par. 
Saint-Didier.) 


186  LA  COMMUNAUTE 

Certains  compagnons,  tout  en  restant  au  service 
des  maîtres',  exercent  le  métier  de  chirurgien  pour  leur 
propre  compte.  L'article  10  du  règlement  de  1711 
condamne  ceux  qui  agissent  de  la  sorte,  à  une  amende 
de  20  livres  par  contravention.  Il  en  est  de  même  à 
l'égard  de  ceux  qui  en  sont  sortis.  Ils  tombent  dans 
la  catégorie  des  gens  que  l'on  appelle  des  chamberlans, 
quand  ils  pratiquent  une  profession  sans  en  avoir  le 
droit. 

Le  22  novembre  1582,  Jehan  Fouquet,  garçon  chirur- 
gien, se  fait  remettre  un  billet  par  Robert  Pelletier, 
tailleur  à  Ruffec.  Ce  dernier  reconnaît  lui  devoir  lOécus 
d'or  «  à  cause  et  pour  raison  de  l'avoir  pansé,  médica- 
menté  et  traicté  d'une  arquebusade  que  luy  avoit  reçu 
à  la  main  et  l'avoit  blessé  et  offensé  »  (1).  Le  13  juillet 
1631,  le  vitrier  Christophe  Laumonier  confesse  devoir 
à  Morizet  la  somme  de  100'livres  pour  les  soins  qu'il 
lui  a  donné  pendant  la  peste  (2).  Le  traitement  de  la 
maladie  avait  été  pris  à  forfait,  ce  qui  se  pratiquait 
jadis  assez  souvent. 

L'exercice  de  la  chirurgie  par  les  compagnons,  quoique 
considéré,  avec  juste  titre,  comme  illégal,  ne  semble 
point  avoir  soulevé  de  grandes  difficultés  devant  le  tribu- 
nal de  l'Echevinage,  au  point  de  vue  du  paiement  des 
honoraires  Le  lcl  décembre  1633,  Daniel  Régner 
réclame  «  les  sallaires,  traitemens  et  médicamens  que 
lui  doit  le  marchand  savetier  Sébastien  Villars  (3).  La 
note  se  monte  à  la  somme  de  17  livres.  En  général,  les 


(1)  Min.  Guyonneau,  notaire. 

(2)  Bibl.  Poitiers,  cart   43. 

(3)  Arch.  Vienne,  C    177,  fl>  9,  v°. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  187 

clients  des   garçons    chirurgiens  se  rencontrent  surtout 
parmi  les  gens  peu  fortunés. 

Nombre  de  veuves  de  maîtres  ne  voulant  point  conti- 
nuer seules  l'exercice  de  la  profession  de  leur  mari, 
quoique  ce  soit  leur  droit,  s'adjoignent  un  compagnon  qui, 
moyennant  certaines  conditions  à  remplir,  peut  les  rem- 
placer et,  de  la  sorte,  tenir  boutique  ouverte. 

L'article  VII  du  règlement  de  1711  déclare  que  «  les 
veuves  des  maîtres  ne  recevront  en  leurs  boutiques  qu'un 
seul  garçon,  lequel  sera  présenté  devant  la  communauté 
assemblée  en  la  Chambre  commune,  un  billet  en  main, 
de  la  part  de  la  veuve  qui  l'acceptera  pour  tenir  sa  bou- 
tique, pour  être  interrogé  en  présence  du  conseiller  du 
rov,  médecin  en  charge,  par  un  examen  d'une  scéance 
seulement,  gratis,  pour  faire  preuve  de  sa  capacité  à 
tenir  boutique  chez  la  veuve». 

L'article  VIII  exige  qu'avant  d'y  entrer,  les  compagnons 
soient  inscrits  sur  le  registre  du  greffier  de  la  commu- 
nauté, «  lequel  leur  délivrera  un  certificat  d'examen  pour 
garçons  de  veuves  seulement,  en  payant  2  livres,  dont  le 
reçu  sera  au  bas  de  l'acte  escrit  sur  les  livres.  Il  n'en 
sera  reçu  aucun,  qu'il  n'ait  fait  aparoir  son  certificat  de 
religion  et  mœurs  et  un  contrat  d'apprentissage  fait  chez 
un  maislre  de  chefs-d'œuvre  et  de  service  de  plus  de 
deux  ans  entiers  chez  des  maistres  dont  il  en  retirera 
certificat  ». 

Cet  article  est  destiné  à  mettre  un  terme  aux  abus  de 
certaines  veuves  «  qui  prennent  des  garçons  non  capables, 
mesme  n'ayant  pas  parachevé  leur  apprentissage,  et 
autres  qui,  sans  capacité  ni  lettres  des  jurés  royaux,  con- 
trenvienent  à  la  déclaration  du  roi  de  1672.  » 


188  LA  COMMUNAUTE 

L'arlicle  IX  déclare  que  les  garçons  des  veuves  «  n'au- 
ront d'autres  vitres  à  leurs  cadres  ou  châssis  de  bou- 
tique que  petits  carreaux,  et  pour  enseigne,  qu'un  bassin 
de  cuivre  jaune  et,  les  dits  garçons  se  feront  inscrire 
tous  les  ans  sur  les  livres  du  greffe  pour  éviter  les  abus,  à 
peine  de  5  livres  d'amende,  payant  pour  chaque  inscrip- 
tion une  livre,  dont  il  sera  remis  receu.  Et,  ne  pourront 
s'associer,  les  dits  garçons,  avec  aucun  autre,  sous 
aucun  prétexte,  n'étant  eux-mêmes  que  garçons  de 
veuves;  leur  est  fait  deffences  par  les  déclarations  du 
roy  et  par  tous  statuts  et  règlements,  de  prendre  aucuns 
locatifs,  ny  aprentis,  sous  peine  de  50  livres  d'amende, 
étant  en  droit  réservé  aux  maistres  de  chef-d'œuvre  seuls. 
Leur  est  défendu  pareillement,  de  servir  aucun  hôpital 
que  sous  un  maistre  de  chef-d'œuvre  et  de  ne  lever 
aucun  appareil  posé  par  un  maistre,  sous  peine  de  30 
livres  d'amende   ». 

D'après  l'article  X,  l'exercice  de  la  médecine  légale 
leur  est,  à  cette  époque,  presque  complètement  interdit. 
«  Ils  ne  pourront  en  aucun  lieu  de  juridiction,  dedans  et. 
dehors  la  banlieue,  lever  aucun  cadavre,  ne  rendre  ny 
signer  de  procès-verbaux,  mesme,  ne  pourront  faire  chez 
les  particuliers  d'ouverture  de  corps,  morts  de  maladies, 
qu'assistés  d'ung  maistre  de  chef-d'œuvre,  ny  faire  aucune 
opération  décisive,  sans  la  même  assistance,  à  peine  de 
20  livres  pour  chaque  contravention  ;  encourront  la 
même  peine,  s'il  est  prouvé  qu'ils  travaillent  avec  des 
gens  sans  caractère,  comme  moynes,  chamberlans  et 
autres  ;  la  même  deffence  est  faite  aux  garçons  des 
maistres  ». 

Telles  sont  les  conditions  un  peu  dures  que  l'on  impose 


DES  MAITRES  DES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS         189 

aux  compagnons  désireux  d'entrer  au  service  des  veuves. 
Les  restrictions  qu'ils  ont  à  subir  au  point  de  vue  de 
l'exercice  de  leur  profession,  la  rend,  sans  aucun  doute, 
assez  peu  lucrative.  Ajoutons  qu'ils  sont  soumis  aux  deux 
visites  annuelles  des  maîtres  jurés,  avec  obligation  de 
verser  1  livre  pour  chacune  d'elles,  sous  peine  de  10  livres 
d'amende. 

Les  garçons  se  substituent,  à  l'occasion,  aux  veuves 
chez  lesquelles  ils  travaillent,  quand  il  s'agit  de  faire  ren- 
trer les  sommes  que  doivent  les  clients  Le  11  décembre 
1671, Louis  Derazay,  chirurgien,  demeurant,  dans  la  bou- 
tique de  Louise  Chicard,  veuve  de  Claude  Boury, 
réclame,  en  son  propre  nom,  le  paiement  «  des  sallaires 
et  traittemens  par  luy  employés  en  la  maladie  de  Mar- 
chadier  atteint  d'une  plaie  à  la  teste  où  il  a  fallu  lui 
appliquer  le  trépan  par  deux  endroits  et  l'avoir  traitté 
jusqu'à  guérison  »  (1).  Après  vérification  de  son  mémoire, 
le  présidial  lui  accorde  gain  de  cause. 

Il  arrive  souvent  que  les  veuves  des  maîtres  louent 
à  des  garçons  leurs  boutiques  avec  le  privilège  qu'elles 
ont  de  les  tenir  ouvertes.  Le  2  février  1677,  Jeanne 
Seigneuret,  veuve  de  Pierre  Touchet,  cède  à  François 
Ghaboisseau,  pendant  trois  années,  à  partir  de  la  Notre- 
Dame  de  mars,  «  le  droit  et  privilège  quy  luy  appartient, 
en  qualité  de  veuve  de  Touchet,  maître  chirurgien,  de 
tenir  boutique  ouverte  de  chirurgien  et  de  faire  toutes  les 
fonctions  de  chirurgiens,  pour  en  jouir  pendant  led.  temps 
de  trois  ans  ;  l'exercer  comme  bon  luy  semblera,  sans 
pouvoir    estre  troublé   par  les    maistres,    ce    que    lad. 

(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


190  LA  COMMUNAUTE 

dame  Seigneuret  offre  de  garantir  »  (1).  Le  marché  est 
conclu  moyennant  une  somme  annuelle  de  60  livres 
payable  en  deux  fois.  Cependant,  Chaboisseau  se  réserve 
le  droit  d'abandonner  la  boutique,  quand  bon  lui  sem- 
blera, en  prévenant  une  année  à  lavance. 

Les  marchés  de  ce  genre  varient  peu  dans  leur 
ensemble,  pendant  toute  la  seconde  moitié  du  xvne  siècle. 
Le  24  février  1674,  Marie  Colhereau,  veuve  de  Jehan 
Monnet,  afferme  son  privilège  pour  cinq  ans.  Entre  autres 
clauses,  elle  en  fait  insérer  une  qui  deviendra,  plus  lard, 
parfaitement  illégale.  Cette  clause  dit  que  Pierre  Gui- 
gnard,  chirurgien,  et  Marie  Rabeau,  sa  femme,  auront  le 
droit,  non  seulement  d'exercer  par  eux-mêmes,  mais 
encore  de  prendre  des  apprentis  et  des  locatifs.  Le  bail 
est  conclu  moyennant  85  livres  chaque  année  (2).  Nous 
venons  de  voir  que  l'article  IX  du  règlement  de  1711 
vint  interdire  a  ceux  qui  louaient  de  tels  privilèges  le 
droit  d'avoir  des  employés. 

Le  17  janvier  1676,  Pierre  Roy  prend  la  suite  de 
Marie  Jacquault,  veuve  de  Georges  Cochet,  maître  chirur- 
gien pour  une  durée  de  trois  ans;  moyennant  52  livres  par 
année,  payables  chaque  trimestre  et  à  l'avance  (3).  Si 
cette  dernière  vient  à  mourir,  le  marché  restera  nul  de 
plein  droit. 

La  durée  de  ces  fermes  semble  varier  de  trois  à  cinq 
ans.  Leur  prix  se  tient  entre  40  livres  et  50  livres,  sommes 
qui  sont  payables  par  parties  égales,  en  deux  ou  quatre  fois 
et  à  l'avance.  De  leur  côté,  les  veuves  se  portent  garantes 


(1)  Min.  G.  Marrot,  notaire. 

(2)  Min,  Duchasteigner,  notaire. 

(3)  Min.  Cailler,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  191 

vis-à-vis  de  leurs  locataires  des  privilèges  dont  ils  auront 
la  jouissance. 

Il  arrive  souvent  qu'à  la  suite  de  semblables  marchés, 
les  garçons  finissent  par  acquérir  les  boutiques  qu'ils 
exploitent,  et  se  présentent  ensuite  à  l'examen  de  maî- 
trise (1).  C'est  ainsi  que  Ton  trouve  parmi  ces  simples 
compagnons  devenus  maîtres,  les  noms  de  Pierre  Rov, 
Germain  Hérault,  François  Hérault,  et  ceux  de  beaucoup 
d'autres  qui  employèrent  ce  moyen  afin  de  faire  partie 
de   la  communauté  des   chirurgiens. 

A  côté  des  veuves,  on  rencontre  aussi  des  maîtres  qui, 
sans  aucun  droit,  croyons-nous,  passent  des  contrats 
d'un  caractère  tout  spécial,  avec  des  compagnons  aux- 
quels ils  louent  temporairement  leurs  boutiques. 

Le  4  mars  1673,  François  Perronneau,  maître  chirur- 
gien, donne  en  location  pour  une  année  à  Jehan  Bon  chi- 
rurgien, «  une  boutique,  arrière-boutique,  cave  en  dessous, 
deux  espaces  à  côté  pour  mettre  du  boys,  plus  une  cham- 
bre haute  qui  a  vue  sur  la  rue  et  antichambre  à  côté. 
L'usage  du  grenier,  de  la  citerne,  de  la  buanderie,  des 
lieux  communs,  le  tout  situé  paroisse  Saint-Porchaire  (2). 
Plus,  promet  son  adveu  pour  pouvoir  Iravailler  en  ladite 
boutique  pendant  ladite  année,  à  la  charge  de  ne  desli- 
vrer par  led.  Bon,  aucuns  rapports  des  mallades  et 
blessés  qu'il  pansera,   sans  être  au  préalable  signé  dudit 


(1)  Ces  locations  de  privi  èges  étaient  assez  communes  à  cette  époque 
en  Poitou.  Le  29  décembre  1682,  Marie  Comte,  veuve  de  Georges  Sabou- 
rin,  maître  chirurgien  à  Saint-Maixent,  loue  pour  cinq  ans  son  privilège  à 
Jean  Pages,  chirurgien.  Elle  lui  cède,  moyennant  40  livres  par  an,  le  droit 
au  logement  avec  la  jouissance  de  deux  bassinoires,  lune  d'étain  et  l'autre 
d'airain,  de  douze  poêlettes  et  de  deux  chaises.  Le  tout  se  trouvant  dans 
la  boutique  (Min.  Liepvre,  notaire  à  Saint-Maixent.) 

(2)  Min.  Perronnct,  notaire. 


192  LA  COMMUNAUTE 

Pcrronneau,  lequel  aura  moitié  dans  les  profficts  desd. 
rapports.  Et,  en  le  cas  que  led.  Bon  prenne  des 
aprentifs,  se  feront  les  contracts  d'apprentissage  sous  le 
nom  dud.  s'  Perronneau  qui  aura  pour  chacun  d'iceux 
la  somme  de  10  livres.  Le  sr  Perronneau  se  réserve 
de  pouvoir  travailler  pour  ses  amys,  sans  que  led.  Bon 
puisse  lui  en  demander  aulcune  chose,  mais  s'il  retient 
quelques  malades  pour  les  traicler  et  médicamenter,  les 
parties  les  nourriront  et  panseront  par  moitié  en  contri- 
buant ainsi  de  ce  dont  ils  auront  besoin  ».  Perronneau 
s'engage  à  ne  prendre  aucun  apprenti,  locatif  ou  serviteur 
pendant  Tannée   Bon  lui  versera  la  somme  de  150  livres. 

Le  15  mars  1674,  c'est  MathurinDardin,  lieuienant  du 
premier  chirurgien  du  roi,  qui  loue  pour  cinq  ans  sa  bou- 
tique à  Nicolas  Cothet  (1).  Ce  dernier  aura  le  droit  de 
prendre  un  apprenti  à  condition  de  lui  verser  «  un 
juste  d'or  ».  Il  ne  jouira  d'aucun  des  privilèges  attachés 
aux  charges  de  lieutenant  du  premier  chirurgien  et  de 
commis  du  premier  médecin  du  roi.  Il  ne  signera  aucun 
des  rapports  qu'il  dressera  pour  les  blessés.  Il  prendra  la 
suite  de  la  clientèle  des  moines  de  Montierneuf  qu'il 
pourra  soigner  et  auxquels  il  fera  le  poil.  Cette  charge 
lui  rapportera  un  bussard  de  vin  pineau  et  30  boisseaux 
de  blé.  Le  marché  a  lieu  moyennant  90  livres  par  an, 
dont  20  livres  à  l'avance. 

Faute  d'entente,  cette  convention  est  résiliée  le  16 
juillet  1676  (2).  Dardin  traite  alors  avec  un  autre  com- 
pagnon nommé  Jean  Lamy,  pour  une  durée  de  cinq  ans. 
Les  conditions  restent  à  peu  près  les  mêmes.   Toutefois, 

(t)  Min.  Cailler,  notaire. 

(2)  Arch.    Vienne,  Gref.  civil  du  présidial.  —  Le  16  avril    1703,  René 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  193 

le  premier  recevra  un  louis  d'or  chaque  fois  que  son  rem- 
plaçant prendra  un  apprenti. 

Ces  sortes  de  conventions  ne  sont  pas  sans  occasionner 
certaines  difficultés  dans  la  pratique.  Les  compagnons 
ne  peuvent  s'adresser  directement  à  la  justice  pour  se 
faire  payer  de  leurs  clients.  Ils  doivent  les  poursuivre  au 
nom  du  propriétaire  de  la  boutique  dont  ils  sont  supposés 
être  les  garçons.  Le  20  novembre  1660,  Vincent  Pelaud, 
qui  se  trouve  dans  une  semblable  situation,  réclame  au 
serrurier  Millet  une  note  qui  serait  due  au  maître  chirur- 
gien JoachimToyon  (1).  Le8janvier  1664,  Pierre  Roy,  ser- 
viteur chirurgien,  au  nom  de  Pierre  Pinot,  son  maître,  se 
fait  payer  de  la  somme  de  31  livres  due  par  Pain,  s1'  des 
Forges  (2).  Le  même  Pinot  agit  de  la  sorte,  en  1671,  à 
l'égard  de  Pierre  et  de  Michel  Amassard,  père  et  fils, 
imprimeurs. 

Cet  exercice  illégal  delà  chirurgie  par  les  compagnons 
ne  passe  point  toujours  inaperçu,  lors  des  visites  faites 
chaque  année,  par  le  lieutenant  et  les  jurés.  Le  13  sep- 
tembre 1658,  Mathurin  Dardin,  accompagné  de  Josué  Tro- 
tin  et  d'Isaac  Jolly,  maîtres  et  gardes,  se  transporte  chez 
Nicolas  Poirier,  Jehan  Boury  et  Porcher.  Il  leur  déclare 
que  contrairement  aux  arrêts  du  grand  conseil,  «  ils  ne 
laissent  de  tenir  boutique  et  barberie,  bien  qu'ils  ne 
soient  ni  reçus  ni  admis  »  (3).  Sur  la  maison  de  Poirier, 
près  des  Jacobins,  se  trouve  une  enseigne  portant  ces 
mots  :  «  Au  bassin  d'or,  on  fait  le  poil  »,  et  à  l'intérieur, 

Chevillon,  maître  chirurgien  à  Niort,  loue  pour  trois  ans  son  privilège  à 
André  Reauvais  (Min.  Gruget,  notaire  à  Niort.) 

(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(2)  ld..  ib. 

(3)  Min.  Cailler,  notaire. 

13 


194  LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

il  y  a  bassins,  coquemarts,  ventouses  et  autres  instru- 
ments de  chirurgie. 

La  boutique  de  Pierre  Porcher,  sise  près  de  la  «  Bal- 
lance  »,  est  garnie  de  poêlettes  et  de  bassins.  Celle  de 
Boury,  à  la  porte  du  Pont-Joubert,  possède  les  mêmes 
instruments,  avec  une  enseigne  qui  supporte  un  bassin 
de  cuivre  jaune. 

Nous  ignorons  si  de  semblables  constatations  donnèrent 
lieu  à  des  procès.  Pourtant,  le  21  février  1702,  les  jurés 
royaux  poursuivent  Etienne  Garon,  Martin  Grojard, 
Fulgent  Doulleau,  Vincent  Poisson  et  Gabriel  Chambel- 
lain,  tous  garçons  chirurgiens,  qui  exercent  grâce  aux 
privilèges  que  les  maîtres  leur  ont  donné  à  ferme.  Il  ne 
nous  a  pas  été  donné  de  connaître  le  résultat  de  ces  pour- 
suites. En  tout  cas,  quelques  mois  plus  tard,  le  22  mai 
1702,  le  présidial  semble  estimer  une  telle  situation 
comme  parfaitement  légale.  Jacques  Faulcon,  maître 
chirurgien,  paroisse  Saint-Savin,  réclame,  en  1702,  à 
Jean  Poisson  la  somme  de  73  livres  pour  la  ferme  de 
sa  maison  et  pour  le  droit  qu'il  lui  a  concédé  de  jouir 
du  privilège  de  tenir  boutique  ouverte  en  son  lieu  et 
place  (1).  Il  obtient  facilement  gain  de  cause  et  nul  le 
lui  conteste  le  droit  de  louer  son  diplôme  de  maître. 

A  l'exception  des  garçons  demeurant  chez  les  veuves, 
tous  les  autres  exercent  à  leurs  risques  et  périls,  en  se 
substituant  auxmaîtres  en  chirurgie.  Si,  parfois,  certains 
de  ces  derniers  manifestent  quelques  velléités  d'opposi- 
tion et  s'élèvent  contre  de  telles  illégalités,  les  pouvoirs 
publics  s'en  désintéressent  de  la  façon  la  plus  complète. 

(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


CHAPITRE  XIII 


L  EXERCICE    DE    L  OBSTETRIQUE     PAR  LES    SAGES-FEMMES. 


Choix  d'une  sage-femme.  —  Rôle  du  clergé.  —  Assemblées  des  femmes 
mariées  que  préside  le  curé.  —  Serment  de  celle  qui  est  choisie  dans 
la  paroisse.  —  Obligation  des  examens,  à  partir  de  1692.  —  Luttes 
entre  médecins  et  chirurgiens  pour  y  assister.  —  Obligation  d'un  appren- 
tissage. —  Cours  d'obstétrique  suivis  d'examens.  —  Remise  d'un 
diplôme.  —  Cérémonie  imposée  par  le  Rituel  du  diocèse  pour  l'admis- 
sion des  matrones  à  exercer  leur  art.  —  Surveillance  du  clergé  au 
point  de  vue  de  certaines  obligations  religieuses.  —  Accouchements 
clandestins.  —  Ordonnances  de  la  police.  —  Prix  des  accouchements. 


Les  sages-femmes  que  l'on  appelait  belles-mères,  obsté- 
trices,  matrones  ou  ventrières,  se  rattachent  à  la  chirurgie 
dont  elles  pratiquent  une  branche  spéciale  d'une  grande 
importance.  Pendant  de  longs  siècles,  elles  restent  sous 
l'autorité  du  clergé,  au  point  de  vue  de  certaines  obli- 
gations religieuses  qu'elles  sont  tenues  de  remplir,  sans 
qu'il  soit  question,  pour  cela,  de  leurs  capacités  profes- 
sionnelles. 

Quand  la  sage-femme  vient  à  manquer  dans  une 
paroisse,  le  curé  ou  le  vicaire  réunissent  toutes  les 
femmes  mariées.  Cette  réunion  a  lieu  le  dimanche  après 
les  vêpres.  Celles  qui  désirent  obtenir  le  poste  vacant  se 
font  connaître,  puis  l'une  d'elles  est  nommée  à  la  plura- 
lité  des   voix. 


196  LA  COMMUNAUTÉ 

L'élection  terminée,  le  prêtre  fait  entrer  dans  l'église 
la  personne  choisie,  et  là,  lui  fait  prêter  serment.  Il 
dresse  ensuite  un  procès-verbal  du  résultat  de  la  réunion 
et,  parfois,  l'inscrit  sur  son  registre  paroissial,  dans  la  for- 
me de  celui  que  nous  trouvons  à  Lusignan,  le  14  septem- 
bre 1702  (1).  Il  est  libellé  de  la  façon  suivante  :  «  Nous, 
curé  soussigné,  après  qu'il  nous  a  apparu  la  capacité,  vie  et 
bonnes  mœurs  des  nommées  Esther  Promenier,  âgée  de 
soixante-douze  ans,  et  Jacquette  Pasquet,  âgée  de  cin- 
quante ans  et  le  serment  par  elles  preste  devant  Dieu  sur 
les  saints  évangiles,  de  se  comporter  dignement  et  avec 
fidélité,  de  la  charge  qu'elles  désirent  prendre,  d'assister 
les  femmes  dans  leurs  couches,  nous  leur  avons  permis 
d'en  faire  l'exercice  dans  notre  paroisse,  tant  et  si 
longtemps  qu'elles  vivront  catholiques  et  qu'elles  rempli- 
ront leurs  devoirs.  » 

Pendant  longtemps,  les  matrones  appartenant  à  la 
religion  protestante  peuvent  exercer  comme  les  catho- 
liques. Cette  tolérance  leur  est  supprimée  par  la  déclara- 
tion du  20  février  1680.  Il  y  est  dit  que  «  des  protestants 
de  l'un  et  l'autre  sexe  font  office  de  sages-femmes,  sans 
croire  le  baptême  absolument  nécessaire,  ni  même 
ondoyer  les  enfants  en  présence  d'une  mort  possible, 
avant  de  les  envoyer  au  temple  baptiser.  Quand  un 
catholique  est  en  danger  de  succomber,  le  prêtre  n'est 
point  averti.  Il  meurt  sans  confession  ni  sacrements.  Les 
enfants  illégitimes,  dont  la  naissance  est  cachée,  sont 
instruits  dans  la  religion  prétendue  réformée,  quoique  de 
parents  catholiques  ».  Défense  est  faite  aux  protestantes 

(1)  Reg.  par.  de  Lusignan. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  197 

d'exercer  l'art  des  accouchements,  à  peine  de  3.000  livres 
d'amende,  conformément  à  la  déclaration  du  15  février 
1669  concernant  les  réceptions  dans  les  maîtrises  des  arts 
et  métiers.  A  partir  de  cette  époque,  un  certificat  de 
catholicité  est  exigé  de  toutes  les  postulantes. 

Jusque-là,  les  matrones  ne  sont  soumises  à  aucun 
examen  professionnel.  Pourtant,  leurs  connaissances 
semblent  avoir  été  plutôt  rudimentaires.  En  1587,  un 
gentilhomme  poitevin  écrit  un  opuscule  «  contre  la  mau- 
dite et  perverse  impéricie  des  femmes  que  l'on  appelle 
belles-mères,  lesquelles  par  leur  ignorance  font  jour- 
nellement périr  une  infinité  de  femmes  et  d'enfants,  lors 
de  leur  naissance  »  (1).  Un  tel  état  de  choses,  qui  se 
continua  tout  le  xvne  siècle,  devait  fatalement  attirer 
l'attention  de  l'autorité  publique.  C'est  ainsi  que  parut, 
en  février  1692,  la  première  ordonnance  royale  ayant 
trait  à  cette  importante  question. 

Cette  ordonnance,  donnée  à  Versailles,  oblige  les 
sages-femmes  à  subir  un  examen,  puis  à  verser  un  droit 
de  20  livres  au  juré  royal  dans  les  grandes  villes  et  de 
10  livres  seulement  dans  les  localités  de  peu  d'impor- 
tance. Les  docteurs  en  médecine  doivent  y  être 
présents. 

Le  14  janvier  1711,  les  médecins  portent  plainte  au 
présidial  et  accusent  les  matrones  de  se  soustraire  aux 
épreuves  que  comporte  la  précédente  déclaration  (2). 
Ordre  est  aussitôt  donné  de  l'appliquer,  sous  peine  de 
20  livres  d'amende. 


(1)  Dr  Wickersheimer,  la  Médecine  et  les  médecins  en  France  à  l'époque 
de  la  Renaissance,  Paris,  1906. 

(2)  Arch.  Vienne,  Gref   civil  du  présidial. 


198  LA  COMMUNAUTÉ 

L'article  21  des  statuts  des  chirurgiens  de  1711  déclare 
que  les  matrones  de  la  ville  et  des  faubourgs  subiront 
un  examen  devant  les  jurés  royaux  assistés  du  médecin 
conseiller  du  roi.  Si  elles  sont  jugées  capables,  on  leur 
fera  prêter  serment  de  ne  rien  faire  contre  l'honneur  de 
leur  état;  à  la  suite  de  quoi  il  leur  sera  réclamé  un  droit 
de  20  livres. 

L'édit  de  Versailles,  de  1723,  règle  d'une  façon  plus 
complète  les  examens  que  subissent  les  sages-femmes. 
Elles  doivent,  tout  d'abord,  présenter  au  jury  un  certi- 
ficat de  bonne  vie  et  mœurs,  délivré  par  le  curé  de  leur 
paroisse.  Les  interrogations  sont  faites  par  le  lieutenant, 
les  prévôts  et  deux  maîtres  chirurgiens.  Elles  portent  sur 
les  difficultés  qui  se  présentent  «  aux  fâcheux  accouche- 
ments ». 

Après  sa  réception,  la  nouvelle  sage-femme  est  tenue 
de  verser  au  lieutenant,  comme  droit  de  convocation, 
la  somme  de  10  livres.  Les  prévôts  reçoivent  chacun 
4  livres,  le  greffier  3  livres  et  les  deux  maîtres  se  parta- 
gent 4  livres.  Elle  prête  ensuite  serment  entre  les  mains 
du  premier,  puis  on  lui  remet  son  acte  de  réception. 
Pour  cette  formalité,  il  lui  est  réclamé  10  livres  qui 
doivent  être  versées  dans  la  bourse  de  la  communauté. 
Sur  cette  somme,  3  livres  sont  attribuées  à  la  confrérie. 

L'application  de  ce  règlement,  dans  lequel  il  n'est 
point  question  des  médecins,  est  cause  qu'ils  ne  sont 
plus  appelés  à  faire  partie  des  examens,  comme  l'exige 
l'ordonnance  de  1692.  Aussi,  le  15  août  1725,  portent-ils 
plainte  au  Parlement  pour  réclamer  les  droits  qu'elle 
leur  confère.  Ils  déclarent  que,  faute  de  ne  pouvoir 
contrôler  les  épreuves  que  doivent  subir  les   matrones, 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  199 

il  en  est  qui  sont  admises  en  fraude,  sans  présenter  d'ex- 
trait de  baptême,  de  contrat  d'apprentissage  et  de  certi- 
ficat de    bonne  vie  et  mœurs. 

La  situation  ne  semble  point  s'améliorer  par  la  suite 
car,  le  10  février  1729,  le  doyen  de  la  faculté  de  méde- 
cine de  Poitiers  écrit  à  Geoffroy,  doyen  de  celle  de  Paris, 
pour  se  plaindre  de  ce  que  ni  lui  ni  ses  confrères  n'assis- 
tent aux  examens  des  sages-femmes  (1).  Le  8  mai  sui- 
vant, son  successeur  Charles  Fontenetles  adresse  par 
huissier  une  plainte  à  Charier,  lieutenant  des  chirur- 
giens (2).  Le  corps  médical  s'est  aperçu,  dit-il,  que  les 
matrones  se  montrent  fort  peu  habiles,  «  ce  qui  est  très 
dangereux  et  très  préjudiciable  au  public  ».  Aussi,  le 
somme-t-il  «  de  faire  appeler  toutes  celles  qui  n'ont  pas 
encore  obtenu  de  lettres  de  la  communauté  des  maîtres 
chirurgiens,  pour  qu'elles  soient  examinées  en  présence 
d'un  médecin  ».  Les  incapables  seront  renvoyées  et  il  leur 
sera  interdit  d'exercer  «  une  fonction  aussi  périlleuse 
dans  laquelle  on  risque  de  tuer  la  mère  et  l'enfant  ». 

Les  statuts  du  24  février  1731  obligent  les  aspirantes 
en  l'art  des  accouchements,  à  faire  deux  ans  d'apprentis- 
sage chez  une  maîtresse  sage-femme  de  la  ville  qu'elles 
habitent  ou  dans  un  hôpital.  Elles  doivent,  avant  de  se 
présenter  aux  examens,  être  âgées  de  plus  de  20  ans  et 
payer  une  somme  de  37  livres. 

Les  médecins,  dont  la  présence  n'est  point  encore  in- 
diquée  par    ces  statuts,   continuent  à    se  plaindre,   le 


(1)  Arch.  Vienne,  D.  12. 

(2)  Id.  —  Fontenettes  (Charles),  fils  de  Charles,  docteur  médecin 
et  d'Anne  Vergneault.  Reçu  docteur  le  4  février  1699,  mort  le 
8  juin  1757. 


200  LA  COMMUNAUTÉ 

9  décembre  1736(1).  Ils  recommencent  quelques  années 
plus  tard,  en  1743,  sans,  du  reste,  obtenir  un  meilleur 
résultat. 

La  création  des  cours  d'obstétrique,  en  1764,  oblige  les 
élèves  sages-femmes  qui  les  ont  suivis  à  subir  un  examen 
devant  les  chirurgiens  de  la  ville.  L'ordonnance  du  comte 
de  Blossac,  du  6  mars  1772,  soumet  à  cette  même  obli- 
gation celles  qui  veulent  exercer  en  dehors  de  Poitiers. 
C'est  devant  les  maîtres  du  chef-lieu  de  leur  séné- 
chaussée qu'elles  ont  à  le  passer. 

Il  leur  est  conféré  un  diplôme  sur  parchemin,  orné 
en  tête  des  armes  du  roi.  Il  constate  que  celle  qui  le 
détient  est  de  religion  catholique,  apostolique  et  romaine, 
et  possède  un  certificat  de  bonne  vie,  mœurs  et  catho- 
licité (2).  Il  indique  qu'elle  a  été  interrogée  par  le  lieu- 
tenant et  le  plus  ancien  juré.  Leur  ayant  bien  répondu, 
il  lui  est  permis  de  s'installer  dans  l'endroit  quelle  a 
désigné  et  non  ailleurs.  Elle  pourra  exhiber  toutes  les 
marques  extérieures  et  accoutumées  de  sa  profession, 
mais  devra  toujours  appeler  à  son  aide  un  chirurgien, 
chaque  fois  que  se  présentera  un  accouchement  labo- 
rieux mettant  en  péril  la  vie  de  la   mère  et   de  l'enfant. 

Pendant  la  Révolution,  le  chirurgien  Maur}'  est  chargé 
de  délivrer  les  certificats  de  réception  qui  sont  ensuite 
homologués  par  le  Directoire  du  département  (3).  Il 
constate  simplement  que  celles  qui  les  ont  mérités,  après 
avoir  suivi  ses  cours,  peuvent  porter  «  de  justes  pronos- 


(1)  Arch.  Vienne,  Reg.  8  S. 

(2)  Arch.  Vienne,  C.  61.  Ce  diplôme  a  18  centimètres   de  haut  sur  25 
de  large.  Il  n'est  orné  que  de  simples  filets. 

(3)  Arch.  Vienne,  L.  210. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  201 

tics  sur  les  accouchements  ».  En  conséquence,  il  les 
autorise  à  exercer  dans  le  département  de  la  Vienne. 

Une  fois  en  possession  de  son  diplôme,  la  nouvelle 
sage-femme  doit,  avant  de  s'établir,  être  agréée  par  les 
femmes  de  la  paroisse  qu'elle  a  choisie  pour  y  exercer 
son  art.  Ce  choix  a  lieu,  comme  à  l'habitude,  le  dimanche 
à  l'issue  des  vêpres,  sous  la  présidence  du  curé. 

Le  Rituel  du  diocèse  de  Poitiers  fait  connaître  combien 
il  est  important  que  les  sages-femmes  soient  instruites  et 
s'acquittent  fidèlement  de  leur  ministère,  car  il  s'agit  de 
la  vie  des  femmes  et  des  enfants.  Le  salut  de  ces  der- 
niers parfois  même  en  dépend.  Aussi  ne  doivent-elles 
ne  commencer  l'exercice  de  leurs  fonctions  qu'après 
avoir  été  interrogées  «  sur  la  matière  et  la  forme  du 
baptême  parles  curés  ou  les  vicaires  »  (1). 

Aucune  femme  ne  sera  admise  à  cet  emploi,  sans 
présenter  «  des  permissions  ou  approbations  >•  de  méde- 
cins, chirurgiens  jurés  ou  officiers  de  police  attestant 
«  son  habileté  »  et  sans  avoir  été  l'objet  d'un  choix  for- 
mel ou  présumé,  de  la  part  des  femmes  de  la  paroisse. 
Après  s'être  assuré  de  sa  vie  et  de  ses  mœurs,  le  curé 
«  examinera  particulièrement  si  elle  fait  profession  de 
religion  catholique,  apostolique  et  romaine  »,  conformé- 
ment aux  lois.  Il  s'informera  si  elle  n'est  point  soupçon- 
née de  superstition,  de  maléfices  ou  de  quelque  crime  que 
ce  soit.  Il  l'interrogera  sur  la  manière  de  baptiser,  et,  si 
elle  l'ignore,  il  prendra  soin  de  l'en  instruire  avant  de 
l'admettre. 

«  Ensuite,  il  l'avertira  de  ses  devoirs,  lui  enjoignant 

(1)  Bibl.  Poitiers,  D.  R.,  n°  36. 


202  LA  COMMUNAUTÉ 

surtout  de  ne  jamais  baptiser  les  enfants  que  dans  une 
nécessité  pressante,  et  même  de  ne  pas  le  faire,  dans  ce 
cas,  en  présence  d'un  prêtre  ou  de  quelque  homme  que 
ce  soit,  qui  sache  administrer  ce  sacrement,  si  ce  n'est 
dans  les  circonstances  où  la  pudeur  ne  pourrait  souffrir 
la  présence  d'un  homme.  Il  lui  recommandera  de  ne 
baptiser,  autant  qu'il  sera  possible,  qu'en  présence  de  deux 
personnes,  d'avertir  les  pères  et  mères  dont  les  enfants 
naîtront  en  bonne  santé,  de  les  faire  baptiser  au  plus  tôt 
et  de  l'informer  de  leur  naissance  !  Il  lui  fera  ensuite 
prêter  le  serment  ordinaire  qu'elle  fera  à  genoux,  posé- 
ment et  distinctement,  mettant  la  main  droite  sur  le 
saint  Evangile  :  si  elle  ne  sait  pas  lire,  le  curé  ou  vicaire 
le  lira  et  elle  le  répétera  mot  à  mot  après  lui.  » 

FORME    DU    SERMENT. 

Je11  promets  à  Dieu  le  Créateur  tout-puissant  et  à  vous,  Mon- 
sieur, de  vivre  et  mourir  en  la  Foi  Catholique,  Apostolique  et 
Romaine,  de  m'acquitter  avec  le  plus  de  fidélité  et  de  diligence 
qu'il  me  sera  possible  de  la  charge  que  j'entreprends  d'assister 
les  femmes  dans  leurs  couches,  de  ne  révéler  jamais  les  secrets  des 
familles  ni  des  personnes  que  j'assisterai.  J'appoterai  tous  mes 
soins  pour  qu'il  n'arrive  aucun  accident  à  la  mère  ni  à  l'enfant  ; 
et,  si  je  vois  quelque  danger,  j'appellerai  des  médecins,  des  chirur- 
giens ou  des  femmes  expérimentées  en  cette  fonction,  pour  ne  rien 
faire  que  par  leurs  avis  et  avec  leurs  secours. 

Je  promets  que  je  n'userai  point  de  superstition  soit  par  paroles, 
soit  par  signes,  soit  par  quelque  autre  manière  que  ce  soit,  et  que 
j'empêcherai  de  tout  mon  pouvoir  que  l'on  en  use  ;  que  je  ne  ferai 
rien  par  vengeance  ou  par  mauvaise  affection  ;  que  je  ne  consen- 
tirai jamais  à  ce  qui  pourrait  faire  périr  le  fruit  ou  avancer 
l'accouchement  par  des  voies  extraordinaires  et  contre  nature  ; 
que  je  vous  avertirai  de  bonne  heure,  Monsieur  ou  vos  Succes- 
seurs, de   la   naissance  des  enfants,  que  je  n'en  baptiserai  aucun 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  203 

hors  le  cas  de  nécessité  et  que  je  procurerai  de  tout  mon  pouvoir 
le  salut  corporel  et  spirituel,  tant  de  la  mère  que  de  l'enfant. 

Ensuite  le  Curé  dira  :  Vous  le  jurez  et  promettez  ainsi  ? 

La  Sage-femme  répondra  :  Oui,  Monsieur,  je  le  promets  et  je 
le  jure. 

Enfin  le  Curé  lui  fera  toucher  la  main  droite  et  baiser  le  saint 
Evangile  et  écrira  dans  le  Registre  des  délibérations  de  la  Fabri- 
que ou  des  Baptêmes  l'acte  de  sa  prestation  de  serment  en  sui- 
vant la  formule  qu'on  trouvera  à  la  fin  de  ce  Rituel. 


ENREGISTREMENT  DU  SERMENT   DES  SAGES-FEMMES. 

L'an...  b...  du  mois  de.../ N.  N.  (noms,  surnoms  de  la  sage- 
femme)  femme  (ou  veuve)  de  N.  N.  (les  noms,  surnoms  et  pro- 
fession du  mari)  de  cette  Paroisse,  a  été  reçue  pour  exercer 
l'office  de  sage-femme  et  a  fait  serment  entre  mes  mains,  suivant 
la  forme  prescrite  par  le  Rituel.  En  foi  de  quoi  j'ai  signé  le 
présent  acte  les  jours  et  an  que  dessus. 


C'est  ainsi  que,  le  6  août  1786,  le  curé  Desmeurs 
enregistre,  à  Bonnes,  les  nominations  faites  à  l'issue  des 
vêpres,  «  en  présence  d'une  affluence  de  peuple,  de  Marie 
Charenton,  veuve  du  sieur  Urbain  Roy,  chirurgien  de  ce 
bourg,  et  de  Marie  Espin,  veuve  de  Pitois  des  Vigeau- 
lières,  sur  cette  paroisse,  munies  toutes  les  deux  de  bons 
certificats  et  de  leurs  lettres  de  maîtrise  en  bonne  et  due 
forme  »  (1).  En  conséquence,  il  les  reçoit  pour  exercer 
l'office  de  sage-femme  et  leur  fait  prêter  serment  entre 
ses  mains,  selon  le  rituel  du  diocèse. 

Les  sages-femmes  restent  sous  la  surveillance  des  curés 
des  paroisses  ou  de  leurs  supérieurs.  Le  28  octobre  1731, 
le   chanoine   d'Armagnac,  trésorier   de    Saint-Hilaire  de 

(1)  Reg.  par.  de  Bonnes. 


204  LA  COMMUNAUTÉ 

Poitiers,  lors  de  sa  visite  à  l'église  de  Neuville,  demanda 
au  desservant  si  les  matrones  «  estoient  instruites  et, 
en  cas  de  besoin,  pouvoient  baptiser  (1)  ».  «  On  nous  a 
répondu  qu'ouy  »,  ajoute-t-il. 

Les  sages-femmes  accomplissent  invariablement  les 
prescriptions  de  l'Eglise  à  cet  égard,  comme  il  est  facile 
de  le  constater  par  la  lecture  des  registres  paroissiaux.  Le 
4  mai  1715,  on  enterre  à  Sainte-Radegonde  le  fils  de 
Jean  Courtin,  qui  a  reçu  le  baptême  «  sous  la  chaise  », 
c'est-à-dire  en  naissant  (2).  Le  même  fait  se  présente  le 
11  janvier  1741  (3).  Enfin,  quand  le  danger  de  mort 
est  moins  pressant,  elles  préviennent  l'un  desprêtres  de  la 
paroisse  qui  s'empresse  d'administrer  lui-même  le  sacre- 
ment (4).  C'est  ce  qui  avait  eu  lieu,  le  23  janvier  de 
l'année  précédente.  Un  vicaire  de  la  paroisse  de  Saint- 
Michel  s'était  rendu  au  domicile  de  l'enfant  pour  procé- 
der à  cette  cérémonie.  Quand  le  nouveau-né  doit  être 
baptisé  au  bout  d'un  certain  temps,  il  est  indispensable 
d'abord  de  l'ondoyer.  Une  matrone  huguenote  joua  le 
mauvais  tour  de  ne  point  le  faire  au  fils  d'Antoine  Bes- 
nier  (5).  Ce  dernier  nous  raconte  qu'il  eu!  toutes  les 
peines  pour  en  obtenir  l'absolution,  un  tel  cas  en  étant 
réservé  aux  évêques. 

Les  sages-femmes  restent,  en  tout  temps,  soumises  à  cer- 
taines prescriptions  qui  émanent  de  la  police  Le  1er  juillet 
1652,  le  Conseil  municipal  ayant  constaté  que  de  nom- 
breux enfants  étaient,  aussitôt  nés,  exposés  dans  la  ville, 

(1)  Arch.  Vienne,  G.  1001. 

(2)  Reg.  par.  Saint-Michel. 

(3)  Reg.  par.  Saint-Paul. 

(4)  Reg.  par-  Saint-Michel. 

(5)  Arch.  Vienne,  fonds  des  Arch.  hist .    du  Poitou  (Camille    Jaumier). 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  205 

et  soupçonnant  la  complicité  des  matrones,  arrête  «  que 
pour  obvier  à  de  tels  désordres,  deffenses  seront  faittes 
à  touttes  sortes  de  personnes  de  retirer  en  leurs  maisons, 
ne  ailleurs,  aulcunes  femmes  et  filles  non  mariées,  pour 
icelles  accoucher,  sans  en  donner  advis  à  monsieur  le 
maire,  sur  peine  de  punition  corporelle  et  de  devenir 
responsables  desd.  petits  enfants  (1).  Ce  qui  sera  publié 
par  les  cantons  de  la  ville  ». 

Aussitôt  en  possession  du  droit  de  police  sur  la  ville 
de  Poitiers,  nous  voyons  le  présidial  prendre,  le  29  jan- 
vier 1700,  une  ordonnance  du  même  genre.  Il  défend 
aux  matrones  d'accoucher  les  femmes  et  filles  mal  famées, 
sans  en  avoir  donné  avis  aux  juges  de  police  en  exercice, 
et  cela,  sous  peine  de  punition  corporelle  et  de  demeurer 
responsables  de  la  nourriture  des  enfants  (2).  Cette 
ordonnance  est  renouvelée,  le  17  juillet  1702,  avec 
adjonction  d'une  amende  de  500  livres,  puis,  pour  la  der- 
nière fois,  le  10  juillet  1733. 

C'est  en  vertu  de  ces  prescriptions  que,  le  14  janvier 
1701, Catherine  Serreau,  sage-femme  au  faubourg  de  Saint- 
Saturnin,  vient  dire  à  la  police  que  Perrine  Tobine, 
ancienne  servante  dans  une  famille  riche,  est  venue  chez 
elle  mettre  au  inonde  un  enfant  (3).  Cette  femme,  âgée  de 
25  ans,  n'hésita  point  à  donner  le  nom  du  père. 

Les  accouchements  clandestins  n'étaient  point  rares 
autrefois  :  Guillaume  Bouchet  raconte  que  pour  sauver 
l'honneur  d'une  femme,  une  matrone  fut  amenée  la  nuit 
avec  les  yeux  bandés  afin  d'en  recevoir  l'enfant  (4).  L'opé- 

(1)  Reg.  dél.  mua.,  n°  103,  p.  359. 

(2)  Arch.  Soc.  Ant.  Ouest. 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  police  du  présidial. 

(4)  Guillaume  Bouchet,  23e  série. 


206  LA  COMMUNAUTE 

ration  terminée,  on  la  paya,  puis  elle  retourna  dans  les 
mêmes  conditions  qu'elle  était  venue.  Nous  pourrions  ci- 
ter le  fait  de  la  fille  d'un  juge  au  présidial  qui  en  eut  trois 
de  la  sorte,  baptisés  dans  l'église  Saint-Savin  en  présence 
de  deux  pauvres  (1).  Les  nourrices  chargées  de  les  élever 
étaient  également  introduites  dans  la  maison,  les  yeux 
bandés,  et  s'en  retournaient  de  même,  jusqu'aux  portes 
de  la  ville. 

Des  sages-femmes  sont  désignées  spécialement  pour 
examiner  les  enfants  exposés.  Elles  doivent  en  indi- 
quer le  sexe,  l'âge  approximatif  et  faire  la  description 
des  linges  et  vêtements  qui  les  entourent  (2).  A  partir  du 
xvme  siècle,  celle  qui  est  attachée  à  l'Hôtel-Dieu  remplit 
seule  cet  office. 

Le  prix  des  accouchements  ne  semble  point  avoir  été 
jadis  fort  élevé.  Le  20  août  1663,  le  présidial  accorde 
9  livres  à  Marie  Carré  qui  a  procédé  pendant  trois  jours 
et  trois  nuits  à  l'accouchement  des  trois  enfants  de 
Marie  Macé  (3).  Elle  obtient  3  livres  pour  chacun  d'eux, 
ce  qui  est  peu,  étant  donné  une  opération  aussi  délicate. 

Les  matrones  attachées  à  l'Hôtel-Dieu  reçoivent 
5  livres  chaque  fois  que  leurs  services  y  sont  nécessaires. 
Elles  ont  droit  à  la  même  somme  quand  on  leur  confie 
des  femmes  inscrites  à  l'Assistance  publique  (4).  Ce  tarif 


(1)  Min.  Royer,  notaire.  Les  accouchements  de  ce  genre  donnèrent  lieu 
à  des  scandales  et  obligèrent  le  maire  de  Poitiers  à  prendre,  le  18  mai 
1827,  un  arrêté  pour  y  mettre  ordre  et  empêcher  les  sages-femmes 
d'abuser  de  l'article  378  du  Code  pénal  qui  leur  interdisait  de  dévoiler 
les  secrets  qu'on  leur  confiait. 

(2)  P.  Rambaud,  «l'Assistance  publique  à  Poitiers  »  (Mém.  Soc.  Ant. 
Ouest,  t.  V,  3e  série.) 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(4)  Arch.  hôp. 


DES  MAÎTRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  207 

baisse  au  début  de  la  Révolution,  car,  en  1792,  on  ne  leur 
donne  plus  que  3  livres  (1).  Il  est  semblable  à  celui  déjà 
adopté,  en  1790,  par  le  Dépôt  de  mendicité. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  appréciations  peu 
flatteuses  dont  furent  l'objet  les  matrones  de  la  cam- 
pagne plutôt  que  celles  de  la  ville.  Le  6  ventôse  an  VIII, 
le  chirurgien  Fleurant  Jarriau  déclare  que,  dans  tout 
son  canton,  celle  de  Chauvigny  est  seule  capable,  ayant 
suivi  les  cours  à  Poitiers.  «  Les  commères  doivent, 
ajoute-t-il,  se  livrer  à  l'ignorance  et  à  l'impéritie  de 
quelques  femmes  sans  titres  et  sans  expérience  (2).  Les 
sages-femmes  de  Poitiers  souvent  au  contact  avec  les 
chirurgiens  les  voient  opérer,  ce  qui  leur  permet  d'acqué- 
rir de  sérieuses  connaissances  professionnelles.  Dans 
les  cas  graves,  elles  peuvent  les  appeler  à  leur  aide.  C'est 
pourquoi  il  ne  nous  a  point  été  donné  de  rencontrer  une 
seule  appréciation  malveillante  pouvant  les  concerner.  » 

(1)  Arch.  Vienne,  L.  265. 

(2)  Mi,  L.210. 


CHAPITRE  XIV 


L  EXERCICE    ILLEGAL    DE    LA   CHIRURGIE. 


Règlements  qui  la  défendent.  —  Exercice  illégal  par  les  compagnons.  — 
Guérisseurs  et  opérateurs  poitevins.  —  Charlatans  de  passage. —  Règle- 
ments qui  leur  sont  imposés.  —  Les  médecins  poursuivent  l'un 
d'eux.  —  Les  variétés  d'empiriques.  —  L'apprentissage  du  métier.  — 
Les  spectacles  et  les  boniments  sur  les  tréteaux.  —  Les  dentistes, 
litothomistes,  oculistes,  herniaires,  pédicures.  —  Les  sorciers  de  Crou- 
telle.  —  Le  charlatan,  dernier  espoir  des  malades  inguérissables. 

De  même  que  la  médecine  et  la  pharmacie,  nous 
voyons  la  chirurgie  exploitée  sans  vergogne  par  des  gens 
non  seulement  incapables,  mais  encore,  souvent,  dénués 
de  tout  sens  moral.  Pendant  longtemps,  ni  les  commu- 
nautés des  chirurgiens  ni  même  les  pouvoirs  publics  ne 
semblent  s'en  préoccuper  d'une  façon  sérieuse.  Il  faut 
en  arriver  à  l'ordonnance  de  François  Ier,  du  8  juillet 
1546,  pour  qu'il  soit  officiellement  interdit  aux  impos- 
teurs d'exercer  cet  art  et  aux  apothicaires  de  leur  déli- 
vrer des  médicaments,  sans  le  visa  d'un  docteur  en 
médecine  de  Poitiers  (1).  De  semblables  défenses  se 
retrouvent  dans  les  statuts  de  1556  et  de  1571. 

L'ordonnance  de  1692  est  plus  explicite.  Elle  interdit 
de  délivrer  des   remèdes  chirurgicaux    et  de  faire    des 

(1)  Arch.  Vienne,    D     11. 


LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS         209 

opérations,  sans  avoir  été  reçu  préalablement  à  la  maî- 
trise. Cette  interdiction  s'étend  aux  religieux,  sans 
toutefois  comprendre  les  Sœurs  de  charité  établies  dans 
les  campagnes.  Il  leur  est  simplement  permis  de  panser 
et  de  soigner  les  malades.  Les  juges  reçoivent  l'ordre  de 
refuser  aux  délinquants  le  droit  de  réclamer  des  salaires 
pour  les  soins  qu'ils  ont  pu  donner. 

L'article  74  des  statuts  de  1723  concerne  les  barbiers- 
perruquiers  et  les  domestiques  qu'ils  emploient.  Ils  ne 
peuvent  exercer  la  chirurgie,  sous  peine  de  confis- 
cation de  leurs  instruments  et  d'une  amende  de  500  livres. 
Enfin,  le  15  juillet  1755,  Pichault  de  la  Martinière, 
premier  chirurgien  du  roi,  obtient  un  arrêt  du  Parle- 
ment qui  défend  aux  empiriques,  charlatans,  vendeurs 
d'orviétan  et  autres  particuliers  qui  l'exercent,  de  se 
livrer  au  commerce  des  baumes  et  des  onguents  sans 
avoir  obtenu  de  brevet. 

Les  maîtres  chirurgiens  se  chargent  de  poursuivre  les 
compagnons  qui  pratiquent  illégalement  leur  art.  Les 
poursuites  sont  faites  par  le  lieutenant,  après  constatation 
du  délit.  Ainsi,  le  19  avril  1641,  Brice  Gay  se  transporte 
chez  Jacquart  qui,  sans  aucun  droit,  s'est  permis  d'ouvrir 
boutique,  et  de  pendre  des  bassins  à  sa  devanture  (1).  Il 
lui  signifie  l'arrêt  du  4  mars  précédent-,  obtenu  contre  lui 
au  Grand  Conseil,  et  le  menace  de  poursuites  s'il  continue. 
En  janvier  1657,  Nicolas  Dardin  va  chez  Nicolas  Poirier, 
compagnon,  demeurant  près  de  l'église  des  Jacobins.  Il 
lui  demande  à  voir  son  acte  de  réception,  sans  quoi  il 
le  fera  poursuivre  (2).   Ayant   répondu  qu'il   n'exerce 

(1)  Min.  Maxias,  notaire. 

(2)  Min.  Berthonneau,    notaire.   —  Le  22  mai  1673,  les  maîtres  pour- 

14 


210  LA  COMMUNAUTE 

qu'en  qualité  de  serviteur  de  maître  Jehan  Chicard,  le 
lieutenant  ne  manque  point  de  lui  faire  remarquer  que 
son  maître,  habitant  près  de  la  Celle,  ne  peut  contrôler 
ses  actes,  et  que,  dans  ce  cas,  il  est  préférable  de  ne  point 
continuer. 

L'exercice  de  la  chirurgie,  pratiqué  parfois  par  des 
compagnons,  l'est  encore  par  nombre  d'individus,  les 
uns  habitant  dans  le  pays  et  les  autres  simplement  de 
passage. 

Pendant  le  xvic  siècle,  les  charlatans  semblent  avoir 
été  tolérés  ainsi  que  les  guérisseurs  de  tout  genre  établis 
à  Poitiers.  Nicole  Michel,  doyen  de  la  Faculté  de  méde- 
cine, écrit  en  1510:  «  Les  opérations  ont  été  laissées 
à  aucuns  médiocrement  doctes  qui  se  sont  appelés 
chirurgiens,  ainsi  que  voyons  les  oculistes,  tireurs  de 
dents,  réparateurs  de  fractures  et  de  dislocations,  inci- 
seurs  de  vessies  et  génitoires,  choses  que  les  doctes 
médecins  ne  veulent  pas  faire  »  (1).  Des  femmes  soignent 
les  enfants  atteints  de  la  teigne  (2).  Le  bureau  de  l'Assis- 
tance publique  confie  un  orphelin,  le  2  décembre  1571, 
à  Marie  Regnault  «  qui  gouverne  les  malades  de  mala- 
die de  la  teigne».  Jusqu'en  1600,  nous  rencontrons  les 
noms  de  cinq  à  six  autres  femmes  chargées  d'un  sem- 
blable service. 

Au  siècle  suivant,  apparaissent  à   Poitiers  les  opéra- 

suivent  Jean  de  Laubardie  qui,  après  deux  aus  d'apprentissage,  est  allé 
se  loger  chez  un  chanoine  de  Saint-Pierre  tout  en  apparaissant  de  temps 
en  temps  dans  la  boutique  du  chirurgien  Roy,  mais  en  pratiquant  surtout 
son  métier  au  dehors.  Il  se  contente  d'avouer  qu'il  a  saigné  quelques 
personnes  pour  leur  être  agréable.  (Min.  Gauvin,  notaire.) 

(1)  Michel  Nicole,  De  V Administration  du  Saint-Bois,  etc.,  Poitiers, 
chez  Demarnef,  1540. 

(2)  Bibl.  Poitiers,  cart.  53  et  54. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  12 1 1 

leurs.  Un  nommé  Ga)%  qualifié  de  a  bon  catholiques1, 
est  enterré,  le  1er  mai  1615,  à  Sainte-Opportune  (1). 
Guillaume  Degennes  est  aussi  appelle  opérateur  dans  un 
acte  passé  le  10  août  1616  (2).  Il  en  est  de  même  d'Etienne 
Sauvage,  le  1er  septembre  1617,  sur  le  registre  paroissial 
de  Notre-Dame-la-Petite. 

Les  Ghavagné  exercent  pendant  une  bonne  partie  du 
xvne  siècle  le  métier  d'opérateur  à  Poitiers.  Le  plus 
ancien,  Etienne,  marié  à  Jehanne  Ghausmier,  habite 
paroisse  de  Notre-Dame-la-Petite.  Ses  nombreux  enfants, 
baptisés  entre  1617  et  1629,  ont  pour  parrains  et  mar- 
raines, non  seulement  des  personnes  de  distinction,  mais 
encore  des  apothicaires  et  même  des  chirurgiens  (3). 
Ces  derniers  ne  semblent  point  avoir  été  jaloux  de  la 
concurrence  qu'il  pouvait  leur  faire  au  point  de  vue 
professionnel. 

Deux  de  ses  enfants,  Jehan  et  Olivier,  lui  succèdent. 
Le  premier  épouse,  par  contrat  du  9  août  1639,  Anne 
Guillegault,  veuve  de  l'imprimeur  André  Mesmer  (4).  Le 
second,  marié  à  Suzanne  Mathé,  demeure  près  de  Saint- 
Didier.  Le  5  mars  1650,  il  prend  en  location,  moyennant 
200  livres  par  an,  une  maison  paroisse  de  Notre-Dame- 
la-Petite  (5).  Il  est  également  fermier  de  terres  et  de 
vignes  à  Vendeuvre. 


(1)  Reg.  par.  Sainte-Opportune. 

(2)  Min.  Douadic,  notaire. 

(3)  Reg.  par.  Notre-Dame-la-Petite.  — .Comme  parrainSj  on  trouve  un 
conseiller  au  présidial,  un  receveur  des  domaines  du  roi  et  un  chanoine. 
—  Comme  marraines,  la  femme  d'un  professeur  de  droit,  celle  d'un 
conseiller  au  présidial  et  même  Marie  de  Brilhac,  d'une  bonne  famille  de 
la  noblesse. 

(4)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(5)  Id.  —  Min.  Chauvet,  notaire. 


212  LA  COMMUNAUTE 

Les  Ghavagné  ne  sont  point  les  seuls  rebouteurs  que 
l'on  trouve  à  cette  époque  à  Poitiers.  Le  8  août  1629, 
Jean  Gobilleau,  qui  se  dit  opérateur  du  roi,  achète  une 
rente  (1).  Le  29  janvier  1646,  David  Girodon,  sur- 
nommé Mathieu  du  Tron,  épouse  la  femme  de  chambre 
de  Mme  Madronet  (2).  Enfin,  Pelletier,  également  opéra- 
teur, fait  enterrer  sa  femme,  le  2  avril  1654,  à  Sainte- 
Radegonde. 

Au  xvme  siècle,  c'est  le  bourreau  de  Poitiers,  François 
Verdier,  qui  exerce  cette  profession.  Le  15  juillet  1755, 
Jacques  Charrier,  lieutenant  des  maîtres  chirurgiens,  pro- 
met à  ses  confrères  d'obtenir  une  commission  pour  corri- 
ger les  abus  qui  se  commettent,  et  s'engage  à  poursuivre 
l'exécuteur  des  hautes  œuvres  qui  leur  fait  concurrence. 
Toutefois,  il  veut  que  chacun  de  ses  confrères  participe 
aux  frais  que  nécessiteront  de  telles  poursuites  (3).  Nous 
ignorons  si  elles  eurent  lieu,  mais  en  tout  cas,  lors  du 
décès  de  François  Verdier,  arrivé  le  7  septembre  1764, 
le  curé  de  Saint-Michel  lui  donna  sur  son  registre  le  titre 
de  restaurateur  du  corps  humain.  Son  fils,  Pierre  Fran- 
çois, prit  également  ce  titre,  quand  il- fit  baptiser  son  fils, 
le  18  mars  1764,  à  Saint-Hilaire-le-Grand. 

Nombreux  sont  les  guérisseurs  qui  habitent  plus  ou 
moins   longtemps  à  Poitiers  (4).  Certains  ont  fait   leur 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  Reg.  par.  Sainte-Radegonde. 

(3)  Arch  Vienne,  f.  Ant.  de  l'Ouest.  —  Verdier,  fils  du  bourreau  d'An- 
gers, et  de  Catherine  Renéteau,  sœur  de  celui  de  Poitiers,  vint  dans  cette 
ville  prendre  la  place  de  son  oncle,  le  4  février  1727.  (Min.  Bourbeau,  no- 
taire.) —  Les  Verdier  se  succédèrent  les  uns  aux  autres  jusqu'à  la  fin  du 
xvine  siècle.  Il  en  est  parmi  eux  qui  se  retirèrent  et  vécurent  en  petits 
bourgeois. 

(4)  Dans  les  campagnes   voisines  de    Poitiers,  se  trouvaient    aussi    des 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  213 

apprentissage  de  chirurgien.  Tel,  Germain  Airault  qui, 
après  avoir  débuté  chez  Rocroy,  de  1673  à  1675,  s'ins- 
talle dans  cette  ville,  trois  ans  plus  tard,  en  qualité  de 
restaurateur  du  corps  humain  (1).  Un  compagnon  chi- 
rurgien s'associe,  le  22  août  1605,  avec  un  compagnon 
apothicaire.  Le  premier,  nommé  Claude  Bourcier,  né  à 
Luçon,  se  disant  opérateur,  prend  rengagement  d'ensei- 
gner pendant  un  an,  à  son  associé,  toutes  les  opérations 
qui  sont  de  sa  compétence.  En  revanche,  l'apothicaire 
Guillaume  Corre  lui  apprendra  la  pharmacie  spargi- 
rique  (2).  Ils  partageront  ensemble  les  bénéfices  prove- 
nante la  vente  des  drogues,  mais  chacun  d'eux  gardera 
le  produit  de  ses  interventions  chirurgicales. 

Aux  xvie  et  xvne  siècles,  les  charlatans  de  passage  sont 
tenus  d'avoir  une  autorisation  du  maire  quand  ils  veu- 
lent séjourner  plus  ou  moins  longtemps  dans  la  ville. 
Comme  il  est  incompétent  dans  ces  sortes  de  matières,  il 
lui  faut  s'adresser  à  la  Faculté  de  médecine  pour  avoir 
son  avis  ou  se  contenter  de  certificats  attestant  desgué- 
risons  plus  ou  moins  authentiques. 

En  1516,  certain  guérisseur  ayant  placardé  des  affiches 
aux  portes  de  la  ville,  le   maire   charge   le  doyen  de  la 


rebouteurs.  Théodore  Roulleau  exerçait  à  Lusignan,  en  1677.  Il  était  en 
même  temps  chirurgien,  mais  ne  dédaignait  point  d'ajouter  à  ce  titre 
celui  d'opérateur  (Gref.  civil  de  Lusignan)  —  On  trouve  Jacques  Robi- 
neau,  s''  d'Iversay,  opérateur  (1616),  et  Jean  Bordeau,  s1'  de  Beauregard,  à 
Sanxay  (1676).  Pierre  Terrasson  est  dit  adoubeur  à  La  Villedieu  (Reg. 
par  de  Sanxay,  1681).  —  Le  5  juin  17J3,  le  curé  de  Charroux  déclare  que 
Jean  Ghesnier,  sr  Desmars  opérateur,  qu'il  vient  d'enterrer,  «  était  habile 
en  son  art  qui  l'obligeoit  d'aller  çà  et  là  »  (Reg.  par.  de  Charroux).  Nombre 
de  curés  possèdent,  eux  aussi,  des  remèdes  contre  les  plaies  et  contre 
diverses  affections  [Aff.  du  Poitou,  1777-1779). 

(1)  Min.  Marrot,  notaire. 

(2)  Min.  Chauvet,  notaire. 


214  LA  COMMUNAUTE 

Faculté  de  médecine  de  l'examiner  avant  de  lui  permet- 
tre d'exercer  (1).  En  1626,  deux  apothicaires  et  deux 
chirurgiens  sont  adjoints  au  médecin,  qui  doit  interroger 
un  oculiste  (2).  Le  20  août  1675,  la  municipalité  se 
contente  d'examiner  les  certificats  qu'on  lui  présente, 
sans  demander  l'avis  de  personne  (3).  Enfin,  des  conflits 
surgissent  parfois  entre  1  echèvinage  et  le  présidial.  Ce 
dernier,  à  partir  du  xvm°  siècle,  est  seul  à  s'occuper  des 
charlatans  de  passage. 

En  général,  tous  les  rebouteurs  sont  assez  bien  ac- 
cueillis par  les  échevins.  Etienne  Thévet  nous  raconte,  en 
1603,  que  l'un  de  ces  derniers  s'étant  rompu  une  jambe 
se  fit  d'abord  soigner  par  deux  chirurgiens  en  présence 
d'un  médecin.  Malgré  cela,  il  envoya  chercher,  à  sept  ou 
huit  lieues  de  Poitiers,  un  paj^san  pour  voir  si  l'appareil 
était  bien  en  place  (4).  On  l'empêcha  de  l'enlever,  mais 
il  n'en  revint  pas  moins  quelques  semaines  plus  tard,  afin 
de  constater  si  la  guérison  était  complète.  Il  en  fut 
ainsi,  raconte  le  même  auteur,  pour  une  luxation  du 
coude. 

La  protection  que  l'échevinage  accorde  au  charlata- 
nisme est  cause  que,  le  24  septembre  1624,  les  trois 
corporations  qui  exercent  l'art  de  guérir  se  voient 
dans  l'obligation  de  s'entendre  pour  le  combattre. 
Elles  commencent  par  poursuivre  un  certain  Desiderio 
Decombes  qui,  d'abord,  gagne  son  procès  devant  la  juri- 


(1)  Reg.  dél.  inmi.  n°  15,  p.  128.  Déjà,  le  20  juillet  1515,  le  médecin 
Poitevin  se  plaignait  d'un  individu  qui  soignait  les  malades  sans  autori- 
sation. [Ici  ,  p.  8  ) 

(2)  Reg.  dél.  mua.,  n°80,  p.  3G. 

(3)  Id.,  n°  125. 

(4)  Etienne  Thevet,  loc-  cit. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  215 

diction  de  l'échevinage,  puis  le  perd  devant  celle  du 
présidial  (1).  Après  s'être  muni  de  lettres  patentes  du  roi, 
il  porte  l'affaire  au  Grand  Conseil.  Là,  il  obtient  gain  de 
cause,  le  10  mai  1627.  Défense  est  faite  à  ses  adversaires 
de  l'empêcher  de  vendre  ses  drogues,  mais  il  lui  est  for- 
mellement interdit  d'exercer  la  médecine,  la  chirurgie  et 
la  pharmacie. 

Ce  demi-succès  atténue  pendant  longtemps  le  zèle  du 
corps  médical  (2).  Pourtant,  en  1650,  le  docteur  Mes- 
sonnier  vient  encore  affirmer  les  droits  que  la  Faculté 
possède  sur  les  herboristes,  empiriques,  litho  touristes, 
mages,  astrologues,  gardes-malades,  et  même  sur  les 
malades. 

Le  4  mars  1701,  époque  à  laquelle  le  présidial  com- 
mence à  exercer  le  droit  de  police,  à  la  place  de  la  mairie, 
les  médecins  portent  plainte  contre  André  Godet,  sr  de 
Bienaize,  qui  se  dit  chirurgien  du  duc  d'Orléans.  «  Il  se 
jacte,  disent-ils,  de  connoître  par  les  urines  toutes  les 
maladies,  de  les  guérir  par  remèdes  infaillibles  qu'il  com- 
pose seul  et  qu'il  fait  payer  auparavant  que  de  donner 
son  avis,  ce  qui  est  d'une  pure  charlatannerie  et  contraire 
aux  déclarations  du  roi  de  1696.  »  L'accusé  répond 
qu'étant  chirurgien  du  duc  d'Orléans,  par  provision  du 
6  mai  1698,  personne  n'a  le  droit  de  l'empêcher  de  voir 
des  malades  ni  de  le  traiter  de  charlatan,  lui  qui  est 
officier  du  roi  (3).  Le  tribunal  se  contente  d'enregistrer 
la  déclaration  qu'il  fait,  de  ne  point  posséder  le  titre  de 


(1)  Arch.  Vienne,  D.  11. 

(2)  Lazare   Messonnier,  Juris    mcdicorum,   chirurgicoium,   phnrinaoo- 
pœcuin,  programma,  Lyon,  1650. 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


216  LA  COMMUNAUTE 

médecin,  mais,  d'un  autre  côté,  défend  à  ses  adversaires 
de  le  traiter  de  charlatan. 

Etienne  Thevet  nous  parle  assez  longuement  des 
empiriques.  Il  les  divise  en  deux  catégories.  La  première 
comprend  ceux  qui*  peuvent  posséder  quelques  notions 
de  médecine.  La  seconde  comporte  les  ignorants  qui 
vendent  des  remèdes  secrets  et  promettent  de  guérir 
toutes  les  maladies.  En  arrivant  dans  une  localité,  ils 
posent  leurs  affiches  à  la  porte  de  quelque  église  ou 
au  coin  d'une  rue.  Toutes  sont  rédigées,  à  peu  de 
chose  près,  sur  le  modèle  suivant  :  «  En  cette  ville,  que 
Dieu  garde,  est  arrivé  un  grand  médecin  ou  chirurgien 
qui  guérit  l'épilepsie,  paralysie,  migraine  ou  douleurs 
de  tête,  les  gouttes,  escrouelles,  cancers,  coliques,  vérole, 
carnosités,  toutes  sortes  d'hernies,  la  cataracte  ou  toile 
des  yeux,  la  pierre,  et  possède  aussi  plusieurs  autres 
beaux  secrets  »  (1).  Ces  affiches  sont  complétées  par 
l'exposition  d'un  tableau  représentant  nombre  de  cures 
merveilleuses. 

Les  charlatans  prennent  des  élèves  qu'ils  instruisent 
à  titre  gratuit.  Ainsi,  le  13  mai  1635,  l'opérateur  Eguen 
se  charge  d'un  enfant  assisté,  âgé  de  10  ans.  Il  l'élèvera 
dans  la  religion  catholique,  le  nourrira,  lui  enseignera 
son  métier  et  lui  fera  accomplir  tous  ses  devoirs  reli- 
gieux (2).  Le  saltimbanque  Charles  Richard  se  charge  gra- 
tuitement, en  1646,  de  Jean  Deschamps,  âgé  de  14  ans  (3). 


1)  Etienne  Thevet,  loc.cit.  — En  1621,  le  sieur  Chastelet  répand  un 
prospectus  d'après  lequel  il  promet  d'apprendre  nombre  de  sciences.  Il 
affirme  que  dans  l'espace  de  quinze  jours,  il  fera  connaître  la  manière  de 
distinguer  les  maladies  les  unes  des  autres.  (Arch.  Vienne,  D.  11  ) 

<2)  Min.    Bourbeau,  notaire. 

(3)  Min.  Dubois,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  217 

Il  lui  apprendra  à  jouer  de  plusieurs  instruments,  à 
voltiger  et  à  faire  d'autres  exercices  du  même  genre. 

Les  opérateurs  se  font  généralement  accompagner  de 
saltimbanques  chargés  d'attirer  le  public  autour  de  leurs 
tréteaux.  Le  15  juillet  1666,  François  Désaulgier,  s'  de 
Fontblanche,  prend  à  son  service  toute  une  famille  qui 
le  suivra  partout  où  il  ira,  Ceux  qui  la  composent 
«feront  farces,  ballets,  saults  et  danses  sur  cordes,  vol- 
tiges et  autres  exercices  de  leur  profession,  pendant  un 
an  »  (1).  Us  auront  deux  parts  et  demie  de  ce  que  pro- 
duira le  boniment  et  seront  logés  et  nourris  gratui- 
tement. On  leur  verse  à  l'avance  une  somme  de 
75  livres.  Le  8  juillet  1693,  le  chirurgien  opérateur  Oude- 
fond  se  fait  accompagner  de  deux  gagistes,  qui,  moyen- 
nant 6  livres  l'un  et  12  livres  l'autre,  se  livreront  égale- 
ment à  divers  exercices  sur  son  théâtre  (2).  Us  auront 
le  droit  de  donner  des  leçons  de  danse  dont  le  produit 
sera  partagé  entre  eux  et  leur  maître. 

Au  xvue  siècle,  les  charlatans  de  ce  genre  semblent 
être  venus  en  assez  grand  nombre  à  Poitiers.  Un  certain 
François  Désalgier,  sr  de  Fontblanche,  se  dit  «  opérateur 
de  la  ville  de  Poitiers,  nommé  par  MM.  du  corps  de  ville 
à  cause  des  preuves  données  de  son  remède  appelé  1  An- 
titan  »  (3;.  Son  produit  ayant  été  l'objet  d'une  contrefaçon, 
il  obtient,  le  26  juillet  1666,  un  arrêt  du  présidial  qui 
en  interdit  la  vente. 

Le  14  septembre  1665,  Charles  des  Bouliers,  opérateur 

(1)  Min.  Dubois,  notaire. 

(2;  Min.  Dubois,  notaire.  —  L'opérateur  Drouin  se  contenta,  en  1751, 
d'employer  deux  soldats  du  régiment  de  Conti  (Arch.  Vienne,  Gref.  civil 
du  présidial  ) 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 


218  LA  COMMUNAUTE 

du  roi,  est  autorisé  à  pratiquer  son  art  à  Poitiers  (1). 
Le  6  août  de  la  même  année,  le  sieur  Basse,  son  collègue, 
reçoit,  avant  de  lui  céder  la  place,  un  certificat  de  la 
mairie  attestant  que  personne  n'a  eu  à  se  plaindre  de 
sa  conduite,  de  celle  de  sa  troupe  et  de  la  qualité  de  ses 
marchandises. 

En  général,  ces  guérisseurs  de  passage  ne  paraissent 
point  emporter  beaucoup  d'argent,  lors  de  leur  départ  de 
Poitiers,  carie  métier  n'est  guère  lucratif.  Le  21  janvier 
1645,  dans  le  règlement  de  compte  qui  a  lieu  entre  Aude- 
bert  Caillé,  médecin  spargirique  et  opérateur  d'une  part, 
et  Besignen  de  la  Grange  d'autre  part,  associés,  depuis  le 
(S  avril  de  l'année  précédente,  nous  voyons  que  sur  les 
sept  clients  qu'ils  ont  soignés,  il  en  est  d'abord  trois 
qui  n'ont  rien  voulu  payer.  L'un  d'eux,  ayant  promis 
500  livres,  avait  négligé  de  les  verser  (2).  Ils  reçoivent 
d'une  demoiselle  de  la  Favrie  400  livres,  d'une  femme 
atteinte  d'une  maladie  secrète,  12  livres,  et  pour  un 
enfant  soigné  d'une  hernie,  8  livres.  A  ce  dernier,  ils 
s'étaient  contentés  de  mettre  des  emplâtres  et  un 
bandage. 

D'une  manière  générale,  comme  dit  Thevet,  les  char- 
latans n'ont  chacun  qu'une  ou  deux  spécialités,  ce  qui 
est  peut-être  la  cause  pour  laquelle  les  chirurgiens  sem- 
blent s'en  désintéresser.  De  plus,    nombre  de  ces   gué- 

(1)  Reg.  dél.  mun.,  n<>  130,  p.  58,  60. 

(2)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial.  Au  xvn°  siècle,  nous  trouvons 
à  Poitiers  le  sieur  Toscan  La  Raphée,  opérateur  privilégié  de  ducs  et  de 
maires.  «  Il  tire  avec  une  adresse  toute  particulière  les  dens  recouvertes 
de  leur  gencive,  les  nettoie,  les  égalise  et  les  plombe  ».  —  Dufour,  den- 
tiste de  Paris,  blanchit  et  nettoie  les  dents,  les  plombe,  les  égalise,  en 
remet  d'artificielles  et  confectionne  des  râteliers  sans  odeur.  (Arch.  Vienne, 
F.  4.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  219 

risseurs  sont  privilégiés  du  roi,  des  princes  de  la  maison 
rovale  on  même  de  souverains  étrangers.  Ils  ont  ainsi  de 
puissantes  protections  qui  les  rendent  difficilement  atta- 
quables. 

Les  dentistes  semblent  être  venus  souvent,  au  xvic 
siècle,  exercer  à  Poitiers.  Thevet  nous  dit  que  certains 
Espagnols,  tout  en  faisant  des  farces,  vendaient  «  à  un 
nombre  infini  de  personnes  une  petite  pilule  contre  le 
mal  de  dent  ». 

Dans  la  seconde  moitié  du  xvmc  siècle,  ils  y  appa- 
raissent fort  nombreux.  Le  9  mai  1764,  l'Italien  Annibal 
Rubini  fait  baptiser  une  fille  à  Saint-Porchaire  (1).  Le 
20  avril  1766,  l'Alsacien  François  Desvaux  en  fait  autant 
pour  son  fils,  dans  la  même  église  (1).  Les  Affiches  du 
Poitou  annoncent,  en  1773,  l'arrivée  de  l'Italien  Bossis 
de  Beausoleil,  et,  l'année  suivante,  celle  de  Cacbée.  Ce 
dernier  vend  l'élixir  d'Agadie,  bon  pour  guérir  «  le  scor- 
but des  dents  »,  et  soigne  gratuitement  les  pauvres.  Le 
25  mai  1780,  Gariot,  quia  succédé  à  son  père  établi  den- 
tiste à  Poitiers,  annonce,  dans  le  même  journal,  la  mise  en 
vente  d'un  opiat  et  d'un  élixir.  Enfin,  le  22  novembre  1785, 
François  Vaugelade,  portant  le  même  titre  que  le  précé- 
dent, épouse  Anne  Frucbon  dans  l'église  de  Notre-Dame 
l'Ancienne. 

Pendant  tout  le  second  semestre  de  l'année  1789,  les 
Affiches  du  Poitou  font  savoir  que  Bonnesse,  originaire 
de  Prague,  donne  ses  soins  aux  deux  extrêmes  parties  du 


(1)  Rcg.  par.  Saînt-Porchàire.  —  En  1705,  le  chapitre  de  Saint-Hilaire 
accorde  à  Jean-Louis  Hubert,  ch.  de  Saint-Hubert,  le  droit  de  toucher  les 
personnes  atteintes  de  rage,  et  celles  qui  veulent  s'en  préserver.  (Arch. 
Vienne,  G.  527.) 


220  LA  COMMUNAUTE 

corps  humain.  Comme  pédicure,  il  extirpe  les  cors  aux 
pieds  en  y  mettant  la  plus  grande  dextérité.  Gomme 
dentiste,  il  blanchit  les  dents,  les  plombe  et  en  met  de 
postiches.  En  plus  de  ces  divers  talents,  il  fait  connaître 
un  secret  qui  lui  est  personnel,  pour  détruire  les  punaises. 

Les  dentistes  se  montrent  sans  aménité  à  l'égard  de 
leurs  concurrents.  G  est  ainsi  que,  le  5  avril  1755,  ce 
même  Bossis,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  se  plaint,  en 
exhibant  sa  qualité  de  dentiste  de  la  duchesse  d'Orléans, 
de  son  confrère  Dufour  qui,  condamné  en  justice, 
vint  lui  proposer  un  duel  (1).  Ayant  refusé,  il  le  pour- 
suivit dans  la  rue  des  Basses-Treilles  et  le  frappa  de 
plusieurs  coups  de  bâton. 

Peu  nombreux  apparaissent  ceux  qui  pratiquent 
l'extraction  de  la  pierre  sous  le  nom  de  lithotomistes. 
Le  21  janvier  1699,  les  échevins  demandent  aux  chirur- 
giens de  la  ville  de  vouloir  bien  recevoir  à  la  maîtrise 
le  nommé  Dufresne,  à  condition  qu'il  traite  les  pauvres 
affligés  soit  delà  pierre,  soit  d'hernies  (2).  Le  10 juillet 
1650,  deux  enfants  sont  envoyés  à  l'Hôtel-Dieu  afin  qu'un 
opérateur  puisse  les  guérir  «  sans  lucre  ».  Ils  sont  atteints 
tous  les  deux  de  la  première  de  ces  maladies  (3).  Les 
charlatans  de  cette  catégorie  ne  semblent  pas  avoir  fait 
beaucoup  de  réclame  à  Poitiers. 

Les  oculistes,  marchands  de  remèdes  ou  opérateurs, 
passent  assez  souvent  par  Poitiers,  surtout  vers  la  fin 
du  xvme  siècle  (4).  Parfois,   ils  y  séjournent  un  temps 

(i)  Arch.  Vienne,  Gref.  criminel  du  présidial. 

(2)  Reg   dél.  miin,  n°  79,  p.  221-238. 

(3)  Bibl.  Poitiers,  Cart.  45,  Reg.  14 

(4)  Avant  cette  époque,  il  est  parlé  d'un  opérateur  oculiste,  le  30  juillet 
1629.  (Reg.  dél.  mun,  n°  80,  p.  36.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  221 

plus  ou  moins  long,  comme  le  font  Laurent  Lemaire  et 
son  fils  Laurentin.  Le  29  avril  1773,  Le  Bayle, chirurgien 
juré  et  oculiste  à  Melle,  annonce  qu'il  opère  les  loupes, 
traite  les  yeux  et  fabrique  des  bandages  (1).  Le  23  sep- 
tembre suivant,  le  chevalier  Tendini,  oculiste  du  duc  d'Or- 
léans, après  avoir  visité  Sain  t-Maixent,  Niort  et  Fontenay, 
fait  savoir  qu'il  passera  quinze  jours  à  Poitiers (2).  Vien- 
nent ensuite  Ghalibert,en  1777,  puis  Grandjean.  oculiste 
du  roi.  Il  opère  la  cataracte,  faisant  ainsi  concurrence  au 
chirurgien  Gabriel  Texereau,  fort  connu  pour  pratiquer 
les  opérations  de  ce  genre.  Enfin,  en  1780,  Gleize  guérit 
aussi  de  la  cataracte,  de  même  qu'en  1783,  Helmer,  ocu- 
liste du  roi  de  Prusse.  Le  dernier  des  opérateurs  de  ce 
genre  que  nous  ayons  rencontré  est  Lemercier  de  Davel, 
venu  de  Montpellier  (3).  Lui  aussi  se  chargeait  d'opérer 
cette  même  maladie. 

Etienne  Thevet  nous  parle  des  chirurgiens  herniaires, 
dont  il  se  plaint  assez  amèrement.  Sous  le  nom  de  châ- 
treux,  ils  coupent  indistinctement  les  hernies  et  vont 
même  jusqu'à  transformer  à  l'état  d'eunuques  une  grande 
quantité  de  petits  enfants.  Le  14  novembre  1557,  le 
bureau  de  l'Assistance  publique  chargea  Goubilleau,  chi- 
rurgien et  opérateur,  «  de  tailler  l'hernie  et  rompture  de 
Garigner,  tellement  l'intestin  lui  en  alloit  et  eut  esté 
inapte  à  exercer  son  métier  »  (4).  L'opération  dut  réus- 

(i)  Arch.  Vienne,  E.  272.  —  Affiches  du  Poitou,  1773. 

(2)  En  1728,  les  P.  Récollets  guérissent  la  fille  de  François  Gourdon, 
atteinte  de  cataracte,  et  reçoivent  en  cadeau  un  encensoir  avec  une  petite 
cuillère  d'argent.  (Arch.  Vienne,  G.  83,  p.  68.)  —  Le  4  novembre  1773, 
Oudin,  employé  aux  tabacs,  annonce  une  eau  pour  la  guérison  des  yeux. 
(Affiches  du  Poitou.) 

(3)  Journal  de  Poitiers. 

(4)  Arch.  hôpitaux  de  Poitiers.. 


222  LA  COMMUNAUTE 

sir,  car  quelques  mois  plus  tard  le  malade  reçut  un 
pourpoint  de  futaine.  Le  1er  mars  1781,  Antoine  Dumay 
annonce  dans  les  Affiches  du  Poitou  qu'il  est  à  la  fois 
chirurgien  herniaire  et  bandagiste. 

Un  autre  chirurgien,  nommé  Rabiot,  fait  savoir  dans 
ce  même  journal,  le  15  décembre  1791,  qu'il  est  «  pelli- 
culiste  ».  Son  maître,  le  médecin  Delair,  docteur  de 
Montpellier,  lui  a  enseigné  la  manière  d'extirper  les  cors 
aux  pieds  sans  douleur  et  sans  les  faire  saigner.  Il  possède, 
en  outre,  une  pommade  qui  en  détruit  les  racines  ainsi 
que  celles  des  verrues  et  des  durillons. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  sorciers,  jadis  fort  nombreux 
en  Poitou.  Etienne  Thevet  nous  raconte  que  leurs 
recettes  sont  pleines  de  belles  oraisons,  psaumes,  du 
nom  de  Jésus-Christ,  de  la  Trinité  et  de  signes  de  croix 
«  ou  eau  bénite  à  chaque  mot  ».  Ils  soignent  surtout  les 
varices  ou  veines  très  en  saillie,  en  marmottant  certains 
mots  (1).  «  Ceux  de  Croutelle,  près  de  Poitiers,  appar- 
tiennent, dit-il,  à  une  race  de  gens  qui,  depuis  le  début 
du  xvic  siècle,  possèdent  le  secret  de  guérir  (<  les  morsures 
venimeuses  >; . 

Dans  toutes  les  classes  de  la  société,  nombre  de  per- 
sonnes crurent  jadis  aux  sorciers  et  aux  empiriques. 
Nous  savons  par  ce  même  Thevet  que  Charles  IX  versa 
10.000  francs,  et  le  connétable  de  Montmorency 
50.000  francs  pour  obtenir,  de  certains  individus  de  ce 
genre,  des  remèdes  destinés  à  les  guérir  de  la  goutte. 
Comme  à  cette  époque,  et  môme  longtemps  après,  ni  les 
médecins  ni  les  chirurgiens  n'obtinrent  la  guérison   de 

(1)  Saint-Thevet,  loc.  cit. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  22K 

celte  maladie  pas  plus  que  de  beaucoup  d'autres,  il  ne  faut 
pas  s'étonner  que  l'on  ait  eu  recours,  en  haut  comme  en 
bas  de  l'échelle  sociale,  à  toutes  les  variétés  de  guéris- 
seurs. Au  surplus,  il  en  est  de  même  de  nos  jours.  Le 
patient  et  son  entourage  qui  conservent  jusqu'à  la  fin 
l'espoir  d'une  guérison,  n'hésitent  point  à  la  demander  à 
tous  les  charlatans  qui  veulent  bien  la  leur  promettre. 


CHAPITRE  XV 


LETAÏ  SOCIAL    ET  INTELLECTUEL    DES  MAITRES  CHIRURGIENS. 


Armoiries  des  chirurgiens.  —  Leurs  charges  militaires.  —  Ils  sont  obligés 
de  faire  escorte  au  maire.  —  Le  port  des  armes.  —  La  chirurgie  décla- 
rée art  libéral.  — La  fortune  des  chirurgiens.  —  Ils  prennent  des  fermes 
en  location.  —  Les  vêtements  qu'ils  portent.  —  Les  titres  qu'ils  recher- 
chent. —  Chirurgiens  des  princes  apanagistes,  de  la  milice,  des 
pompiers  et  des  prisonniers.  —  Les  exemptious  qu'on  leur  accorde.  — 
Les  suppôts  de  l'Université.  —  Caractère  agressif  de  quelques  chirur- 
giens. —  Les  bibliothèques  des  maîtres.  —  Les  écrivains  Pierre  André, 
Etienne  Thevet  et  Brise  Gay.  —  Fin  de  la  communauté. 

Les  chirurgiens  font  à  Poitiers,  comme  dans  les  autres 
villes  de  France,  partie  des  maîtrises  et  jurandes.  De  ce 
fait,  ils  restent  sous  la  juridiction  de  la  police  locale, 
représentée  par  le  maire  et  les  échevins  jusqu'en  1700, 
puis  ensuite  par  le  lieutenant  civil,  et  en  dernier  lieu 
par  le  lieutenant  de  police  au  présidial. 

Leur  maîtrise,  comme  toutes  les  autres,  possède  des 
armoiries  ;  mais  nous  ignorons  si  elles  furent  semblables 
à  celles  que  d'Hozier  leur  donna,  en  1698,  qui  se  compo- 
saient de  gueule  à  un  sautoir  d'or,  chargé  de  cinq  lancettes 
de  sable. 

Plus  tard,  au  xvnie  siècle,  les  chirurgiens  de  Poitiers 
adoptèrent  celles  de  leurs  confrères  de  Paris  :  d'azur 
à  trois  boîtes  d'or,  deux  en  chef  et  une  en  pointe  avec  une 
fleur  de  lys  d'or  en  abîme. 


LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS         225 

Au  xvie  siècle,  les  chirurgiens  sont  astreints,  comme 
tous  les  membres  des  corporations  de  la  ville,  à  subir  les 
charges  militaires.  Ils  font  partie  de  la  milice,  et,  par 
conséquent,  sont  tenus  de  monter  des  gardes.  En  1549,  le 
maire  les  oblige  à  fournir  vingt-sept  boulets  du  poids 
de  7  livres,  avec  «  une  bougette  de  cuir  étiquetée  : 
barbier  »  (1).  Le  8  novembre  1552,  leur  doyen,  Gilles 
Amaury,  bourgeois  de  l'hôtel  de  ville,  conserve  chez 
lui  la  pièce  d'artillerie  de  sa  communauté,  ainsi  que  la 
poudre  et  les  boulets  qu'il  doit  tenir  à  la  disposition  du 
maire  (2).  Cette  obligation  cesse  au  xvne  siècle. 

Il  en  exista  une  autre  qui  fut  particulièrement  désa- 
gréable aux  chirurgiens,  de  même  qu'aux  apothicaires, 
orfèvres  et  horlogers.  Chacune  de  leurs  jurandes  devait 
déléguer  deux  de  ses  membres,  revêtus  des  livrées  de  la 
ville,  mi-partie  blanches  et  rouges,  chaque  fois  que  le 
maire  assistait  à  une  cérémonie  publique  ou  présidait  à 
une  exécution   capitale. 

C'est  à  partir  de  1630  que  commence  la  lutte  entreprise 
par  les  maîtres  pour  se  faire  exempter  de  cette  charge. 
Ayant  tous  refusé,  le  16  octobre  de  cette  même  année, 
de  laccompagner  lors  de  l'exécution  capitale  de  Louise 
Domault,  on  les  condamne  chacun  à  200  livres  d'a- 
mende (3).  Huit  jours  plus  tard,  ils  s'excusent  en  décla- 
rant y  avoir  envoyé,  à  leur  place,  deux  individus  parfai- 
tement convenables  (4).  Le  maire  ne  les  jugeant  point 
tels,    répond  qu'ils  sont  «   vils  et  abjects  ».  L'un  est  un 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  n°  38,  p.  177. 

(2)  Id  ,  n°  32,  p.  147. 

(3)  Id.,  n°81. 

(4)  Min.  André  Chaigneau,  notaire. 

15 


226  LA  COMMUNAUTÉ 

ramasseur  de  vipères  et  l'autre  un  simple  journalier. 
Tous  les  deux  sont,  en  outre,  fort  mal  vêtus. 

Le  16  décembre  de  la  même  année,  les  chirurgiens  font 
opposition  à  cette  sentence  et  obtiennent  gain  de  cause 
au  Parlement.  Aussi,  le  30  juin  1631,  le  conseilmunicipal 
se  voit-il  obligé  de  leur  remettre  cette  somme  de  200  livres 
depuis  longtemps  employée  pour  les  besoins  des  pesti- 
férés (1).  Toutefois,  ils  restent  astreints,  comme  par  le 
passé,  à  se  faire  représenter  aux  exécutions  capitales. 

Cette  affaire,  assoupie  pendant  plusieurs  années,  recom- 
mence à  la  suite  d'une  délibération  prise  par  les  chirur- 
giens, dans  leur  salle  Saint-Côme.  Ils  déclarent  d'un 
commun  accord,  le  22  décembre  1640,  ne  vouloir  point 
assister  à  la  pendaison  d'un  criminel,  «  d'autant  que  le 
maire  n'a  aucun  pouvoir  sur  eux  mais  seulement  le 
Grand  Conseil  du  roi  »  (2).  En  cas  de  condamnation  par 
la  police  des  échevins,  ils  emprunteront  l'argent  néces- 
saire pour  aller  en  appel.  C'est  ce  qui  eut  lien  deux  jours 
plus  tard  (3).  Ils  furent  frappés  d'une  nouvelle  amende 
de  200  livres  pour  n'avoir  point  assisté  à  l'exécution  de 
Jacques  Daget,  dont  le  cadavre  leur  avait  cependant  été  re- 
mis, afin  «  de  le  disséquer  et  de  s'instruire  en  anatomie  );. 

Suivant  ce  qu'ils  en  avaient  décidé,  les  chirurgiens 
font  appel  au  Grand  Conseil  qui,  tout  d'abord,  leur 
donne  raison  quant  au  fond,  le  4  janvier  1634  ;  puis 
ordonne,  le  8  février  suivant,  la  restitution  de  leur 
amende  (4).  Toutefois,  un  arrêt  prononcé  par  cette  Cour, 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  no  81. 

(2)  Min.  Bourbeaiij  notaire. 

(3)  Reg.  dél.  mun.,  n^  91,  p.  98. 

(4)  Id  ,  no  91,  p.  119. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  2^7 

le  17  novembre  1642,  les  astreint  à  se  faire  représenter 
dans  le  cortège  du  maire  par  des  personnes  conve- 
nables (1).  Une  dernière  fois  ils  refusent,  en  1659,  d'en- 
voyer des  individus  pour  les  remplacer,  prétextant  qu'ils 
n'ont  plus  de  casaques  et  que  le  temps  leur  a  manqué 
pour  en  faire  fabriquer  (2).  Aussi,  sont-ils  de  nouveau 
condamnés  à  200  livres  d'amende. 

A  partir  de  cette  époque,  jusqu'au  milieu  du  xvme  siè- 
cle, la  communauté  des  chirurgiens  figure  toujours  la 
dernière  sur  la  liste  de  celles  qui  sont  tenues  d'assister 
aux  cérémonies  publiques  dans  le  cortège  du  maire. 
Gomme  les  apothicaires,  les  maîtres  se  font  remplacer 
par  des  individus  quelconques  sans  qu'il  y  ait  eu  de  diffi- 
culté de  la  part  de  la  municipalité. 

Au  xvie  siècle,  les  gens  des  métiers  sont  tous  tenus  d'a- 
voir des  armes.  Il  en  est  de  même  des  chirurgiens.  En 
1523,  Grégoire  Rogier  achète,  moyennant  12  livres 
10  sols,  une  arquebuse  que  lui  vend  l'hôtel  de  ville  (3). 
Le  24  avril  1653,  Jean  Bellon  en  possède  une  à  rouet  avec, 
en  plus,  deux  mousquets  et  un  espadon  (4).  Le  28  mai 
1707,  Emery  Gourtin  est  propriétaire  d'une  paire  de  pis- 
tolets, et  Etienne  Garron,  le  8  février  1724,  de  deux  fusils 
et  de  deux  épées  (5).  Enfin,  le  19  décembre  de  la  même 
année,  Bourdon  de  Beaupuy,  chirurgien  du  prince  de 
Conti,  laisse  en  mourant  une  épée  à  poignée  d'argent  (6). 


(1)  Reg.  dél.  mun.,  n°  94,  p.  79. 

(2)  7d.,nQllO,  p.  i50. 

(3)  Ici.,  n»  18,  p.  315. 

(4)  Min.  Royer,  notaire. 

(5)  Arch.  Vienne,    Gref.    civil  du    présidial.    —  Min.   Duchasteigner., 
notaire. 

(6)  Min.  Hélion,  notaire. 


228  LA  COMMUNAUTE 

A  cette  époque,  les  membres  des  corporations  d'arts  et 
métiers  ont  l'habitude  de  porter  cette  arme. 

La  situation  sociale  des  chirurgiens  tend  à  se  modi- 
fier graduellement  à  partir  de  l'édit  de  1692  qui  dit 
que  leur  art  «  ne  pourra  ny  estre  compris,  ny  censez 
estre  de  la  qualité  des  mestiers  ».  Les  statuts  de  Ver- 
sailles de  1723,  viennent  à  leur  tour  déclarer  que  les 
maîtres  jouiront  des  privilèges  attribués  aux  arts  libéraux. 
Il  est  vrai  que  ces  prescriptions  restent  de  longues 
années  sans  recevoir  aucune    application. 

En  conformité  des  arrêts  du  Conseil  d'Etat,  des  2  et 
10  août  1756,  paraissent  des  lettres  patentes  du  roi  qui 
déclarent  que  tous  les  chirurgiens  «  exerçant  sans 
aucun  mélange  de  profession  mécanique  et  sans  faire 
aucun  commerce  ou  trafic,  soit  par  eux,  soit  par  leurs 
femmes,  seront  réputés  exercer  un  art  libéral  ».  On 
les  comprendra  parmi  les  notables  bourgeois  dans  les 
villes  de  leur  résidence  et  ils  pourront  être  revêtus  des 
offices  municipaux.  Toutefois,  ils  n  auront  droit  à  aucune 
exemption  en  ce  qui  concernera  la  taxe  d'industrie,  tout 
en  restant  exemptés  de  la  garde,  du  guet,  des  corvées  et 
des  autres  charges  du  même  genre. 

Ils  pourront  garder  avec  eux  un  ou  deux  élèves  qui 
ne  devront  point  tirer  à  la  milice.  Les  lettres  patentes 
du  24  août  1743  ajoutent  qu'ils  seront  tenus  de  suivre 
les  cours  d'une  Université  et  de  se  faire  recevoir  maîtres 
es  arts(l).  Ces  nouvelles  dispositions  sont  enregistrées  par 
le  Conseil  municipal  de  Poitiers,  le  22  novembre  1756. 

(1)  Reg.  dél.  mun.,  n°  172.  La  Faculté  de  Médecine  de  Poitiers  s'unit 
à  celle  de  Paris  pour  s'opposer  à  l'enregistrement  des  lettres  patentes  du 
26  octobre  1743,  autorisant  les  chirurgiens  à  enseigner.  (Verdier,  loc.  cit  ) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  229 

Les  chirurgiens,  au  point  de  vue  de  leur  fortune,  peu- 
vent être  rangés  dans  la  catégorie  des  petits  propriétaires. 
Certains  d'entre  eux  possèdent  des  maisons  à  Poitiers. 
Le  16  juin  1621,  Armel  Porcher  loue  son  hôtel  du  Saul- 
mon,  situé  place  du  Marché-Vieil.  Pierre  Demairé 
donne  en  location,  le  8  août  1641,  la  maison  qu'il 
possède  rue  de  la  Jabrouille,  au  coin  du  carrefour  de 
Janoilhac  (1).  Le  29  août  1646,  Jehan  Boucault  est  pro- 
priétaire de  celle  qu'il  habite  dans  la  rue  Saint-Michel  (2). 
Les  exemples  de  ce  genre  sont  fort  nombreux. 

Certains  maîtres  ont  aussi  quelques  propriétés  aux 
environs  de  Poitiers.  Le  6  novembre  1625,  Charles 
Dardin  fait  visiter  sa  ferme  d'Anxaumont  (3).  Le  20  mai 
1629,  Martin  Delongueil  loue  son  moulin  de  La  Payre, 
situé  sur  le  Clain  (4).  Le  3  septembre  1648,  Jean  Theve- 
net  donne  à  ferme  sa  métairie  de  la  Bégaudière,  paroisse 
de  Biard  (5).  Enfin,  le  12  mars  1678,  Etienne  Bironnet 
achète  une  vigne  au  clos  Poullet  dépendant  de  l'abbaye 
de  Saint-Cyprien  (6).  Il  nous  serait  facile  de  dresser  une 
liste  de  ces  chirurgiens  petits  propriétaires  fonciers  qui 
furent  assez  nombreux  dans  la  ville  de  Poitiers. 

Selon  l'usage  de  l'époque,  ils  prennent  à  ferme  des 
terres  appartenant  soit  au  clergé,  soit  à  des  particu- 
liers. Le  3  mai  1601,  François  Ferrand,  fermier  des 
biens  du  prieuré  deSaint-Porchaire,  sous-afferme  un  pré 
qui  en  dépend  (7).  Le  12  juin    1636,   P^ené   Laurentin 

(1)  Min.  Chesneau  (Daniel),  notaire. 

(2)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(4)  Min.   André  Chaigneau,  notaire. 

(5)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(6)  Id. 

(7)  Id. 


230  LA  COMMUNAUTE 

prend  à  bail  les  dépendances  de  l'abbaye  de  Saint-Be- 
noît (1).  Le  13  juin  1653,  Charles  Delafontaine  est  loca- 
taire des  métairies  de  la  Combe*  du  Chêne  et  de  Lanji- 
baudière,  paroisse  d'Adriers  (2).  La  surveillance  de  ces 
terres  ne  les  empêche  point  d'exercer  leur  profession 
et  même  d'y  ajouter  certains  commerces  ;  Dufour  est 
mis,  le  24  octobre  1711,  au  nombre  de  ceux  qui  vendent 
«  du  vin  à  boire  »,  chose  fort  commune  alors  à  Poi- 
tiers (3).  En  résumé,  ils  agissent  de  la  même  façon  qUe 
la  plupart  des  petits  bourgeois  et  des  petits  fonctionnaires 
de  la  ville. 

Les  chirurgiens  sont  habillés  comme  les  gens  de  leur 
condition  ;  mais  ils  semblent,  toutefois*  mettre  plus  de 
recherche  dans  leurs  vêtements,  à  partir  du  xvme  siècle. 
Le  28  mai  1707,  Emery  Courtin  laisse  à  sa  mort  «  un 
habit  et  une  veste  de  peschina  d'Amboise  de  couleur  ver- 
dâtre,une  culotte  de  panne  bleue  avec  deux  glands  d'or  au 
côté*  un  gilet  brodé  d'or  avec  des  boutons  dorés,  ainsi  que 
les  coutures  des  poches  »  (4)»  Il  possède  en  outre  :  «  deux 
perruques,  des  bas  de  laine  blanche  et  grise,  trois  cra- 
vattes  de  mousseline,  trois  paires  de  manchettes  de  bap- 
tiste,  un  manteau  bleu  et  une  canne  de  jonc  à  pomme 
d'argent  ». 

Le  19  décembre  1724,  l'habit  de  François  Bourdon  de 
Beaupuy  est  de  drap  avec  boutons  mêlés  de  fils  d'argent 
et  la  culotte  couleur  de  tabac  d'Espagne.  Un  second, 
couleur    de     musc,  possède    des   boutons    de    cuivre. 


(1)  Min.  Bourbeau,  notaire. 

(2)  là. 

(3)  Arch.  Vienne,  Gref.  civil  du  présidial. 

(4)  là.,  ib. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  231 

Un  troisième  est  de  drap  noir  et  un  quatrième,  gris  de 
fer  avec  boutons  ornés  de  fils  d'argent  (1).  Une  petite  veste 
de  toile  blanche  a  ses  deux  devants  piqués  et  garnis 
de  fils  d'or.  Son  manteau  est  écarlate,  sa  tabatière 
d'argent,  son  manchon  en  peaii  de  loup  et  ses  boucles  de 
souliers  en  argent.  Il  possède  deux  cachets  et  deux 
crayons  renfermés  dans  un  étui  d'argent,  «  façon  d'Alexan- 
dre, horloger  à  Poitiers  ».  Enfin,  son  portrait  figure  dans 
un  cadre  doré,  fixé  au  mur  de  sa  chambre  à  coucher. 

Les    chirurgiens    de   Poitiers   cherchent,    autant  que 
possible,  à  s'attacher  aux  grands  personnages  afin  d'en 
acquérir  quelques   privilèges.  En  1586,  Etienne  Thevet 
se  dit   chirurgien  du  prince  de  Conti.  Le  8  septembre 
1719,   François  Boudon-Beaupuy    demande  à  la  mairie 
l'enregistrement   du   brevet    que   lui    a   délivré   Louis- 
Armand  de  Bourbon,  prince  de  Conti,  «  à  cause   de  sa 
capacité  et   expérience    en  fait  de  chirurgie,  ayant  été 
chirurgien    du  fort  Saint-Louis   et   des  îles   de   Saint- 
Domingue,    puis  à  l'armée  de  la   côte    de    Léoganne, 
ayant  servi  Vingt-cinq  ans,  tant  dans  les  troupes  du  roy 
que  dans  les  hôpitaux    des  armées   »    (2).  Le   15  dé- 
cembre  1724,    Jacques  Charrier   le  remplace,   grâce  à 
«  son  expérience  dans  l'art  de  chirurgie,  de  sa  probité  et 
de  sa  bonne  conduite  »  (3).  Il  est  autorisé  à  mettre  «  liri 
tapis  aux  armes  du  prince  devant  sa  maison  et  à  jouir 
de  tous  les  privilèges  que  lui  donne  son  titre  ». 

Les  chirurgiens  du  comte  d'Artois  sont  en  plus  grand 


(1)  Min.  Hélion,  notaire. 

(2l  Reg.  dél.  mun.,  n°  128,  p.  19.  —  Enregistrée  le  même  jour. 
(3)  Reg.  dél.  mun.,  n°  142.  —  Cette  nomination  est  enregistrée  à  la  mai- 
rie, le  2  janvier  1725. 


232  LA  COMMUNAUTE 

nombre.  On  rencontre  parmi  eux  :  Louis  Dabon-Cou- 
pelle  (1778),  Jean-Jacques  Rivault  (1784)  et  Urbin 
Douxamy  (1785)  (1).  Ce  titre  n'est  porté  par  aucun 
chirurgien  à  partir  de  1790. 

La  mairie  de  Poitiers  accorde  aussi  des  titres  du 
même  genre,  au  début  de  la  Résolution.  Le  28  août 
1789,  Maury  est  nommé  à  la  fois  chirurgien  de  la  milice 
de  Poitiers  et  de  la  compagnie  des  pompiers  (2).  Enfin, 
l'année  suivante,  il  est  attaché  avec  cette  même  qualité 
à  l'hôtel  de  ville. 

Le  31  juillet  1726,  Louis  Regnault,  maître  chirurgien, 
demande  au  lieutenant  général  la  place  de  Jean  Mi- 
chault  qui,  avant  sa  mort,  soignait  les  prisonniers.  Il 
revendiqueles  immunités  dont  jouissait  son  prédécesseur, 
comme  exemptions  de  guet,  de  garde  de  logement  des 
gens  de  guerre,  des  tutelles  et  des  curatelles.  Tout  cela 
constituait  des  privilèges  attachés  à  cette  charge  (3). 
Elles  lui  sont  accordées  et,  le  10  août  suivant,  sa  nomi- 
nation est  enregistrée  à  la  mairie. 

Les  maîtres  ne  sont  point  tous  aussi  heureux  dans 
leurs  demandes.  Le  4  février  1726.  Ronaventure  Cham- 
bellain,  exhibant  de  sa  qualité  de  lieutenant  du  premier 
chirurgien  du  roi,  désire  être  exempté  du  logement  des 
soldats  (4).  La  municipalité  lui  refuse  ce  qu'il  lui  de- 
mande. Le  11  janvier  1740,  Raymond  Dumont  voulant, 
en  qualité  de  chirurgien  de  l'Hospice  des  incurables,  être 
déchargé  de  l'impôt  décapitation, n'obtient  aucunrésultat. 


(1)  Almanach  du  Poitou. 

(2)  Reg.dél.  mun.,  n«*  195  et  197. 

(3)  Id.,  n°s  141  et  152. 

(4)  Arch.  Vienne,  Gref.  de  la  cour  conservatoire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  233 

Un  titre  souvent  recherché  par  les  marchands  et  les 
petits  bourgeois  de  Poitiers  est  celui  de  suppôt  de 
l'Université.  Il  permet  à  ceux  qui  le  possèdent  de  se 
soustraire  à  la  juridiction  de  l'échevinage  et  de  s'adres- 
ser directement  à  celle  de  la  Cour  conservatoire  du 
présidial  (1).  Parmi  les  nombreux  chirurgiens  qui  se 
rendent  acquéreurs  d'un  tel  titre,  nous  trouvons  :  Pierre 
Thevenet  (1647),  François  Paillé  (1660),  René  Servant, 
sr  du  Coutault(1720),  Jean  Motheau  (1721),  Etienne 
Herbert,  s'  de  Beaulieu  (1728)  et  Gabriel  Texereau 
(1744). 

Si  la  plupart  des  chirurgiens  sont  gens  honnêtes  et 
modestes,  il  en  est  d'autres  dont  l'orgueil  et  la  vanité 
excitent  l'indignation  de  leurconfrère  Etienne  Thevet  (2). 
Il  nous  montre  ces  individus  «  barbares,  flatteurs, 
ignorants  des  belles-lettres,  sans  principes  et  vantards. 
Chacun  d'eux  parle  constamment  de  son  baume,  de 
son  onguent,  de  son  cautère,  de  son  bandage,  parfaite- 
ment inconnu  du  reste,  de  sa  décoction,  de  son  secret, 
de  sa  diète,  de  sa  douceur  de  mercure  et  de  son  essence. 
Pas  un  qui  ne  dise  tenir  ces  remèdes  d'un  Turc  ou 
d'un  Egyptien   ». 

Tout  chirurgien  appartenant  à  cette  catégorie  est 
ignorant  et  barbare.  «  Il  brûle,  taille,  coupe  et  tranche 
plutôt  comme  un  vrai  barbare,  que  comme  un  chrétien  ». 
Bref,  si  parmi  les  gens  de  cette  profession  il  en  est  de 
doucereux  qui  se  rangeant  toujours  à  l'avis  du  malade, 
il  en  est  d'autres,  au  contraire,  d'une  brutalité  révoltante. 


(1)  Arch.  Vienne,  Gref.  de  la  cour  conservatoire. 

(2)  Etienne  Thevet,  loc .  cit. 


234  LA  COMMUNAUTE 

Cette  brutalité  se  retrouve,  parfois,  dans  la  vie  privé  des 
chirurgiens.  Le  14  septembre  1709,  Pierre  Roy  frappe  et 
blesse  la  femme  d'un  nommé  Bergeron  (1).  Le  18  sep- 
tembre 1711,  Nicolas  Degennes,  violent  et  emporté,  bat  sa 
femme,  la  jette  à  terre  et  la  tire  par  les  cheveux  (2).  Le 
1er  octobre  1761,  Guyonrteau  est  poursuivi  pour  avoir 
battu  le  nommé  Mothe  qui  refusait  d'aller  jouer  avec  lui 
à  l'hôtel  Saint-Jacques,  dans  le  faubourg  de  la  Tran- 
chée (7).  A  là  veille  de  là  Révolution,  le  28  août  1765, 
Piorry  ose  invectiver  et  injurier  le  médecin  Decressac 
dans  l'exercice  de  sa  profession  (3).  Une  lettre  du  doyen 
de  la  Faculté  le  rappelle,  le  jour  même,  au  respect 
qu'il  doit  à  chacun  de  ses  membres,  et  le  menace  de 
poursuites,  s'il  recommence  (4).  L'antique  respect  des 
chirurgiens  pour  les  docteurs  en  médecine  semble  avoir 
singulièrement  décliné  à  cette  époque. 

A  part  quelques  honorables  exceptions,  dont  nous  par- 
lerons plus  loin,  les  chirurgiens  de  Poitiers  ne  parais- 
sent pas  avoir  possédé  un  goût  bien  prononcé  pour  les 
ouvrages  concernant  leur  profession.  Dans  l'inventaire 
du  protestant  Charles  Bourceau,  nous  trouvons  seize 
tomes  de  livres,  dont  une  bible  (5).  Louis  Charrier 
laisse,  à  sa  mort,  quarante  volumes  de  chirurgie  et  de 
«  sainteté  »  estimés  seulement  5  livres  24  sols  (6).  Le 
17  janvier  1720,  l'inventaire,  après  décès,  de  Jacques 
Toyon  nous  indique  vingt  volumes  servant  à  sa  profes- 

(1)  Arcli.  Vienne,  Gref.  crim.  du  présidial. 

(2)  Id.,  Gref.  civil  du  présidial. 

(3)  Id.,  Gref.  crim.  du  présidial. 

(4)  Id.,  Reg.  8  S. 

(5)  Id.,  Gref.  civil  du  présidial. 
16)  Min    Dubois,  notaire. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  235 

sioil  (1).  Enfin,  lé  10  septembre  1724,  Jean-François 
Bourdon-Beatipuy  en  Compte  cinquante-trois  dans  sa 
bibliothèque,  parmi  lesquels,  la  Vie  des  saints  (2).  En 
résumé,  peu  de  traités  de  chirurgie,  avec  quelques  livres 
de  piété. 

Plusieurs  chirurgiens  de  Poitiers  ont  écrit  sur  leur 
art,  aux  xvie  et  xvne  siècles.  Le  premier  que  nous  trou- 
vions est  Pierre  André,  né  ait  Dorât,  qui,  pendant  vingt 
ans,  parcourut  l'Europe,  après  avoir  travaillé  dans  les 
villes  de  Paris,  Toulouse,  Montpellier,  Lyon.  Il  fit  la 
guerre  en  Ecosse,  en  Allemagne  et  en  Bohême,  où  il 
visita  Prague.  Il  assista  au  siège  de  Boulogne,  et,  en 
1552,  à  celui  de  Metz,  où  il  dut  connaître  Ambroise 
Paré,  son  illustre  confrère. 

Vertu  à  Poitiers  vers  1558,  il  est  attaché,  en  1563,  à 
l'hôpital  des  pestiférés.  Ayant  combattu  l'épidémie  qui 
désola  la  ville  à  cette  époque,  il  profita  des  connais- 
sances professionnelles  qu'il  sut  acquérir  au  lit  des 
malades,  pour  publier  un  ouvrage  qu'il  intitula  : 

Traité  ||  de  la  Peste  et  ||  la  cure  dicelle  \\  avec  la  prépara- 
tion de  l  antimoine  [|  et  les  vertus  et  propriétés  d'icelny, 
ser  ||  vans  grandement  à  la  curation  de  la\\  dicte  Peste. 

Plus  un  petit  traicté  de  la  Disse nterie  et  de  ||  ses  remèdes. 
Le  tout  par  bon  ordre  et  ||  rédigé  en  sommaire  par  Pierre 
André  natif  \\  du  Dorât  apoictiers,  par  Nicolas  Logeroys, 
1563,  in-8°. 

L'ouvrage  est   dédié   à  Jehan  de    la   Haye,  écuyer, 


(1)  Min.  Rousseau,  notaire. 

(2)  Min.  Hélion.  En  1616,  le  libraire  Jean  Rontemps  met  en  vente 
la  chirurgie  des  ulcères,  in-12,  relié,  au  prix  de  10  sols  (Min  Aubineau, 
notaire*. 


236  LA  COMMUNAUTÉ 

conseiller  du  roy  et  lieutenant  général  en  Poitou.  Cette 
dédicace  porte  la  date  du  9  septembre  de  la  même 
année. 

André  cite  souvent,  dans  son  travail,  les  anciens 
comme  Hippocrate,  Galien  et  même  Homère.  Il  s'étend 
ensuite  fort  longuement  sur  la  prophylaxie  de  la  peste 
et  donne  de  nombreuses  indications  sur  le  régime  ali- 
mentaire à  suivre  et  les  remèdes  à  prendre.  Il  s'arrête 
aussi  longuement  sur  le  traitement  des  bubons  dont  les 
procédés  curatifs  qu'il  conseille,  sont  plus  ou  moins 
bizarres.  Après  avoir  signalé  les  nombreuses  précautions 
qu'il  convient  de  prendre  pour  éviter  la  propagation  du 
mal,  il  fait  connaître  un  instrument  spécial  fabriqué  à 
Croutelle.  Cet  instrument,  qui  remplace  l'antique  se- 
ringue, permet  aux  malades  de  se  donner  des  clystères 
sans  l'aide  de  personne. 

Le  travail  de  notre  chirurgien,  rempli  de  formules  de 
tout  genre,  plus  ou  moins  bizarres,  ne  sort  guère  de  la 
moyenne  de  ceux  qui  sont  publiés  à  cette  époque. 

Dans  un  traité  concernant  l'antimoine,  il  cite  souvent 
Pline  et  Galien.  Son  but  est  de  conseiller  l'emploi  de  ce 
produit  pour  combattre  la  peste.  L'ayant  lui-même 
ordonné  à  ses  malades,  lors  d'une  épidémie  qui  sévit 
à  Prague  en  Bohême,  il  en  obtint  les  meilleurs  résultats. 

Pour  guérir  les  personnes  atteintes  de  la  dysenterie, 
il  donne  diverses  formules  dans  lesquelles  doivent  entrer 
nombre  de  produits  plus  ou  moins  bizarres,  comme  le 
foie  de  loutre  macéré  dans  du  vin  blanc  puis  séché  au 
four.  Cependant,  il  s'attache  surtout,  d'une  façon  très 
régulière,  à  indiquer  les  régimes  alimentaires  que  les 
malades  doivent  suivre. 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  237 

Quelques  années  après  l'arrivée  de  Pierre  André, 
un  de  ses  confrères  vient  à  son  tour  s'établir  à  Poitiers 
dans  les  mêmes  conditions  que  lui.  C'est  Etienne 
Thevet,  originaire  d'Angoulème.  qui,  après  avoir  servi 
aux  armées,  s'engage,  en  1586,  à  soigner  les  pestiférés. 
Toutefois,  il  ne  publie  son  travail  sur  cette  maladie 
qu'en  1603,  époque  à  laquelle  on  voit  le  fléau  reparaître. 
Son  livre  est  intitulé  : 

Traicté  II  de  la  peste  ||  préservation,  ordre  ||  et  règlement 
qu'il  y  ||  faut  observer,  avec  plusieurs  ||  choses  remarquées 
contre  |j  l  opinion  commune  ||  ensemble  la  curation  \\  d'i- 
celle,  et  du  Bubon  et  Charbon.  ||  Par  Estienne  Thevet,  An- 
gou  \\  moisien,  Chirurgien  de  Monseigneur  le  ||  Prince  de 
Conty  et  Juré  ||  A  Poictiers  ||  Par  Jean  de  Marnef,  impri- 
meur et  ||  Libraire  ordinaire  du  Roy.  j|  1603,  in-8°, 
12  f.f.  lim.  et  200  p. 

Ce  livre,  dédié  au  maire  et  aux  échevins  de  Poitiers,  est 
réimprimé  plus  tard,  en  1613  (1).  Toutefois,  le  titre  en 
est  modifié  de  la  façon  suivante  : 

Avis  sur  la  pré  \\  servation  et  curation  de  la  pe\\  ste  avec 
une  exacte  et  simple  recher  \\  che  des  plus  utiles  et  princi- 
pales difficultés  qui  s  y  puissent  remarquer.  \\  Par  Estienne 
Thevet,  chirurgien,  etc. 

Cet  auteur  nous  parle  longuement  des  épidémies  qu'il 
eut  occasion  de  voir  à  Poitiers,  à  partir  de  1586.  Tl  en 
donne  les  causes,  dont  les  principales  sont  l'infection  des 
égouts  et  la  malpropreté  des  habitations.  Il  attribue 
aussi  une  grande  importance  au  dicton,  bien  connu 
adis,  qui  les  résume  presque  toutes.  Ce  sont  :  «  la  faim, 

(1)    De    la  Bouralière,  «  l'Imprimerie  et  la   Librairie  à  Poitiers    au 
xvne  siècle  ))  [Mém.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  I,  3e  série.) 


238  LA  COMMUNAUTÉ 

la  fatigue,  les  fruits,  les  femmes,  le  froid  et  la  frayeur  ». 
Ses  remarques  sont  toujours  fort  judicieuses,  tant  au 
point  de  vue  du  traitement  des  malades  que  des  pré- 
cautions à  prendre  pour  éviter  le  mal  (1).  Il  s'étend, 
avant  tout,  sur  la  nécessité  de  combattre  les  diverses 
causes  de  contamination. 

L'ouvrage  de  Thevet  est  bien  supérieur  à  la  plupart  de 
ceux  du  même  genre  qui  parurent  à  cette  époque.  Il 
savait  voir  et  comprendre  ce  qui  se  passait  autour  de  lui. 
Nombre  de  ses  réflexions  sont  frappées  au  coin  du  bon 
sens.  Par  malheur,  lui  aussi  s'attarda,  sans  succès,  aux 
vieilles  thérapeutiques  suivies  à  son  époque,  celles  d'Hip- 
pocrate  et  de  Galien. 

Le  second  ouvrage   publié  par    Thevet  a  pour  titre  : 

Les  erreurs  et  \\  abus  ordinaires  II  commis  au  fait  |j  de  la 
Chirurgie  ||  Divisez  en  quatre  livres  \\  Par  Etienne  Thevet, 
Chirurgien  de  \\  Monseigneur  le  prince  de  Conty  \\  et  Juré, 
a  Poitiers.  ||  A  Poitiers  ||  par  Jean  Blanchet,  Imprimeur 
ordinaire  |j  du  Roy  et  de  l'Université  ||  1603. 

Thevet  y  retrace  les  qualités  que  doit  posséder  un  bon 
chirurgien  qu'il  met  en  parallèle  avec  les  charlatans  de 
cette  profession.  Il  parle  de  ses  confrère  complaisants, 
toujours  disposés  à  soigner  leurs  semblables  sans  rien 
connaître  des  maladies  qui  les  frappent.  Il  s'élève  surtout 
contre  les  guérisseurs  de  tout  genre,  si  communs  à  cette 
époque. 

^'auteur  indique  ensuite  certaines  croyances  populaires 
qui  attribuent  à  diverses  personnes,  comme  au  septième 
enfant  mâle  né  d'une  même  mère,  le  pouvoir  de  guérir 

(1)  P.  Rambaud,  «  ptienne  Thevelt,  niaître  chirurgien  à  Poitiers  )) 
{Bull.  Soc.  Ant.  Ouest,  t.  I,  S*  série,  p.  382.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  239 

des  maladies.  Il  termine  en  démontrant  l'inanité,  an  point 
de  vue  médical,  de  quelques  remèdes,  comme  les  pierres 
précieuses.  En  revanche,  en  vrai  fils  de  l'Angoumois, 
il  parle  fort  longuement  des  multiples  propriétés  que 
possède  le  vin.  Il  en  connaît  et  en  sait  apprécier  toute  la 
valeur,  tant  au  point  de  vue  des  malades  que  des  gens 
qui  ne  le  sont  pas. 

Au  cours  de  son  travail,  Thevet  nous  cite  nombre 
d'auteurs  anciens  comme  Hippocrate,  Galien,  Celse, 
Mathéole,  Dioscoride  Aétius,  Ovide,  etc.  Il  parle  aussi 
des-  savants  d'une  époque  plus  rapprochée,  tels  que 
Guy  de  Çhauliac,  Arnault  de  Villeneuve,  Vigo,  Ambroise 
Paré  et  Jqubert.  Son  érudition  semble  avoir  été  à  la 
hauteur  de  celle  des  médecins  de  son  temps.  Aussi,  nous 
donne-t-il  souvent  des  aperçus  fort  judicieux  sur  diverses 
parties  de  sa  profession.  Il  est  facile  de  se  rendre  compte 
qu'il  sut  voir  et  comprendre  ce  qui  se  passait  autour 
de  lui  dans  les  milieux   médicaux. 

Le  dernier  chirurgien  qui  ait  publié  uii  ouvrage  est 
BriceGay,  le  successeur  de  Thevet,  comme  lieutenant  du 
premier  chirurgien  du  roi.  Il  traduisit  un  livre  espagnol 
publié,  en  1585,  par  le  médecin  Jeau  Galvet.  Cette 
traduction,  parue  en  1614,  fut  dédiée  à  Pierre  MUon,  éc, 
sr  de  J'Arnay,  qui  avait  été  premier  médecin  du  roi 
Henri  IV. 

Le  livre  de  Gay  a  pour  titre  : 

Epitome  \\  des  ||  Ulcères,  \\  ou  les  Recherches  ||  tant  théo- 
rique que  pratique  ||  suricelles.  \\  Composé  par  le  docteur 
Iean  Calve  \\  Médecin  Espagnol.  \\  Traduict  d'Espagnol 
en  Français,  \\  Par  Brice  Gay,  Me  chirurgien  ||  Iuré  a 
poictiers. 


240         LA  COMMUNAUTE  DES  MAITRES  CHIRURGIENS 

A  Poictiers.  ||  Par  René  Bugeaut,  imprimeur  et  li- 
braire, |!  demeurant  en  l'Allée  du  Palais  ||  1614,  in-8°  de 
8  f.f.  lim.  et  310  p. 

Cet  auteur  nous  fait  connaître  un  certain  nombre  de 
préparations  pharmaceutiques  dont  les  substances  qui  les 
composent  représentent,  au  point  de  vue  allégorique, 
différentes  vertus.  Ainsi,  les  feuilles  de  bourrache  signi- 
fient la  gloire,  celles  d'ortie  la  mort,  de  même  que  celles 
de  rue,  etc.  C'est,  en  somme,  un  travail  bizarre,  sans 
aucune   portée   scientifique  ou  professionnelle. 

A  ces  noms,  nous  ajouterons  ceux  de  Joseph  Maury, 
professeur  d'obstétrique,  d'Henry  LeChasseux,  professeur 
de  chirurgie,  de  Gabriel  Texereau,  professeur  d'anatomie 
à  l'Ecole  royale  de  peinture,  et  de  Dabon-Coupellequi,  en 
1776  et  1782,  mena  dans  les  Affiches  du  Poitou  une 
intéressante  campagne  pour  exhorter  les  mères  de 
famille  à  se  charger  elles-mêmes  de  l'allaitement  de  leurs 
enfants. 

En  résumé,  les  chirurgiens  de  Poitiers  comptèrent 
parmi  eux  nombre  de  maîtres  qui  ne  furent  point 
sans  valeur.  Quand  arriva  la  suppression  de  leur  com- 
munauté, en  vertu  des  décrets  du  2  mars  1791  et  du 
18  avril  1792,  ils  étaient  depuis  de  nombreuses  années 
dans  la  voie  du  progrès,  tant  au  point  de  vue  moral  qu'au 
point  de  vue  intellectuel. 


LISTE 


CHIRURGIENS  DE  POITIERS 


Allain  (Louis),  est  établi,  en  1683,  au  Marché- Vieil.  (Greffe  présidial.) 

Andhé  (Pierre),  né  au  Dorât,  s'établit  à  Poitiers  vers  1558,  marié  à 
Catherine  Rivière,  dite  veuve,  en  1589.  (Reg.par.  Saint-Didier.) 

André  (Pierre),  fils  du  précédent,  marié  à  Suzanne  Augris,  fille  de 
Jehan  Lorfebvre, dont  :  1°  Pierre (1589).  (Reg.par.  Notre-Dame-la-Petite.) 

Amaury  (Gilles),  exerce,  en  1523,  paroisse  Notre-Dame-la-Petite.  (Arch. 
Vienne,  G.  113.)  Chirurgien  de  la  peste,  en  1547,  et  bourgeois  de  Poitiers 
en  1552.  {Reg.  dél.  mun.,  n°  28,  p.  269  ;  id.,  n°  32,  p   147.) 

Angeliek  (Jacques),  demeure,  en  1477,  au  coin  de  la  rue  Saint-Savin. 
(Bibl.  Poit.,  cart.  53.) 

Angelier  (Julien),  reçoit  20  sols  6  deniers  pour  soins  à  un  blessé,  en 
1465.  {Reg.  dél.  mun.,  n°  4,  p.  331.) 

Arnauldet  (Antoine),  est  lieutenant  du  premier  chirurgien  le  24  juin 
1588.  (Min.  Bourbeau,  notaire.) 

Arnauldet  (François),  marié  à  Marie  Augris,  dont  :  1°  Pierre  (1605)  ; 
2°  Jehan  ;1606)  ;  3°  Antoine  (1609)  ;  4°  Suzanne  (1610)  ;  5°  François 
(1614).  Devenu  veuf,  il  épouse  Marie  Brunet,  dont  :  6°  Marie  (1622)  ; 
7°  Françoise  (1623).  Meurt  rue  Neuve,  paroisse  St-Didier,  le  6  mai  1624. 
(Reg.  par.  Saint-Porchaire  et  Saint-Didier.) 

Arnauldet  (Pierre),  fils  des  précédents,  passe  contrat,  le  13  janvier 
1629,  pour  épouser  Anne  Rieu,  fille  de  Jehan,  marchand,  et  de  Jeanne 
Jagotte.  Epouse  en  secondes  noces  Marie  Bonnet,  dite  veuve,  en  1641. 
Soigne  les  pestiférés  en  1631.  (Min.  D.  Chesneau  et  Marrot  ;  Reg. 
par.    Sainte-Opportune) 

16 


242  LA  COMMUNAUTE 

Arnauldet  (René),  est  dit  marié  à  Yolande  Pouvrasseau,  veuve  en 
1662.  (Arch.  gref.  civil  du  présidial.) 

Audebert  (Boniface),  est  parraiu,  le  1er  décembre  1590.  [Reg.  par. 
Sainl-Porchaire .) 

Audardt  (Nicolas),  cité,  en  1671,  dans  un  acte  de  procédure.  (Gref. 
civil  du  présidial.) 

Ayrault  (Michel-Pierre),  marié  à  Cath.  Rad.  Hélie,  dont  :  1°  Antoine 
(1737)  ;  2"  Louise  Catherine  (1738)  ;  3°  François-Michel  (1739)  ;  4°  Jean- 
Antoine  (1751)  ;  5°  Madeleine.  Mort  le  4  octobre  1755.  (Reg.  par.  Saint- 
Michel  et  Saint-Germain.) 

Ayrault  (Louis),  marié  à  Jeanne  Thiau,  fait  enterrer  sa  fille  Margue- 
rite, le  16  septembre  1785.  (Reg.  par.  Saint- Germain.) 

Babault  (Hierosme),  prend  à  ferme,  le  6  juin  1686,  une  boutique  place 
Royale.  -(Min.  Béguier.) 

Baraton  i François),  marié  à  Suzanne  Gardon,  dont  :  Pierre  (1643). 
(Reg.  par-  Sainte-Opportune .) 

Baratte  (Nicolas),  marié  à  Madeleine  Goussery,  dont  :  1°  Marie  (1659); 
2°  Jacques  (1661).  Demeure,  en  1678,  rue  de  l'Arceau.  (Reg.  par.  Saint- 
Hilaire-de-la  Celle  ;  Min.  Gaultier.) 

Barbarin  (Mathurin),  soigne  les  pestiférés  le  4  juin  1554.  (Reg.  dél. 
mun.,  n°  328,  p.  455.) 

Barbler  (Jean),  dit  Deschamps,  est  en  procès  le  26  janvier  1526.  (Bibl. 
Poitiers,  cart.  47.) 

Barbotin  (Martin),  assiste  à  une  réunion  à  la  mairie,  le  8  novembre 
1546.  Habite,  le  2  avril  1567,  au  faubourg  Saint-Lazare  (Reg.  dél.  mun., 
n°  28,  p.  50  ;  Reg.  par.  Saint- Jean-Baptiste .) 

Barillet  (Jehan),  habite,  en  1558  et  1559,  paroisse  Notre-Dame-la- 
Petite  :  est  dit  décédé,  lors  du  baptême  de  son  fils  Jean,  le  22  mars  1576. 
(Bibl.  Poit.,  cart.  54;  Reg.  par.  Saint-Porchaire.) 

Barrault  (François),  est  parrain  en  1607.  (Reg.  par.  Sainl-Por- 
chaire.) 

Barrot  (Jean),  est  parrain  le  4  juin  1624.  (Reg.  par.  Notre-Dame  la- 
Petite.) 

Barré  (Pierre),  décédé  avant  1612.  (Arch.  Vienne,  G.  1240.) 

Barre  (Guillaume  de  la)  habite,  en  1457,  le  bourg  de  Saint-Hilaire. 
(Arch.  Vienne,  G.  1021.) 

Basty  (Etienne),  marié  à  Anne  Sorin  le  8  août  1665,  dont  :  1°  Etienne 
(1665)  ;  2»  Pierre  (1677).  Mort  le  27  juillet  1687.  (Reg.  par.  Notre-Dame- 
la-Pelite  ;  Min.  Roger.) 

Baulmier  (François),  marié  à  Marie  Lecesne,  morte  un  peu  avant  le  11 
décembre  1631.  (Min.  Pommeraye.) 

Baunay  (Etienne),  fils  de  Jean  et  de  Pérette  Delage,  épouse,  par  contrat 
du  7  février  1621,  Marguerite  Baudry.  (Min.  Roger.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  2-13 

Belloin  (Simon\  payait,  en  1407,  une  rente  à  1  église  de  Notre-Dame- 
la  Petite.  (Arch.  Vienne,  G.  1237  ) 

Bellon  (Jean),  marié  à  Marguerite  Delacroix,  dont  :  1°  Marguerite 
(1625)  ;  2°  Marie-Marguerite  (1627).  Est  dite  veuve,  le  16  mai  1644.  (Reg. 
par.  Saint-Jean  ;  Min.  Gaultier.) 

Bellon  (Jean),  sr  de  la  Marconière,  fils  de  Jean  et  de  Marguerite  Dela- 
croix, marié  à  Antoinette  Boursault,  morte  en  1648,  puis  à  Marguerite 
Laumonier,  fille  de  Laurent,  huissier,  en  1663.  (Min.  Gaultier.) 

Bellon  (Jean1,  marié,  en  1644,  à  Suzanne  Pépin,  dont  :  1°  Suzanne 
(1646);  2"  Marie  (1647)  ;  3»  Andrée  (1651)  ;  4°  Marguerite  (1652)  ;  5" 
Anne  ;  6°  Jean.  Suzanne  Pépin.  Meurt  en  1653.  (Reg.  par  Notre-Dame- 
la-Petile  ;     id.  Saint-Savin  ;  id.  Saint-Jean-Baptiste     ;    Min.    Gaultier.) 

Berault  (Pierre),  teste,  le  1er  avril  1634,  en  faveur  de  sa  fille  Marie. 
{Min.  Chollet.) 

Beriault  (Joseph),  refuse  sa  cotisation  à  la  dominicale,  en  1556.  (Bibl. 
Poitiers,  cart.  53) 

Besseron  (Didier),  assiste  à  une  réunion  le  8  novembre  1549.  (Reg. 
dél.  mun.,  n°  28,  p.  50.) 

Bertault,  exerce,  en  l'an  V,  rue  des  Trois -Pâturaux.  Il  fit  partie  de 
l'armée  de  Thouars,  en  1793-  (Reg.  dél.  mun.,  an  II  et  an  V.) 

Bertrand  (Jean)  de  Saint-Leau,  cité  dans  un  acte  du  26  novembre 
1532.  (Min.  Chauveau.) 

Bertrand  du  Clos,  est  dit,  le  8  août  1696,  marié  à  Catherine  Delahaye. 
(Min.  Caillé.) 

Bigot  (François1,  marié  à  Françoise  Amiot,  dont  :  Michel  (1705;.  (Reg. 
Notre-Dame-la-Grande.) 

Bironnet  (Etienne),  s1'  des  Forges,  fils  de  Pierre,  maître  architecte,  et 
de  Simone  Chassard.  Marié  à  Jeanne  Casteuble,  et  en  secondes  noces  à 
Marie  Bertault,  dont  :  1°  Pierre  (1677)  ;  2°  Joseph  (1678)  ;  3°  Marie-Anne 
(1683).  Bironnet  meurt  le  5  octobre  1680  et  sa  femme  le  19  mars  1738. 
(Reg.  par.  Saint-Michel-Saint-Hilaire-dc-la-Celle  ;  Min.  Roger.) 

Bironnet  (Etienne),  s1' des  Forges,  marié,  le  17  juillet  1682,  à  Marie 
Bertrand,  dont  :  1°  Jacques- Joseph  (1691)  ;  29  Marie-Thérèse  (1688)  ;  3° 
Hilaire-Augustin  (1693)  ;  4o  Radegonde-Simone  (1694)  ;  5°  Jean  (1699)  ; 
6-3  Radegonde    (1700)  ;  7o  Jeanne-Marie  (1702).  {Reg.  par.  Saint-Michel) 

Bitard  (Nicolas),  marié  à  Allyenore  Trassonneau,  dite  veuve,  en  1589, 
est  parrain  le  18  novembre  1574  et  le  2  août  1586.  (Reg.  par.  Saint-Didier; 
Min.  Herbaudcau .) 

Blanchefort  (Antoine),  chirurgien  de  la  peste,  en  1584,  habitait  la 
maison  du  Poix,  paroisse  Saint-Michel.  (Bibl.  Poitiers,  cart.  37  et  43 .) 

Bodin  (Jean),  s1'  de  la  Bodinière,  marié  à  Marie  Fourchault,  dont  : 
1°  Jean  (1646)  ;  2°  Anne  (1669)  ;  3«  Anne  (1670).  Mort  avant  1678.  (Reg. 
par,  Saint- Etienne  ;  Min.  Roger.) 


244  LA  COMMUNAUTE 

Bonn  ht  (Etienne  ,  parrain  le  11  novembre  1628.  [Reg.  par-  Nolre- 
Dame-la- Petite.) 

Bonnet  (Pierre),  marié  à  Marie  Poudret,  dont  :  1°  Jean  1690)  ;  2°  Sé- 
bastien (1691)  ;  3°  Marie-Radegonde  (1692).  (Reg.  par.  Saint-Porchaire  \ 

Bonnin  iJean),  marié  à  Gabrielle  Faulcon,  dont:  Jean  (1693)  (Reg.  par. 
Saint-Paul.) 

Bonnin  (Jean),  habite,  en  1544,  paroisse  Saint-Germain.  (Bibl.  Poitiers, 
Reg.  49.) 

Boin  iBarthélemy),  marié  à  Anne  Dory,  dont  :  Jacques  (Reg.  par. 
Notre- Dame-la- Petite.) 

Boisleve  (Daniel),  marié  à  Louise  Fauveau,  dont  :  1°  Louise  (1607)  ; 
2°  Geneviève  (1610)  ;  3°  François  (1618).  <Reg-  par.  Saint-Hilaire-de  la- 
Celle.) 

Boizard  (Etienne),  marié  à  Renée  Thévin,  dont  :  1°  Catherine  (1643)  ; 
2°  Georges  (1646)  ;  3°  Marie  (1649).  (Reg.  par.  Saint  Germain  ) 

Boucault  (Jean),  fils  de  Pierre  et  de  Marie  Delaleu  de  La  Rochelle, 
marié,  par  contrat  du  16  mars  1658,  à  Marie  Audinet,  qui,  à  sa  mort,  en 
1673,  laissait  comme  enfants  :  1°  Jacques  ;  2°  Pierre  ;  3°  Jean-Baptiste  ; 
4°  Marie-Anne.  (Min.  Marrot.) 

Boucault  (Jean),  marié  à  Catherine  Micheau,  dont  :  1°  Marguerite 
(1693)  ;  2°  Anne  (1698)  ;  3»  Pierre-François  (1702)  Remarié,  par  contrat 
du  9  lévrier  1706,  à  Renée  Barbarin,  dont  :  4°  Jean  (Reg.  par.  Saint- 
Michel  ;  Min.  Le  Corlier.) 

Bouchet  (Pierre),  marié  à  Marguerite  Demarnef,  est  en  procès  le  29 
juin  1621.  (Min.  Johanne  ) 

Boun  rt  (Jehan),  reçoit  20  sols,  en  1465,  pour  soins  à  un  blessé.  (Reg. 
dél.  mun.,  n°  4,  p.  331.) 

Bouquet,  marié  à  Thoinette  de  Pont,  fait  baptiser  sa  fille  Catherine  le 
21  mai  1669.  (Reg.  par.  Notre-Dame-la- Grande.) 

Bourceau  (François),  cité  dans  un  procès  en  1664    (Gref.  présid.) 

Bourdon-Beaupuy  (François),  marié  à  Oportune-Françoise  Guyard,  en 
1716,  mort  en  1724.  (Reg.  dél.  mun.,n6  143  ;  Min.  Hélion.) 

Boury  (Claude),  marié,  le  4  octobre  1632,  à  Louise  Chicard,  dont  : 
1°  Jean  (1636)  ;  2°  Jean  (1637)  ;  3*  Nicolas  (1639)  ;  4°  Marie  (1640)  ; 
5°  Brice  (1641)  ;  6°  Philippe  (1643)  ;  7°  Anne  Marie  (1646);  8°  Gaspard 
(1648)  ;  9o  Suzanne  (1650)  ;  10°  Gabrielle  (1654).  [Reg  Saint-Hilaire-de- 
la-Celle.) 

Boury  (Nicolas),  marié  à  Marie  Dubreuil,  dont  :  1°  Pierre  (1669)  ; 
2°  Nicolas  (1673).  (Reg.  par.  Saint-Hdaire-de-la-Celle.) 

Boury  (Jean),  marié,  lel9janvier  1671,  à  Gabrielle  Faulcon,  fille  de  feu 
René  et  d'Anne  Urbin,  dont  :  Marie.  Boury  est  dit  mort  le  11  juillet 
1714.  (Reg.  par.  Saint-Porchaire  ;  Gref.  du  présidial.) 

Boury    (Charles-Barthélémy),    marié    à    Anne    Dory,    dont  :  1°  Jean- 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  245 

Hilaire  (1713)  ;  2o  François  (1714)  ;  3°  Charles-Pierre  (1715).  Devenu  veuf 
et  remarié  à  Anne  Davy,  dont  :  4°  Michel  (1717)  ;  5°  Marie-Anne-Rade- 
gonde  (1719)  ;  6°  Marie-Anne  (1721)  ;  7°  Jean  Silvestre  (1722).  (Reg.  par. 
Saint-Paul) 

Boury  (Jean-Hilaire),  marié  à  Renée  Chatry,  dont  :  Marie-Anne  (1750). 
Mort  le  18  janvier  1767,  âgé  de  53  ans,  et  sa  femme,  le  9  janvier  1768,  à 
45  ans  (Reg.  par    Saint- Michel.) 

Bourleau  (Charles),  dont  l'inventaire  a  lieu  après  son  décès,  le  4 
septembre  1684.  (Gref.  présidial.) 

Brault  (Nicolas),  mort  le 26  octobre  1587.  [Reg.  par.  Sainte-Opportune.) 

Bricault  (Jean),  marié  à  Nicolle  Emery,  dont  :  Charlotte  (1632).  [Reg. 
par.  Notre-Dame-la- Petite  ) 

Breuzard  (Martin),  marié  à  Françoise  de  la  Noue,  dont  :  1°  Hilaire 
(1679;;  2<>  Jean  (1688)  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Bruneau  (Pierre),  reçu  en  1736,  Marié  à  Florence  Marsault,  dont  : 
1°  Pierre-René  (1734)  ;  2°  Charles-Marie  [1735)  ;  3°  Jeanne-Marie-Made- 
leine (1738);  4°  Thérèse  (1739).  (Reg.  Saint-Hilaire-le-Grand.) 

Brunion  assiste  à  une  assemblée  à  la  mairie,  le  22  novembre  1756.  [Reg. 
dél.  mun. ,  n°  172.) 

Buor  (Hilaire),  chirurgien  de  la  peste,  en  1521.  (Reg.  dél.  mun.,  n°  17, 
p.  342.) 

Cailler  (Joseph),  marié  d'abord  à  Jeanne  Douxami,  en  1734,  puis  à 
Antoinette  Vau,  dont  :  1<>  Marie-Antoinette  (1740)  ;  2°  Marie-Julie  (1743); 
3°  Joseph  (1761).  Antoinette  Vau  meurt  le  25  septembre  1761,  et  Cailler 
le  15  septembre  1763.  (Reg  par.  Saint-Didier;  Min.  Darbez.) 

Carin  des  Couteaux  assiste  à  UDe  réunion,  le  22  novembre  1756  (Reg. 
dél.  mun.,  n°  172. 

Caron  (Nicolas),  né  à  Pont  Audemer,  fils  de  Nicolas  et  de  Catherine 
Verruyer,  épouse,  par  contrat  du  29  mai  1630,  Catherine  Cochet,  dont  : 
1°  Nicolas  (1631)  ;  2°  Marguerite  (1633)  ;  3°  Marie  (1634)  ;  4°  Guillaume 
(1635)  ;  5"  Catherine  (1636)  ;  6°  Etienne  (1639)  ;  7°  Anne  (1642)  ;  8o Nicolle 
(1643)  ;  9°  Nicolas  (1645).  [Min.  Johanne  ;  Reg.  par.  Notre-Dame-la- 
P  élite.) 

Caron  (Etienne),  sr  du  Frêne,  marié  à  Florence  Levrault,  dont  : 
1»  Anne-Catherine  (1666)  ;  Jean  (1668)  ;  3*  Etienne  (1669)  ;  4°  Marie- 
Anne  (1671)  ;  5°  Jeanne  (1672).  Après  la  mort  de  sa  femme,  il  épouse 
Marguerite  Bureau,  morte  en  1724.  Il  meurt  le  25  mai  1732.  (Reg.  par. 
Saint- Didier.) 

Chabot  (Jacques),  sr  des  Fontaines,  marié  par  contrat  du  19  janvier 
1644.  à  Marie  Fourchault.  (Gref.  présidial.) 

Chambkllan  (Bonaventure-Gabriel),  marié  à  Radegonde-Margue- 
rite  Meneau,  dont  :  lo  Marie  (1692)  ;  2°  Marguerite-Radegonde  (1702)  : 
3°  Madeleine  (1703).  Reg.  par.  Saint-Hilaire-de-la-Celle.) 


246  LA  COMMUNAUTE 

Charaudeau,  est  agrégé  en  1789.  (Alm.  du  Poitou.) 
Charrier   (Jacques),  nommé,  le  22  janvier  1725,  chirurgien  du  prince 
de  Conti.  (Reg.  dél.  mun.,  n°  143.) 

Charrier    (Pierre),    habite,    en   1477,   à   Montierneuf.    [Bibl.  Poitiers, 
carton  58.) 

Chemirault,  cité  en  1454  et  1484.  (Arch.  Vienne,  G.  1238,  1239.) 
Chenault,  cité  dans  un  acte  de  1484.  (Arch.  Vienne,  G.  1239.) 
Chesneau  (Jean),  marié  à  Esther   Fillaud,  dont  Florence  (1587).  (Reg. 
par.  Notre- Dame-la- Petite.) 

Chesneau  (Jean),  marié  à  Madeleine    André,    morte    avant  le  23  juin 
1656  (Gref.  présidial.) 

Chevalier  (Jean),  cité  le  12  juillet  1443.  (Arch.    Vienne,  G.  1119.) 
Chevet  (Pierre),  mort  le  14  septembre    1782.    (Reg.  par.    Sainl-Por- 
chaire.) 

Chicard  (Jean),  sr  des  Vignes,  marié  à  Jeanne  Freré,  dont  :  Margue- 
rite (1638).  Mort  avant  1664.  (Gref.  présidial.) 

Chiné  (Pierre),  assiste  à  une  assemblée  le  6  juin  1764.  (Min.  Darbe:) 
Chavagné   (Jean),   marié  à  Anne  Guilgault,  dont  :  Isabeau,  mariée,  par 
contrat  du  12  mai  1693,  à  Louis  Vigier.  (Min.  Cailler.) 

Cirotteau  (Pierre  Joseph),  fils  de  Georges,  salpêtrier,  et  de  Radegonde 
Chatry,  marié,  le  8  janvier  1782,  à  Marguerite  Aupoix,  dont  :  1°  Claude- 
Jacques  (17831  ;  2o  Jacques  (1784);  3o  Marie- Radegonde  (1788)  ;  4°  Marie- 
Rosalie  (1791).  (Reg.  par-  Saint-Pierre  et  Saint-Paul.) 

Cochet  (Guillaume),  marié  à  Marie  Thibault,  dont  :  1°  Catherine 
(1608)  ;  2°  Guillaume  ^1610)  ;  3°  Charles  (1612)  ;  4°  Marguerite  (1619)  ; 
5°  Guillaume  (1619)  ;  6°  Jacques  (1620)  ;  7°  Adrien  (1621)  ;  8«  Marie 
(1623;  ;  9°  Jeanne  (1625).  Remarié  à  Nicole  Daviet,  dont:  10°  Simon 
(1635)  ;ll°  Gabriel  (1638)  ;  12°  Marie  (1639)  ;  13°  Elisabeth  (1640).  {Reg. 
par.  Saint- Didier.) 

Cochet  (Georges),  marié  à  Marie  Jacquault,  dont  :  1°  Georges  (1644)  ; 
2°  Catherine  (1646)  ;  3o  Georges  (1648)  ;  4o  Marguerite  (1649)  ;  5°  Marie 
(1653).  Mort  le  7  novembre  1655.  {Reg.  par.    Saint-Didier.) 

Collas  (Jean),  marié  à  Guillemette  Audinet,  vend  une  maison,  le  3  août 
1578.  Mort  le  20  août  1580.  (Reg.  par.  Sainte-Opportune  ) 
Collinet,  cité  en  1454.  (Arch.  Vienne,  G.  1238) 

Contant  (Pierre),  marié  à  Catherine  Grégoire,  dite  veuve  en  1599. 
(Arch.  Vienne,  reg.   1294.) 

Cornuau  (Paul),  marié  à  Marie  Videgrain,  cité  le  12  octobre  1565. 
(Min.  Bourbeau.) 

Cornuau  (Mérv),  assiste  à  une  réunion  le  8  novembre  1546.  (Reg.  dél. 
mun.) 

Cornuau  (Jean),  cité  en  1540.  (Brfd.  Poitiers,  cart.  10.) 

Corrade    (Pierre),    fils    de    François,  procureur  à  Angles.  Marié,  le  31 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  247 

janvier  1655  à  Jeanne  Cothereau,  dont  :  1°  François  (1656)  :  2°  Bonaven- 
ture  (1657)  ;  3°  René  (1667).  [Reg.  par.  Noire- Dame-la-Grande  et  Saint- 
Germain.) 

Cottet  (Nicolas),  sr  du  Taillis,  marié  à  Catherine  Laumonier,  dont: 
1°  Jacques  (1674)  ;  2"  Thérèse  (1685)  ;  3°  François  (1686)  ;  4°  Marie-Anne 
(1687)  ;  5°  Marie-Jeanne  (1689)  ;;60  Anne  (1691)".  {Reg.  par.  SaintCybard.) 

Cottet  (Jacques),  épouse,  par  contrat  du  27  décembre  1699,  Louise 
Thubert.  (Min    Monnereau .  ) 

Cothkreau  (François),  fils  de  Jean,  marié  à  Catherine  Marchand,  dont  : 
1°  Marie  (1628)  ;  2°*  Pierre  (1630).  (Reg.  par.  Notre-Dame-  la-Petite  ) 

Cothereau  (Pierre),  marié,  par  contrat  du  19  décembre  1664,  à  Fran- 
çoise Dargenton,  dont  :  Ie  Marie  (1669)  ;  2°  François  (1671)  ;  3°  Marie 
(1672)  ;  4»  René  (1674)  :  5°  Catherine  (1676).  -(Reg.  par.  Saint-Porchaire.) 

Couldret  (Antoine),  marié  à  Marguerite  Lechelle,  dite  veuve,  le  8 
septembre  1607.  (Min.  Millet.) 

Coulaud  (Jean),  cité  dans  un  acte  du  10  janvier  1694.  (Min.  Roger.) 

Dabon-Coupelle  (Louis),  fils  de  Louis  et  de  Radegonde  Lecerf,  de 
Maillé,  épouse,  le  13  avril  1766,  Madeleine  Dupas.  Mort  le  21  mai  1785, 
après  avoir  perdu  un  enfant,  en  1767.  (Reg.  par.  Saint-Paul  et  Résurrec- 
tion.) 

Dardin  (Mathurin),  marié  à  Clémence  Guérin,  dont  :  Mathurin  (1598). 
(Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Dardin  (Mathurin),  épouse,  le  5  juillet  1627,  Louise  Boisleve.  (Reg. 
par.  Saint- Hilaire  de-la-Celle.) 

Dardin  (René),  prend  un  apprenti  le  16  décembre  1644,  (Min.  Martin.) 

Dardin  (Mathurin),  marié  à  Marie  Thubert,  dont  :  Antoine  (1675). 
(Reg.  par.  Saint-Paul.) 

Dardin  (Charles),  parrain  en  1608.  Meurt  le  26  octobre  1625.  (Reg. 
par.  Sainte-Opportune.) 

Darrier  (Pierre),  demeure,  en  1643,  au  carrefour  de  l'étang  de  Montier- 
neuf.  (Bibl  Poitiers,  cart.  38.) 

Daudebon  (Guillaume),  marié  à  Jeanne  Brune,  cité  en  1502.  (A rch. 
Vienne,  G.  1760.) 

David  (Charles),  reçu  maître  le  23  août  1733.  Mort  le  7  avril  1744. 
(Min.  Bourbeau  ;  Reg.  par.  Chandelier.) 

Decressac  (Antoine),  fils  de  Mathieu,  maître  chirurgien,  et  de  Perette 
Delongueil,  de  Magnac-LavaL  épouse,  le  21  janvier  1663,  Marguerite 
Coquepy.  (Reg.  par.  Saint-Porchaire.) 

Degennes  (Antoine),  reçu  maître  en  1642.  (Min.  Pommerag .) 

Degennes  (Guillaume),  chirurgien  et  opérateur,  est  dit  marié  à  Françoise 
Verlier  dans  un  acte  du  10  août  1616.   (Min.  Douadic.) 

Degennes  (François),  marié  à  Jeanne  Letard,  dont  :  1°  Marie  (1681)  ; 
2°  Catherine  (1685)  ;  3°  Jeanne  (1686)  ;  4o  Marie-Marthe  (1690)  ;  5»  Louis 


248  LA  COMMUNAUTE 

(1692)  ;  60  Jean  (1693)  ;  7°  Catherine  (1694)  ;  Catherine  (1695)  ;  80  Marie- 
Thérèse  (1697).  Degennes  meurt  le  10  juillet  1710.  [Reg.  par.  Saint  Paul.) 

Degennes  (Antoine),  fils  d'Antoine,  marié  à  Marie  Gaultier,  fille  de 
Laurent,  archer,  dont  :  1°  Marie  (1746)  ;  2°  François  (1748)  ;  3°  François 
(1751)  ;  4°  Antoine  (1751)  ;  5"  François  (1753)  ;  6°  Anne  (1758)  ;  7°  Louise 
(1760)  ;  8°  Pierre  (1762)  ;  9°  François  (1764)  ;  10°  Marthe  (1766)  ;  11» 
Marie-Renée  (1768)  ;  12"  Jeanne  (1769)  :  13°  Marguerite  (1771).  {Reg. 
par.   Saint-Paul.) 

Degennes  (René),  marié  à  Radegonde  Seguin,  dont  :  René-Nicolas 
(1711).  {Reg.  par.  Saint-Paul.) 

Degennes  (Jacques-Auguste),  possède,  le  6  mai  1781,  une  maison,  rue 
du  Ménage.  {Min.  Duchasienier.) 

Delaunay  (Etienne),  marié  à  Marguerite  Baudry,  le  4  octobre  1689. 
{Reg.  par-  Saint-Etienne.) 

Delaunay  ^Joseph),  marié  à  Marie  Couvertier,  est  cité  dans  un  acte  du 
3  avril  1736.  {Min.  Darbez.) 

Delavault  (Joseph),  marié  à  Catherine  Dubois,  dont  :  1°  François 
(1673)  :  2°  Jean  (1675).  Remarié  à  Françoise  Barbet,  dont  :  3°  Jeanne 
(1678)  ;  4°  Pierre  (1682);  5°  Louise  (1683).  {Reg.  par.  Saint  Hilaire-le- 
Grand  et  Saint  Germain.) 

Delavault  (Pierre),  marié  à  Françoise  Barbot,  dont  :  Jeanne  (1704). 
{Reg.  par.  Saint-Germain.) 

Delavault,  marié  à  X  Rodier,  dont  :  Pierre-Joseph  (1723).  (Reg.  par. 
Saint  Germain.) 

Delavault  (Claude),  reçu  maître  le  23  août  1733.  [Min.  Bourbeau.) 

Delombrette  (Léonard),  marié  à  Marie  Delaporte,  dont  :  Léonard 
(1695).  {Reg  par.  Saint- Didier.) 

Delongueil  (Martin),  épouse  :  1°  Louise  Monnier  ;  2"  Marguerite 
Jousselain  ;  3°  Marguerite  Girault.  Des  deux  premiers  mariages  naqui- 
rent :  1»  Pierre  (1588)  ;  2°  Martin  (1591)  ;  3"  Jehan  (1593)  ;  4"  Nicolas 
(1595)  ;  5°  Anne  (1597)  ;  60  Loyse  (1598)  ;  7"  Loyse  (1606)  ;  8°  Jehanne 
(1611)  ;  9°  François  (1613).  (Reg.  par.  Notre-Dame-la  Petite.) 

Delye  (Etienne),  marié  à  Annette  Reyne,  fille  de  Louis  Roy,  dite  veuve, 
le  20  novembre  1532.  Remarié  le  28  mai  1535,  dont  :  1°  Charlotte  ; 
2°  Etienne  ;  3°  Paul  ;  4°  Léger  ;  5°  Jeanne  ;  6°  Françoise.  Ils  partagent 
sa   succession  en  1542.  (M/n.   Chauveau.) 

Demaucourt  (Gabriel-Louis),  assiste  à  des  réunions  en  1733  et  1735. 
(Min.  Bar  don.) 

Demayré  (Pierre),  né  le  24  mai  1578,  fils  de  François,  maître  apothi- 
caire. Reçu  à  la  maîtrise  en  1595.  Marié  à  Marguerite  Théveneau,  dont  : 
Pierre.  Remarié  à  Renée  Biguereau,  est  dit  mort  dans  un  acte  de  1632. 
(Reg.  par.  Saint-Didier,  Min.  Johanne). 

Demay  (André),  cité  le  24  juin  1663.  (Min.  Roger.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  249 

Demonts,  cité  en  1483.  (Arch.    Vienne,  G.  1239  ) 

Depardieu  (Etienne),  marié  à  Marie  Coquepie,  teste  en  sa  faveur,  le 
4  décembre  1699.  iMin.  Monnereau.) 

Desplanchks  (Philippe,  achète  un  champ,  le  10  mars  1573.)  [Min.  Pi- 
gneteau.) 

Derazay  (Louis),  fils  de  Jean,  marchand,  et  de  Marguerite  Robert  du 
Vigean,  épouse,  en  1674,  Marie  Foucault,  dont  Jean,  apprenti  bonnetier 
en  1696  (Min.  Bourbeau,  et  Barret.) 

Descoutaulx  (Pierre),  mariée  à  Jeanne  Joubert,  dont  :  1°  Pierre-Paul 
(1732)  ;  2°  Marie-Catherine  (1735).  Mort,  le  20  juillet  1785,  âgé  de  87  ans. 
(Reg.  par.  Saint-Etienne.) 

Desloges  (Jacques1,  fait  baptiser  son  fils,  Jean,  le  23  mai  1557.  [Reg. 
par.  Saint-Jean-Baptiste.) 

Derneau  (Pierre),  marié  à  Anne  Fourneuf,  cité  dans  un  acte  du  4  août 
1669.  [Min.  Bourbeau.) 

Doubleau  (Fulgent),  marié  à  Françoise  Delavault,  fille  de  Pierre,  maître 
chirurgien,  passe  un  acte  le  18  mars  1728.  (Min.  Hélion.) 

Douillard  (Jacques),  réclame  ses  honoraires  le  1er  février  1654.  (Gref. 
présidial.) 

Douineau  (Marc),  cité  en  1544.  [Bibl.  Poitiers,  reg.  49.) 

Douhart  (Amory),  habite  place  Notre-Dame  la  Grande  en  1469.  (Arch. 
Vienne,  G.  1105.) 

Douxami  (Antoine -Urbin),  marié  à  Sophie  Dubeugnon,  dont  :  Brigitte- 
Sophie  (1790).  (Reg.  par  Saint  Germain  ) 

Douxamy  (Jean),  marié  à  Renée  Lizabois,  dont  :  Catherine  (1679;.  (Reg . 
par.    Saint-Etienne.) 

Dubois  (Pierre),  marié  à  Marguerite  Renard,  dont  Jeanne  (1583).  Reg. 
par.  Sainte-Opportune.) 

Dubois  (Julien),  soigne  les  pestiférés  le  25  juillet  1589.  [Bibl.  Poitiers, 
cart.  55.) 

Dubois  (Jacques),  frère  de  Julien.  (Id .) 

Dubourg  (François),  est  dit  marié  à  Jeanne-Modeste  Belloteau,  dans  un 
procès  du  3  janvier  1783.  (Gref.  présidial.) 

Durukuil  (Jehan),  cité  dans  un  acte  du  5  février  1633.  (Min.  Jibanne.) 

Duc  (Denis),  est  dit  mort.,  avantjanvier  1576.  (Reg.  par.Saint-Porcliaire.) 

Dufour  (Etienne),  marié,  le  30  juillet  1659,  à  Marie  Caron,  dont  : 
1°  Nicolas  1661)  ;  2»  Etienne  (1662).  (Reg.  par.  Saint  Didier.^ 

Dufour  (Jean),  sr  du  Taillis,  marié  à  Jeanne  Cottet,  dont  :  1°  Anne 
(1701)  ;  2°  Marie-Jeanne  (1701  )  ;  3°  Jean-Louis  (1708ï  ;  4°  Jeanne  (1709)  ; 
5°  Anne  (1710)  ;  6"  Jean-Luc  (1711)  ;  7°  Andrée  (1712)  ;  8°  Marie  (1713). 
Jeanne  Cottet  meurt  le  17  août  1713.  Dufour  se  remarie  à  Jeanne  Jous- 
saint,  dont  :  9°  Marie  (1714)  ;  10°  Pierre  (1715).  Dufour  meurt  le  23  juin 
1715.  [Reg.  par.  Saint-Cybard.) 


250  LA  COMMUNAUTE 

Dubreuil  (Fortuné),  marié  à  Marie  Gendreau,  cité  dans  un  acte  du 
31  décembre  1612.  (Gref-  Présidial.) 

Dugué  (Raphaël),  marié  à  Judith  (Fayard,  qui  est  dit  veuve,  le  6  sep- 
tembre 1638.  (Gref.  présidial.) 

Dumas  (Michel),  demeure,  le  18  avril  1682,  dans  la  paroisse  de  la 
Chandelière.  (Min.  Chollet.) 

Dumont  (François-Antoine),  marié  à  Marie  Poudret,  veuve  de  Pierre 
Bonnet,  chirurgien,  dont  ;  2°  François  (1701)  ;  2°  Raymond  (1702).  (Reg. 
Saint-Porchaire.) 

Dumont  (Félix),  marié  à  Marie-Anne  Renault,  dont  :  1°  Félix  (1743)  ; 
2°  Victoire  (1744)  (Reg.  par.  Saint-Porchaire.) 

Dumont  (Yves),  est  nommé  curateur,  le  26  février  1762.  (Min.  Duchas- 
tenier.) 

Demontier  (Symon),  cité,  en  1505.  Est  dit  mort  avant  1510.  (Arch. 
Vienne,  G.  1021.) 

Dupuy  (Aehilley),  cité  en  1500.  (Arch.  Vienne,  G.  1224.) 

Dupuys  (Julien),  cité  en  1483.  (Arch.  Vienne,  G.   1239.) 

Dury,  habite,  en  1469,  place  Notre-Dame-la-Grande.  (Arch.  Vienne.  G. 
1105.) 

Estretz  (Jehan),  parrain,  le  16  octobre  1546.  (Reg.  par.  Saint-Jean- 
Baptiste.) 

Faix  (Guillaume),  prend  une  chambre  à  ferme,  le  1er  février  1658.  (Min. 
Céguier.) 

Faulcon  (Jean),  mort  le  6  juillet  1679.  (Reg.   par.  Sainte-Radegonde.) 

Faulcon  (Jean),  marié  à  Renée  Guichard,  dont  :  1°  Michelle  (1669)  ; 
2°  Jacques  (1670)  ;  3°  Christophle  (1674)  ;  4°  Radegonde  (1679;.  Jeanne 
Guichard  meurt  le  27  janvier  1683  et  son  mari  le  25  janvier  1694.  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Faulcon  (Jacques),  marié  à  Marie  Lhorteau,  dont  :  Jacques  (1699). 
(Reg.  par.  Saint-Savin.) 

Favreau  (François)  est  parrain  en  1599.  (Reg.  par.  Saint-Jean-Bap- 
tiste.) 

Ferrand  (François),  chirurgien  des  pauvres  en  1596,  habite  en  1606 
près  des  Balances  d'Or.  (Reg.  par.   Notre  Dame-la-Petite  ;  Min.  Millet.) 

Florat  (Henri),  cité  dans  un  acte  du  11  janvier  1676    (Min.  Rullier.) 

Fougeroux  (René),  marié  à  Perrine  Lhermitte,  dont  :  1"  René  (1727)  ; 
2"  Joseph  (1729).  (Reg,  par.  Saint-Michel.) 

Fourré  (Julien),  marié  à  Marie  Bodin,  dont  :  Julien  (1593).  (Reg.  par. 
Saint-Hilaire.) 

Fromentault  (Louis),  cité  dans  un  acte  du  16  novembre  1684.  (Min. 
G-  Marrot.) 

Gaillardon,  reçoit  undemi-ccu  pour  soins  à  un  blessé,  le  17  août  1465. 
(Reg.  dêl  mun.,  n"l,  p.  321  ) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  251 

Gaillard  (Jacques),  fils  d'Etienne,  notaire  à  Vivonne,  et  d'Anne  Oudin, 
marié,  le  30  août  1742,  à  Marie-Josephe  de  Maubois  fille  de  Chierles,  ec, 
et  de  Claire  de  Benoist,  deBergue  en  Suisse.  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Galleron  (Julien),  marié  à  Marie  Coudrot,  dont  :  Loyse  (1606).  {Reg. 
par.  Notre-Dame-la- Petite.) 

Garnier  (Antoine),  dit  le  Gendarme,  soigne  les  pestiférés  en  1516 
{Reg.  dél.  mun.,n»  15,  p.  247.) 

Garsonnet  (Henri),  assiste  à  une  réunion  le  15  mars  1585.  (Min. 
Gugonneaii.) 

Gaultier  (Joseph),  parrain  en  1593.  (Reg.  par.  Saint -Porchaire.) 

Gautier  (Jacques),  cité  dans  un  acte  du  10  mars  1607.  (Mm.  Chau- 
vet.) 

Gautier  (François),  chirurg.  de  l'évêque  de  Poitiers,  est  parrain  le 
17  août  1660.  (Reg.  par.  Notre-Dame-la-Petite.) 

Gay  (Jean),  reçu  maître  en  juin  1582.  (Arch.  Vienne,  D.  11.) 

Gay  (Brice),  fils  du  précédent  et  de  Léonore  Massard,  épouse,  par  con- 
trat du  29  mai  1609,  Marie  Verlier,  fille  de  Louis  hôte  du  Petit  more  et 
de  Jehanne  Girard.  Marie  Verlier  est  dite  veuve  dans  un  acte  de  1656. 
(Min.  Joanne  et  Maxias.) 

Girard  (Jean),  prend  une  boutique  en  location,  le  19  mars  1621.  (Min. 
Roger.) 

Girard  (Josué),  paraît  dans  un  acte  du  26  décembre  1672.  (Min.  Cail- 
ler.) 

Godaro  (Michel),  fils  de  Simon,  marié  à  Marie  Thibault  qui,  le  28 
avril  1607,  est  dite  veuve.  (Min.  Duchastenier.) 

Goubiller  (Guillaume),  soigne  les  pauvres  en  1557.  (Bibl.  Poitiers, 
cart.  53.) 

Grandville  (Jehan),  marié  à  Marie  Gaillard,  dont  :  Antoine  (1590). 
Mort  en  1601.  (Reg.  par.  Saint-Porchaire  ) 

Grivet  (Antoine),  marchand  et  maître  chirurgien,  marié  à  Marguerite 
Poupeau.  Cité  dans  un  acte  du  20  août  1683.  (Min-  Peronnel.) 

Grivet  (Hyacinthe),  reçu  maître  en  1761,  mort  le  2  mars  1872.  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Gruault  (François),  habite,  en  1483,  paroisse  Saint- Didier.  (Arch. 
Vienne.  G.   1239.) 

Gro.iard  (Martin),  né  à  Chàtellerault,  marié  le  27  août  1696  à  Marie 
Humeau,  dont:  Louis,  habitait  en  1696,  l'ancienne  maison  des  Girouard, 
sculpteurs,  près  des  Halles.  (Reg.  par.  Saint-Porchaire.  Min.  Rnllicr.) 

Guignard  (François),  marié  à  Marthe  Forest,  qui,  devenue  veuve,  se 
remarie  le  19  novembre  1733.   (Reg.  par.  Saint- Hilaire-de  la  Celle.) 

Guignard  (Jean),  cité  dans  un  acte  du  31  mars  1721.  (Min.  Duchaste- 
nier.) 

Guilarneau  (Jean),  cité  en  1407.  {Arch.  Vienne,  G.  1237.) 


252  LA  COMMUNAUTE 

Guilbaud  (Jacques),  marié  à  Anne  Laurendeau,  dont  :  1°  Jacques 
(1706)  ;  2°  Marie-Marguerite  (1707)  ;  3°  Marie-Anne  (1709);  4°  Jacques- 
Marie  (1710).  (Reg.  par.  Saint-Hilaire-de-la- Celle  ) 

Guilhaud  (Jacques),  parrain  le  31  décembre  1618.  (Reg.  par.  Saint- 
Porchaire.) 

Guillaume,  le  barbier,  cité  en  1454.  (Arch.    Vienne  G.  1238.) 

Guionneau  (Jean  François),  exerce  en  1774.  (Almanach  pr.  du  Poi- 
tou.) 

Guitard  (Charles),  marié  à  Jeanne  Motheau,  dont  :  Jeanne  (1704),  Louis 
(1708).  Guitard  meurt  le  1er  mars  1743  et  sa  femme  le  14  juillet  1757,  âgée 
de  80  ans.  (Reg.  par.  Saint-Etienne  et  Saint-Cybard.) 

Guerry  (Julien),  marié  à  Mai'ie  Coudret,  dite  veuve  dans  un  acte  du  23 
juin  1652.  (Min.  Denesde.) 

Gurry  (Gilles),  marié  à  Françoise  Ayton,  dont  Louise  (1567).  {Reg.  par. 
Saint-Germain.) 

Guyonneau  (François),  parrain  le  11  février  1712.  (Reg.  par.  Saint- 
Germain.) 

Hérault  (Pierre-Michel),  marié  à  Catherine  Hélie,  dont  :  1°  François 
(1740)  ;  2°  Pierre  (1741)  ;  3°  Radegonde  (1742)  ;  4°  Louis  (1746)  ;  Marie- 
Gabrielle  (1747)  ;  6° Madeleine  (1748)  ;  7°  Marie-Françoise  (1750).  (Reg. 
par.  Saint-Germain.) 

Herpin  (Pierre),  marié  à  Agathe  Jau,  dont  :  Thérèse  (1704).  (Reg  par- 
Saint-Cybard.) 

Herpin  (Jacques),  marié  à  Marie  Allaire,  dont  :  1°  René  (1656)  ; 
2"  Marguerite  (1658)  ;  3°  Jacques  (1659)  ;  4°  Pierre  (1661)  ;  5"  Marie 
Catherine  (1664).  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Hervé  (Mathurin),  marié  à  Elisabeth  Cochet,  dont  :  1°  Marie-Anne 
(1664)  ;  2°  François  (1666)  ;  3°  Marguerite  (1667)  ;  4°  Etienne  (1669)  ; 
5°  Elisabeth  (1675)  ;  6°  Mathurin  (1673).  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Hilluon,  parrain  en  1594.  (Reg.  par.  Saint-P  or  chaire.) 

Huguet  (Micheau),  marié  à  Marie  Doyreau,cité  le  27  juinl491.  (Arch. 
Vienne,  G.  90  et  91.) 

Jacquart  (Jean),  reçu  maître,  en  1649,  fils  d'Antoine,  arpenteur,  et  de 
Marie  Joubert-  Mort  en  1664,  laissant  plusieurs  enfants.  (Min.  Johanne.) 

Jacquault  (Jean),  est  parrain  le  25  avril  1663.  (Reg.  par.  Saint-Di- 
dier.) 

Jacques  est  barbier  de  l'Hôtel-Dieu,  de  1587  à  1595.  (Bibl.  Poitiers,  cart. 
54.) 

Jamht  habitait,  en  1477,  près  de  l'étang  de  Montierneuf.  (Bibl.  Poi- 
tiers, cart.  53.  \ 

Jamet  (Nicolas),  fait  baptiser,  le  8  avril  1688,  François,  fils  illégitime 
de  lui  et  de  Nicole  Malteste.  (Reg.  par:  Notre- Dame-la- Petite.) 

Jakby  (Etienne),  marié  à  Radegonde   Dardin,  dont  :    1°  René    (1587)  ; 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  253 

2°  René  (1588)  ;  3°  Charlotte  (1589)  ;  4°  Radegonde  (1591)  ;  5<>  Jehanne 
(1592)  ;  6°  Thénette  (1594)  ;  7°  Marie  (1597)  ;  8"  Etienne  (1597)  ;  9°  Louise 
(1601)  ;  10»  Pierre  (1602)  ;  11°  Jean-Claude  (1606)  ;  12°  Charles  (1608/  : 
Mort  avant  1608.  {Reg.  par.  Saint  Didier.) 

Jehan  de  Vienne,  habite,  en  1367,  la  rue  de  l'Aiguillerie.  (Arch.  Vienne 
G.,  1110  et  1238.) 

Jenson  (Julienl,  marié  à  Marie  Coudret,  dont  :  Philibert  (1605).  {Reg. 
par.  Saint-Jean-Baptiste.) 

Jolly  (Isaac),  marié,  le  26  octobre  1643,  à  Louise  Besnard,  puis  à 
Louise  Desnault,  dont  :  1°  Brice  (1646).  Remarié  à  Jeanne  Cochet,  dont  : 
3°  Jacques  (1673).  (Reg.  par.  Saint-Porchaire  et  Saint-Didier.) 

Jolly  (Jacques),  marié  à  Marie  Cochet,  dont  Marie  (1671).  Mort  le  23 
décembre  1681.  (Reg.  par.  Saint-Didier  ) 

Jugin  (Jehan),  marié  à  Marguerite  Fouquet,  dite  veuve,  le  3  septembre 
1588.  (Min.  Chesneau.) 

Labri  (Pierre),  marié  à  Loyse  Pelletier,  dite  veuve,  le  22  août  15S2. 
(Min.  Bourbeau.) 

Lalanne  (Louis  de),  est  doyen    en  1733.    (Min.  Bardou.) 

Laluo  (Pierre),  parrain  le  3  octobre  1580.  (Reg.  par.  Notre-Dame-la- 
Petite) 

Lamy  (Jean),  marié  à  Renée.  Loisillon,  dont  :  1°  Jean  (1678)  ;  2°  Ca- 
therine (1682)  ;  3°  Marguerite  (1683)  ;  4°  Marie-Jeanne  (1685'  ;  5°  Mar- 
guerite (1686)  ;  6°  Suzanne  (1688)  ;  7°  Marguerite  (1689)  ;  8°  François 
(1691)  ;  9o  Madeleine  (1693)  ;  10°  Perrine  (1694)  ;  11°  Alexis  (1695)  ; 
12°  Marguerite-Renée  (1696)  ;  13°  MarieAndrée  (1697)  ;  14°  Renée  (1698)  ; 
15°  François-René  (1700)  ;  16°  Marie  (1701)  ;  17°  François  (1702).  -  Jean 
Lamy  meurt  le  6  juillet  1704.  (Reg.  par.  Saint-Etienne.) 

Lanson,  marié  à  Marie  Cudriel,dite  veuve,  le  24  avril  1626.  (Reg.  par. 
Saint-Paul.) 

Lattier  (Jean),  marié  à  Françoise  Robin,  dont  :  Suzanne  (1711).  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire .) 

Laude,  habite,  en  1705,  la  maison  du  Cherbon  blanc.  (Arch.  Vienne, 
G.  93.) 

Laudibert  (Boniface),  est  parrain  le  17  juillet  1590.  (Reg.  par-  Saint- 
Jean-Baptisle.) 

Laurendeau  (René),  marié,  le  8  janvier  1626,  à  Jeanne  Savary,  puis 
à  Marie  Vincent,  dont  :  1°  Madeleine  ;  2°  Charles  ;  3°  Marthe.  Cité  le 
7  janvier  1650.  (Reg. par.  Saint-Porchaire.    Min.Johanne) 

Laurentin  (René),  est,  le  12  juin  1636,  fermier  de  l'abbaye  de  Saint- 
Benoît  (Min.  Bourbeau).  Marié  à  Jeanne  Savary,  dont  :  1°  Charles  (1627) 
2°  René  (1629)  ;  3°  Marthe  (1631).  (Reg.  par.  Saint-Porchaire.) 

Lechasseux  (Jacques- Henri),  marié  à  Jeanne  Marguerite  Marchand, 
dont  :  1°  Marguerite  (1762)  ;  2°  Madeleine  (1771)  ;  3°  Jeanne  Marguerite 


254  LA  COMMUNAUTE 

(1772)  ;  4°  Rose-Adélaïde  ;    5"  Radegonde.  Lechasseux    meurt  le  4  mai 
1790.  âgé  de  58  ans.  (Reg.  par.  Montierneuf  ) 

Lefebvbe  (Pierre),  marié  à  Marie  Faverolles,  dont:  Pierre  (1709).  [Reg. 
par.  Saint- P  or  chaire.) 

Legav  (Jean),  reçu  le  26  juillet  1682.  (Min.  Bourbeau.) 

Legay  (Jean),  marié,  le  9  septembre  1656,  à  Renée  Busserault.  (Reg. 
par.  Saint- Etienne.) 

Lelet  (Philibert),  est  dit,  le  4  septembre  1545,  fermier  de  Celle-Le- 
vescault.  {Min,  Chauveau.) 

Lemit  (Jean  Baptiste),  fils  de  René,  entrepreneur,  et  d'Anne  Hébert, 
marié,  le  15  juillet  1788,  à  Jeanne  Orillard,  dont  :  Pierre  (i789).  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Lepage  (Simon),  demeure,  en  1516,  au  carrefour  Saint-Michel.  (Arch. 
Vienne,  G.  1126.) 

Lepage  (Paul),  cité  en  1539  et  1543.  {Arch.  Vienne, G.  1273-1286.) 

Lepage  (Paul),  habite  en  1616,  paroisse  Saint-Savin.  (Arch.  Vienne,  C. 
1240.) 

Lesage  (Paul),  cité  le  6  novembre  1540.  (Reg.  dél.  mun.,  n°  28,  p     5) 

Levreau  (François),  marié  à  Marie  Masson,  dont  :  François.  (1607.) 
(Reg.  par.  Saint-Porchaire  ) 

Licieox  (Jean-François),  fils  de  Jean  et  de  Marie  Verdun,  reçu  maître 
le  20  janvier  1769.  Marié,  par  contrat  du  29  avril  1771,  à  Radegonde  Mi- 
gnot   (Min.    Duchastenier.) 

Limousineau  (Louis),  marié  à  Elisabeth  Poulain,  fille  de  François, 
dont  :  Marie-Triaise  (1786).  (Reg.  par.  Saint-Hdaire-le-Grand.) 

Loges  (Jacques  des),  cité  le  4  juin  1555.  (Reg.  dél.  Mun.  n°  32,  p.  455.) 

Lombette  (Léonard),  reçu  maître,  en  1677,  marié  d'abord  à  Jeanne 
Arnaudet,  citée  en  1692,  puis  à  Marie  Delaporte,  en  1695,  dont  :  1"  Fran- 
çois ;  2°  Jeanne  ;  3U  Mathieu.  Lombette  meurt  en  1708.  (Min.  Vezien  et 
Duchastenier.) 

Lobin  (François),  marié  à  Marie  Cochon,  dont:  Marie.  Est  dit  décédé 
avant  le  10  avril  1670.  (Min.  Gaultier.) 

Loovet-Duclos  (Jean),  marié  à  Marie  Mesnard  ;  est  dit  veuf  le  17  février 
1767.  (Min.  J.  Darbez.) 

Lucas  delà  Lande  (Nicolas),  marié  à  Catherine  Cottet,  cité  dans  un 
acte  du  4  février  1669.  (Min.   Le  Carlier) 

Lucas  de  la  Lande  (René),  marié  à  Louise-Anne  Charier,  dont  :  1°  Ca- 
therine (1686)  ;  2"  Gaspard  (1687).  Remarié  à  Marie  Bussereau,  dont  : 
3"  Marie-Thérèse  (1691)  ;  4°  Pierre  René  (1692)  ;  5°  Denis  (1695)  ;  6"  Marie 
Marthe  (1698)  ;  7»  Pierre  (1696)  ;  8°  Jeanne  (1701).  (Reg.  par.  Saint-Mi- 
chel.) 

Lucas  de  la  Lande  (René),  marié  à  Françoise  Denesde.  Vend  un 
champ,  le  25  septembre  1730    (Min.  Bourbeau.) 


DKS  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  255 

Maor  (Jean),  cité  le  7  juillet  1413.  (Arch.   Vienne,  F.) 

Martin  de  la  Baudouinière  (Charles),  marié  à  Marguerite  Boutet- 
dont:  1°  André  (1715)  ;  2"  René  (1718)  ;  3"  Charles  (1721).  Mort  le  12 
août  1763-   (Reg.  par.  Saint-Porchaire  ) 

Martin  de  la  Voularnière,  exerça  de  1784  jusqu'à  1787.  (Alm.  pro- 
vincial du  Poitou.) 

Martineau  (Philippe),  cité  dans  un  acte  du  23  septembre  1716.  (Min. 
G.  Decressac.) 

Marreau  (Louis),  exerce,  le  22  février  1605,  au  faubourg  de  Saint-Sa- 
turnin. [Min.  Millet  ) 

Marchand  (Guillaume),  demeure,  le  11  juillet  1457,  paroisse  Saint-Sor- 
nin.  {Arch.  Vienne,   G.  103.) 

Marchand  (Guillaume),  cité  dans  un  procès,  en  1669  et  1673.  (Gref. 
présidial.) 

Marneau  (Laurent),  marié  à  Françoise  Dandeau,  décédée  avant  le  4  sep- 
tembre 1608.  (Min.   Thesneau.) 

Marreau  (Laurent),  parrain,  le  10  avril  1555.  [Reg  par.  Sainte-Oppor- 
tune.) 

Martineau  (Philippe),  cité  dans  un  acte  de  1716.  (Min.  Guil.  Decres- 
sac, notaire.) 

Maurat  (Joseph),  marié  à  Anne  Debord.  Mort  le  16  septembre  1762, 
âgé  de  91  ans.  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Maurat  (Joseph),  assiste  à  une  réunion,  le  15  septembre  1703.  (Min.  G. 
Decressac.) 

Maurat  (Pierre),  marié,  le  4  juin  1718,  à  Madeleine-Michelle  Vangine, 
dont  :  1"  Joseph  (1750)  ;  2°  Marie-Madeleine  (1752)  ;  3°  Marie-Anne 
(1755)  ;  Radegonde-Madeleine  (1757)  ;  5'J  Pierre-Joseph  (1758).  (Reg. 
par.  Saint-Didier.) 

Maury  (Joseph),  reçu  maître  le  14  septembre  1761.  Marié  à  Marie- 
Madeleine  Meunier,  dont  :  1°  Marie-Modeste  (1762)  ;  2"  Jean  (1763)  ; 
3°  François  (1766)  ;  4»  Radegonde  (1770)  ;  5»  André  (1771)  ;  6"  Marie- 
Modeste  (1772)  ;  7°  Pierre-Antoine  (1773)  ;  8"  Elisabeth  Marie  (1777). 
(Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Mauguibert,  cité  en  1601.  (Bibl.  Poitiers,  cart.  50.) 

Mauval  achète,  en  1735,  le  logis  de  feu  Maurat.  (Arch.  Vienne,  G. 
85.) 

Melun  (Jean),  mort  avant  le  4  octobre  1667.  (Mm.  Duchaslenier  ) 

Menard  (Jacques),  veuf  de  Jehanne  Courin,  marie  son  fils  Michel  le 
6  juin  1666.  (Reg.  par.  Notre- Dame-la-Petite.) 

Menard  (David),  marié  à  Catherine  Dupuy,  est  cité  le  17  mars  1693. 
[Min.  Rullier.) 

Mesnage  (Isaac),  marié  à  Françoise  Dupuy,  est  dit  décédé  avant  le  12 
juillet  1691.  (Afin.  Dubois.) 


256  LA  COMMUNAUTE 

MhhCEBON  (Joseph),  parrain  le  14  décembre  1593.  (Reg.  par.  Saint-Cy- 
bard.) 

Meriaudeau  de  Grandville  (Benjamin),  mort  le  24  novembre  1691, 
laissant  plusieurs  filles.  (Reg.  par.  Notre-Dame-la- Petite.) 

Mkrvache  (Jean),  fils  de  Paulet  et  de  Marguerite  Robert,  épouse  par 
contrat  du  13  avril  1693,  Louise  Plassais,  fille  de  Joseph  et  de  Catherine 
Jolly,  dont  :  1°  Jean  ;  2°  Catherine-Marie,  qui  épousa  Fr.  Moutet,  maître 
de  danse.  (Min.  Perronnet  et  Darbez  ) 

Métayer  (Jamet),  cité  en  1407.  (Arch.  Vienne,  G.  1237.) 

Métois  (Louis),  marié  à  Marie  Rivet,  habite,  le  23  mars  1764,  paroisse 
Saint-Cybard.  (Arch.  Vienne,  E.  257/) 

Mo'ndon  (Antoine),  cité  en    1661.  (Gref.  présidial  ) 

Monnet  (Jean),  est  décédé  avant  le  24  janvier  1674.  (Min.  Duchaste- 
nier.) 

Michaelis,  cité  en  1215.  (Arch.   Vienne,  G.  1104.) 

Moreau  (André),  cité  en  1540.  (Bibl.  Poitiers,  cart.10.) 

Moricheau-Beaupré  (François),  fils  de  François  et  de  Louise  Berjon- 
neau.  Marié,  le  24  février  1667,  à  Marie  Bourrie,  fille  de  Jean,  chirurgien, 
et  de  Renée  Chatry.  Mort  sans  enfants.  (Reg.  par.  Saint-Michel.) 

MoRiN(René),  mort  avant  le  25  mai  1743,  en  laissant:  1°  Louise  : 
2°  René.  (Min.  Duchastenier.) 

Morineau,  est  parrain  en  1603.  (Reg.  par.   Saint-Porchaire.) 

Morizot  (Jacques),  marié  à  Marie  Gardeau,  dont  :  1°  Madeleine  ;  2° 
Marie  ;  3°  autre  Marie  ;  4°  Esther.  Est  en  procès,  le  15  septembre  1656, 
pour  sa  maison  à  l'enseigne  du  Haume  d'or.    (Gref.   présidial.) 

Mouhier  (René),  est  dit,  le  4  novembre  1636,  époux  de  Louise  Crugeon. 
(Min.  Pommeray.) 

Motheau  (René;,  marié  à  Anne  Danson,  dont  :  1°  Luc  (1667)  ;  2°  René 
(1682).  (Reg.  par.  Notre-Dame-la-Petite.) 

Motheau  (René),  épouse  Catherine  Bellier  qui  meurt  le  29  juin  1723 
et  son  mari  le  1er  août  suivant.  (Reg.  par.  Saint-Etienne.) 

Motheau  (Jean-de-Dieu),  marié  à  Marguerite  Lucas,  dont  :  Catherine 
(1716)  Mort  le  30  novembre  1724.  (Reg.  par.  Saint-Savin  et  Saint- 
Etienne.) 

Mourier  (Pierre),  exerçait  à  Montbernage,  le  13  octobre  1672.  (Min. 
Gaultier.) 

Moutet  (Charles),  mort  le  28  septembre  1713.  (Reg.  par.  Sainl-Por- 
chaire.) 

Moine  (Etienne),  marié  à  Judith  Baptreau,  dont  :  Jehan  (1616).  (Afin, 
Herbaudeau.) 

Mullot  (Jacques),  cité  le  12  mai  1664.  (Gref.  présidial.) 

Nivard  (Jean- Jacques),  parrain  le  23  mars  1709.  (Reg.  par.  Saint- 
Michel.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  257 

Normandeau  (Jehau),  marié  à  Catherine  Joussaulme,  fille  de  Pierre  et 
de  Catherine  Bohier.  Est  dite  veuve  le  5  octobre  1628.  [Min.  Royer.) 

Osanneau  (Pierre),  cité  à  la  dominicale  en  1540.  ( Bibl.  Poitiers,  cart. 
10.) 

Pachot  (Nicolas),  chirurgien  de  l'Hôtel-Dieu    en  1578.  (Arch.  Hop.) 

Parreau  (Martial),  chirurgien  de  la  peste  en  1626.  (Min.  Martin.) 

Partus  (Séverin),  reçu  maître  le  6  novembre  1573.  Marié  à  Jehanne 
Fraignaud,  dont  :  1°  Marguerite  (1566)  ;  2°  René  (1577).  (Reg.  par.  Saint- 
Jean-Baptiste.) 

Pastrault  (,René),  sf  de  la  Fondinière,  marié,  par  contrat  du  5  janvier 
1683,  à  Claude  de  Varennes,  donne  à  ferme  un  moulin,  le  14  avril  1683. 
Mort  le  18  mars  1684.  (Min.  Marrot,   Reg.  par.  Saint  Germain.) 

Pasquier  (René),  cité  le  23  juin  1270.  (Arch.  Vienne,   G.  1128.) 

Paulin,  barbier,  et  Cyprienne,  sa  femme,  cités  en  1242.  (Arch.  Vienne, 
G.  1242.) 

Pardieu  (Jean),  habite,  en  1712,  rue  de  la  Tranchée.  (Arch.  Vienne, 
H.  48.) 

Pellejay  (Méry),  cité  en  1540.  (Bibl.  Poitiers,  cart.   10.) 

Pellejay  (Jehan),  cité  en  1540.  (Bibl.  Poitiers,  cart.  10.) 

Pellejay  (Abraham),  reçu  maître  le  3  janvier  1583.  (Arch.  Vienne, 
D.  11.) 

Pelletier  (Méry),  cité  le  8  novembre  1546-  (Bibl.  Poitiers  ;  Reg.  dél. 
mun.,  4°  28,  p.  50.) 

Pelletier  (Jehan),  cité   le  3  novembre  1546.  Id. 

Pellyon  (François),  dont  Jehanne  (1615).  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Péronneau  (François),  fils  de  Michel  et  de  Jeanne  Gaudin,  marié,  par 
contrat  du  5  octobre  1639,  à  Vincente  Porcher.  Remarié,  le  6  septembre 
1670,  à  Marie  Dumoulin,  dont  :  1°  Marie  (1671)  ;  2°  Louise  (1675)  ;  3° 
Jacques  (1676)  ;  4°  Jehanne  (1678)  ;  5°  Marguerite  (1678).  Mort  le  5  août 
1685.  (Reg.  par.  Saint- Porchaire.) 

Picard,  cité  à  la  dominicale  en  1540.  (Bibl.   Poitiers,  cart.  401.) 

Picard  (Isaac),  né  à  Jardres,  épouse,  le  30  novembre  1637,  Andrée  Mo- 
ricet.  (Reg.  par.  Sainte-Opportune.) 

Pierre,  le  barbier,  habite,  le  1er  juillet  1373,  paroisse  Sainte-Oppor- 
tune. (Arch.  Vienne,  G.  1128.) 

Pillault  (Mathurin),  marié  à  Jeanne  Mitault,  dont  :  1°  Jean  (1700)  ; 
2"  Madeleine  (1702)  ;  3°  Henry  (1704);  4°  Jean  Mathieu  (1706).  (Reg. 
par.  Saint-Didier.) 

Pillorget  (François),  marié,  par  contrat  du  29  janvier  1659,  à  Sébas- 
tienne  Garreau.  Morte  avant  le  25  octobre  1670.  Remarié,  par  contrat  du 
3  novembre  1670,  à  Anne  Boisson.  Du  premier  mariage  naquit  Suzanne 
(1660).  (Min.  Roger,  Reg.  par.  Saint-Cybard.) 

Pineau  (Pierrej,  marié,  par  contrat  du  1er  décembre  1651,  à  Antoinette 

17 


258  LA  COMMUNAUTE 

Savarion,  dont  :  1°  Eustache  ;  2°  René  ;  3°  Marie  (1659).  Remarié  à  Anne 
Desruelles,  dont  :  4°  Marie  (1665).  Mort  avant  1670.  {Min.  Royer,  Reg. 
par.  Saint-Didier) 

Piorry  (Guillaume),  fils  de  François  et  de  Thérèse  Letard,  marié,  par 
contrat  du  30  janvier  1753,  à  Catherine  Audinet,  dont  :  1°  Pierre  (1745)  ; 
2°  Thérèse  (1755)  ;  3°  Guillaume  (1758)  ;  4°  Georges  (1760)  ;  5°  Jeanne- 
Elisabeth  (1761).  Mort  le  11  juin  1766.  (Reg.  par.  Saint-Cybard.) 

Piorry  (Georges),  marié,  le  10  mars  1785,  à  Anne  Jolly,  dont  :  Fran- 
çois-Constant (1790;.  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Plassais  (Joseph),  marié  à  Catherine  Jolly,  dont  :  1°  Isaac  (1665)  ;  2° 
Joseph  (1668)  ;  3°  Louise  (1670)  ;  4°  Nicolas  (1674)  ;  5°  Catherine  (1676)  ; 
6°  autre  Catherine  ^(1677;  ;  7°  Radegonde  (1679)  ;  3°  Marie-Barbe  (1682). 
(Reg.  par.  Saint- Porchaire.) 

Poirier  (Nicolas),  marié  à  Marguerite  Mesnay,  dont  :  1°  Michel, 
prêtre  ;  2°  Marie,  mariée,  le  21  mars  1680,  à  RenéMignen  des  Planon  ;  3° 
Jacques  (1658)  ;  4"  Marie-Anne  ;  5°  Marguerite.  Mort  le  21  mai  1686, 
(Reg.  par.  Nolre-Dame-la-Petile .  Min.  Royer.) 

Poirier  (Simon),  fils  du  précédent,  marié,  par  contrat  du  16  novembre 
1676,  à  Françoise  Guignefault,  dont  :  Simon  (1688).  (Min.  Royer  ;  Reg. 
par.  Notre -Dame-la-Petite.) 

Poisson  (Vincent),  marié  à  Marie  Picquet,  dont:  Anastasie  (1702).  Re- 
marié, le  6  février  1716,  à  Marie  Dubreuilduc.  Mort  le  4  juin  1720,  âgé 
de  45  ans.  (Reg.  par.  Saint-Savin  et  Résurrection.) 

Poitevin  (Jehan),  marié  à  Marguerite  Thevin,  dont  :  1°  René  (1629)  ;  2° 
Marie  (1631)  ;  3"  Mathieu  (1636)  ;  4o  Claude  (1637)  ;  5°  Jeanne  (1639)  ; 
6°  Marie  (1642)  ;  7"  Radegonde  (1644)  ;  8°  Suzanne  (1645).  Mort  le  13 
juillet  1668.  (Reg.  par.  Saint-Cybard.) 

Poitevin  (Hilaire),  mort  le  30  juin  1690,  âgé  de  46  ans.  (Reg.  par. 
Notre-Dame  Chandetière.) 

Pomet  (Léger),  cité  le  5  novembre  1595.    {Arch.  Vienne,    D.  11.) 
Porcher  (Pierre),  marié  à  Jeanne  Gabarreau.  Mort  le  13  janvier  1609. 
(Reg.  par.  Saint-Hitaire-de-la-Celle.) 

Porcher  (Armel),  marié,  le  16  juillet  1690,  à  Jeanne  Berthet.  (Reg-  par. 
Sainl-P  or  chaire  ) 

Porcher  (Armel),  marié  à  Antoinette  Charles,  dont  :  1°  Marie  (1623)  ; 
2°  Jehan  (1626)  ;  3°  Jehan  (1628).  Remarié  à  Marie  Levasseur,  dont  :  4° 
Marie  (1629)  ;  5°  Pierre  (1632)  ;  6°  Rose  (1633).  Remarié,  le  11  novembre 
1633,  à  Marie  Dubois,  dont  :  7°  Auguste  (1634)  ;  8°  Marguerite  (1636)  ; 
9°  Marie  (1637).  (Reg.  par.  Saint- Porchaire.) 

Pouhet  (Léger),  marié  à  Françoise  Estour,  dont  :  1°  Pierre  (1576)  ; 
2°  Joseph  (1579).  (Reg.  par.  Saint-Porchairc.) 

Poullard,  marié  à  Marie  Chauveau,  dite  veuve,  le  Ie»'  octobre  1626. 
(Reg.  par.  Saint-Paul.) 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  259 

Pressac  (Stanislas),  exerce  à  partir  de  1784.  Mort  le  9  juin  1788.  (Rcg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Prieur  (François),  marié,  le  5  février  1771,  à  Marguerite  Braud.  {Reg. 
par.  Saint-Savin) 

Renaud  (Louis),  cité  entre  1716  et  1738.  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Richard,  est  témoin  le  15  décembre  1390.  (Arch.  Vienne,  G.  101.) 

Richault  (François),  parrain  le  l°r  avril  1692.  (Reg.  par.  Sainl-Cy- 
bard.  ) 

Richault  (René),  marié  à  Louise  Richard,  dont  :  Louis  (1723).  (Reg. 
par.  Saint-Didier.) 

Riffault  (Georges),  marié  à  René  Chauveau,  qui  fait  son  testament  le 
27  novembre  1656.   (Min.  Gaultier.) 

Rivaud  (Jean-Joseph),  reçu  maître  le  11  février  1766.  (Arch.  Vienne, 
M.  4.) 

Robin  (Léonard),  reçu  maître  le  8  mars  1579.  Marié  à  Florence  Binet, 
dont  :  1°  René  (1581)  ;  2"  Claude  (1583)  :  3»  Robin  (1584).  (Reg.  par. 
Saint-Germain.) 

Robin  (Daniel),  marié  à  Marie  Caillault,  dont  :  Anne.  Mort  avant  le 
22  mai  1647.  (Min.  Johanne.) 

Robin  (François),  marié  :  1°  à  Marie -Anne  Bonbonneau  ;  2°  à  Marie- 
Rose  Démange,  le  14  mai  1771  ;  3°  à  Appolline  Bourgeois,  le  14  octobre 
1777.  (Reg.  par.  NotreDame-la-Petite.) 

RocROi(René),  marié,  le  27  avril  1723,  à  Catherine  Petit,  dont  :  Pierre 
(1695;.  (Reg.  par.  Saint-Germain  et  Saint-Savin.) 

Roigland  (Martin),  chirurgien  de  l'Hôtel- Dieu   en    1556.   (Arch.  hôp.) 

Rolland  (Jehan),  exerce  dans  la  paroisse  Saint-Saturnin  le  25  août 
(1652).  (Min.  Johanne). 

Rousseau  (Nicolas),  mariéà  Jeanne  Bonnet,  dont  :  Marie  (1652.)  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Roy  (Pierre),  marié  à  Barbe  Forest,  dont  :  Antoine  (1678).  Barbe  Fo- 
rest  meurt  veuve  le  12  novembre  1713,  âgée  de  75  ans.  {Reg.  par.  Saint- 
Didier.) 

Roy  (Pierre),  marié  à  Françoise  Picquet,  dont  :André  (1706).  (Reg.  par. 
Saint-Didier.) 

Saint  (Jehan  de),  cité  en  1540.  (Bibl.  Poitiers,  cart.  10.) 

Saint-Sotz  (Jean),  dit  Bertault,  cité,  en  1539,  comme  soignant  de  la 
teigne  les  clergeons  de  Notre-Dame-la  Grande.  (Arch.  Vienne,  G. 
1286.) 

Saintaint  (Pierre),  fils  de  Gaston,  chirurgien  à  Bordeaux,  et  de  Guil- 
lemette  Bideau,  donne,  le  22  février  1559,  à  sa  mère  l'autorisation  de 
faire  tenir  par  un  garçon  la  boutique  de  son  père.  (Min.   Chaigneau) 

Samson  (Julien),  marié  à  Marie  Coudret,  dont  :  Louise,  mariée,  le  5  dé- 
cembre 1637,  à  Louis  Prousteau.  (Min.  Roger..) 


260  LA  COMMUNAUTE 

Sartre  de  Lisle  (Claude),  marié  à  Catherine-Rose  Lecesve,  dont  :  1° 
Jacques  Louis  (1753)  ;  2°  Claude  (1754)  ;  3°  Marie-Rose  (1755)  ;  4°  Jean- 
Elie  1757-1759).  Sartre  de  Lisle  meurt  le  21  février  1782  et  sa  femme  le 
10  avril  1785.   (Reg.  par.  Saint-P  or  chaire .) 

Sauvaget  (Michel),  marié  à  Madeleine  Lelet,  mort  avant  1587.  Rema- 
rié à  Charlotte  Rolland,  dont  :  1°  Jacquette  (1590)  ;  2°  Jehan  (1592)  ;  3" 
Michel  (1596).  (Reg.  par.  Saint- Jean-Baptiste.) 

Sauvault  (Denis),  marié  à  Anne  Caillon,  dont  :  1°  Denis  1663  ;  2° 
Pierre  (1664).  {Reg.  par.  Saint- Porchaire.) 

Sauvannet  (Denis),  fils  de  François  et  d'Ozanne  Debarre,  prend  une 
maison  à  ferme   le  20  février  1660.  {Min.  Maxias.) 

Sauvestre  (Claude),  cité  le   19  mai  1599.  (Min.  Johanne.) 

Savaton  (Germain),  chirurgien  de  la  poste  en  1564.  (Bibl.  Poitiers, 
cart.  37.) 

Savaton  (François),  marié  à  Jacquette  Galloys,  dont  :  Etienne  (1594). 
(Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Savaton  (Jérémie),  a    une  fille  Louise,    cité  en  1578.  (Min-  Bonrbeau.) 

Savin,  habite,  en  1390,  place  de  Notre-Dame-la-Grande.  (Arch.  Vienne, 
G.  1104.) 

Serain  (Michel),  est  dit  marié  à  Jeanne  Desnoult,  veuve  de  Pierre  Das  • 
tier,  dans  un  acte  du  24  août  1676.  (Arch.  Gref.  présidial  ) 

Simonet  deBeaulieu,  cité  en  1407.  (Arch.   Vienne,   G.  1109.) 

Sorin  (François),  cité   en  1663  et  1664.  (Gref.  présidial.) 

Sorin  (François),  marié  à  Françoise  Texier,  dont  :  Louis-Joseph. 
Françoise  Texier  meurt  le  13  avril  1702.  (Reg.  par.  Notre  Dame-la-Pe- 
tite  ) 

Sorin  (Jehan),  cité  en  1517  et  1543.  (Bibl.  Poitiers,  cart.   59  et  36.) 

Sorin  (Claude),  marié  à  Marie  Pélisseau,  fille  de  Jean,  s1'  de  la  Sollais, 
cité  le  23  décembre  1702.  (Min.  Normandeau.) 

Sorin  (Charles),  estditmort  avant  1766,  laissant  un  fils  Charles.  (Gref. 
présidial.) 

Soury  (François),  fils  de  Pierre,  maître  chirurgien  çt  ancien  démons- 
trateur d'anatomie  à  Paris  et  de  Sophie  Polie,  dite  Benne.  Epouse,  le  18 
octobre  1778,  Julie  Audidier,  fille  d'Alexandre,  procureur,  et  de  Jeanne 
Pierron.  Soury  alla  plus  tard  habiter  Montmorillon.  (Reg-  par.  Saint- 
Cgbard.) 

Tabarit  (Mathieu),  marié  à  Louis  Charret,  dont  :  Catherine,  qui  épouse, 
le  28  novembre  1696,  Jacques  Guyot,  notaire  à  Vouvent.  Tabarit  meurt 
le  28novembre  1727,  âgé  de  88  ans.  (Min.  Roger  ;  Reg.  par.  Saint- 
Pierre  l'Hosp.) 

Texereau  (Gabriel),  marié  à  Catherine  Guyonnet.  Devenu  veuf,  épouse, 
le  21  juillet  1741,  Marie  Toyon,  fille  de  feu  Jacques  Toyon,  chirurgien,  et 
d'Anne  Paelle,  dont  :  1°  Louis,  appelé  Maisonneuve  (1742-1746)  ;  2°  Ma- 


*■ 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  261 

deleine  Véronique  (1746-1747)  ;  3°  François  Hilaire  (1749)  ;  4°  Louis- 
Thomas  (1750)  ;  Gabriel  (1752)  ;  5"  Auguste-Martial  (1752)  ;  6<>  Gabriel 
(1753)  ;  7°  Catherine  (1753)  ;  8°  Jean-Joseph  (1754)  ;  9°  Louis  dit 
Maisonneuve  (1757)  ;  10°  Julie  (1760).  Gabriel  Texereau  meurt  le  23  oc- 
tobre 1759,  âgé  de  65  ans,  et  sa  femme  le  2  septembre  1762.  (Reg  par. 
Saint-Germain.) 

Texereau  (Gabriel-Fulgent),  maître  es  arts,  chirurgien  des  prisons  et 
du  Conseil  supérieur,  professeur  d'anatomie  à  l'Ecole  royale  de  peinture. 
Marié,  le  26  octobre  1762,  à  Marie-Jeanne  Rernard  Dumont,  fille  de  Félix, 
maître  chirurgien.  Texereau  meurt  le  20  avril  1780,  âgé  de  37  ans.  (Reg. 
par.  Saint-Porchaire.) 

Texeron  (Didier),  cité  le  4  juin  1554.  {Reg.  dél.  mun.,  n°  39,  p.  455.) 

Texier  (Gilles),  cité  le  21  août  1492.  (Arch.  Vienne,  G  1023.; 

Thévenkt  (Etienne),  est  fabricien  de  Saint-Etiennele  5  mai  1609.  (Arch. 
Vienne,  G.  99.) 

Thévenet  (Jean),  marié  à  Anne  Guérin,  dite  veuve,  le  30  octobre  1631. 
{Min.  Marrot) 

Thévenet  (Pierre),  marié  à  Jeanne  Guérin,  dont  :  Marguerite.  Jeanne 
Guérin  dite  veuve,  le  6  juillet  1689.  (Min.  Roger.) 

Thévenet  (Jean),  marié,  le  3  juin  1627,  à  Jeanne  Pinot,  renonce  à  une 
donation  de  sa  femme  défunte,  le  25  juillet  1664  Mort  le  13  septembre 
1677   (Min.  Marrot  ;  Reg.  par.  Saint-Etienne.) 

Thévenet  (Pierre),  né  à  Nontron,  vient,  en  1630,  à  Poitiers  comme  chi- 
rurgien de  la  peste.  Marié  à  Marguerite  Delacombe,  dont  :  1°  Pierre  (1633), 
2°  Gabriel  (1638)  ;  3°  Marie  (1643)  ;  4»  Marguerite  (1645).  Thévenet  meurt 
le  7  août  1651  et  sa  femme  le  1er  juillet  1677.  (Reg.  par.  Saint  Gybard.) 

Thévenet  (Pierre),  marié  à  Antoinette  Picquet,  dont  :  Pierre  (1661). 
Remarié  à  Marguerite  Rivière,  dont  :  Marguerite  (1663)  ;  3°  Pierre  (1666); 
4°  Pierre  (1669).  (Reg.  par.  Saint  Germain.) 

Thévet  (Etienne),  né  à  Angoulême.  Chirurgien  de  la  peste  (1589-1591). 
Marié  à  Louise  Rlanchefort,  dont  Catherine  (1590).  (Reg.  par.  Saint-Jean- 
Baptiste.) 

Thévin  (René),  fils  de  Piètre  et  de  Marie Roucher.  Marié,  le  22  juin  1692, 
à  Marie  Rourie.  Mort  le  9  septembre  1694.    (Reg.  par.  Saint- Didier.) 

Thibault,  marié  à  Jacquette  Barbier,  dont  :  Michelle  (1573).  (Reg.  par. 
Saint-Porchaire.) 

Thomas  (Hugues;,  reçu  maître  en  1614,  marié  à  Louise  Marconnay, 
dont  :  1°  François  (1618)  ;  2°  Germain  (1620).  Remarié  à  Claude  Conte- 
nan,  dont  :  3°  Jean  (1629).  (Reg.  par.  Saint-Didier.) 

Thomas  (Pierre),  achète,  le  20  octobre  1664,  une  terre  à  Aigne,  près 
d'Iteuil.  (Min.  Marrot.) 

Touchon  (François),  prête  50  livres  à  Thorreau,  le  4  avril  1522.  (Arch. 
Vienne,  G.  1129.) 


262  LA  COMMUNAUTÉ 

Touchet  (Pierre),  reçu,  en  1632,  fils  de  feu  Pierre  et  de  Marie  Festy, 
épouse  par  contrat,  le  18  avril  1638,  Charlotte  Cherbonnier.  Remarié  à 
Jeanne  Signoret,  dont  :  Marie  (1654).  Mort  avant  1687  et  sa  femme  le  19 
août  1637.  (Min.  Royer.  Reg.  par.  Saint-Michel  ) 

Tournerault  (Jehan),  cité  en  1456.  (Arch.  Vienne,  G.  1238.) 

Toyon  (François),  marié  à  Radegonde  Rellon,  dont:  1°  Joachim'; 
2°  Catherine  ;  3°  Pierre.  Ses  meubles  sont  inventoriés,  après  sa  mort,  le 
9  mars  1639. '  (Min.  Gaultier.) 

Toyon  (Joachim  ,  marié,  par  contrat  du  26  novembre  1635,  à  Renée 
Boizateau,  dont:  1°  François  (1638)  ;  2°  Jean  (1610)  ;  3°  Marie  (1644)  ; 
4°  Jean  (1650).  Remarié,  par  contrat  du  30  août  1675,  à  Jeanne  Devau- 
celle,  dite  veuve  avant  1687.  (Min.  Chollet  et  Marrot  ;  Reg.  par.  Sainl- 
Hilaire-de-la-Celle.) 

Toyon  (Pierre),  reçu  en  1640.  Marié  à  Marie  Audinet,  dont  :  1°  Fran- 
çois (1644)  ;  2°  Isabeau  (1648)  ;  3"  Marguerite  (1659).  Mort  le  15  mai 
1652.  (Reg.  par.  Saint-Jean-Baptiste  et  Saint-Michel  ) 

Toyon  (Jean),  marié  à  Suzanne  Depuis,  dont  :  1°  Jean  (1672)  ;  2°  Ber- 
nard-René (1678).  ;  3°  Alexis  (1680).  (Reg.  par.  Saint-Savin.) 

Toyon  (Jacques),  marié  à  Marie  Agier,  dont  :  1°  Jean  (1705)  ;  2°  Phi- 
lippe (1708)  ;  3°  François  (1711).  Mort  le  19  octobre  1720.  (Reg.  par. 
Saint-Savin.) 

Trotin  (Josué),  marié  à  Madeleine  Davy.  Cité  dans  un  acte  du  19  jan- 
vier 1646.  (Min.  Chollet.) 

Vallade  (Jean),  cité  en  1416  et  1451.  (Arch.  Vienne,  G.  1105.) 

Vallade  (Guillaume),  cité    eu  1451.  (Arch.  Vienne,  G.  329.) 

Vallade  (Guillaume),  cité   en  1583  et  1584.  (Arch.  Vienne,  G.  1239.) 

Vallée  (Mathurin),  cité  le  4  juin  1554.  (Reg  dél.  mun.,  n°  32  ; 
p.  455.) 

Verdalle  (Jean),  marié  à  Jeanne  Gaultier,  puis,  le  16  septembre  1687, 
à  Suzanne  Picquet.  (Min.  Marrot.) 

Verdun  (Jean),  marié  à  Catherine  Pelletier.  Fait  son  testament  le  17 
septembre  1681,  et  se  trouve  habiter  Saint-Maurice  de  Gençay,  en  1695. 
(Min.  Roger  ;  Min.  Gauvin  ) 

Verlier  (François),  parrain,  le  4  mai  1613.  (Reg.  par.  Notre-Dame-la- 
Petite.) 

Vergnallt  (Joseph),  parrain,  en  1707.  Mort  le  27  juillet  1710.  (Reg. 
par.  Saint  Etienne.) 

Vidault  (César),  parrain  le  4  décembre  1661.  (Reg.  par.  Saint- 
Etienne  ) 

Villebard  (Armand),  marié  à  Louise  Garreau,  cité  le  8  novembre  1617. 
(Min.  Denesde.) 

Villebard  (Léonard),  marié,  le  22  novembre  1612,  à  Louise  Barré, 
puis  remarié,  le  2  août  1625,  à  Louise  Garreau,  De  son  premier  mariage 


DES  MAITRES  CHIRURGIENS  DE  POITIERS  263 

il  eut  :  1°  Renée  (1617)  ;  2°  Catherine  (1619).  [Reg.  par.  Saint-Didier  et 
Sainl-Hilaire-de-la-Celle.) 

Vigouroux  (Jacques),  chirurgien  de  la  peste,  en  1585.  {Bibl.  Poitiers, 
cart.  54.) 

Villiers  (Pacifique  de),  marié  à  Loyse  Izoreau,  cède  une  rente  le  5 
février  1627.  (Min.  Johanne.) 

Vincent  (Nicolas),  marié  à  Jacquette  Faure,  dont  :  1°  Pierre  (1575)  ; 
2°  Nicolas  (1577).  Son  inventaire  après  décès  a  lieu  le  21  février  1582. 
{Reg.  par.  Saint-Didier  ;  Min.  Gugonneau.) 

Vincent  (Denis),  chirurgien  de  la  peste  en  1631.  Marié  d'abord  à 
Marguerite  Pourpry,  puis,  le  21  janvier  1633,  à  Marie  Delacroix,  dont  il 
eut  plusieurs  enfants.  (P.  Rambaud,  Mém.  Soc.  Ant.  Ouest  ,  t.  VII, 
2e  série,  p.  439.) 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Introduction 1 

Chapitre  premier.  —  Fondation    et    organisation  de  la   commu- 
nauté des  maîtres  chirurgiens 3 

Chapitre  II.  —  L'administration  de  la    communauté  des  maîtres 

chirurgiens 20 

Chapitre  III.  —  L'apprentissage  en  chirurgie 37 

C  apitre  IV.  —  Le  stage  en  chirurgie 51 

Chapitre  V.  —  L'enseignement  de  la  chirurgie 64 

Chapitre  VI.  —  L'enseignement  de  l'obstétrique 83 

Chapitre  VII.  —  Les  examens  de  maîtrise 102 

Chapitre  VIII.  —  Les  examens   des  agréés  et  des  chirurgiens  de 

campagne 122 

Chapitre  IX.  —  L'exercice   de  la  chirurgie  par   les  maîtres  chi- 
rurgiens   137 

Chapitre  X.  —  Les  chirurgiens  des  hôpitaux 160 

Chapitre  XI.    -    Les  chirurgiens   et  la  médecine  légale.     ...  172 
Chapitre  XII.   —  L'exercice  de  la  chirurgie  par  les  garçons  et  les 

veuves  des  maîtres 183 

Chapitre  XIII.  —  L'exercice  de  l'obstétrique  par  les  sages-femmes.  195 

Chapitre  XIV.  —  L'exercice  illégal  de  la  chirurgie 208 

Chapitre  XV.  —  L'état  social  et  intellectuel  des  maîtres  chirur- 
giens   224 

Liste  des  chirurgiens  de  Poitiers 241 


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